"Suis-je amoureux? - Oui, puisque j'attends." L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais, à ce jeu, je perds toujours: quoi que je fasse, je me retrouve désoeuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que: je suis celui qui attend.
Savoir que l’on écrit pas pour l’autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j’aime, savoir que l’écriture ne compense rien,ne sublime rien ,qu’elle est précisément , ” là où tu n’es pas,”
c’est le commencement de l’écriture…”
“L’entretien “
” Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L’émoi vient d’un double contact : d’une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire duquel je soumets la relation.”
attente:passe temps millénaire de l'humanité.
un mandarin était amoureux d'une courtisane."je serai à vous dit-elle lorsque vous aurez passé cent nuits à m'attendre assis sur un tabouret dans mon jardin, sous ma fenêtre"
mais à la quatre-vingt-dix- neuvième nuit, la mandarin se leva pris son tabouret sous son bras et s'en alla.
Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l’autre
JE T’AIME est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules.
Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé…
« S'angoisser du téléphone : véritable signature de l'amour »
“Je sais que tu sais que je sais : telle est la formule générale de la gêne.”
Vouloir écrire l'amour, c'est affronter le gâchis du langage : cette région d'affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif (par l'expansion illimitée du moi, par la submersion émotive) et pauvre (par les codes sur quoi l'amour le rabat et l'aplatit).
Savoir qu'on n'écrit pas pour l'autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j'aime, savoir que l'écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'es pas - c'est le commencement de l'écriture.