La bataille de Bouvines Histoire et légendes de Dominique Barthélémy est une réévaluation de l'histoire de cet événement et de ses exploitations littéraires et politiques postérieures.
Sur l'événement lui-même, on pensait avoir tout dit après les travaux d'Antoine Hadengue et de Georges Duby (Le Dimanche de Bouvines). Mais voici un livre qui, sans ce centrer sur l'aspect militaire proprement dit, et sans nier que l'importance de cette bataille a déjà été ramenée à de plus justes proportions après avoir été longtemps grossie à souhait, remet les choses à l'endroit. On a donc assisté à un accrochage par les forces de l'empereur Otton IV de Brunswick, de Ferrand de Flandre et du félon Renaud de Dammartin, del'arrière-garde de l'ost de Philippe Auguste, qui a mis du temps à réagir et qui par ce manque de réactivité a frôlé le pire , avant de se ressaisir juste à temps, transformant une possible déroute en combat acharné jusqu'à l'épuisement de l'un des combattants. On était le 27 juillet 1214. Cette bataille, qui venait après les grandes conquêtes, acquisitions et annexions (Vermandois, une partie de l'Artois, Normandie, Maine, Touraine, etc.), sembla à celui qui allait en faire la relation en vers dans la Philippide, Guillaume le Breton, comme la clé de voûte de tout le règne de son contemporain, le roi Philippe II Auguste. Son récit riche en détails de première main - Guillaume était présent sur le terrain - allait servir les desseins de ceux qui voulaient magnifier ce règne apparemment exemplaire (il faudrait y regarder de plus près) pour faire de Philippe Auguste le précurseur des défenseurs de la France résistante contre l'envahisseur étranger, que ce soit pendant la Révolution et l'Empire, mais aussi en 1914. Et l'exaltation du rôle des milices communales, largement exagéré aux XIXème et XXème siècles si on lit correctement Guillaume le Breton, ne met pas moins en évidence que des sergents à cheval et des piétons surent en remontrer aux plus fiers des chevaliers.
À la lumière d'une étude critique de la Philippide et des Gesta en prose, Dominique Barthélémy réussit à nous montrer ce qui relève de la légende et de la propagande dans la présentation des faits qui nous en a été donnée jusqu'avant Georges Duby, et ce qui appartient à L Histoire.
Un bon livre.
François Sarindar, auteur de Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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Dominique Barthélemy réévalue, après Georges Duby, la fameuse bataille gagnée par Philippe Auguste en 1214.
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Cette théorie du piège a été développée après coup comme l'une des principales excuses des vaincus, cheminant de Bouvines à l'Allemagne en passant par la Lorraine.
Interview réalisée dans le cadre de la 16e édition des Rendez-vous de l’Histoire sur le thème de « la Guerre » Blois - 10/13 octobre 2013
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