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Critique de Fleitour


Un roman comme un roc, sorti des mines de Sligo, mal dégrossi, et qui voyage en fond de cale, là où à Long Island, ont trie les vivants et les morts, les états d'âme n'existent pas, on a quatre pattes valides, et c'est gagné, l'armée peut vous embaucher, et peu importe ce qu'il y a dans votre caboche.


Le style de Sébastien Barry, est à l'image de son livre, sec et sans fioritures, il faut faire simple pour rester sur ses gardes, pas la place de philosopher, des phrases courtes le temps de réarmer, on crache la suivante.

" Oui l'armée c'était la belle vie, déjà, on a un cheval, ensuite on a un uniforme, p 12". Et j'en pouvais plus d'avoir faim . Quand on a 17 ans et quelques dollars en poche on ne crève pas de faim.
L'irlandais Thomas Mc Nulty le narrateur et John Cole de la Nouvelle-Angleterre devenu son frère jumeau au bureau de recrutement, à prendre ou à laisser, nous accompagnent, tout au long de ce récit.


Leur duo, est la clé du roman, il commence devant le panneau d'un saloon « recherche garçons propres », nos deux gringalets déguisés en filles, finissent par danser de façon élégante et raffinée à vous faire pleurer. Sous la surveillance de Monsieur Noone, ils promettent mariage et concupiscence.


Nos deux vauriens, tirés de la poussière, dérident toutes les crapules, et les délaissés de l'Amérique, de quoi les blinder quand il faudra monter à l'assaut.

Servir l'armée, c'est un peu servir un aveugle qui regarde en arrière. Après le temps des flonflons, voilà notre duo au service des causes les plus obscures, tuer les Indiens, mais lesquels, ces salopards de peaux-rouges ou ces pauvres hères ?
C'est selon, l'opinion du major, la rumeur, la découverte d'un village où des soldats ont trouvé la mort et tout le pays s'enflamme.

Viendra le temps de la guerre de sécession, dans la confusion, et les massacres inutiles, on y sauve sa peau par chance et jamais par manque de courage. La découverte macabre des pendaisons de noirs, met au grand jour la violence de l'esclavage, le racisme sauvage des blancs du sud. Les Irlandais sont juste un peu au-dessus des noirs.


Toute la fin du roman et passionnante, on quitte l'armée, en partie du moins, pour s'intéresser à la petite indienne recueillie par notre couple de vauriens, la petite Winona, la fille du redoutable chef indien, celui-qui-domptait-les-chevaux. John et Thomas, deviennent mari et femme, et la petite Winona, leur enfant.

C'est dans le Tennessee que notre duo prendra racine. Isolés pourront-ils échapper à la mort, aux bandes de vautours organisés pour vous piller, et vous rincer jusqu'à la moelle ?

Barry nous régale de magnifiques scènes de luttes armées, ou la ruse l'emporte toujours sur la brutalité, la morale est sauve enfin si on ne regarde pas les choses de trop près.
On retiendra la formidable ténacité de John et de Thomas, leur enthousiasme aveugle, leur amitié paranormale, évangélique, sobre, fraternelle.
Un vrai roman Irlandais comme on les aime.
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