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EAN : 9782020046053
280 pages
Seuil (01/04/1977)
  Existe en édition audio
4.33/5   650 notes
Résumé :
S'abîmer Absence Adorable Affirmation Altération Angoisse Annulation Ascèse Atopos Attente Cacher Casés Catastrophe Circonscrire Cœur Comblement Compassion Comprendre Conduite Connivence Contacts Contingences Corps Déclaration Dédicace Démons Dépendance Dépense Déréalité Drame Ecorché Ecrire Errance Etreinte Exil Fâcheux Fading Fautes Fête Fou Gêne Gradiva Habit Identification Image Inconnaissable Induction Informateur Insupportable Issues Jalousie Je-t-aime Langueu... >Voir plus
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Fragments d'une critique.

A la lecture de ce livre, c'est le dépaysement, étranger dans mon propre alphabet : j'aurais dû faire Roland Barthes en LV1.

Il y a un véritable « plaisir du texte » à découvrir ces fragments littéraires originaux, à en apprécier la concision alors même qu'ils recèlent chacun leur petit monde en soi, et à dévêtir au fur et à l'usure les mots qui composent le tumulte amoureux, jusqu'au Comblement ultime car « l'amoureux comblé n'a plus besoin d'écrire ».

Barthes dit refuser toute philosophie de l'amour, il ne veut démontrer que son affirmation. Alors comment faire la lumière sur le sentiment amoureux lorsqu'on est soi-même concerné et que le lieu « le plus sombre est toujours sous la lampe » ?

« Qu'est-ce que ça veut dire, penser à quelqu'un ? Ça veut dire l'oublier et se réveiller souvent de cet oubli. » A partir des figures du langage, du discours, du soliloque de l'amoureux, Barthes entend reconstituer cet imaginaire anarchique, tributaire des incidents - qui sans cesse en menacent la valeur (comme à la Bourse) de dépréciation – incidents que le sujet amoureux – (re)construisant à posteriori son aventure - nommera l'histoire d'amour.

Dans « Roland Barthes par Roland Barthes », un autre abécédaire, biographique, le sémiologue écrivait « il est bon que, par égard pour le lecteur, dans le discours de l'essai passe de temps à autre un objet sensuel », c'est ce savant mélange, servi dans une langue d'écrivain, entre la vie et la théorie qui fait le charme iconoclaste du livre de Barthes.

Ces mots sont rattachés à l'expérience de l'auteur, acquise au cours de ses lectures (Goethe, Sartre, Lacan, Brecht, le Zen...) mais aussi de ses conversations et très pudiquement, de sa propre vie. Il se contente, pour tout indice sur le partenaire, d'un simple « il » ou « lui ».
Nous en savons peu sur la vie privée du grand intellectuel, adulé dans les années soixante-dix. Entre histoires secrètes vouées à l'échec, béguins non réciproques, amours tarifés et rejet physique des admirateurs de son oeuvre, notamment Hervé Guibert, auquel, blessé, il écrivit un fragment spécial. Tout au plus ai-je pu lire qu'un chagrin amoureux lui inspira la rédaction de cet ouvrage.

***

L'amoureux trouve l'objet de son émoi « Adorable » avec « l'idée - l'espoir - que l'objet aimé se donnera à mon désir », en le qualifiant vaguement de la sorte, il ne fait qu'essayer d'exprimer la spécialité, l'unique de son fétiche pour lui ; ou pour une partie de lui, « la coupe d'un ongle, une dent un peu cassée en biseau, une façon d'écarter les doigts en fumant ».

Après l'aveuglement vient l'Altération, ténue, infime, une parole, un geste que l'on n'aurait pas soupçonné et qui fait tache dans la représentation dévote de l'Image de l'autre qui ne devient qu'un parmi les autres.
Souvent c'est par la découverte du désir de l'objet amoureux pour un tiers. L'autre en fait trop - et Barthes de citer Sade “je vis le foutre s'exhaler de ses yeux” (self explanatory).
D'un autre côté il arrive qu'au prétexte de l'autre je désire tellement mon désir que cela conduise à l'Annulation de l'autre - le sujet étant amoureux de l'amour.

Le sujet amoureux est encore celui qui Attend comme « un paquet dans un coin perdu de gare », il est à disposition. Esseulé par la ciguë de l'Angoisse, le sujet amoureux met en scène son attente, essaye de jouer à celui qui n'attend pas, à celui qui arrive en retard mais il est encore en avance… bref il est toujours perdant : « suis-je amoureux ? Oui puisque j'attends ».

« Une angoisse seconde me prend, qui est d'avoir à décider du degré de publicité que je donnerai à mon angoisse première. » On passe son temps à Cacher sa passion à l'autre tout en voulant la lui faire sentir car on veut « être à la fois pitoyable et admirable ».
L'amoureux se pose des problèmes de Conduite en dehors de toute logique : on lui donne un numéro de téléphone et c'est l'abîme ; doit-il téléphoner ou pas... aux faits succèdent les signes à interpréter. « S'angoisser du téléphone : véritable signature de l'amour », désormais on peut également s'angoisser par SMS, par facebook, par whatsapp, par instagram et leurs accusés réceptions mortifères… est-ce une démultiplication de l'amour ou de l'angoisse ?

La Déclaration, le bavardage et le baratin sur l'amour contiennent toujours une allocution secrète. Quand on “frotte son langage contre l'autre”, quand on entretient ce frôlage par des commentaires en apparence futiles - car les événements du sujet amoureux sont souvent d'une grande platitude- en fait on dit “je te désire” car le langage est une peau et ce « coïtus reservatus », ce marivaudage, est une invitation à l'acte d'amour.

L'autre devient l'objet de notre servitude (volontaire) jusqu'au déclic. On en vient à « déréaliser » l'amour, revenir à la raison, et à se demander, un soir, dans le hall d'un hôtel, loin de chez soi “qu'est-ce que je fous là ?”.

Le discours amoureux s'oppose à l'action, il est le récit mythologique, légendaire des événements, embaumés, figés des faits accomplis. Mais ce discours souffre de ne pouvoir s'écrire. “Écrire sur quelque chose c'est le périmer”.

L'amoureux ne le sait pas encore mais il va errer d'amour en amour, de nuance en nuance reproduisant le même discours amoureux ou risquer de rejoindre le cimetière des éléphants amoureux : la friendzone (Barthes parle de « la région Amitié »).

“Tout contact, pour l'amoureux, pose la question de la réponse : il est demandé à la peau de répondre”. Barthes analyse le passage, subrepticement, de l'étreinte, comblée par la voix, le rêve d'union totale, immuable, à l'heure des confidences sur l'oreiller, bref le câlin au désir sensuel. Ce moment d'éternité, dans la plénitude de la tendresse reçue et donnée, presque maternelle, tout en sachant que le désir gronde sous les lattes, dans les draps, prêt à surgir. Cet enlacement enfantin dans le creux des bras de l'être aimé fait place à l'adulte, l'amoureux, l'être désiré. Pour Barthes, ce passage de l'un à l'autre est incarné par le dieu Eros : « un enfant qui bande. »

La jalousie ne prend pas uniquement le visage d'un amant (qu'il soit de la chine du nord ou celui de la rousse et dangereuse Jolene, que Dolly Parton supplie dans sa chanson de ne pas lui prendre son mari).
Elle est aussi dans les Fâcheux, ces gens qui s'invitent à dîner, ces loisirs trop prenants qui fissurent la dualité exclusive, où l'amoureux est contraint de partager l'autre avec le monde (et le mondain). On a envie de n'être qu'avec l'objet du sentiment amoureux, exclusivement, de s'exclure du monde, et finalement c'est un “double deuil, ce dont je suis exclu ne me fait pas envie.”

L'amoureux ne veut pas commettre de fautes, il pousse, par exemple, la crainte de la culpabilité jusqu'à attendre sur le quai de gare que le train de l'autre parte en premier.

Le paradoxe de l'amoureux est qu'il clame triomphant qu'il connaît l'autre mieux que quiconque alors même qu'il est au fond, Inconnaissable, il lui échappe sans cesse, comme un savon sous la douche. Finalement déclarer qu'on ne connaît pas l'autre n'est-ce pas une façon de dire que l'on ne saura jamais ce qu'il pense vraiment de nous ?
L'amoureux accepte alors « d'aimer un inconnu » et de se contenter de le connaître par le plaisir ou la souffrance qu'il lui donne. de même que Werther tombe amoureux après avoir appris les transports de la passion par un jeune valet, l'amoureux trouve son objet par Induction. Autrement dit, et par La Rochefoucauld, « il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux, s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour ».

« Ne soyez plus angoissé, vous l'avez déjà perdu(e) ». L'amour c'est bien connu c'est aussi la Jalousie. L'amoureux souffre de devoir partager l'autre. Mais le partage est une perfection de caractère comme Melite et Hyperion. Or, l'amoureux veut être parfait. Ainsi l'amoureux souffre non seulement du partage mais encore de son « impuissance à en supporter la noblesse ».

Et ces mots : « je t'aime », passés le « premier aveu », la fonction informative, ne veulent « plus rien dire », ils sont « une figure dont la définition ne peut excéder l'intitulé », ils sont de l'ordre du cri. L'amoureux est tout en désir et ce désir s'échappe comme une hémorragie dans la Langueur amoureuse des baisers sans fins.

L'auteur s'inscrit dans son époque, les années soixante-dix sont celles de la révolution sexuelle et l'auteur d'affirmer que l'obscène ce n'est plus la sexualité mais la sentimentalité. L'amoureux, conscient de sa bêtise, éprouve une solitude intellectuelle dans son sentiment. Car l'amour n'est plus à la mode dans la pensée des années soixante-dix, ce qui faisait dire à Barthes, sur le plateau de Bernard Pivot, que l'amoureux était dans une situation de solitude intellectuelle. Françoise Sagan également présente sur le plateau d'Apostrophes d'ajouter qu'on peut faire l'amour à six sans prendre aucun risque, alors que tomber amoureux…
L'amoureux, s'il est un homme, souffrira également de l'incompatibilité entre la virilité et l'éloge des larmes de Schubert, fondatrices du mythe de la douleur : « Les paroles que sont-elles ? Une larme en dira plus. »

« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue. » Racine, Phèdre. Si Barthes analyse longuement le « coup de foudre », l'enamoration, le ravissement, il en oublie sans doute, pardonnez-moi, le coup de foutre.
La sexualité n'est que suggérée dans cet ouvrage et c'est sans doute un parti pris car on ne peut soupçonner Roland Barthes de chasteté et à sa décharge, ce n'est pas dans le Werther de Goethe ni dans la littérature de l'époque romantique en général que l'on trouvera matière à ces considérations (même reproche qu'adressait, sur un même ton graveleux, Flaubert à Lamartine).

Barthes place chronologiquement la Rencontre au début, le “premier plaisir” où l'on découvre, sur un coup de dés, un autre soi-même, narrativement on se raconte, on rebondit, on a les mêmes goûts. Peut-être, et cela me rappelle le mot de Susan Sarandon qui comparait les relations amoureuses à des organismes vivants en mutation permanente, pourrait-on lui opposer, et je vous pose la question chers babeliote, dans la mesure où l'on change toute sa vie, est qu'on ne se rencontre pas à nouveau plus tard dans une même relation ?
Pour Barthes (c'est joyeux), l'amoureux qui ne se suicide pas a deux options : soit il transforme la relation en dialectique ; il garde l'amour mais abandonne l'hypnose ; soit il est condamné à réitérer avec d'autres cette même “aventure” (le ravissement etc).
Je crois que c'est la limite du livre, l'amour qui « va bien », qui entre dans cette dialectique et qui sort de l'hypnose de la passion n'a pas intéressé Barthes. L'auteur assume d'autant plus qu'il cite Corneille, « l'imitation de Jésus Christ » :

« Et sans s'immoler chaque jour
On ne conserve point l'union fruitive
Que donne le parfait amour. »

L'amoureux peut croiser le fer lors de Scènes où il tentera d'avoir le dernier mot. Oisive et luxueuse, la Scène ne progresse pas, elle n'a pas de sens. Elle est surenchère. Qui n'a jamais ressenti le contraste entre l'état de colère où nous plonge une dispute et la futilité du sujet « officiel » de la Scène que l'on se joue ?

Pour éviter de se noyer dans la chasse aux signes, il faut s'en remettre au langage, à la communication et surtout tenir pour vraies les déclarations. Puis vient le temps des souvenirs à l'imparfait, ces grains de mémoire, anamnèses de haïkus mémoriels. “L'imparfait est le temps de la fascination : ça a l'air d'être vivant et pourtant ça ne bouge pas”, c'est “le leurre épuisant de la mémoire”.

***

Littérairement parlant, dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point, il y a un avant/après Fragments d'un discours amoureux : on ne lit plus tout à fait les romans d'amour de la même manière, il y a une ébauche de grille de lecture, des conjonctions, des logiques et des réminiscences qui sont comme tant d'exemples narratifs des fragments proposés par Barthes.
Lisez-le et faites l'expérience ensuite avec vos lectures, parfois, comme un « pop-up » sur le net ou un murmure derrière votre épaule, les mots de Barthes résonneront pour révéler tel ou tel comportement des personnages.

Le discours amoureux, en dépit de la variété de nos expériences et personnalités, on s'y retrouve tous peu ou prou, prisonniers d'un unique langage, nous conjuguons nos réalités avec les mêmes accords. Finalement, nous pouvons conclure, avec Roland Barthes que « le vrai lieu de l'originalité n'est ni l'autre ni moi, mais notre relation elle-même. C'est l'originalité de la relation qu'il faut conquérir. »

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La langue grecque ancienne avait une manne de mots pour désigner les variations de l'amour. Si vous vouliez jaser sur la passion et l'attirance physique, il suffisait de fouiller dans le réservoir des vocables de l'époque et de sortir Éros. Les sentiments d'amitié, quant à eux, étaient synonyme de Philia tandis que Agapé désignait l'amour désintéressé, le vrai, l'inconditionnel ! Ainsi, on dénombre plus de huit noms grecs pour évoquer l'amour dans toute sa diversité.

Deux millénaires et des poussières plus tard, le champ lexical amoureux s'est étonnement transformé en une foultitude de néologismes : polyamour, sapiosexuel, liker, matcher, sexting, etc. Ces nouveaux mots (déjà démodés ?) en disent long sur notre manière de voir l'amour au XXIème siècle. Nous sommes libérés et emprisonnés à la fois. L'union libre a la cote mais les personnes ne sont jamais senties aussi seules. Nous arborons nos préférences tels des étendards avec l'intention d'être, chacun, pleinement soi mais ces fanions sont aussitôt récupérés à des fins mercantiles qui, bien souvent, nous échappent. Tel est le paradoxe de notre époque.

En 1977, paraissait Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes. Un essai singulier sur les ressentis de l'être amoureux. Sans doute, ce livre, a-t-il encore des choses à nous apprendre au sujet de l'amour ? Analyse.

Tout livre repose d'abord sur une structure plus ou moins définie et celui-ci ne déroge pas à la règle puisqu'il en a une tout à fait particulière. Tel un abécédaire, Roland Barthes a choisi de s'épancher sur le langage amoureux au travers de mots-clés qu'il appelle des figures. Chacune d'entre elles a son propre chapitre, lui-même agencé d'une manière originale puisque l'auteur définit une figure avant de partir dans des réflexions tous azimuts qui prennent pour point de départ une oeuvre littéraire, une philosophie, un poème, une sociologie ou simplement une conversation intime de l'entourage de l'auteur. Cela peut paraître foutraque à première vue mais Roland Barthes cite ses sources de réflexion directement dans la marge ! Ainsi, le lecteur suit les pérégrinations de l'auteur tout en sachant directement à quoi elles se rapportent.

Il faut, certes, avoir un minimum de connaissances pour que chaque réflexion fasse sens puisque Barthes n'hésite pas à aller voir du côté de Goethe, Baudelaire, la philosophie Zen, Freud, Lacan ou encore Buñuel afin d'expliciter son propos. Fragments d'un discours amoureux est une oeuvre dense, et c'est sans doute l'originalité de sa structure qui la rend plus digeste.

Le discours ?

Toute personne ayant déjà été amoureuse sait que les effets de ce sentiment sont tel un feu d'artifice pour l'esprit et le corps. Être amoureux, c'est expérimenter des chamboulements intérieurs ; à partir d'un presque rien, vous voilà lancé à toute vitesse sur les montagnes russes des émotions. Et c'est à ce moment précis que Roland Barthes approche sa loupe et passe en revue la manière dont la personne amoureuse est ébranlée.

Nous avons beau nous sentir plus évolués que nos prédécesseurs et scander que l'amour a changé de forme, la mécanique amoureuse, elle, reste identique. Rencontre, magie, déréalité, ravissement, ou encore jalousie sont autant de fragments que l'auteur passe au filtre d'une analyse qui fait mouche :

“ En pleurant, je veux impressionner quelqu'un, faire pression sur lui (“ Vois ce que tu fais de moi “). Ce peut être — et c'est communément — l'autre que l'on contraint ainsi à assumer ouvertement sa commisération ou son insensibilité ; mais ce peut être aussi à moi-même : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n'est pas une illusion : les larmes sont des signes, et non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m'en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille le plus “vrai” des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : “ Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. “

Si Fragments d'un discours amoureux devait être classé dans une catégorie de livres, il serait assurément sur l'étagère des essais psychologiques puisque Barthes fait souvent appel à cette discipline pour expliquer les différents phénomènes qui bouleversent la personne amoureuse.

En conclusion, cet ouvrage, loin d'être périmé, continue d'apporter un éclairage sur le fait amoureux. Il se lit tel un abécédaire dans lequel on irait piocher ce qui nous intéresse au gré de nos envies. Après l'avoir lu une première fois, il y a plus de dix ans, je suis toujours aussi surpris de l'acuité avec laquelle Roland Barthes décrypte l'être amoureux. Un classique qui se déguste mieux au fur et à mesure que les années passent.
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"La nécessité de ce livre tient dans la considération suivante: que le discours amoureux est aujourd'hui d'une extrême solitude. Ce discours est peut-être parlé par des milliers de sujets [...], mais il n'est soutenu par personne." (p. 5)

Pourquoi faire un résumé imparfait quand l'introduction est si claire? le texte présente les états du l'état amoureux au travers du langage qui les sanctionnent. Il y a des jolies réflexions. "Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l'autre. Comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir." (p. 87)

J'ai été un peu irritée par la similitude systématiquement pointée entre la figure de l'aimé absent et la réminiscence de l'abandon par la Mère. Freud n'est pas ma tasse de thé.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai picoré dans un livre, je n'ai pris que ce que je voulais. Ca fait du bien de changer de pratique.
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A l'heure où les gens célèbrent la Saint Valentin, d'autres parlementent sur l'amour. C'est qu'il est si facile de dire « je t'aime»…

Roland Barthes s'est essayé à le dire pour expliquer ce faire. Les fragments d'un discours amoureux publié en 1977 a pour ambition de donner voix à l'amoureux, cet homme qui, pour reprendre l'auteur, « parle en lui-même, amoureusement, face à l'autre » face à l'être aimé, qui lui « ne parle pas ». L'auteur s'attache avec ferveur à cet homme amoureux et construit pour ce faire une sorte de plaidoyer de l'amour en suivant une « méthode dramatique » car l'amour s'apparente selon lui à une scénographie.

Pour cette « dramaturgie » d'un discours amoureux tour à tour drôle, douloureux, juste, émouvant et cynique, l'interprétation de Fabrice Luchini est magnifique. Avec Luchini pour voix, ce texte nous offre une autre pratique de la lecture. L'amoureux des mots qu'il est nous emporte. Son souffle nous guide. On suit son interprétation des mots. Parfois calme, sa voix s'enflamme soudain en fonction des émotions qui le traversent. Nous sommes assis chez nous. On se croirait rapidement au théâtre, étant donné que dans le noir absolu de notre intimité la lumière apparaît et le texte se met en scène sous nos yeux :
« le décor représente l'intérieur d'un café. Nous avons rendez-vous. J'attends» clame Luchini. « Dans ce café, je regarde les autres qui entrent, papotent, plaisantent, lisent tranquillement, eux, ils n'attendent pas. »

Un amoureux, nous dit-il, « est celui qui attend ». Et nous, nous attendons la suite, curieux. Avec lui, avec eux, Luchini et Barthes, nous devenons amoureux à notre tour…

Ce petit texte inclassable de Roland Barthes a suscité fin des années 1970 un engouement immédiat et planétaire. Ce petit livret que nous offre Barthes a décontenancé le public. Roland Barthes, intellectuel reconnu, était en effet connu pour ses écrits théoriques. Professeur au Collège de France, maître français de la sémiologie, entre autres choses, il aimait jouer avec les mots et écrivait souvent des textes non facilement accessibles. Avec ce livret, rien n'est semblable à ce qu'il a fait jusqu'à présent. S'il lui est effectivement arrivé d'écrire des textes complexes, celui-ci reste tout à fait abordable. le texte est très bien écrit. Il aime manier les mots et ça se sent. Pour étayer ses propos, il s'appuie sur les définitions tirées du Littré ou de romans: Proust, Goethe, Platon y passent. Il s'appuie également sur la psychologie et cite Freud
Ces références ne créent pas une distance. Ce n'est pas professoral, bien au contraire. Dès qu'il parle d'amour, on se sent proche de lui. On ne le connait pas et pourtant, il parle à tous car il parle de vécu, du vécu humain. On se reconnait tous ici dans l'amoureux.

Jusque-là impressionnée par la réputation de Barthes, je m'étais fermée à l'auteur. Dernièrement, je n'ai pourtant pas hésité à découvrir cette figure française pour le partenariat que m'offrait Audiolib. J'étais curieuse de voir la performance de Luchini, que je trouve riche de par son style, sa verve et son emphase, s'unir au texte de Roland Barthes.
Au travers de dix-sept courts chapitres, voici des textes choisis et lus par l'acteur dont l'intelligence et la finesse collent parfaitement au texte. On pourrait presque croire que le comédien en est l'auteur.


Un très beau cadeau à offrir ou à s'offrir. Je remercie à ce titre Audiolib pour cette collaboration et en particulier Chloé.




Résumé de la quatrième de couverture :
Décrivant son projet pour Fragments d'un discours amoureux, Barthes précise que « tout est parti du principe qu'il fallait faire entendre la voix de l'amoureux ». D'où le choix d'une « méthode dramatique » : ici, pas de théorisation de ce discours amoureux, mais sa seule expression. « C'est un portrait qui est proposé, mais ce portrait n'est pas psychologique »; il se l'écho de « quelqu'un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l'autre,-l'objet aimé-, qui ne parle pas. » Un texte si juste qu'il retentit en chacun, longuement…
« C'est donc un amoureux qui parle et qui dit… »



Mon avis :
Un pianiste se fait entendre. Une ambiance feutrée s'installe. Quelque chose est là, tapi quelque part. Nous attendons quelque chose. Un concert, une prosodie ou une pièce de théâtre peut être. Un concert de mots alors? Chut. Taisons-nous et écoutons la suite. Soudain, sans crier gare, quelqu'un parle. Un homme. Une voix posée articule « Attente ». Nous obéissons, sur le qui-vive. Nous attendons… Puis la définition arrive et le piano se tait laissant seule voix au même homme:
« Attente : Tumulte d'angoisses suscité par l'attente de l'être aimé au gré de menus retards, rendez-vous, téléphones, lettres, retours ». Fabrice Luchini entre en scène.


Roland Barthes note les étapes par lesquelles l'amoureux passe. Il nous les expose, les conscientise et y ajoute par bribes des expériences personnelles, des observations qu'il a pu faire ou lire pour étayer son propos. L'amoureux attend, s'angoisse, jalouse, déclare, doute…. Roland Barthes nous offre ici un discours sur les différents comportements liés à l'amour. Dix-sept tableaux nous sont dépeints et Barthes prend un malin plaisir à nous offrir pour ce faire une jouissance narrative avec un texte qui déborde de mots et d'émotions avant de laisser place au silence lorsque l'être aimé disparaît.

Le portrait de l'amoureux est dressé ici. Qui est-il ? C'est un homme seul qui aime, qui se désole et se questionne et qui use « de mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots ». Les mots d'amour, nous dit-il, sont comme des caresses que l'amoureux utilise à loisirs, des caresses douces, mais difficiles car le langage amoureux se fait petit-à-petit, par « fragments ».

Petit-à-petit, l'amour se déguste. Et on en redemande parce qu'il est plein de vie. Il se vit. Il déborde de vie. « C'est un amoureux qui parle et qui dit », c'est un amoureux qui joue avec les mots, un peu comme un acteur d'une pièce de théâtre. Il déguste la vie. Il déguste les mots d'amour. L'amour se vit comme une pièce de théâtre. L'amour est un divertissement nécessaire à la vie. L'amour se vit. le théâtre aussi et l'auteur sans conteste parle de ce qu'il a vécu. Qui ne se reconnait pas en effet dans ses mots ? Nous avons tous attendu, aimé, nous nous sommes tous angoissés pour l'être aimé… Roland Barthes peint ici notre histoire à tous de manière très littéraire. C'est si intimiste, si intemporel et en même temps si multiple. L'amour est multiple. le « je » du narrateur, de l'amoureux, est multiple. Il pourrait être vous, eux, toi, lui ou elle. Ce texte d'une très grande qualité s'écoute, se lit d'une traite et/ou par touches, seul(e) ou avec l'être aimé. Il est pour moi une très belle déclaration d'amour.

Fabrice Luchini montre tout son talent de conteur, d'amoureux, d'acteur et d'homme plein de vie. Il réussit à transmettre toutes ses émotions aux mots de Roland Barthes. Avec lui, le pouvoir de l'amour, ses avantages et ses inconvénients se vit merveilleusement bien. Son souffle se fait plus court, plus passionné et plus dynamique par moments, le tout avec une diction parfaite. On sourit quand on l'entend parler des faiblesses de l'amour. On n'a pas peur. On sourit. Les mots sont non seulement beaux, denses et émouvants mais ils sont prononcés avec une justesse surprenante qui donnent de la profondeur aux émotions. Par exemple, lorsqu'il décrit la jalousie, Luchini clame totalement impliqué:
« C'est laid, c'est bourgeois la jalousie, c'est un affairement indigne, un zèle et c'est ce zèle que nous refusons. Comme jaloux, je souffre quatre fois ; parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité. Je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun. »
Nous, spectateurs, ne restons pas insensibles. C'est alors impossible.

Fragments d'un discours amoureux au théâtre ? Evidemment, cela ne fait pas un pli.
«Au théâtre, il n'y a rien à comprendre, mais tout à sentir » disait Louis Jouvet. En effet.

Une très belle pièce de théâtre donc qui se joue à l'infini, à l'image de ce livre-audio que l'on est obligé d'écouter tranquillement et plusieurs fois pour s'imprégner du texte, l'appréhender, pousser la réflexion plus loin et s'entendre déclamer : « je t'aime » sous un nouveau jour.


Lien : http://aupetitbonheurlapage...
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Omon-mi (mon enfant) d'Ousmane Aledji: l'humanisme peut-il être l'apanage d'une culture?

Le nom Ousmane Aledji sonne au Bénin, particulièrement théâtre. le doute est levé tout de suite, car, acteurs de la chose littéraire, dramaturges, spectateurs, téléspectateurs et auditeurs reçoivent ce nom comme un nom de la même famille que le théâtre. Son ascension récente à la tête de la structure faîtière du théâtre béninois (FITHEB) en est une grande illustration. Mais depuis 2002 où il a servi Cadavre mon bel amant aux éditions NDZE, le silence au niveau de ses publications est resté plus qu'assourdissant. Un silence mal ruminé par ses lecteurs qui peuvent désormais se réjouir de Omon-mi (Mon enfant), co-édité par les éditions Plumes Soleil et Artistik Editions. de quoi est-il question ?

Omon-mi (Mon enfant) restera une pièce de théâtre unique. Les théâtrologues classeront difficilement la pièce dans une catégorie précise. Toujours est-il que cette pièce de 100 pages sort des sentiers battus et bat en brèche plusieurs règles du théâtre, à commencer par celle des trois unités, action, temps et lieu.
L'ACTION
La pièce raconte une histoire prise en elle-même pour banale notamment dans certaines contrées africaines. Un enfant qui naît enroulé dans du placenta. Sacrilège. Sacrilège pour une tradition puriste respectueuse des lois de la nature qui n'accepte aucun enfant qui ne sort des entrailles de sa mère indemne, la tête en premier. Sacrilège pour une tradition fidèle à ses principes, rejetant toutes modifications, toute autre manière de venir au monde considérée tout de suite comme une anomalie. Sacrilège donc qui mérite une punition adéquate. le refus d'existence. La mise à mort. Arraché donc à sa mère pour ce crime d'anomalie de sortie, l'enfant sera condamné à être enterré vivant par des adultes commis à la tâche. Malgré la crise de conscience de l'un d'entre eux, les protestations de la mère rebelle pour avoir déjà mal ingurgité le malheureux et mortel sort qu'on a fait subir à son autre enfant Albinos, le Dah, chef de la communauté et ses conseillers n'ont pris autre décision que celle indiquée par la coutume, même au détriment de l'une des pratiques de cette dernière qui aurait permis de consulter l'avis des ancêtres. Une folie maternelle logique coiffe tout.

LE TEMPS
Même si l'on pourrait difficilement rejeter les vingt-quatre heures d'action, le temps dans cette pièce n'est pas linéaire. Il suit un rythme anachronique, fonctionnant comme un récit en analeps. La scène s'ouvre sur un environnement nocturne, remonte aux actions de la journée, la naissance, le baptême, le conseil des sages, l'enlèvement, l'horrible inhumation, pour revenir à la même nuit et indiquer le cynisme de ces thaumaturges qui se saoulent après avoir commis l'innommable. En dents de scie donc, le temps de cette pièce reste bien collé à son temps historique, celle d'un monde qui malgré son ouverture sur la modernité reste bien attachée à des pratiques qui s'endurcissent, et persistent. Mais la concentration du temps aussi en vingt-quatre heures, cette accumulation en un temps si réduit pourrait traduire cet enfer, cet engrenage que la tradition fait subir aux parents qui ont le malheur de voir leurs enfants naître avec des normes autres que celles dictées par la société ; comme si les parents pouvaient décider de la manière dont leurs enfants allait naître. Ce temps d'enfer est comparable à La parenthèse de sang évoquée par le célèbre dramaturge Sony labouTansy.

LE LIEU
Les lieux de la pièce sont loin de respecter la règle de l'unité. le dramaturge lui-même précise les divers lieux. de la forêt où l'enfant a été enterré à la boite Nelson bar, l'espace dans cette pièce est bien ouvert et multiple. A la naissance, l'enfant a reçu un baptême conséquent chez ses parents qui ont reçu des visites. Il a été ensuite volé donc a pu quitter chez ses parents pour être transporté par ses ravisseurs dans la forêt. Il a ensuite quitté l'espace terrestre pour celui souterrain, puisqu'il a subi une inhumation indescriptible. Mais avant tout ceci, il a fallu que le Conseil siège pour décider de son sort. Ainsi, si le temps peut être comparé à un engrenage, il n'en est pas de même pour le lieu, ouvert pour des mouvements multiples. Mais toujours est-il que ces mouvements, loin d'être à l'avantage du personnage principal qu'est la mère et de son enfant, sont à leurs dépens.
L'action, le temps et le lieu forment donc un cercle tragique comme celui des tropiques d'Aliound'Alioum Fantouré pour mieux assommer, pas politiquement mais socialement l'individu.
Mais on prendrait mal la pièce si, avec le temps, l'action et le lieu on déduit sans autres formes de procès qu'Ousmane Alédji reste dans la même logique que Florent Couao-Zotti par exemple dans la nouvelle parue dans le recueil Poulet bicyclette et cie et intitulée « L'enfant sorcier », où le nouvelliste sauve l'enfant des griffes de ses bourreaux, traitant la pratique de barbares. Ce serait mal lire la pièce d'Alédji. En réalité, le dramaturge sort de ce sentier battu et propose à ces lecteurs une autre approche de ces critiques occidentales toutes formulées dans le seul but d'indexer la seule Afrique comme couvant des pratiques barbares. L'horreur indexé est-il uniquement imputable à une seule région du monde ?

OMON-MI, UNE PIECE A THESE
La rébellion de la mère et sa folie sont loin d'orienter le lecteur vers une position dénonciatrice des pratiques ritualistes. En réalité, le lecteur est progressivement orienté sur une analyse de la situation autre qu'une condamnation béate. On sait que l'une des raisons évoquées par le colon pour envahir le continent africain dans le but unique de s'emparer de ses richesses est l'évocation de ces pratiques qui le confondent aux grands singes de la forêt équatoriale. Claude Lévis Strauss, Gobineau… dans leurs rapports de voyage peignaient le Noir en noir. Il fallait insister sur la barbarie pour montrer la nécessité de nous leur apporter la Lumière, prétexte à une colonisation sauvage. Est donc barbare, toute pratique culturelle venant de ces gens noirs, si noir que l'on pourrait se demander si Dieu si bon peut mettre une âme dans un corps si noir (Montesquieu). Les premiers écrivains africains tel que Paul Hazoumè à travers le pacte de sang ont donc servi de relai à ces théories colonialistes qui confortent la domination coloniale. Même jusqu'à ce jour, il est clair dans l'entendement humain, que quand on évoque la barbarie, l'on pense d'abord au continent africain. En témoigne plusieurs ouvrages et films condamnant l'Afrique.
Mais Alédji ici, prend tout le monde à court. Loin de se contenter de condamner le fait, il ouvre ferme sa pièce sur une série de questionnements. le lecteur est promené un peu partout dans presque toutes les grandes capitales du monde où des pratiques identiques ou pires sont monnaie courante.
« Dans les hôpitaux d'Acapulco, de New York, d'Abidjan, de Londres ou de Paris les mieux équipés du monde, on se débarrasse des enfants sorciers, par centaines.
Dans certaines régions de la Chine, les foetus féminins sont traités comme des ennemis de la République. Ailleurs, des laboratoires souterrains se battent autour des cellules souches pour cloner 42 foetus en une heure. » p. 91-92.
Sous d'autres noms plus civilisés donc, les mêmes pratiques se déroulent, officiellement avec une législation appropriée. Mais pourquoi accepter et financer les avortements, pourquoi autoriser l'euthanasie, pourquoi cloner des foetus et s'en prendre dans le même temps aux africains qui sélectionnent leurs nouveaux nés ?Même si Aledji n'approuve aucune des pratiques, il s'interroge quand même sur le droit qu'ont les uns de s'en prendre aux autres alors que dans le même temps ilsont les mêmes cultures meurtrières ?
On comprend ainsi aisément cette série de questions posée par l'auteur :
« Faut-il au nom d'un humanisme bienveillant, de la correction, de la morale et de l'éthique, laisser naître et grandir un enfant que l'on sait différent, déficient handicapé ?
Nous sommes-nous entendus sur des exécutions excusables d'enfants ?
L'humain a-t-il le droit de s'arroger le pouvoir de vie de mort sur son semblable ?
Y a-t-il une culture plus humaine, plus humaniste, plus civilisatrice qu'une autre ? » p. 91
Cette série de questions déterminent la neutralité que voudrait afficher Aledji, une neutralité en réalité convertible en thèse respectueuse des pratiques de chaque culture.

UNE ECRITURE INNOVANTE
Cette sortie des sentiers battus ne se limite pas uniquement à la thématique. L'écriture restera aussi innovante avec un découpage en 14 scènes sans actes. le lecteur découvre aussi des répliques ordinaires similaires à celles que l'on pourrait découvrir dans un récit romanesque. Une attribution de parole dans un dialogue théâtrale extraordinaire où le ne voit pas écrire le nom des personnages mais où l'on découvre juste des tirets de dialogue. L'on note aussi la présence de personnages comme le narrateur qui raconte effectivement les faits et la présence de scènes avec pour seul contenu une didascalie.L'on pourrait cependant déplorer la présence abondante de didascalies surtout au niveau des débuts de scènes. Un constat qui s'éloigne du nouveau théâtre qui se veut respectueux du metteur en scène, libre dans ses retouches et orientations de la pièce.

Au total, Aledji renoue avec les publications, avec une grande innovation et enchante la dramaturgie béninoise avec une orientation pertinente d'un sujet sociologiquement capital : omon (enfant).

Anicet Fyoton MEGNIGBETO
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Suis-je amoureux? Oui, puisque j’attends. L’autre, lui, n’attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard : mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que: je suis celui qui attend.
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Savoir que l'écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'est pas – c'est le commencement de l'écriture.
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Ne faut-il pas alors, précisément parce que je l'aime, lui cacher combien je l'aime ?
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Je cherche à me faire mal, je m'expulse moi-même de mon paradis, m'affairant à susciter en moi les images (de jalousie, d'abandon, d'humiliation) qui peuvent me blesser.
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Mon histoire d'amour : je n'en suis le poète (le récitant) que pour le commencement ; la fin de l'histoire, tout comme ma propre mort, appartient aux autres.
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