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EAN : 9782511022535
12 pages
Libre court (08/05/2014)
3.25/5   2 notes
Résumé :
« Dans le quartier, tous les bonheurs, tous les malheurs commencent et finissent dans la boulangerie. » Le malheur, c'est d'aller au pain et de ne jamais en revenir, à l'image de la mère du héros, tombée amoureuse du livreur de farine. Le bonheur par contre, c'est de faire une charmante rencontre qui force le destin...Extrait : « Vous ne me reconnaissez pas ? C?est bizarre. Je suis connu dans le quartier. J?y suis né. Tout le monde ne peut pas en dire autant. J?aura... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Deux nouveaux livres de Franz Bartelt - un auteur que j'apprécie tout particulièrement - vont paraître demain aux éditions de l'arbre vengeur : Souvenirs du théatre des opérations et le bon temps.
Le premier sera un recueil de nouvelles inédites tandis que le second, pour un prix modique, reprendra deux de ces nouvelles et s'adressera davantage aux collectionneurs ou aux lecteurs qui voudraient découvrir le style inimitable de l'auteur ardennais. Sa longue bibliographie est composée de polars, de littérature générale, d'essais, et même d'érotisme avec Simple.
Mais peu importe le genre, Bartelt c'est avant tout une écriture unique en son genre, un style qu'on reconnaît en deux lignes, un humour d'un inimitable pince-sans-rire où les plus énormes bêtises sont prononcées d'un ton très sérieux. Et avec des personnages uniques et d'une originalité souvent inédite.

D'ailleurs avec son air de ne pas y toucher, il y a souvent un second degré de lecture où l'émotion et la réflexion l'emportent. Je ne citerais que Je ne sais pas parler ou encore le vibrant hommage à sa mère atteinte d'Alzheimer : Depuis qu'elle est morte elle va beaucoup mieux.

Hier je me suis rendu compte que j'étais passé à côté de ce texte très court, disponible uniquement sur Kobo ou sur Kindle pour un prix très modique.
Mon quartier est donc une petite histoire, et un grand n'importe quoi ( je le dis avec beaucoup d'affection ) écrite en 2014 puis publiée la même année par les éditions Libre Court.

"Quand on est aussi connu que moi pour être de son quartier, obligatoirement ça finit par se savoir au-delà des limites du quartier."
Le lecteur ignore dans quelle ville se déroule la scène, tout ce qu'il saura c'est que ça n'est pas à Perpignan.
Il ignore également comment s'appelle le narrateur qui se considère, tel un monument historique, l'attraction touristique principale de son quartier. Mais il connaîtra quelques détails passés de son étrange existence.
"Des fois je me dis que les gens viennent pour me voir, forcément."
Tel le pape ou la famille royale d'Angleterre, il fait des apparitions régulières à sa fenêtre et alpague les passants qui, dans son esprit, sont venus pour lui.
"Je suis proche de mon public. Et je peux lui parler de plus près."

Pour s'intégrer à ce récit complètement décalé, il convient de se mettre dans la peau du promeneur qui emprunterait cette voie et s'arrêterait dans la rue, entre la boulangerie et la maison d'un homme qui nous adresserait la parole, persuadé que nous somme là pour lui.
"Sans me vanter, je suis le plus connu de tous les plus connus du quartier."
Cet homme - que dis-je, cette attraction ! - ne quitte sa demeure qu'une fois tous les sept jours, entreprenant une sacrée expédition et traversant la route pour se rendre dans le commerce qui lui fait face. Ce jour-là, si vous passez à la mauvaise heure, vous risquez donc de le louper et ce serait dommage.
"Quand je vais au pain, j'y vais pour une semaine. Carrément."

C'est très drôle et très triste à la fois. Certaines réflexions, même remises dans leur contexte, forcent le sourire.
"En ce temps-là le bonheur c'était juste une histoire de chasse d'eau et de fosse septique."
"Pour la femme, le chauffeur-livreur de farine possède quelque chose d'attirant, un fluide spécial, un charme."
Mais l'histoire en elle-même, lorsqu'on prend du recul, présente un homme avide de notoriété, nombriliste ( c'est son quartier qui tourne autour de lui et non le monde, mais quand même ), ou qui a simplement un besoin éperdu d'être reconnu.
Alors même que sa vie n'est qu'une attente, une routine, un immobilisme.
En quelques pages, l'auteur parvient à nous toucher et à nous amuser à la fois.
Bref, c'est bel et bien du Bartelt.

Ps : Juste pour information, j'ai reçu il y a un instant son recueil de nouvelles inédites Souvenirs du théâtre des opérations : Mon quartier y figure, accompagné de quatorze autres nouvelles.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle aime bien aussi aller au pain. Mais elle m’a dit quelque chose qui m’a fait plaisir et, plus j’y pense, plus ça me fait plaisir.
Elle m’a dit :
« Mon rêve, ça serait qu’un homme aille au pain pour moi et me le ramène tout chaud, tout croustillant à la maison. »
Je lui ai dit :
« Un homme du quartier ? »
Elle m’a dit :
« En dehors du quartier, il n’y a pas d’homme, je veux dire pas d’homme pour une vraie femme du quartier, fille du plus ancien des anciens, sans concurrent jusqu’à sa mort. »
Là, je me suis dit qu’il était peut-être temps de modifier légèrement mes habitudes. Par exemple, d’aller au pain un peu plus souvent. Tous les cinq jours. Tous les trois jours.
Voilà, vous ne vous êtes pas déplacés pour rien. Maintenant, vous en savez un peu plus. Vous me connaissez. La prochaine fois que vous passerez dans le quartier, vous n’aurez aucun mal à me reconnaître. À ce moment-là, peut-être qu’on sera deux pour vous accueillir. Qui sait ? J’ai bon espoir. Je suis revenu du pain avec cette idée-là.
Elle ne me quitte plus.
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Ça, ça a été la grande question de sa vie. Combien de fois il m’a répété :
« Si tu te maries, fiston, va au pain toi-même ou ne laisse jamais ta femme aller au pain toute seule ! »
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Elle était née native du quartier. Comme mon père. Moi je pérennise la tradition familiale, je veille sur l’héritage. Jamais je n’ai mis un pied dehors. C’est pour ça que, tout à l’heure, je me permettais de m’assimiler à un monument. Je suis un monument qui traverse la rue pour aller au pain, mais pas plus.
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Il s’est pendu à la cave. Dans la famille, on se pend toujours à la cave. Je ne sais pas, c’est une question d’ambiance. De décor. Les voûtes, bon, ça fait un peu église. Cadre d’exception. C’est moins triste que de se pendre dans la cuisine où on passe beaucoup de temps.
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Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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