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Critique de Pecosa


Je ne savais pas, avant de tomber sur la notice Babelio, que Biografía de un cimarrón avait été traduit en français sous le titre Esclave à Cuba. L'exemplaire que je possède, édité à La Havane en 1980 chez Editorial Letras Cubanas contient deux photographies de l'ancien esclave Esteban Montejo prises en 1966.
L'histoire de la rencontre entre Esteban Montejo et l'anthropologue Miguel Barnet est digne d'un roman. En 1963, ce dernier lit un article consacré aux centenaires cubains. Parmi ces hommes et femmes d'âge avancé, l'un d'eux retient son attention, Esteban. Il fut un cimarrón, un nègre marron, un esclave en fuite qui trouva refuge dans les montagnes de Las Villas. Et cette particularité est essentielle pour le chercheur. Suite à de nombreux entretiens avec le vieil homme enregistrés sur magnétophone, l'équipe décida de raconter l'histoire d'Esteban à la première personne et de centrer le récit sur trois périodes, l'esclavage, le marronage, et la Guerre d'Indépendance: " "Nació en la esclavitud, huyo a las montañas, participó en la guerra de independencia de Cuba y en la batalla de Cienfuegos contra los norteamericanos".

Esteban est né le 26 décembre 1860, d'une esclave française Emilia Montejo, et de Nazario, un esclave lucumi (originaire du Nigeria/ Golfe de Guinée). Il évoque ses parents, ses parrains, la vie dans les baraquements sur les plantations, et cette partie nous offre de nombreux détails sur les conditions de vie des esclaves dans la seconde moitié du 19ème siècle. A cette époque en France, l'esclavage était déjà aboli mais à Cuba, il fallut attendre l'année 1886. Esteban se livre: le travail des esclaves, les châtiments corporels, l'hygiène, les maladies, les relations entre esclaves, la religion catholique, les croyances africaines, les rites afro-cubains, la sorcellerie, la capture des noirs en Afrique, la musique, les danses… autant d'éléments qui passionnent les universitaires. Vient ensuite sa fuite dans les montagnes de Las Villas. « Cimarrones habia pocos. » Il survit au milieu d'autres marrons, raconte la manière dont la vie dans la clandestinité s'organise, le ravitaillement, les relations amoureuses, et comment il retrouve sa dignité dans la liberté par la résistance. Quand il prend connaissance, incrédule, de l'abolition, il quitte les montagnes pour les villes et les villages. En décembre 1895, il s'engage dans la Guerre d'Indépendance et raconte les combats, dont la bataille de Cienfueguos.

Biografía de un cimarrón est un bel exemple de roman-témoignage , quand la littérature et l'ethnologie se prennent par la main. A sa lecture, on comprend la fascination qu'a pu exercer Esteban Montejo sur les chercheurs qui ont pu consigner par écrit les souvenirs d'un homme toujours lucide né en 1860, qui survécut aux plantations, au marronage et à la guerre.

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