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EAN : 9782221191217
252 pages
Robert Laffont (07/01/2016)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Reims, 1925. Lecomte, adolescent charismatique, vit une amitié passionnelle avec Daumal, jeune homme réservé et brillant. Ils ont formé, avec Vailland, le dandy, et Meyrat, dit la Stryge, une communauté initiatique et poétique : les Phrères simplistes. Croyant en l'expérimentation comme seul moyen de connaissance, adeptes de Rimbaud et de son « dérèglement de tous les sens », ils rêvent de monter à Paris, pour fonder une revue poétique qui détrônerait les surréalist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La poésie est souvent un long voyage ; ce ne sont pas seulement des mots habités, dans bien des cas, par une âme exquise, profonde, pure et éternelle.






C'est également une démarche qui ose s'approprier l'inconnaissable. Ainsi on se laisse embarquer par ce désir irrépressible de mots, d'images et de cette quête, presque secrète, de soi-même ; au bout de l'aventure, on est déjà transformé. Mais le tragique vient parfois s'immiscer dans l'existence tumultueuse des poètes. Dans son roman, Phrères, , l'écrivain Claire Barré nous fait plonger dans les années 1920, à la poursuite d'une bande de copains qui entendent révolutionner le monde grâce aux mots et à leur façon d'être et de se projeter dans l'avenir. Ils sont quatre, Lecomte, Daumal, Vailland et Meyrat dit la Stryge vivent à Reims ; influencés, entre autres, par Rimbaud, ils ont la ferme intention de conquérir Paris. "Lecomte a soif de gloire et ne pourra se contenter de devenir une célébrité locale. Un poète de province qu'on salue sur la place du marché". Ce n'est pas le cas de Pulchinella, amoureuse de Lecomte ; elle se plaît bien à Reims, elle est y trop attachée. "Elle l'aime cette cité aux rues pavées et aux esprits rangés. Révère sa cathédrale. Ses vitraux. Se souviendra toujours de cette matinée où son oncle l'a fait pénétrer pour la première fois dans les ateliers où l'on colore le verre, où l'on restaure les trésors passés. Sa passion est ici, dans l'atelier des vitriers. Et qu'on ne lui parle pas de Notre-Dame-de-Paris. Non. C'est à Reims qu'elle exercera son art". D'une expérience à l'autre, d'une trouvaille à l'autre, les quatre amis cheminent sur les sentiers d'une quête d'absolu qui semble déjà les dépasser. L'opium, les mots et leur magie, l'espoir parisien et la sensualité des femmes meublent leur quotidien.

Avec son style fluide et envoûtant, fait de jolies phrases qui sonnent comme des poèmes, Claire Barré nous ensorcelle, elle nous restitue admirablement une époque que nous n'avons pas vécue, elle nous fait aimer cette bande de copains malgré leurs délires et leurs extravagances. "Phrères" est un roman à la gloire de la poésie, et pourtant il s'ouvre sur cette journée fatidique du 19 mars 1925 où la mort vient en réaction douloureuse à un refus. "Se persuader, au contraire, que la mort est le seul domaine de la Poésie véritable, qu'il la rejoint enfin, que Rimbaud, Baudelaire et Lautréamont l'attendent, oui, l'espèrent, installés dans une île où le soleil est liquide comme le miel, où l'on boit à la mamelle de la lune, où l'océan déborde de joyaux innommables .. C'est un roman à lire et à relire...
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« Toi qui hurles sans gueule
Mords sans dents
Fascines sans yeux
Face creuse
Toi qui fais bondir la pantomime des ombres et des lumières
Coupe sans faux
Arrache claques et bats
Sans bras sans mains sans fouets sans fléau
Fléau toi-même vent levant du Levant
Toi qui mets le tonnerre au coeur de la forêt
Et fais courir les géants de sable au désert
Père des vagues des cyclones des tornades
Déformant d'hystérie la face de la mer… »

( Je n'ai pas peur du vent - Roger Gilbert- Lecomte)
*

C'est le seul livre de toute la bibliographie de Claire Barré que je n'avais pas encore lu.
J'aime beaucoup l'univers de cette auteure qui me fait voyager à travers ses récits, souvent psychédéliques, souvent fantasmagoriques, parfois chamaniques.
Des récits aussi parfois fantastiques et sombres où Claire y apporte toujours une lumière finale d'espoir.
*

« Phrères » est à la fois un mélange habile de fiction et de biographie, dont la plume de l'auteure n'a jamais été aussi poétique.
Et pour cause, Claire nous fait découvrir des poètes mal connus, ceux qui furent classés comme pour un Paul Verlaine ou pour un Arthur Rimbaud, de « Poètes maudits ».

Nous allons alors faire connaissance d'un morceau de la vie de Roger Gilbert-Lecomte et de son grand ami René Daumal, passionné d'ésotérisme, qui se sont rencontrés en 1923, sur les bancs du lycée « des Bons-Enfants » à Reims.

Les deux poètes sont des idéalistes, sont mal dans leur peau, entrent parfois dans des délires et des extravagances presque parfois suicidaires.
Les deux jeunes gens se droguent en s'asphyxiant avec de l'alcool, de l'éther, du tétrachlorure de carbone, puis ensuite de la strychnine ou de l'opium. Ils sont persuadés que leur état second leur permettra d'explorer certaines limites de leurs consciences et qu'ils pourront ainsi s'aventurer aux orées inconnues de la mort.
*

C'est à cette même époque qu'ils fondent une société secrète « les Phrères simplistes », auquel sont venus s'ajouter Robert Meyrat et Roger Vailland.

Les quatre jeunes se définissent ainsi :

« Nous sommes des enfants, et comme les petits enfants, simples et ignorants, nous possédons la vraie connaissance ». Leur but, c'est le programme d'Arthur Rimbaud : chercher « l'immense dérèglement raisonné de tous les sens », changer la vie.
*

Nous sommes à un moment crucial de la vie de Lecomte et de Daumal, qui ont seulement 17 ans, et qui ont décidé de se suicider. Les deux autres Phrères ne semblent pas, pour l'instant aller à l'encontre de la volonté des deux suicidaires.
Chacun des deux amis et adeptes de « la roulettes russe », va faire sa propre préparation psychologique pour partir au mieux dans l'autre monde…

Claire Barré relatent si bien ces faits qu'ils auraient pu exister ou qui ont peut-être existé. Elle nous plonge dans les méandres inconnus et très sombres du cerveau d'êtres qui sont en plein processus d'autodestruction.
C'est à la fois frissonnant, glaçant, angoissant et hypnotisant !
*

Roger Gilbert-Lecomte et René Daumal iront-ils jusqu'au bout de leur démence ?
A moins que Pulchinella, la jeune fille dont les garçons sont amoureux, à moins que les deux autres Phrères, empêchent ce drame imminent.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Comme ils aiment les étaler ces mots boursouflant leur langage et leur écrits, comme ils aiment manier la langue en l'ornant de mots à chaussetrapes, à tiroirs. Moyen sûr de crypter leur pensée, de ne l'ouvrir qu'aux érudits, à ceux capables de déchiffrer le fond derrière la forme, capables de simplifier à l'extrême, de revenir au sens pur, clair.
Ils savent que l'alchimiste doit cacher ses découvertes derrière des codes, que l'hermétisme est la clé de la recherche, que révélation rime avec dissimulation. Tous ne sont pas dignes de plonger dans le labyrinthe sacré de leurs esprits, seuls quelques élus feront l'effort de les comprendre. Et à eux seuls, les Phrères simplistes ouvriront leur âme. A eux seuls. Et les autres peuvent bien aller se pendre avec la corde du quotidien.
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Se séparer de Lecomte serait comme se déchirer en deux, or ils sont Un. Complémentaires jusqu'à la fibre de l'atome. Apollon dionysiaque né de l'union des pôles contraires. Ils avanceront, côte à côte, plume au poing, planteront le drapeau de saint Pliste dans les flancs offerts de paris, l'encre qui s'écoulera de cette plaie colorera la Seine et ils navigueront sur ses eaux sombres en déployant leurs ailes soyeuses d'anges-poètes, dressés contre Tout, fracasseurs de dogmes, porteurs de rêves et de révolte, terrassant les dragons de l'abrutissement universel, avec comme mot d'ordre : Révélation-Révolution.
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