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3,75

sur 220 notes
Je suis sortie de cette lecture indignée et atterrée. Je savais que la situation des femmes en Irlande jusqu'à tard dans le 20è siècle n'était vraiment pas enviable. Mais de savoir que le moindre soupçon sans le moindre début de preuve peut vous accuser d'adultère puis conduire à l'annulation de votre mariage. Alors, si en plus c'est un prêtre (catholique) qui est "témoin"... Et n'espérez pas faire entendre votre version des faits, surtout si vous êtes protestante... Cela signifie mise au ban et misère noire pour une femme. Ou l'internement dans un asile. Là où se trouve Roseanne après avoir en plus été accusée du meurtre de son bébé (illégitime) Elle a 100 ans et est là depuis 1945... Mais enfin un médecin va essayer de savoir ce qu'elle fait là, va essayer de savoir si son internement se justifie ou s'il n'est que social car elle était gênante... Notre bon docteur va aller de surprise en surprise.
A travers Roseanne, c'est la condition des femmes mais aussi toute l'histoire, assez confuse, des débuts de la République d'Irlande qui renaît. Celle-ci est plus malheureuse qu'heureuse ; pourtant la centenaire trouve toujours matière à se réjouir. Et assez paradoxalement, le lecteur se prend à se dire que peut-être elle était plus en sécurité derrière ces murs que dans la "vraie vie". La liberté ? En tant que femme, elle ne l'a jamais connue.
Heureusement, tout cela est maintenant de l'histoire, pas tout à fait ancienne.
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Au milieu du passé d'une très vieille femme, depuis très longtemps enfermée dans un service psychiatrique, c'est une partie douloureuse de l'histoire de l'Irlande que l'on perçoit.
Même si les souvenirs de Roseanne ne sont pas toujours très précis, elle n'a pas l'air si folle que ça. Alors pourquoi est-elle là ?
Lentement, on découvre qu'un fait totalement anodin a fait basculer sa vie... et avant elle, son père a également vécu un dramatique bouleversement sans véritable raison. L'un et l'autre étaient protestants, alors la "charité chrétienne" d'un prêtre catholique est passée par là.
Le psychiatre qui la suit tient aussi un journal, et, par ses recherches sur Roseanne, nous aurons une fin assez inattendue.

Une écriture poétique avec de nombreux très beaux passages sur la mémoire ou l'amour filiale. Une belle histoire aussi... mais je n'en ai pas forcément apprécié la narration, un peu trop décousue, confuse parfois.
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Réalisé par Jim Sheridan, auteur de films irlandais particulièrement réputés, My Left Foot en 1989 the Boxer ou Au Nom du père et même quelques beaux films américains comme Brothers ou In america , LE TESTAMENT CACHÉ, le nouveau film de Jim Sheridan est sorti mercredi 4 avril dernier chez Wild Side en portant en bandoulière son casting prestigieux : Rooney Mara, Vanessa Redgrave, Jack Reynor, Theo James et Eric Bana et un matériau d'origine particulièrement prometteur.

En effet le roman écrit en 2008 par Sebastian Barry , chef de file de la littérature irlandaise actuelle, dont est adapté le film de Shéridan, est une sublime fresque irlandaise sur le poids des secrets de famille et sur le conséquence de ces sommes de « non-dits » brassant sur plus de 600 pages son intrigue particulièrement tourmentée et tortueuse , au sein d'une société corsetée par ses règles morales puritaines et impitoyables concernant l'adultère.
Une histoire incroyablement romanesque sur fond remous de l'histoire de l'Irlande et des conséquences de nos actes passés ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce roman à deux voix est une vraie réussite. Au fil des chapitres, le récit fait alterner le journal de Roseanne McNulty, cent ans environ, internée dans un asile psychiatrique depuis plus de cinquante ans et celui de son médecin, le Dr Grene, chargé de fermer l'hôpital, qui va se pencher sur son cas et s'attacher particulièrement à elle.
L'histoire tragique de Roseanne est fortement imbriquée à celle, non moins tragique, de son pays, l'Irlande. Cette jeune femme d'un milieu très modeste va connaitre un destin fortement influencé par les drames de la guerre civile et surtout par un prêtre à la puissance effrayante.
De son côté, le Dr Grene, enfant adopté, a également eu une vie assez malheureuse, rongé par la culpabilité de la mort accidentel de son frère lorsqu'il était enfant et triste avec sa femme dépressive qui n'a jamais pu devenir mère.
Malgré son terrible destin, l'écriture de Roseanne sous la plume de Sebastian Barry n'est jamais larmoyante et l'amour qu'elle porte à son père (qui finira pendu dans des circonstances troubles) illumine les pages relatant son enfance et son adolescence. Elle possède une grâce, une naïveté et finalement, une force de caractère qui vont lui permettre de traverser ses épreuves.
Le Dr Grene va quant, à lui, puiser peu à peu du réconfort auprès de cette vieille femme et la fin assez inattendue se révèle être une bonne surprise.
Sebastian Barry nous offre un très beau roman sur l'histoire de son pays, à travers le prisme de personnages ordinaires dont il dépeint la psychologie avec beaucoup de finesse et en particulier celle d'une femme qui va se révéler être une héroïne à la grandeur d'âme exceptionnelle.
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Attention pépite ! J'ai englouti ce livre en quelques jours, littéralement prise par la spirale infernale de l'Histoire de l'Irlande et du destin particulier de Roseanne Clear.

A priori, en ouvrant ce livre, je m'attendais à une thématique pure sur les "Magdalen Sisters", fait social irlandais que le cinéaste Peter Mullan a rendu célèbre aux yeux du public par le film éponyme. Or, si le roman de Sebastian Barry aborde sans conteste ce fait, il va beaucoup plus loin en montrant à travers le destin personnel de Roseanne, comment l'Histoire du pays ont eu un impact direct sur la vie personnelle.

Le lieu où est enfermée l'héroïne depuis soixante ans est en fait peu présent dans le roman (contrairement au film de Peter Mullan qui s'attardent plus à montrer le sadisme des religieuses à l'égard de leurs pensionnaires). Ici le récit s'échappe hors les murs, à Sligo où elle a grandi, mais aussi dans le village reculé Strandhill et sa plage. C'est l'Irlande du mont Ben Bulben, du mont Knocknarea qui abrite le tombeau reine Maeve, d'une Irlande pétrie de secrets, de légendes, de mystères. Mais aussi d'Histoire. Et c'est là que Sebastian Barry plante le décor et promène le lecteur, ne le ramenant dans les murs de l'hôpital psychiatrique de Roscommon que de brefs instants.

Sebastian Barry laisse la parole alternativement à la vieille dame centenaire (qui d'ailleurs n'est plus très sûre de son âge) et à son médecin psychiatre, le docteur Grene, veuf, qui a beaucoup d'affection pour elle. Roseanne entreprend d'écrire ses mémoires ou plutôt un "témoignage sur elle-même" alors que l'hôpital psychiatrique de Roscommon où elle enfermée depuis 1957 va être détruit. Il y a donc urgence. Et parce qu'il y a urgence, le médecin doit enquêter sur la vie de ses patients pour savoir s'ils sont aptes au retour à la vie "civile" ou non. Mais cela semble une question vaine, un prétexte à bien autre chose quand, comme Roseanne, on est centenaire et que votre vie a été rayée de la société des hommes.

Par l'écriture, Roseanne tente donc de se réapproprier sa vie. Et le carnet du docteur dévoile peu à peu son enquête sur sa patiente, (mais aussi sur lui-même), sur les écrits que le Père Gaunt a laissé sur elle : des écrits qui, a priori, parraissent un peu trop "soignés" pour être totalement exacts. Car le testament caché n'est pas une enquête sur la vérité d'exactitude des choses mais sur la mémoire, sur une "vérité utile", sur la manière dont chacun peut interpréter des événements qui se sont déroulés, soixante ans auparavant, dans les années 20, dans une Irlande malmenée par L Histoire (notamment la guerre civile engendrée par l'avènement de l'Etat libre), où l'Eglise catholique joue un rôle sans cesse grandissant dans la société, s'immiscant sans complexe dans la vie privée des gens."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain" remarque le docteur Grene.

Sans cesse Roseanne est accâblée dans sa destinée par une Eglise et une société étriquées, bien plus soucieuses du "qu'en dira-t-on" que du bonheur individuel.Mais le destin lui révèle cependant bien des surprises et au lecteur aussi ! Si l'on se demande tout au long du récit pourquoi Roseanne a été internée et que l'on s'en doute, on se demande surtout QUI est coupable de cette infâmie. Ce n'est pas celui qu''on croit. Je n'en dis pas plus si ce n'est qu'on ne le découvre qu'à la fin, avec plusieurs surprises de taille qui m'ont de ce point de vue-là laissée un peu perplexe !

Roseanne et le docteur Grene sont deux personnages vraiment attachants, émouvants et pétris d'humanité. On les laisse avec regret. J'ai vraiment passé un très bon moment avec le testament caché qui est le premier livre que je lis de cet écrivain irlandais, de père britannique et de mère irlandaise, considéré comme l'un des meilleurs de sa génération. Il puise l'inspiration de ses romans dans l'histoire personnelle de sa famille et le personnage de Roseanne lui a été inspiré par une de ses grande-tantes, semble-t-il. On retrouve ici le personnage d'Eneas McNulty, qui semble être le même que celui des Tribulations d'Eneas McNulty (paru chez 10/18).
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Je savais comme tout le monde que l'histoire de l'Irlande était assez tragique, même au vingtième siècle avec la guerre civile et le poids d'un catholicisme particulièrement rétrograde (et je ne “bouffe pas du curé”) mais le destin de Roseanne Clear est pour le moins difficile.
C'est à travers le journal intime qu'elle commence à écrire alors qu'elle est centenaire, même si elle ne connaît pas la date exacte de sa naissance, et internée pour convenance depuis près de soixante ans et celui du psychiatre qui s'occupe d'elle et fait des recherches dans les archives que son histoire est racontée.
La particularité de ce roman est que lorsqu'on le referme tout n'est pas limpide, les souvenirs de Roseanne, surtout ceux de son enfance sont tellement traumatiques qu'elle les a transformé. Ceux que recueille le docteur Grene ne sont pas non plus complets.
Le personnage du curé Gaunt nous paraît aujourd'hui particulièrement abject mais il ne fait pas de doute qu'il pensait agir pour le bien des âmes. D'ailleurs Roseanne n'est pas très dure envers lui. Une certaine naïveté et une endurance remarquable lui ont permis de traverser tous ces contraintes sans perdre sa bonté.

On sait que les institutions catholiques irlandaises ont beaucoup de crimes sur la conscience, couvents de la Madeleine et orphelinats de Nazareth pour ne citer qu'eux. Non pas que dans les autres pays européens ces choses n'aient pas existé, mais pas jusque presque la fin du vingtième siècle.
Peut-être un second Sebastian Barry dans l'avenir ?
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Lecture rendue pesante, parfois étouffante par le destin tragique de Roseanne Mv Nulty, centenaire , internée dans un asile psychiatrique , les manipulations odieuses du prêtre Gaunt, la misère ambiante d'un pays confronté aux atrocités de la guerre civile. Un roman à deux voix, celle de Roseanne et du psychiatre Grene d'où va émerger la révélation d'un secret.
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Il y a 3 ans, en 2018, j'ai fait un voyage en Irlande. J'avais été fortement marquée par les campagnes en lien avec la légalisation de l'avortement à cette période.
Même si l'avortement n'est pas le thème de cette histoire, à travers l'histoire de Roseanne, c'est la condition des femmes en Irlande au vingtième siècle qui est abordée. Et il faut avouer que je ressors vraiment émue de cette lecture…Car oui, dans ce pays il ne faisait pas bon d'être une femme au siècle dernier. L'influence de l'Eglise est impressionnante et un prête charismatique pouvait faire la loi dans sa paroisse sans que personne y trouve à redire…. Un mariage s'annulait à une vitesse si vous étiez protestante et mariée à un catholique…
Roseanne, centenaire encore alerte réside dans l'asile de Roscommon depuis une bonne soixantaine d'années. Son psychiatre, le docteur s'intéresse à elle car il doit l'évaluer pour estimer si son institutionnalisation est encore à l'ordre du jour.
Mais Roseanne, même si elle semble apprécier son médecin reste très discrète sur son passé et ce qui l'a amenée à être internée. Cependant, elle a entamé l'écriture de son histoire.
Petit à petit, l'histoire de Roseanne se dévoile aux yeux de la lectrice… de la petite fille chérie par son père à la jeune femme dynamique et heureuse de vivre nous allons assister au cheminement de son histoire et de son destin…Car nous connaissons la fin de son histoire….enfin, nous allons le penser tout au long de cette lecture….
J'ai vraiment été touchée et émue par le destin tragique de cette femme, car il reflète clairement que le destin des femmes à cette époque ne tenait pas à grand-chose…
Je ne peux que saluer le talent de l'auteur, qui a su restituer avec beaucoup de talent et de sensibilité les émotions et ressentis de cette femme à qui la vie et les hommes n'auront pas fait beaucoup de cadeaux.


Challenge A travers l'Histoire 2021
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Un très joli roman à 2 voix entre une vieille dame internée dans un asile psychiatrique depuis si longtemps qu'on n'en connait plus la raison et son thérapeute, chargé de déterminer si elle est capable de retrouver la liberté. Peu à peu, au fil de leurs entrevues et de leurs journaux respectifs, on découvre les terribles événements intervenus dans la jeunesse de la vieille dame et qui on conduit à son internement.
 
L'écriture est tantôt délicate et tantôt rugueuse, comme ce pays, l'Irlande, aux paysages et à l'histoire si tourmentés.
Le récit se met en place très doucement. On peut dire qu'il y a quelques longueurs mais cela fait partie du livre et ne m'a pas dérangé outre mesure: les évènements tragiques qui se sont déroulés n'en paraissent que plus terribles.

Une très belle histoire à travers laquelle on découvre une partie de l'histoire de l'Irlande du début du XXe siècle, rude et violente, où la condition des femmes compte pour peu de choses et la religion n'arrange rien.
Le personnage de Roseanne est très beau, plein de fragilité et d'élégance mais sans pathos.
Une jolie découverte.
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Roseanne McNulty a plus de 100 ans et a passé la moitié de sa vie à l'asile de Roscommon. « Je ne suis plus qu'une chose laissée pour compte, un reste de femme, un sac de peau et d'os, et je suis assise dans ma niche comme un rouge-gorge muet - non, comme une souris morte sous la pierre. » Elle rédige en secret l'histoire de sa vie, son testament en quelque sorte, qu'elle dissimule sous une latte du plancher de sa chambre. Son psychiatre, le Dr Grene, tient lui aussi un journal mais d'un autre genre. Il y avoue son désarroi et s'interroge sur les circonstances de l'internement de sa patiente. L'hôpital est sur le point d'être détruit et il doit décider si elle est apte ou non à réintégrer la société. A force d'entretiens et de recherches dans les archives, il apprend à connaître Roseanne et se retrouve plongé au coeur de son histoire, dont il découvre avec horreur les terribles intrications avec celle de l'Irlande…

Avec le testament caché, Sébastien Barry nous livre une part sombre de l'histoire de l'Irlande. Roseanne en est l'une des malheureuses victimes. Je n'ai pu m'empêcher de penser au film de Peter Mulan, "The Magdalene sisters" *, à plusieurs reprises.

Mais ce roman est surtout une réflexion sur la mémoire et les souvenirs qui peuvent être encore très vivaces, presque réels, malgré le grand âge mais aussi distordus et modifiés devant la douleur trop grande qu'ils entraînent. ."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain".

Cette histoire dramatique se lit aisément portée par l'écriture fluide, dense et poétique de Barry ; elle est pleine de mystère. Mais je reste mitigée… j'ai eu du mal à entrer dans ce récit au début, récit un peu lent, comportant quelques longueurs (notamment dans les carnets du Dr Grene). Pourtant le personnage de Roseanne, très fort, est vraiment attachant et mérite à lui seul que ce roman soit lu.

A travers le destin tragique de Roseanne et la figure odieuse d'un prête zélé, Sébastien Barry montre comment l'intolérance et la tyrannie d'un petit nombre peuvent détruire la vie de tant d'autres.
Un roman intéressant et un bon moment de lecture quand même !


* En 1964 dans la campagne Irlandaise, 4 jeunes filles sont condamnées par l'église et leur famille à entrer dans le brutal et déshumanisant Asile Magdalene. le film est directement inspiré de l'histoire des Couvents de la Madeleine. Dans ces établissements, créés en Irlande au xixe siècle, les filles considérées comme perdues par leurs familles y étaient placées au nom de la morale. Elles étaient des femmes violées, des filles-mères, des orphelines.
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