Editions BUCHET CHASTEL
Prix du Jeune Ecrivain 2016
Ce 1er roman fait partie de la sélection des 68 premières fois éditions 2016.
Ce roman est une fable, un conte...
Deux garçons vivent dans un palais. Leur mère est décédée d'un cancer. Devenus grands, la succession à la tête du pouvoir est assurée par le narrateur, le frère aîné. le cadet, auteur d'un meurtre d'un policier, a pris la fuite. Quand il revient, il se fait le porte-parole d'une classe sociale défavorisée. La rupture entre les 2 garçons fait son chemin, aux risques et périls de tout un peuple.
En lisant de roman, je me suis dit qu'il pourrait trouver toute sa place dans la catégorie de ces oeuvres "Passerelles" mise en place par les Bibliothèques d'Angers. Il s'agit de romans pouvant créer des ponts entre lecteurs.rices jeunesse et adultes.
Ce roman a pour axe majeur une relation familiale entre 2 frères. Mais, comme toujours, "le diable se cache dans les détails", une faille dans les fondations va bientôt faire s'écrouler l'édifice. Bien sûr, je ne vous en dirai rien, histoire d'en préserver le secret !
A l'image de la rupture consommée entre les 2 garçons, 2 classes sociales s'affrontent dans ce pays imaginaire. Il y a ceux qui ont le pouvoir, qui disposent des richesses, et puis les opposants, les pauvres, ceux qui vivent dans la misère et qui mènent la rébellion. Ils vont trouver dans le frère cadet un leader à la hauteur de la mission.
L'écrivaine met le doigt sur la fragilité d'un principe édicté par notre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
"Qamar, s'il était né dans la rue, aurait pu être à la place du petit mourant. La naissance, cette roulette russe..." P. 83
J'ai particulièrement aimé les passages consacrés à l'art et à la nécessité de sa reconnaissance pour lui donner toute sa dimension :
"Ton art, comme tout art, n'a d'existence que reconnu. Sans l'intelligence d'un spectateur, quelle valeur tes actes revêtiraient-ils ?" P. 89
Cette phrase parle tout particulièrement aux membres des 68 premières fois qui ont choisi de promouvoir des premiers romans qui, à défaut d'être médiatisés et relayés sur les réseaux sociaux, n'auraient qu'une existence limitée !
Et puis, il y a de très belles pages dédiées au pouvoir de la musique :
"Les notes, les accords, la mélodie ne sont que détails. Une corde pincée, un coup de phalange sur la caisse, des effleurements suffisent à exprimer une joie, une colère, une incertitude." P. 80
Enfin, et là, je sais pouvoir toucher la corde sensible des lecteurs.rices qui visitent le blog, l'écrivaine fait la part belle à la puissance des mots :
"Les mots d'abord s'égouttent lentement, car je n'ai plus de salive. Puis ils gagnent en nombre, en assurance, en précision. Mes mots ne sont plus des enfants qui apprennent, ils savent, ils professent, ils sont justes, c'est-à-dire au plus près de ce que j'ai vu et que je nomme ma Vérité. Je n'ai pas à les penser ; d'eux-mêmes ils viennent au monde." P. 157
Ce premier roman est servi par une plume concise et agréable à lire. Cette jeune écrivaine de 28 ans a du talent assurément, qu'on se souvienne de son nom :
Marie BARTHELET.