La couverture du livre ne laisse pas la place au doute. Et pourtant…
On s'y attache à cet arbre, qui a abrité les rires d'enfants glissant sur le toboggan, protégé un sans-abri de passage, hébergé les étourneaux migrateurs et ombragé le marché familier. Alors quand vient la fin de l'album, on espère que, quand même, ça se termine bien ?
Mais voilà notre narrateur tronçonné net dans son récit. Restent deux doubles pages illustrées d'un silence éloquent.
Tout en simplicité, Barroux raconte et dessine avec justesse : l'inauguration officielle de l'arbre, « sans fausse note », le départ du sans abri après lequel « la terre a continué à tourner », en passant par toute une vie de quartier qui tourne autour de cet unique espace vert : fête, baisers échangés, rires. Sans compter ce qui vient en remplacement.
Comme on peut en dire des choses à partir de ces quelques pages !
Ce platane-là ne sera pas tout à fait tombé en silence…
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Un narrateur raconte des épisodes de son quotidien. de son premier souvenir, alors qu'il était encore tout jeune, il est témoin du passage du temps et du passage des gens. Un sdf qui chante à la nuit, des oiseaux migrateurs, un couple d'amoureux, une foule de danseurs, des ouvriers qui viennent le couper.
S'ensuit alors un grand vide. On l'a découpé. Il est tombé en silence. Ce narrateur, cet arbre, ce géant qui nous a vu défiler à ces pieds et que l'on a fait disparaître. Malgré sa taille et tout ce temps présent dans notre paysage quotidien, on se demande comment sa chute a-t-elle pu faire aussi peu de bruit..
Cet arbre qui réunissait tout ce monde autour de lui, autour duquel la vie des passants se nouait a chuté sans bruit alors que sa disparition signe en partie la fin fracassante des liens qui unissaient ces passants.
Un album qui nous rappelle de prendre le temps de regarder autour de nous, d'ouvrir les yeux sur cette nature que l'on supprime jusque dans nos villes. Ce géant nouait des liens entre les habitants, il créait la vie. Maintenant disparu, qui réunira ces individus...?
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Ce même hiver, ou un autre, j'ai recueilli dans mes bras toute une bande d'étourneaux fatigués qui descendaient vers le sud.
Combien étaient-ils ? Des dizaines ? Des centaines ?
J'espère qu'ils sont bien arrivés.