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EAN : 9782915018653
368 pages
Quidam (06/10/2011)
3.55/5   10 notes
Résumé :

Que faire quand votre mari est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel dans des circonstances pour le moins incongrues ? Pour Joy Fisher, c'est l'évidence : il faut reconstituer le puzzle de sa vie cachée. Vincent travaillait-il au sein d'une entreprise de cosmétiques ou évoluait-il dans les eaux glauques des réseaux criminels européens ? Sans s'en douter, Joy entame sa descente aux enfers dans les brumes de l'Allema... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans la peau du narrateur qui. Qui ne peut pas être fiable et pourtant. Très grand roman lynchien.

Tu découvres ce livre de 2009 (traduit par Françoise Marel en 2011) quand tu commences à suivre la production plutôt incroyable de Quidam Éditeur, et tu le mets soigneusement de côté, instinctivement alléché. Puis tu t'aperçois que Claro en dit grand bien, d'abord par écrit sur son roboratif blog « le clavier cannibale », puis par oral lors de la mémorable soirée du 21 mars 2013 chez Charybde, précisément consacrée à Quidam.

Tu plonges tout à coup, et tu réalises vite que tu atteins là sans doute le summum de ce qu'un romancier peut te proposer en jouant avec un « narrateur non fiable ».

Aux côtés de cette femme fétu, femme ballottée, femme jetée sur une piste comme un chien efflanqué cherchant un os par habitude ou par prédestination, tu vis en anorexique et boulimique ni repentie ni soignée, maintenue vaguement à flot par des monceaux de petits cachets dont les noms s'échangent comme de secrets talismans entre initiés, mariée à la va-vite, comme on s'accroche - dans un dernier geste avant de sombrer - à la planche de salut, à Vincent, cadre d'une entreprise florissante de cosmétiques, lancé en bouée salvatrice par ta meilleure amie, prêtresse new age, il y a six mois, et dont on t'apprend justement à l'instant la mort, dans des circonstances pour le moins sordides, dans une chambre d'hôtel, faisant désormais de toi « la femme d'un homme qui »… Qui est mort accidentellement comme David Carradine, ce qui ne pourra désormais que se chuchoter, à voix amortie, en détournant les yeux…

Tu ne sais pas vraiment d'où te vient cette impulsion, suivant la découverte de quelques incohérences et mensonges peut-être pas anodins, en démarrant les démarches funéraires, impulsion qui te pousse à partir, séance tenante, et à remonter la piste des derniers jours de feu ton mari, découvrant vite à chaque pas d'insondables chausse-trappes, dont tu n'es pas sûre de comprendre la teneur, mais qui dessinent toutefois peu à peu une horreur à faire frémir le Dantec de l'époque lointaine où il écrivait, à nimber ton chemin d'une aura que l'on croyait jusqu'ici réservée à David Lynch, et à conforter le constat évident que tout est marchandise, que des employés à la CLEER peuvent faire briller de mille feux élégants, racés, richement dotés en frais de mission et quasi-mystiques.

Tu fonces en cercles qui finissent pourtant par faire ligne, en émettant toujours davantage de bribes d'un langage haché, cru, violent, difficile à suivre clairement, à petites goulées rageuses dont tu ne sais pas, au fond, si tu cherches à y aspirer de l'air pour survivre ou de l'eau poisseuse pour te noyer, définitivement.

Tu comprends en avançant que si tout ici est écrit à la deuxième personne, ce n'est certainement ni neutre ni gratuit.

Tu savoures le bonheur d'une grande lecture qui te change.
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Vincent Fischer, cadre dans l'entreprise de cosmétiques K&F, est retrouvé sans vie dans sa chambre d'hôtel, décédé d'une asphyxie auto-érotique, un collant entortillé autour du cou et un quartier d'orange dans la bouche.

Sa femme Joy, anorexique et instable à temps plein, mariée avec lui depuis seulement six mois, se rend à Leipzig pour les formalités de rapatriement du corps. Rencontrant un ex-collègue de son mari autour d'un café recouvert d'une couche épaisse de Schlagsahne, elle prend conscience de son ignorance, du fait que le peu qu'elle pensait savoir sur lui est faux, ou mieux incertain.

Le premier trait de génie de ce livre est son titre, évoquant tout à la fois le mystère autour de la personne du mari disparu (Qui était-il vraiment ? Que faisait-il ? Que se passe-t-il chez K&F ?), et l'état de déséquilibre de sa femme qui cherche à reconstituer le parcours du dernier voyage d'affaires de son mari, dans une enquête dont la finalité et les limites restent floues, sans doute pour pouvoir faire son deuil de cet inconnu.

Dans un territoire situé entre Ypres, Charleroi et les Ardennes françaises, évocateur des faits divers les plus terribles, elle semble se rapprocher d'un trou noir aux relents sordides. Ce parcours dans les pas de son mari décédé vient sans cesse en résonance avec ses propres névroses et ses écoeurements, avec l'éparpillement de sa propre identité, avec son incapacité à prendre soin d'elle-même, dans cette quête où elle semble se mettre en danger hors de toute rationalité.

« Au fond, secrètement, tu espérais que les choses resteraient ambigües, que leur ambigüité était définitive, que tu ne pourrais définitivement jamais savoir. Tu espérais que ce qui était hors du commun était improbable et demeurerait improbable. Tu ne pouvais définitivement pas savoir ce qui s'était passé dans une cave à charbon, dans l'arrière-cour d'une brasserie, dans un appartement vide aux fenêtres couvertes de plastique noir, dans un garage près d'une rivière, dans une chambre d'hôtel. Ton imagination a inventé des espaces vides et les choses improbables qui s'y sont passées. »

La langue de Nick Barlay nous entraîne inexorablement dans ces sables mouvants, langue d'une précision absolue pour des événements qui sont tous incertains, langue qui s'exprime par la voix d'un narrateur anonyme et objectif, qui s'adresse à Joy de l'extérieur, comme si pénétrer ce qui est là, de l'intérieur, était impossible, comme s'il fallait s'en tenir aux objets, à ce qui peut être vu, et accepter l'opacité que crée ces troubles de l'identité et cette histoire trouble.
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Ça commence par un fait divers presque banal ; un homme retrouvé mort dans une chambre d'hôtel en Allemagne des suites d'une asphyxie auto-érotique trop poussée. La scène est décrite avec distance et même un soupçon d'humour qui met en avant le caractère quelque peu ridicule de la situation.
La connivence amusée avec le lecteur cesse pourtant bien vite avec le passage à un autre angle de vue. de la troisième personne, on passe à la deuxième, et l'on rencontre Joy, la si mal nommée. La veuve qui connaissait si peu son mari :

« le 11 novembre tu survoles l'Europe, à destination de la scène de la mort. Tu n'es pas encore tout à fait remise, c'est ce que tu te dis, même des mois après avoir quitté le service, un peu déphasée, en arrêt maladie, tombée des nues, bredouillant tes pensées comme si tu étais accompagnée d'un double, un double au-dessus de toi, ou à côté de toi, ou derrière toi, qui regardes le cours de ta vie, te regarde boire et t'enivrer, manger et vomir, sans jamais perdre pied, coupée de l'alcool, de la nourriture, et de la mort d'un mari à peine connu. Il était à peine connu. Pourtant, tu le trouvais parfait avant d'apprendre les circonstances de sa mort. Comment tout ça est-il possible ? »

Joy va chercher la réponse. Partir sur les traces de cet époux qu'elle ne connaissait pas et qui semblait mener une double vie sur les routes d'Europe du Nord. Ce faisant, elle part aussi à la recherche d'elle-même et c'est dans son esprit et son corps torturés que nous plonge Nick Barlay par le biais de cette narration à la deuxième personne, ce « tu » qui implique le lecteur et fait de lui le narrateur interne. Et de s'apercevoir de la violente indécision qui sourd des pensées de Joy. Elle veut savoir mais n'en a aucune envie. Savoir pourquoi lui. Savoir pourquoi elle. Et de vivre avec Joy cette chute lente au sein d'elle-même.

La femme d'un homme qui est un roman noir, très noir, un drame psychologique puissant qui nous prend littéralement en otages. C'est un livre qui se mérite, une lecture dont on souffrirait presque physiquement.
Cela peut être une expérience vraiment à part, enrichissante, ou valoir un rejet quasi-immédiat. Peut-être d'ailleurs que si je ne m'étais pas senti le devoir de lire ce roman que son éditeur m'avait fait parvenir, je n'aurais pas dépassé le premier chapitre. Je me suis accroché et ne le regrette finalement pas. La femme d'un homme qui est un livre courageux et vraiment unique d'un auteur au style, c'est le moins que l'on puisse dire, original. Cela vaut que l'on s'y attarde.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Joy Fisher veut reconstituer la vie cachée de Vincent, son mari qui a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel. Son travail dans une entreprise de cosmétiques semble en réalité cacher ses activités au sein des réseaux criminels d'Europe

Sous couvert d'une intrigue assez banale, Nick Barlay trompe complètement son lecteur en l'entraînant dans un récit extrêmement maîtrisé sur la folie tout en adoptant une narration à la deuxième personne... Roman noir, très noir, drame psychologique puissant, "La femme d'un homme qui " nous prend littéralement en otages. Une lecture dont on souffrirait presque physiquement. J'ai vraiment eu du mal à rentrer dedans. C'est un livre qui se mérite C'est particulièrement déroutant, mais c'est tout bonnement génial
Lien : https://collectifpolar.com
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Enigmatique titre pour cet énigmatique livre. Joy vient de perdre son mari Vincent. Ils n'étaient mariés que depuis six mois. Durant un voyage d'affaires en Allemagne, à l'hôtel, Vincent a été retrouvé mort dans une posture très délicate. Sa femme se rend en Allemagne pour accomplir les formalités administratives. Elle y rencontre un collègue de son mari, Stefan, qui lui raconte des choses étranges à propos de Vincent. Joy décide de partir sur ses traces et découvrir qui il était réellement. le problème, c'est que Joy, boulimique, anorexique, bourrée de lithium, de psychotropes et d'alcool n'a pas vraiment les idées claires.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/12/chronique-livre-la-femme-dun-homme-qui/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans les miroirs de l'ascenseur, quelqu'un qui te ressemble, qui se reflète au-dessus, en dessous, tout autour, et puis à l'infini. Si tu n'avais pas été seule, tes yeux auraient fixé un point neutre. Tu te surprends à fixer, comme si c'était la première fois, le petit grain de beauté sous ton œil gauche. Le point unique de ton visage, d'après Vincent le pivot de ton visage. Mais c'est un point dissymétrique. Comme une marque déposée par lui, une étiquette, un logo, propriété de, femme de. C'est ce que tu es : la femme, désormais veuve. La femme d'un homme qui. (page 21)
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Il était une fois, il y a deux jours, un homme qu’on retrouvait dans le fauteuil d’une chambre d’hôtel. L’homme était plutôt fort. Il était plutôt grand. Mais ses pieds étaient aussi petits que ceux de sa femme. Quelques poils de torse pointaient sur un corps autrement glabre et une ancienne marque de bronzage séparait la taille hâlée du bas-ventre plus pâle, comme le passé du présent. À l’exception d’une paire de collants noirs, il était nu.
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Il n’était pas bien entendu le premier à trouver ainsi la mort. La plupart des fans d’asphyxie auto-érotique savent apparemment très bien qu’il n’y a qu’un poil entre pratique sexuelle sans risque et mort accidentelle. Cela dit, les statistiques sont de leur côté. Ils sont encore là pour en parler, une fois redescendus sur terre comme les adeptes du saut à l’élastique.
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Les collants étaient à l’origine de sa mort parce qu’il ne les portait pas de manière traditionnelle, sur les jambes, mais entortillés autour du cou. Tendus, ils étaient attachés à un crochet fixé sur le mur derrière lui, un mètre environ au-dessus de sa tête.
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Ce sont des touche-à-tout. Des as de la bricole. Qui s’emmêlent les pinceaux. Qui mettent les doigts là où il ne le faut pas. Des piliers de Bricorama. Alors, arriva ce qui arriva. À défaut de Black & Decker, ce fut Golden Lady.
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