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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avoue humblement que je ne connaissais pas cet auteur et c'est bien par hasard , en fouinant dans ma librairie préférée, qu'il m'a tendu les bras. Et bien , franchement , pour une rencontre , ce fut une belle rencontre.
L'histoire se déroule dans les Ardennes belges , dans le bourg un peu isolé de Reugny . Là , tout le monde se connaît, et tous les sentiments propres aux familles qui se côtoient depuis des lustres n'attendent qu'une étincelle pour éclater en un gigantesque et sublime feu d'artifice....Ça va barder!!
C'est dans ce village que se rend Nicolas Téque un jeune journaliste qui vient préparer un reportage sur une actrice connue , une star ,dont la mort , quarante ans plus tôt, a mis en émoi tout le pays.Hasard ou signe du destin , Nicolas descend à l'hôtel du Grand Cerf , lieu même du décès. Comble de l'horreur ,deux meurtres sont commis le jour de son arrivée. L'enquête est alors confiée au commissaire Vertigo Kulbutus qui, je vous le donne en mille , s'installe , lui -aussi , à l'hôtel du Grand Cerf.
Et c'est parti pour des allers retours entre le présent, le passé , les histoires de famille , la jalousie , les règlements de comptes de la libération. Les récits se multiplient , les faits s'enchaînent, tout cela dans le cadre restreint du village. Entre les recherches , les découvertes, les déductions, c'est tout le plus noir de l'âme humaine qui ressort , jusqu'au dénouement, sans fausses notes.
Tout est bien maîtrisé, bien découpé en journées, moments de journées , l'auteur tisse sa toile avec une rare dextérité et maintient l'intérêt du lecteur toujours au plus haut degré.
Un personnage retiendra toutefois l'attention. Le commissaire. C'est de lui qu'il s'agit . Improbable , granguignolesque , futé mais inénarrable. A lui seul , il capte une bonne partie de l'espace ( vous comprendrez pour quelles raisons ). Outrancier , cynique , il mérite une palme spéciale et on lui souhaite....une bonne retraite qu'il doit prendre dans quatorze jours. Mais quatorze jours , c'est bien plus qu'il ne lui en faudra pour résoudre l'équation, bien plus qu'il ne vous en faudra pour déguster ce roman noir d'excellente facture . Pour ma part , une fois plongé dedans , je suis resté en apnée jusqu'à la fin.
Et , oui , ce n'est pas avec ce genre de bouquin que l'on va faire des économies !! UN grand bravo et un grand merci , M Bartelt .Je suis certain que nos chemins vont bientôt se croiser à nouveau.
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On a retrouvé le fils caché d'Hercule Poirot en Belgique ! Il est belge (bien sûr), inspecteur de police (évidemment), et il est énorme au propre comme au figuré, ah, et aussi (signe des temps), c'est la version "punk" de son aïeul, carrément irrévérencieux, j'ai nommé, Vertigo Kulbertus.
Si le "Hercule Poirot" d'Agatha oeuvrait tout en délicatesse, le "Vertigo Kulbertus" de Bartelt est plutôt surprenant côté méthode, atypique serait un doux euphémisme, et pourtant, pour ce qui est de la finesse et de la roublardise, l'ascendance est incontestable.
Je découvre Franz Bartelt avec ce titre et j'ai très vite accroché tant le scénario est maîtrisé, c'est solide, cohérent et inventif. J'ai été bluffé par la maestria de l'auteur, à savoir nous proposer une enquête sérieuse et complexe en employant un ton tantôt sérieux et tantôt assez trash dès que Vertigo mène l'enquête.
Une histoire "à tiroirs" avec pas mal de personnages que l'on suit d'assez près, un village où tout le monde ou presque est suspect vu que la première victime était unanimement détestée. Il est aussi question d'un "cold case" vieux de quarante ans, c'est à l'Hôtel du Grand Cerf de Reugny qu'une "star" de l'époque, Rosa Gulingen, a été retrouvée morte dans sa baignoire pendant le tournage d'un film, la police avait alors conclu à un accident.
Hasard ou coïncidence, c'est à ce moment que Nicolas Tèque, journaliste, est envoyé sur place pour enquêter sur le passé dans le but de préparer un reportage sur Rosa...
J'ai trouvé cette lecture jubilatoire, j'ai adoré le ton résolument décalé et l'intelligence du scénario qui est d'une subtilité remarquable, cela évoque réellement une variation d'un roman d'Agatha Christie, mais en version trash complètement assumée, cette intrigue est géniale et la fin rien moins que grandiose, je n'en dis pas plus.
Je pense que je vais reprendre rendez-vous avec Franz Bartelt assez vite, j'adore son style sans réserve.
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Une semaine du dernier été du XXe siècle
Bienvenue à Reugny, bourgade lovée dans une boucle de la Semois côté belge non loin de Charleville rebaptisée Larcheville par l'auteur, présente dans la plupart de ses livres.
Reugny et son hôtel du Grand Cerf tenu de mère en fille par Léontine, Thérèse et Anne Sophie Londroit..., son centre de Motivation pour cadres dont la sélection draconienne du directeur Richard Lépine et son adjointe Elizabeth Grandjean entraine des éliminations immédiates qui font le bonheur de Sophie Monsoir chauffeur de taxi qui se charge de les raccompagner à la gare......
Mais "À Reugny comme partout ailleurs, le crime était la face cachée de l'innocence". Celui qui connaissait en détail tous les dessous sales était Jeff Rousselet le douanier qui avait consigné sur des cartons à bière toute l'intimité sordide de ce village à l'air faussement endormi.

Deux enquêteurs se croisent Nicolas Tèque et Vertigo Kulbertus :
Nicolas Tèque journaliste recherche, en vue d'un film documentaire, des éléments du passé qui pourrait prouver qu'une actrice morte au Grand Cerf il y a quarante ans a peut-être été assassinée.
Vertigo Kulbertus inspecteur venu de Liège proche de la retraite, obèse qui fait tout pour le demeurer, enquête lui sur les morts récents.

A la fin passé et présent se rejoignent et s'il apparaît de vrais coupables, il y a aussi de faux innocents.

Un excellent Bartelt à l'égal du "Grand Bercail" paru il y a maintenant 15 ans, où se croisent humour noir, poésie et tendresse, des personnages grotesques et touchants, inoubliables.
Un roman parsemé de moments poétiques et mélancoliques, plein d'humanité. Autant de traits lumineux qui viennent nuancer la noirceur de l'âme humaine :
"Le taxi progressait entre deux rangées de digitales et d'épilobes, dont les mauves accordés éclataient sur le fond noir des sapinières."
" Kulbertus se laissa distraire par le chant d'un merle...
Le chant du merle avait varié sept fois et Kulbertus s'émerveillait qu'un oiseau aussi rudimentaire pût, en si peu de temps et sans presque reprendre son souffle donner plusieurs versions de la vérité."

Bartelt déstabilise le lecteur en faisant ressortir les petites lâchetés, les craintes qui peuvent mener au crime même sans l'avoir voulu, beaucoup de travers qui sont aussi les nôtres. Son regard décalé les fait accepter en déclenchant le rire. Et avec une écriture, un style qui n'appartiennent qu'à lui comme ses remarques sous forme d'aphorismes cocasses : "Tous les assassins ont des alibis. Un assassin sans alibi, c'est un pompier sans échelle."

Sans oublier la conclusion de l'histoire par la voix de Vertigo Kulbertus : " Il n'y a que dans les romans qu'on connaît le fin mot de l'histoire, Nicolas. Dans la vie, on n'arrive jamais à tout savoir. Ce n'est d'ailleurs pas très utile. Mais, à propos de toutes ces histoires, s'il fallait savoir une chose, Nicolas, une seule, ce serait que nous ne sommes pas dans un roman."
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à la frontière des Ardennes belges, l'hôtel du Grand Cerf de Reugny est réputé pour avoir hébergé la star Rosa Gulingen qui crevait jadis l'écran géant et à l'hôtel ses dernières bulles... dans l'eau du bain moussant.
Plusieurs décennies plus tard, le jeune romantique et nostalgique Nicolas Tèque se rend sur place en vue d'un documentaire sur la mort mystérieuse de l'idole
et se retrouve plongé dans un village en pleine effervescence, secoué par des meurtres et disparitions inquiétantes.
A quelques jours de la retraite, le ventripotent inspecteur Vertigo est désigné d'office pour se décarcasser sur ce chaos des familles... ce qui ne lui coupe pas l'appétit !
L'auteur du Jardin de bossu se lance avec son habituel humour noir, son imagination débridée et sa plume acidulée dans une enquête à priori très classique qu'il baigne de mauvaises herbes de sa région et d'un brin de folie champêtre.
Il jongle avec dextérité avec deux enquêtes et enquêteurs décalés - un inspecteur gargantuesque rouleau compresseur en fin de course à la répartie hardie et outrancière et un petit journaliste du dimanche - qui vont plonger dans la vie, les souvenirs, les jalousies et secrets bien gardés d'Ardennais franco- belges très cintrés et ultra... motivés.
les réflexions décalées et les méthodes peu orthodoxes...de Vertigo en font un enquêteur hors norme qu'il est difficile d'oublier.
l'Hôtel du Grand Cerf, un genre rural très très baroque qui ne manque pas d' excès ni d'éclats.
Je remercie Babelio, Masse critique et les éditions du Seuil pour le nouveau grand roman noir du très bon Franz Bartelt.
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Quoi ? Cet écrivain a publié 49 livres et je n'en ai jamais entendu parler ? Ah Babelio, si tu n'existais pas… Son écriture m'a complètement conquise de par son humour cru à la Coluche et Bigard, subtil et intelligente à la Desproges comme faire sa propre analyse, même tordue, au lieu de suivre les opinions des moutons que nous sommes. Le début peut dérouter par le nombre de personnages. Mais pourquoi dans ce village du Nord les meurtres se multiplient ? Quel est ce drôle d'inspecteur aux méthodes et physique loin des clichés ? L'image de Depardieu m'est apparue d'office dans ce grand dévoreur. Le point central est l'hôtel du Grand Cerf où séjourne également Nicolas qui, sur demande, veut trouver l'assassin de la grande actrice morte dans ce même hôtel quelques décennies plus tôt. De l'excellent humour noir !
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Si vous traversez un jour l'Ardenne belge, faites étape à Reugny. Vous y trouverez l'hôtel du Grand Cerf. Cet établissement vétuste n'est pas réputé pour la qualité de sa cuisine ou de sa literie. Il tire son prestige d'un fait divers survenu quarante plus tôt. Rosa Gulingen, une actrice aujourd'hui oubliée, s'y est noyée dans sa baignoire. La police a conclu à un accident, la rumeur à un homicide. Un producteur qui souhaite réaliser un documentaire sur ce drame envoie Nicolas Tèque sur place pour qu'il recueille des renseignements. Mais le journaliste trouve à son arrivée un village ébranlé par une série de meurtres. Un policier tonitruant, l'inspecteur Vertigo Kulbertus, débarque pour diriger l' enquête. Il va découvrir un village qui sous ses airs paisibles est confit dans les vieilles rancoeurs et les haines recuites. Mais ne vous fiez pas à l'allure grotesque de ce Bérurier belge qui profite de son séjour pour s'empiffrer et vider des pintes de bière. Tel un culbuto, il joue de sa forte corpulence pour provoquer et déstabiliser ses interlocuteurs. Car à Reugny, si chacun jalouse et déteste son voisin, tous savent faire front commun face à la curiosité d'un étranger. Un pour tous, tous pourris...

L'auteur réussit une comédie caustique servie par un style impeccable. L'intrigue s'étoffe sans jamais s'essouffler ni étouffer. le roman est à la fois drôle et sombre et dépourvu de toute morale. Un bon moment de lecture qui m'incite à découvrir d'autres oeuvres de Franz Bartelt.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un polar de cette qualité ! Polar, ou plutôt roman noir ?
Mais bon, peu importe la dénomination, ce bouquin est un véritable petit bijou. Oui, il existe encore des auteurs qui arrivent à nous faire sourire et à nous raconter avec talent des histoires qui tiennent la route . Oui, il existe encore des auteurs qui n'ont pas besoin d'en rajouter dans le rayon gore pour attirer le chaland ( enfin, le lecteur et la lectrice )
Un de ces auteurs, je viens de le découvrir, est Franz Bartelt. Je vais être honnête, je ne le connaissais pas du tout. Si une de mes amies ne m'avait pas offert ce bouquin, j'aurais surement passé à coté de cet auteur pendant encore un petit moment. Encore merci à toi, chère A., décidément, tes conseils sont toujours très avisés !
Franz Bartelt va nous emmener dans les Ardennes belges, dans le petit village de Reugny . Ce petit village tire toute sa gloire d'une histoire ancienne : il a abrité une équipe de tournage il y a une quarantaine d'années et la star féminine du film est décédée dans des circonstances douteuses.
Un journaliste, Nicolas Teque, va être amené à enquêter sur cette vieille histoire, dans l'objectif d'etoffer un documentaire. Cependant, juste avant son arrivée, un meurtre survient. Très vite les choses s'enchainent et un deuxième meurtre survient...
Il faudra évidemment l'intervention de la cavalerie, en la personne d'un policier complétement atypique : l'inspecteur Vertigo Kulbertus.
L'humour noir est présent dans cette histoire sans pour autant occulter l'enquête et son déroulement .
Franz Bartelt a une plume caustique, bourrée de talent et mérite vraiment le détour.
J'avoue avoir l'intention de continuer à découvrir son oeuvre, et vais me mettre en quête prochainement d'un autre de ses livres.
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Vous mettez des meurtres et une disparition dans un petit village isolé des Ardennes Belge, des histoires et des secrets qui remontent à la seconde guerre mondiale, un Hôtel figé dans le passé où est morte une actrice 40 ans plutôt, un journaliste pas trop porté sur le travail et un inspecteur grandiloquent et hop on mélange et en ressort un polar bien maîtrisé !

Vertigo Kulbertus, inspecteur de son état et retraité dans 14 jours est diligenté pour enquêter. C'est un personnage absolument fabuleux ! D'une éloquence dérangeante pour les villageois mais une pépite pour nous lecteurs ! Je ne dirais rien de plus sinon votre plaisir serait gâché !

J'ai dégusté ce roman policier, plein de chausse-trappes mais la présentation des chapitres fait qu'on ne s'y perd pas malgré la multitude de personnages et les histoires du passé.

Un humour corrosif et une qualité d'écriture ont fait que je me suis bien remise de ma déception de “Oh les braves gens !”

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
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Hôtel du Grand Cerf de Franz Bartelt est un roman lu dans le cadre du prix du meilleur polar Points, pour lequel je suis juré.
À Reugny, petit village au coeur des Ardennes, plane depuis cinquante ans le secret de la mort de Rosa Gulingen. La star mondiale de cinéma avait été découverte noyée dans la baignoire de sa chambre à l'Hôtel du Grand Cerf, qui accueillait l'équipe de son prochain film. du bout des lèvres la police avait conclu à une mort accidentelle.
Nicolas Tèque, journaliste parisien désoeuvré, accepte de remonter le temps pour faire la lumière sur cette affaire. Il va évidemment loger à l'Hôtel du Grand Cerf.
Mais il arrive à Reugny au bien mauvais moment : le douanier du coin, que tout le monde haïssait, a été assassiné. Et une jeune fille a disparue.
L'inspecteur Vertigo Kulbertus, qui s'est fait de l'obésité une spécialité, est dépêché sur place pour remettre de l'ordre dans ce chaos.
Hôtel du Grand Cerf est un roman policier classique. Une ancienne affaire qui revient sur le devant de la scène. Un journaliste qui veut en savoir plus mais qui arrive au moment mauvais. Meurtre(s), disparition.. Tout s'enchaîne pour le plus grand plaisir du lecteur.
Classique certes, mais pas tout à fait grâce à un inspecteur de poids (si je puis dire)... Vertigo Kulbertus ! Un policier obèse à quelques jours de la retraite qui a une façon de faire assez originale, totalement anti-conventionnelle, et c'est peu dire lol Lui, il ne fait pas dans la dentelle ! Dans la réalité, j'aurais détesté croisé son chemin mais dans un roman, c'est un personnage vraiment très intéressant.
C'est d'ailleurs lui qui apporte de l'humour dans un policier qui aurait pu être non seulement classique mais aussi ennuyeux. Or, avec Vertigo, pas moyen de s'ennuyer :)
J'ai beaucoup aimé Hôtel du Grand Cerf. Je mets un très gros cinq étoiles car j'ai passé un très bon moment avec tout ce petit monde.
Une bonne surprise :)
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Franz Bartelt Hôtel du grand cerf Cadre noir Seuil Mai 2017
( 346 pages – 20€)

Franz Bartelt dédie ce polar au regretté Alain Bertrand avec qui il écrivit Massacre en Ardennes.Leur point commun ? Une prédilection pour l'air balsamique des Ardennes frontalières.

C'est d'ailleurs dans un triangle franco belge que Franz Bartelt campe son intrigue.
Le récit nous transporte dans un va et vient entre Reugny, ce village qui perd sa quiétude , Larcheville ( ville chère à l'auteur, anagramme de Charleville) et Bouillon.

A Reugny, notre attention se focalise sur deux pôles. Tout d'abord, l'hôtel du Grand cerf, qui fut le théâtre d'un fait divers, il y a plus de quarante ans. Thérèse Lendroit, qui dirige l'entreprise familiale, ne manque pas d'exploiter le filon, ayant transformé en musée la chambre où l'actrice Rosa Gulingen séjournait pour un tournage.

Une cassette exhumée d'une benne par Charles Raviotini fait revenir sur le devant de la scène la mort mystérieuse de cette vedette, «  auréolée de gloire hollywoodienne ». L'idée de tourner un documentaire germe, et il dépêche Nicolas sur les lieux. Accident ou crime, saura-t-il la vérité ?

Le deuxième lieu est le Centre de Motivation, dirigé par Richard Lépine avec une discipline de fer, faisant penser à une secte. le logement des stagiaires en cellule crée une atmosphère anxiogène. Silence imposé.Mieux vaut être ponctuel, respectueux du règlement pour éviter le renvoi. Mais cela fait le bonheur de Sylvie, taxiwoman, assurée d'avoir un client à mener à la gare.

Très vite nous sommes entourés d'une galaxie de personnages étonnants , bien trempés. Parmi les habitants du village, il y en a des récurrents comme l'idiot du village, en la personne de Brice Meyer qui communique surtout par onomatopées.


Soudain, l'annonce de la disparition d'Anna-Sophie, la fille de l'hôtelière met le village sens dessus dessous. Les habitants s'organisent, déploient une incroyable et rocambolesque battue.Un hélicoptère déplacé. le village presqu' en état de siège.
Puis, c'est l'ex-douanier que l'on découvre abattu, l'incendie de sa maison qui éclate.

Coup de théâtre, un troisième corps retrouvé plonge le village dans la consternation.
Il y a celui qu'on regrette, celui «  qui n'a que ce qu'il mérite », celle que l'on recherche. L'auteur photographie les campagnes où «  personne n'aime personne et le malheur des uns n'est que la réparation du malheur des autres ».

Et nous voici plongés au coeur de deux enquêtes en parallèle. le mystère du chromo vient se greffer. le village en pleine effervescence , assailli par les forces de police et les équipes de télévision, les journalistes.

L'excès , «  qui met un peu de grandeur dans les petitesses de l'existence », chez Franz Bartelt touche déjà ses personnages.On se souvient de Gontrane dans Charges comprises. Voici le pendant masculin. Mais la surcharge pondérale de l'inspecteur Vertigo Kulbertus pose problème, car elle est croissante. On devine que c'est handicapant pour exercer un tel métier, d'ailleurs il ne cesse de compter les jours avant la retraite !
Le romancier,coutumier de l'ordre alphabétique, l'a choisi pour les aliments que le flic, à l'appétit gargantuesque, ingurgite ! Vu ce qu'il s'empiffre, Vertigo est sujet aux rots et pets ! « d'une puissance d'une explosion nucléaire » ! » Il a à coeur de produire son propre gaz carbonique » !

Voici donc un inspecteur , hors norme, dépêché à Reugny. On peut douter de son efficacité vu la façon dont il conduit les interrogatoires.Parfois de son lit et en caleçon ! Grotesque sa demande aux villageois de se présenter par ordre alphabétique pour les «  travailler » , «  tous en ligne » . Tout aussi ridicule sa façon d'en faire les témoins de son repas. Hallucinant l'interrogatoire de Jack dos à dos avec Elisabeth, doublé d 'une tirade théâtrale. Toutefois «  ce Sardanapale » a su négocier « un marché amoureux » avec Elisabeth. Méthode contestable mais payante !

Le suspense est relancé à chaque victime recensée, mais aussi avec les prédictions d'une voyante qui voit plusieurs morts. Que se passe-t-il donc dans ce village où la mort s'invite pas moins de cinq fois ? Un serial killer rôderait-il ?
Le romancier ne rechigne pas à évoquer des détails gore, à vous écoeurer d'horreur.
Une autre énigme intrigue le lecteur et Freddy, l'époux de Sylvie, routier, qui reçoit des messages d'une voix anonyme, l'avisant d'éventuelles incartades de sa femme.

L'hôtel devient le quartier général des deux enquêteurs, qui s'entendent à merveille, surtout pour vider les bocks, ce qui leur donne «  l' haleine métaphysique ».
« la bière sans mousse est une source intarissable de réconfort » pour les deux acolytes. Pendant ce temps, de sa vigie, Léontine, la grand-mère de la disparue, comptabilise leur orgie et se frotte les mains, en songeant à la recette!

En général, chez Franz Bartelt :ça dégomme ( cf le recueil de nouvelles précédent
ou son roman culte : le jardin du bossu),on «  beuque », on rembouge aux bières !
«  La générosité se mesure en quantité de bière, pas en quantité de mousse. »

Dans ce polar foisonnant, ubuesque, Franz Bartelt brasse maints sujets. Il souligne le désintérêt pour la poésie, un genre peu vendeur. Il épingle, comme dans La bonne a tout fait ,la police qui tarde à diligenter ses forces.
Parmi les constantes : il y a toujours un personnage passé par l'hôpital psychiatrique, des liaisons extra-conjugales ( Sophie et Nicolas ), des piliers de bars dipsomanes, que l'on croise au bar de la mère Dodue, «  à l'emphase commerciale inattaquable » !

du côté du style, on retrouve les énumérations, de savoureux aphorismes : «  La bizarrerie n'est pas incompatible avec la compétence », «  La limonade et la philosophie ont toujours eu des affinités ». «  Il y a des vérités qui demandent à être mûries longtemps ».

L'auteur rappelle, en toile de fond, que la France est un pays souvent en grève et sait restituer le langage des grévistes remontés («  On ne sait plus où donner de la bille »), décrire le bordel, la paralysie qu'ils créent dans Larcheville avec leurs «  barrages hermétiques ».Larcheville qui rime avec «  tuile » qui tombe, au sens figuré.

Durant la lecture, on se prend à jouer le détective novice, nous obligeant à des retours en arrière. Les ramifications se complexifient quand on remonte jusqu'aux racines de l'histoire personnelle de Richard Lépine et conduisent Nicolas Tèque à élargir son territoire géographique de recherches.

L'épilogue nous dévoilera-t-il les clés de tous ces mystères accumulés ? Puisque pour le romancier : «  Il n'y a que dans les romans qu'on connaît le fin mot de l'histoire. »
Même loin de la salle de bains- musée, on baigne dans un vrai délire au moment de l'interrogatoire. Alors que cinq victimes ont eu des fins prématurées tragiques, le polar recèle des accents de comédie et des scènes époustouflantes.
L'auteur décline un hommage indirect à Simenon et Hitchcock.

Si Franz Bartelt ne peut prétendre aux prix décernés à Jack Lauwerijk , récompensant de la poésie, son roman peut briguer une autre reconnaissance pour son humour noir, son talent de dramaturge «  sa patte inimitable » ! Dans son antre ardennais il a concocté ce «  texte original », jouissif, mâtiné de poésie, recommandé comme ordonnance de l'été par Samuel Delage qui y voit un côté San Antonio et aussi chaudement conseillé par la librairie L'embarcadère de ST Nazaire. (1)
Un détour par votre librairie s'impose sans tarder.

(1) En podcast dans l'émission Fr3 Les petits mots des libraires du 6 juillet 2017
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