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EAN : 9782370550965
240 pages
Le Tripode (19/10/2017)
3.76/5   23 notes
Résumé :
Un roman érotique majeur de Jacques Abeille. Le portrait d’une femme insoumise servi par une écriture aussi simple que puissante.

« Si je fus bouvier, c’était qu’en moi le sang des âges lointains ne s’était pas assagi. »…
Par goût de la solitude, un homme s’est choisi une vie d’errance et va, au gré de ses envies, de ferme en ferme pour offrir ses services journaliers. Mais la quiétude de son existence silencieuse se voit rompue un après-midi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
[POUR PUBLIC AVERTI]

POUR UN ÉLOGE DES AMOURS AGRICOLES.

Profitant d'une belle soirée de fin de mois d'août, un promeneur s'égare dans des chemins sentant bon la garrigue. Perdu dans ses pensées, notre marcheur ne s'aperçoit qu'il a longuement divagué qu'en buttant devant une grande grille en fer forgé défendant l'entrée d'un grand parc. Et tandis qu'il prenait appui sur cette grille pour admirer ce qui se trouve au-delà, notre rêveur va inopportunément la faire pivoter, l'invitant par là même à pénétrer dans cette étrange atmosphère. Alors qu'il arrivait à la lisière d'une large étendue d'herbe, il va assister à une des scènes les plus troublantes et obscènes à laquelle il lui a jamais été donné d'assister, une femme nue s'avançant dans le crépuscule à pas lent, suivie d'un homme armé d'un martinet et de son chien, un grand et bel épagneul à la robe feu. Il va être témoin d'une orgie sans nom qui va le laisser pantelant jusqu'à son retour à l'auberge où il a loué une chambre. Confiant son incroyable aventure à un étrange voyageur, ce dernier va l'inviter à se rendre au plus tôt chez lui et, bien installé au devant d'un bon feu de cheminée, notre narrateur va entendre conter cette étonnante, érotique - mais dramatique - Histoire de la bergère, où comment un vagabond volontaire, un commis de ferme trop attaché à sa liberté pour prendre femme et terre, va tomber amoureux d'une jeune femme de plus de dix ans sa cadette, en pleine découverte des plaisirs et aussi des turpitudes des sens et du corps.

Premier volet d'une trilogie intitulée «De la vie d'une chienne», précédemment publiée par les éditions Climats, l'Histoire de la bergère nous emmène aux frontières du conte - pour adultes -, du roman rural et rustique, mais aux violentes couleurs d'un érotisme assumé, parfois déviant (certaines scènes décrites sont clairement zoophiles), parfois proche d'une certaine folie , celle des sens autant que celle des êtres qui s'aiment ou se déchirent et si l'ouvrage est signé Léo Barthe, c'est bien la plume somptueuse, d'un faux classicisme invraisemblablement élégant - jusque dans les descriptions les plus crues - de Jacques Abeille que l'on peut attribuer ce texte étonnant, beau et cruel à la fois, où la Liberté, la véritable Liberté, celle qui impose une vie de mendigot mais qui vous délie de toute attache, quelle qu'elle puisse être, est décidément un bien qui se paie au prix fort.
On retrouvera, par ailleurs, ce style baroque et singulier de l'un de nos plus grands auteurs contemporain des littératures de l'Imaginaire, créateur, est-il nécessaire de le rappeler ? de l'univers magique et foisonnant du roman éponyme : Les Jardins statuaires.

Bien entendu, les textes signés Leo Barthe sont, quoi que parfaitement assumés et reconnus par leur auteur, des moments à part. Pas seulement parce qu'ils sont tous érotisant (voire à la frontière avec une certaine pornographie), mais parce qu'ils sont finalement bien plus ancrés dans un certain réalisme que ne le sont les romans magnifiques du "Cycle des contrés" (parmi lesquels se trouve d'ailleurs un titre signé Léo Barthe : Les Chroniques scandaleuses de Terrèbre) qui ont par ailleurs fait sa - trop - modeste notoriété.

Hommage à peine voilé à Histoire d'O, dont il singe en parti, mais avec talent, le procédé initial, ce texte peut tout aussi bien se voir affilié à la grande tradition littéraire licencieuse française, celle du XVIIIème principalement, avec pour fondateurs les Crébillon fils, Boyer Argens et autres oeuvres libertines de Diderot à Restif de la Bretonne, mais, plus proche de nous, Pierre Louÿs n'est pas toujours très éloigné dans certaines des scènes explicites de ce petit livre à nul autre pareil. en revanche, les amateurs ou amatrices de certaines nuances franchement grisâtres en seront bien certainement pour leurs frais ici...

Quant à nous, nous attendons la suite avec une certaine impatience... strictement scientifiquement littéraire , il va sans dire.
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Un randonneur pousse un portail: un domaine, un château, une clairière, une naïade, un chasseur et son chien... le randonneur s'éponge le front, vite une eau-de-vie! Au bistrot, un ouvrier agricole raconte : il a assisté à la même cérémonie. Le chien de chasse, bien dressé, n'a pas non plus aboyé ; c'est seulement quand arrive un spectateur que la bacchanale commence. Alors l'ouvrier raconte pire : son histoire et celle d'une bergère. Un cas d'hypodiégèse -récit dans le récit- comme dirait Genette, chère au roman gothique comme aux surréalistes. Léo Barthe, aka Jacques Abeille, adresse ce récit libertin et surréaliste, publié en 2002, à une correspondante, pour la séduire. Ecrire pour celui ou celle qu'on désire, donner le meilleur de soi, les auteurs qui encombrent les présentoirs devraient essayer. Abeille écrit dans une langue qui fait parfois XVIIIème, risquée et poétique, jamais maniérée, ni ridicule. Il évite les jolis mots pour le plaisir de faire beau, appelle un cul un cul et un chat aussi. En quelques lignes les personnages s'animent, mûs par les péripéties de la fable, dans un décor champêtre et, une fois n'est pas coutume, vraisemblable. L'invraisemblable c'est qu'un ouvrier qui apprend à lire et à écrire au milieu de son récit, compose comme Bataille. Mais les effets opèrent, la lectrice se délecte. La pauvre, elle n'a encore rien vu. Il lui réserve des scandales. Chapitre VIII, il va soudain la cabrer :  fini le pipi dans les orties, la bergère s'attache, elle veut devenir femme. L'ouvrier qui aime corrompre sans flétrir trouve ça d'un coup moins grisant. D'autant qu'il travaille pour le père de la bergère. Le vieux lui veut du bien, mais son fusil n'est jamais loin. Imprudente, la bergère fait la fière, enflamme d'autres ouvriers. Lui, joue au bienfaiteur pour mieux l'offenser. Obscène, transgressif, surréaliste, enragé, détraqué ! Dans Histoire de la bergère comme dans Histoire de l'oeil, ils savourent ce qui dégrade et ça tourne mal.
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Jacques Abeille alias Léo Barthe signe ici un roman érotique d'une liberté et d'une crudité réjouissante. Ce premier volume d'une série intitulée de la vie d'une chienne se veut dans la lignée d'Histoire d'O parce que né d'un jeu entre deux amants. Puisque la comparaison est autorisée, j'ai nettement préféré les écrits de Jacques Abeille. Par le style d'abord, nettement plus travaillé, les tournures presque désuètes à la façon des auteurs du XIXème se mêlent harmonieusement à une liberté d'expression toute contemporaine. le plaisir de lecture commence ici avec les mots bien avant les épisodes proprement érotiques. de plus, Jacques Abeille ne tire pas autant sur la corde sado-masochiste que Dominique Aury dans son Histoire d'O – qui à mon sens tend vers l'absurde dans sa quête de plaisir par la douleur. La petite bergère dont il est question ici est d'avantage exhibitionniste que masochiste - contrairement à ce que laisse présager le premier chapitre du roman et la quatrième de couverture - ainsi la crudité des propos s'en trouve adoucie et gagne en sensualité. Quelques délires zoophiles épisodiques viennent toutefois entacher le récit sans pour autant amoindrir sa force érotique extrêmement prégnante par ailleurs. Enfin, l'intrigue générale, quoique secondaire, n'est pas totalement délaissée au profit des aventures des deux amants. L'histoire de la bergère se tient, et j'espère la suite avec impatience et fébrilité ;)
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Histoire de la bergère
Léo BARTHE

Un homme trentenaire décide pour rester libre de vivre de petits boulots dans les fermes rurales aux abords des forêts et campagnes.
Un jour alors qu'il somnole dans un fourré il entend des pas et surprend une toute jeune fille accroupie qui oriente les orties vers son anatomie intime afin de se procurer du plaisir.
Complètement hypnotisé par ce spectacle et sa répétition puisqu'elle sait très bien qu'il est là, il va accepter les demandes voraces et débridées de cette jeune fille...

Un roman érotique assez cru et parfois dérangeant mais avec un lyrisme superbe sur la nature et ses descriptions.
Et la couverture est magnifique.
A lire (si vous ne craignez pas d'être un peu choqué).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je dévorais les livres grâce auxquels je pouvais voyager sans quitter la chaleur de ma petite chambre. Puis, sur le même cahier où j'avais commencé par tracer des barres et des boucles, je parvins un jour à inscrire les premiers mots de ma propre histoire. Je ne cesserai jamais, jusqu'à mon dernier souffle, de m'émerveiller de ce miracle. C'était, ce sera toujours, comme de prendre possession de mes souvenirs. Ces traces noires que ma plume enlace d'un bord à l'autre de la page et peu à peu de haut en bas, reconstituent, c'est un grand mystère, les reliefs et les arbres, les buissons, les ronces, les fougères, les lichens et les mousses, et, jusqu'aux brins d'herbe qui ont toujours été le vrai lieu de ma vie.
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J'ai connu des femmes et les relations entre elles et moi ont toujours été faciles - parce que je suis un homme facile. C'est tout à fait comme pour le travail. L'homme, celui qui commande dans une ferme, me donne un travail ou un autre, une besogne qui ne dure pas trop longtemps. Ils savent tous que j'ai la bougeotte. Et puis, de toute façon, personne n'a envie de s'encombrer de moi à demeure. Pour les femmes c'est pareil ; tant que j'y suis, celle qui a un petit coup de sang, elle me demande et je lui fais son affaire. Il suffit de trouver le bon moment.
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- Ça te fait soucis à toi ?
- Ça fait peine à voir, par moments. Tu vis comme un mendiant et tu as de l'or dans les mains. Celui qui te donnera sa fille n'y perdra pas.
- Je n'ai pas un sou, pas un lopin, pas un arbre... Je suis aussi riche qu'un chien errant... et je commence à me faire vieux pour la noce. Les filles convolent jeunes.
- Un homme qui a du savoir-faire vaut mieux que tous ces petits greluchets...
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Ainsi ai-je appris, à mes dépens, qu'aucune force ne peut garder un visage dans le souvenir, mais seulement son effacement, ce qui est une cruauté bien grande.
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Tu aimes ça, hein ? cette force qui te bouscule et te remplit. Maintenant tu es comme une bête à l'heure du rut et c'est ça qui te plaît si fort, te voir toi-même comme une bête dans ma voix...
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Videos de Jacques Abeille (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Abeille
Maison de la poésie (10 nov 2017) - Texte et Lecture de Jean-Philippe Domecq, extrait du Dictionnaire des mots en trop (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution novembre 2017).
Le Dictionnaire des mots en trop :
Comment ? s?entend-on déjà reprocher, des mots en trop ? Mais les mots, on en manquerait plutôt.
Et pourtant. Ame, artiste, coach, communauté? ils sont légion ceux qui éveillent notre résistance intime à tout ce qu?ils charrient d?affects, d?idéologie, de pseudo-concepts ? notre résistance mais pas celle du voisin ! ? Quarante-quatre écrivains explorent ici les raisons pour lesquelles ils renâclent devant certains mots, et leurs réflexions critiques témoignent autant d?un état de la langue que des poétiques et des enjeux de notre temps.
Une expérience littéraire qui vient compléter, en l?inversant, celle du Dictionnaire des mots manquants.
Auteurs : Malek Abbou, Jacques Abeille, Mohamed Aïssaoui, Jacques Ancet, Marie-Louise Audiberti, Michèle Audin, Olivier Barbarant, Marcel Bénabou, Jean Blot, Jean-Claude Bologne, François Bordes, Lucile Bordes, Mathieu Brosseau, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Thibault Ulysse Comte, Seyhmus Dagtekin, Louis-Philippe Dalembert, Remi David, Erwan Desplanques, Jean-Philippe Domecq, Christian Doumet, Renaud Ego, Eric Faye, Caryl Férey, Michaël Ferrier, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Cécile Guilbert, Hubert Haddad, Isabelle Jarry, Cécile Ladjali, , Marie-Hélène Lafon, Sylvie Lainé, Frank Lanot, Fabrice Lardreau, Mathieu Larnaudie, Linda Lê, Guy le Gaufey, Jérôme Meizoz, Christine Montalbetti, Christophe Pradeau, Marlène Soreda, Abdourahman A. Waberi.
http://www.editions-marchaisse.fr/catalogue-dictionnaire-des-mots-en-trop
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