Notre petite fille a trouvé sur la terrasse un animal très étonnant. Il ressemble à une bogue de châtaigne sans châtaigne à l'intérieur. Il parle beaucoup...
Le sourire terrifiant
Un matin, je constate grâce au miroir de la salle de bains la présence d’un sourire terrifiant sur mon visage. Je regagne aussitôt la chambre afin de demander à Claire ce qu’elle en pense, mais à peine suis-je devant elle que le sourire terrifiant quitte mon visage et va s’installer sur le le sien. Claire se regarde à son tour dans le miroir et commence à rouspéter. Je lui tapote un peu l’épaule, mais elle rouspète de plus en plus et se met à m’insulter et à me hurler dessus, toujours avec le sourire terrifiant, qui manifestement ne veut plus quitter son visage.
– Allons, allons, dis-je.
Ensuite, Claire me saisit par le col et me secoue si fort que je suis sur le point de m’évanouir, mais heureusement, à ce moment-là, on sonne. Je titube jusqu’à la porte et ouvre au voisin qui n’a qu’une main. Je l’aide à ouvrir un bocal de cornichons. Il me remercie et en le regardant je vois que le sourire terrifiant s’est installé sur son visage. Je m’abstiens de le lui faire remarquer. Je le salue poliment. Je referme la porte. Je retourne auprès de Claire et je lui tapote encore un peu l’épaule.
– Ça va mieux, me dit-elle, l’affreux sourire est parti.
– Terrifiant, dis-je. Le sourire terrifiant.
– J’espère qu’il ne reviendra jamais.
– Il est sur le visage du voisin, pour l’instant.
– Celui qui n’a qu’une main ?
– Oui.
– Il va le garder, tu crois ?
– Probablement, dis-je. Il ne sort jamais. Il ne croise personne à part nous.
– Alors il ne faut plus lui ouvrir. Tu m’entends ?
– C’est un peu délicat. Il ne peut pas s’en sortir tout seul avec ses boîtes de sardines et ses bocaux de cornichons. Nous allons passer pour des grosses merdes.
– Je m’en fiche. Il peut manger autre chose. De toute façon, les boîtes de conserve, c’est dégueulasse.
– Certes, mais là n’est pas la question… En même temps, nous allons déménager dans quinze jours…
– C’est vrai.
– J’aime autant ça.
– Moi aussi. Espérons qu’il n’ait pas de bocal à ouvrir durant les deux prochaines semaines.
– Oui, espérons.
Brusquement je perds toutes mes dents, bientôt suivies de mes cheveux et de mes ongles et peut-être aussi de quelques-uns de mes organes internes. Un homme arrive à ma hauteur, aussitôt se penche, ramasse le tout à la hâte et disparaît au coin de la rue. Une pensée me traverse alors l’esprit. Et si ce malade avait l’intention de me reconstituer ? Peut-être bien, oui, mais dans quel but ?
Intégrale de chemin
Je dois pour je ne sais quelle raison me rendre à Beaupréau, au sud-ouest du Maine-et-Loire. J’arrive à un carrefour. Il y a quelques panneaux, malheureusement les indications qu’ils me donnent sont pour le moins obscures : FRRAHZMPF (à droite ou à gauche), GRUMLHYC (à gauche), ORFLORMPPPFF (à droite), PLUGRRRRMPHG (tout droit). Quelle direction prendre ? Vite, je me scinde en trois, prends à droite et à gauche et tout droit en même temps. Trois trajets, trois histoires à raconter. Ou plutôt une infinité. Une infinité d’histoires qui, arrivées à destination n’en feront finalement qu’une…