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Critique de ecumeuse


Alors, tout de suite je commente la note de l'éditeur qui proclame Mary Barnes guérie, et en fait non, elle n'est pas "guérie" mais peut à nouveau vivre en société, tisser des liens et donner du sens à sa vie notamment à travers la peinture.

L'esssentiel du livre concerne la description des "descentes" successives de Mary Barnes lorsqu'elle se trouve à Kingsley Hall. Beaucoup de détails scatologiques, j'y ai lu une lutte contre sa colère, contre "ça" comme elle l'appelle et contre ses sentiments de culpabilité. le rôle des psy de Kingsley Hall n'est absolument pas éclairci. Finalement ils accompagnent un peu malgré eux les descentes de Mary qui mène sa barque un peu comme elle veut. A ce propos il est assez surprenant de constater qu'avant de se retrouver à Kingsley Hall elle était capable de se retenir de sombrer dans la régression et que une fois à Kingsley Hall elle se laisse porter par ses pulsions à régresser. C'est forcément le parcours d'une folie hors du commun notamment par sa capacité à contrôler ses descentes. Ce que ce livre n'apporte pas c'est quelles sont les méthodes utilisées par "l'anti-psychiatrie", l'impression donnée est qu'il n'y en a aucune, que chaque "fou" est un peu livré à lui-même, que Kingsley Hall est un endroit où l'on peut se laisser aller à sa folie mais sans aucune certitude de s'en sortir autrement que grâce à la "lassitude" d'endurer cet état. En tout cas c'est l'impression que tout cela m'a donné. On y découvre aussi comment la manipulation de sa merde est supplantée par la peinture, au pinceau puis surtout au doigt, et par la même la naissance d'une artiste. L'idée de tout cela est que les régressions et surtout les remontées grace aux interactions dans la maison notamment avec Joseph Berke ont permis a Mary de se reconstruire des "bases" affectives plus saines. Mais rien n'est certain quant à l'efficacité de ce procédé, surtout lorsqu'on apprend que Mary continue à régresser de temps à autres lorsqu'elle est aux prises avec "ça". On peut se poser la question d'un besoin de mise en scène de sa folie, Mary passant rapidement d'un âge à l'autre dans sa régression, tantôt adulte tantôt nourrisson selon la situation. Besoin de mise en scène qu'elle transcende par la peinture notamment... Schizophrène ? Pas si sûr après tout elle ne perd jamais totalement contact avec la réalité. Et les symptômes de sa supposée schizophrénie en dehors de son désir de régresser ne sont jamais clairement identifiés. Bref, ce livre laisse plus de questions qu'il n'apporte de réponses. C'est l'histoire d'un cas parmi des milliers d'autres et d'une voie de guérison qui n'en est pas vraiment une. Mary n'a t-elle pas tout simplement trouvé un autre moyen d'expression de sa folie qu'est la peinture ? Ce qui lui permettait de vivre à côté de cela à peu près normalement.
C'est un livre difficile à lire. Je l'ai mis de côté plusieurs fois mais je voulais avoir les clés de sa guérison et c'est pour cela que je l'ai lu jusqu'au bout. Finalement je suis déçue, aucune clé, juste des incertitudes et la seule conviction que la folie de Mary Barnes était juste un cas à part.
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