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Critique de nadejda


Une semaine du dernier été du XXe siècle
Bienvenue à Reugny, bourgade lovée dans une boucle de la Semois côté belge non loin de Charleville rebaptisée Larcheville par l'auteur, présente dans la plupart de ses livres.
Reugny et son hôtel du Grand Cerf tenu de mère en fille par Léontine, Thérèse et Anne Sophie Londroit..., son centre de Motivation pour cadres dont la sélection draconienne du directeur Richard Lépine et son adjointe Elizabeth Grandjean entraine des éliminations immédiates qui font le bonheur de Sophie Monsoir chauffeur de taxi qui se charge de les raccompagner à la gare......
Mais "À Reugny comme partout ailleurs, le crime était la face cachée de l'innocence". Celui qui connaissait en détail tous les dessous sales était Jeff Rousselet le douanier qui avait consigné sur des cartons à bière toute l'intimité sordide de ce village à l'air faussement endormi.

Deux enquêteurs se croisent Nicolas Tèque et Vertigo Kulbertus :
Nicolas Tèque journaliste recherche, en vue d'un film documentaire, des éléments du passé qui pourrait prouver qu'une actrice morte au Grand Cerf il y a quarante ans a peut-être été assassinée.
Vertigo Kulbertus inspecteur venu de Liège proche de la retraite, obèse qui fait tout pour le demeurer, enquête lui sur les morts récents.

A la fin passé et présent se rejoignent et s'il apparaît de vrais coupables, il y a aussi de faux innocents.

Un excellent Bartelt à l'égal du "Grand Bercail" paru il y a maintenant 15 ans, où se croisent humour noir, poésie et tendresse, des personnages grotesques et touchants, inoubliables.
Un roman parsemé de moments poétiques et mélancoliques, plein d'humanité. Autant de traits lumineux qui viennent nuancer la noirceur de l'âme humaine :
"Le taxi progressait entre deux rangées de digitales et d'épilobes, dont les mauves accordés éclataient sur le fond noir des sapinières."
" Kulbertus se laissa distraire par le chant d'un merle...
Le chant du merle avait varié sept fois et Kulbertus s'émerveillait qu'un oiseau aussi rudimentaire pût, en si peu de temps et sans presque reprendre son souffle donner plusieurs versions de la vérité."

Bartelt déstabilise le lecteur en faisant ressortir les petites lâchetés, les craintes qui peuvent mener au crime même sans l'avoir voulu, beaucoup de travers qui sont aussi les nôtres. Son regard décalé les fait accepter en déclenchant le rire. Et avec une écriture, un style qui n'appartiennent qu'à lui comme ses remarques sous forme d'aphorismes cocasses : "Tous les assassins ont des alibis. Un assassin sans alibi, c'est un pompier sans échelle."

Sans oublier la conclusion de l'histoire par la voix de Vertigo Kulbertus : " Il n'y a que dans les romans qu'on connaît le fin mot de l'histoire, Nicolas. Dans la vie, on n'arrive jamais à tout savoir. Ce n'est d'ailleurs pas très utile. Mais, à propos de toutes ces histoires, s'il fallait savoir une chose, Nicolas, une seule, ce serait que nous ne sommes pas dans un roman."
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