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Thomas Stearns Eliot (Autre)Pierre Leyris (Autre)
EAN : 9782020050500
187 pages
Seuil (31/03/1979)
3.52/5   26 notes
Résumé :
Qui d'entre nous pourra désormais traverser la place Saint-Sulpice ou entrer dans le Café de la Mairie sans se remémorer les rêveries et les monologues du docteur Matthieu-Puissant-Grain-de-Sel-Dante-O'Connor ?
Ce dernier ne saurait être contredit lorsqu'il déclare : "J'ai jeté mon destin au vent par verbosité." Sa revanche c'est qu'en se désintéressant de son propre avenir, il a acquis le don de déchiffrer les émois confus de ceux qui l'approchent. Tel est l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'univers de Djuna Barnes est onirique et cruel. Elle exprime d'une façon poétique cette vérité insupportable : personne n'aime personne, c'est notre besoin d'aimer et d'être aimés que nous prenons pour de l'amour.

Ce roman est hanté par l'abandon et le manque : abandon du baron par sa mère, morte en lui donnant le jour et qui s'attachera à une femme implacable, incapable d'aimer, abandonneuse en série de ses amours successives ; manque de la présence de l'être aimé, non pour lui, mais pour la part de nous qu'il arrache en partant, laissant derrière lui un être en lambeaux.

L'amour comme l'insomnie auquel il ressemble, est hypervigilance : quand va-on être quitté ? Va-t-elle (il) revenir ? Et souvent elle revient, mais disparaît encore, ravivant la plaie jusqu'à l'insupportable.

Le bavard docteur panse les blessures qu'exhibent tous ces êtres en souffrance d'eux-mêmes ; il est une sorte de passeur, versé sur la métaphysique, prêt à aider son prochain et exploité par lui sans vergogne car on connaît son oreille compatissante ; insensible à ses tourments, ne se demandant même pas s'il en a, on n'hésite pas à le charger d'un fardeau qui n'est pas le sien. Or le docteur a son propre enfer, qui est d'avoir raté sa destinée, encombré par sa masculinité dont il n'a que faire et qui le poursuit obstinément.

"Le bois de la nuit" a été écrit en 1936 : il est un phare de la littérature lesbienne mais constitue une belle méditation sur la souffrance amoureuse en général.

Le style est très créatif, à la limite de l'expérimental, ce qui fait parfois sa difficulté. Il m'a fait penser à celui de l'"Ulysse" de James Joyce, paru en 1922 : il faut noter d'ailleurs que Joyce et Barnes entretenaient une relation amicale. J'ai pris le parti de lire "Le bois de la nuit" sans omettre les passages obscurs, mais sans essayer non plus de les comprendre absolument. Cela m'a semblé assez efficace : nous captons davantage de choses en nous faisant plus réceptifs, du moins c'est ma méthode. La lecture, cahotique au début, en est devenue fluide, ténébreuse et fantasmatique, et je pense avoir compris l'essentiel.
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Nous mourons sur pied, lentement, et parfois la conscience nous vient de cette pourriture lente, et la détresse alors nous envahit, et nous descendons la spirale du temps.
Le roman dessine cette détresse à travers cinq personnages qui se croisent, s'aiment, se séparent et vivent leur esseulement et leur souffrance jusqu'au vertige. le baron Volkbein (le juif errant) aime Robine Vote (l'Eve fatale et pure), et Robine bientôt s'en va. Elle est ensuite aimée de Nora, la quitte pour Jenny... Un personnage parle pour tous les autres, le docteur Matthew O'Connor, voix sans égale qui rassemble et remue tous les relents du mal et de la nuit - voix comme démantelée, et pourtant si profonde qu'elle nous révèle les mouvements secrets de la chair et du monde et leur indicible rapport.
Dans sa préface, T.S.Eliot déclare : "Ce que je voudrais préparer le lecteur à trouver ici, c'est le grand accomplissement du style, la beauté de l'expression, l'éclat de l'esprit et de la caractérisation, et une qualité d'horreur et de fatalité apparentée de très près à la tragédie élisabéthaine."
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Une américaine délaisse son époux israélite ayant des prétentions nobiliaires, lui laisse à charge son enfant idiot, pour vivre une passion saphique et éphémère avec une femme sophistiquée qu'elle va abandonner pour une femme très quelconque.

Ce court roman est très hétérogène, déroutant. Cela commence sur un style recherché, précieux même, très poétique, c'est assez délicieux. Puis on bascule sur quelque chose qui ressemblerai à du Proust qui aurait un Mallarmé coincé dans la gorge. Çà demande une certaine contention d'esprit, la lecture se fait difficultueuse, exigeante, parfois il faut reprendre le début de la phrase , ainsi le temps de la narration se dilate quelque peu. Puis on arrive sur des chapitres où les personnages joue leur partition propre, sans vraiment écouter ce que l'interlocuteur a à lui dire, ils on une certaine propension à s'écouter parler, ils ratiocinent. Ce livre est une promesse non tenue, une écriture artiste qui s'enlise dans les sables mouvants d'une verbosité absconse.
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Je n 'ai rien compris à la finalité de ce livre...
J' ai essayé de m' accrocher, mais je suis passé complétement à coté du propos et fini par lâcher une lecture pour moi sans intérêt.
Bref c' est chiant.
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Une écriture poétique, intellectuelle, pour des trajectoires amoureuses compliquées,. A lire à petites doses.
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critiques presse (1)
Telerama
12 février 2014
Une Américaine installée à Paris subjugue son entourage par sa vie de bohème. Envoûtant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'amour devint le dépôt du coeur, de tous points analogue aux trouvailles d'une tombe. Comme dans l'un d'elles est marquée la place occupée par le corps, son vêtement, les ustensiles nécessaires à son autre vie, ainsi dans le coeur de l'amant se retrace, telle une ombre indélébile, ce qu'il aime. Dans le coeur de Nora reposait le fossile de Robine, intaille de son identité, et alentour, pour sa conversation, courait le sang de Nora. De la sorte le corps de Robine ne pouvait jamais laissé d'être aimé, ni se corrompre, ni être jeté au rebut. Robine était à présent au-delà des changements temporels, excepté dans le sang qui l'animait. Le fait qu'elle pouvait en être vidée gravait dans l'esprit de Nora, avec une affreuse appréhension, l'image de Robine en train de marcher - de Robine seule, traversant les rues, en danger. Son esprit se pétrifiait de telle sorte que, sous l'effet de sa peur, Robine apparaissait énorme et polarisée, attirant à elle, sujet magnétisé, toutes les catastrophes ; et Nora, hurlant, s'éveillait de son sommeil ; pour retraverser le flot des rêves où son anxiété l'avait jetée, entraînant le corps de Robine avec elle dans leurs profondeurs, de même que les créatures du sol entraînent un corps, avec une minutieuse persistance, dans la terre, laissant son motif sur l'herbe comme si elles brodaient tout en s'enfonçant.
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Je croyais l'aimer pour elle, et j'ai découvert que je l'aimais pour moi.
-Je sais, dit le docteur, vous étiez assise là toute droite comme une reine, avec un buisson de roses dans le fondement.
Elle le regarda, puis elle sourit :
-Comment pourriez-vous savoir ?
- Je suis une dame qui n'a que faire d'être insultée, dit le docteur. Je sais.
- Oui, dit-elle, vous savez ce qu'aucun de nous ne sait avant sa mort. Vous étiez mort à l'origine.
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Les sages disent que le souvenir des choses passées est tout ce que nous avons pour avenir.
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C'est dans l'acceptation de la dépravation que l'on saisit plus pleinement le sens du passé. Qu'est-ce qu'une ruine, sinon le temps en train de se délester de l'endurance. La corruption est la vieillesse du temps. C'est le corps et le sang de l'extase, de la religion et de l'amour.
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Comme les jours s'écoulaient, ils passèrent de nombreuses heures dans les musées, et Félix, tout en y prenant un plaisir sans mesure, fut surpris de voir que le goût de Robine, après avoir apprécié les plus belles choses, s'en détournait pour embrasser également le médiocre et le vulgaire avec une émotion aussi réelle. Quand elle touchait un objet, ses mains semblaient se substituer à ses yeux. Il pensa : "Elle a le toucher des aveugles qui, parce qu'ils voient davantage avec leurs doigts, oublient davantage en esprit."
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Video de Djuna Barnes (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Djuna Barnes
"Nightwood" by Djuna Barnes.
"This is a book I wish I had read in class to really take the time and dive into all the things I din't get by just reading it. Also, lesbian and (I think) queer characters." 1book1review
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