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Critique de Bookycooky


“La belle époque”,
En 1895 ou 1900 à Paris personne n'aurait dit “nous vivons La Belle Époque, profitons en au maximum “. Cette période de paix de l'histoire située entre la défaite catastrophique de 1870-71 et la victoire catastrophique de 1914-18 de la France, ne sera mentionnée en ces termes que rétrospectivement en 1940-41, date d'une autre défaite française. Une époque dont l'adjectif « belle »semble assez surprenante, vu l'anarchie, la violence ( assassinat du président de la république Sadi Carnot en 1894, de Jean Jaurés en 1914, l'affaire Dreyfus.... ), la corruption et pour finir la colonisation brutale ( l'invasion de la Tunisie au printemps 1881 et l'organisation d'une rébellion en automne) qui marqueront la vie sociale et politique du pays. L'adjectif est uniquement justifié par le milieu florissant des Arts, avec les Impressionnistes, néo-impressionnistes, fauves et cubistes.
Barnes dans son dernier opus nous raconte cette époque, partant d'un tableau de John Singer Sargent, Dr Pozzi at Home (1881). Samuel Jean de Pozzi, chirurgien français d'origine italienne, « médecin à la mode », était le Zelig de la Belle Époque, fréquentant et côtoyant les personnages marquants de son temps,« Pozzi was everywhere », même dans les barres de chocolats Félix Pottin dans les deux premières décennies du XX iéme siècle. Il fut l'amant de Sarah Bernhardt, son « Docteur Dieu » qu'il opéra aussi, et surtout fit parti d'un cercle d'artistes et libertins de l'époque, dont le comte Robert de Montesquiou (« le professeur de beauté », comme le nommait son ami Marcel Proust), le prince de Polignac, l'écrivain scandaleux Jean Lorrain, le non moins scandaleux Oscar Wilde et James MacNeill Whistler. Il fut « l'homme sain d'une ère démente », où les dandys et les duels étaient monnaie courante.

Entre les fastes, potins et querelles d'un milieu excentrique et coloré et la personnalité curieuse et brillante du docteur mondain Pozzi, qui fut aussi sénateur, maire de sa commune, innovateur dans une profession conservatrice pour l'époque, coureur de jupons marié et père de trois enfants,....Barnes nous plonge dans les fastes et affres d'une époque fascinante, “distante, décadente, hectique,violente narcissique et neurotique “. Cette immersion dans ces vies françaises d'un passé assez lointain, dit-il est en partie une réaction de ma part au “départ masochiste et à tort de la Grande Bretagne de l'Union Européenne “, un geste envers l'insularité, une noyade salutaire pour se débarrasser de tout opinions et conceptions superficielles d'un présent qui nous est trop proche pour que nous puissions en saisir la vrai portée. « le chauvinisme est une forme d'ignorance », disait Pozzi, paroles qui illustrent mieux que jamais la situation présente des anglais, lesquels en se cloîtrant se sont condamnés à un misérable isolement. Mais l'auteur dans son épilogue termine par une note optimiste. Ses recherches sur le docteur Pozzi et le livre présent qui en découle et que je vous laisse découvrir, lui a redonné foi en l'homme. le temps nous montrera si cette foi tient la route ou non.....
Un livre brillant, original, foisonnant d'histoire et d'anecdotes intéressantes, souvent sulfureuses. Un bon cru du sieur Barnes.


« I was drawn to Dr Pozzi by the Sargent portrait, became curious about his life and work, wrote this book, and still find the picture a true and dashing likeness. »
( J'ai été attiré par le docteur Pozzi à travers son portrait de Sargent, devint curieux de sa vie et de son travail et ai écris ce livre, et je pense encore et toujours que le tableau reflète une vérité fringante du personnage )




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