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EAN : 978B0014YFOHU
Le Terrain Vague Office technique d'impression (30/11/-1)
4.25/5   2 notes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est une bande dessinée culte parue en 1966 aux éditions Eric Losfeld, qui a lancé la bande dessinée intellectuelle en France.

Guy Peellaert, le dessinateur, a été publiciste. Et ce qui frappe en ouvrant l'album, c'est le graphisme du dessin. Les couleurs sont acidulées, posées en aplats, les contours cernés d'un épais trait noir. Les chevelures des femmes sont roses, violettes ou vertes.... Nous sommes en plein pop'art triomphant. Il arrive même qu'un personnage secondaire soit dessiné en plusieurs exemplaires, à la manières des sérigraphies de Andy Wahrol. Dans les décors, baroques à souhaits, les panneaux publicitaires aux textes loufoques sont omniprésents.

L'album s'ouvre sur une vue du Coliseum, car les aventures de Jodelle sont une uchronie . L'histoire se situe à Rome, en l'an 14. Mais l'on y roule en voiture, on boit du Coca Cola, on téléphone. Au fil des pages, nous reconnaissons une noria de gloires de l'époque. Quelques uns nous sont encore familiers : l'héroïne est ainsi représentée sous les traits de Sylvie Vartan. Nous rencontrons également Johnny Halliday, Françoise Hardy, les Beatles, Charles Aznavour... Il nous arrivera également de croiser quelques personnalités que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : le pape Paul VI, par exemple...

L'empereur Auguste (Dick Rivers) a toujours souhaité pour son peuple un progrès économique et social. La Proconsule, quant à elle, tente d'imposer aux Romains une promotion économico-sociale. Ulcéré par tant de fourberie, l'empereur mandate l'espionne-chef pour contrer la traîtresse. L'espionne-chef fait appel à son agent le plus doué, Jodelle.
Les personnages sont donc en place pour jouer une délirante parodie des films d'espionnage nuls des années soixante : espionnes sexy et dévêtues, hommes de main benêts, rivale politique sophistiquée et inquiétante qui veut devenir maîtresse du monde. Jodelle est chargée de ramener une preuve de la duplicité de la Proconsule. Ce sera son journal intime, sobrement intitulé « Pourquoi Auguste est devant être détruit » (tournure qui parlera aux lycéens qui ont choisi d'étudier le latin).

L'album tout entier est un hommage au cinéma : si le scénario emprunte sa trame aux films d'espionnage, les auteurs ont pris l'option de traiter leur récit comme un long métrage. Les cadrages eux-mêmes sont inspirés du cinéma, et certaines cases sont construites comme des scènes de film. Les angles de « prise de vue » élargissent le champ de vision du lecteur/spectateur, multiplient les dimensions, le plongeant dans un univers fantastique où tout semble possible. Une quatre-chevaux est bel et bien une automobile tirée par quatre chevaux. Mais bientôt ceux-ci se transforment en élément décoratif du bouchon du radiateur de la voiture ; une cabine téléphonique apparaît dans le paysage au moment précis où Jodelle en a besoin. Cette dimension poétique est également présente dans le langage : les vieilles garde-chiourme du bordel de Monsieur ont la langue empoisonnée... au sens propre ! L'atmosphère ainsi créée n'est pas sans rappeler l'univers de L'écume des jours , où l'espace tour à tour se contracte ou s'élargit, ou règne l'invention langagière: « Je passe le plus clair de mon temps à l'obscurcir parce que la lumière me gêne ». Plusieurs phrases de dialogue peuvent d'ailleurs s'interpréter comme un hommage direct à Vian. Ainsi cet échange entre l'espionne-chef et son (sa) chauffeur :
- le golage s'enfarfouille au mou du poëllon, Madame !
- Pareille osmose me trépigne ! Je me sens toute solidifiée !
ou cette réplique de la Proconsule :
- Il valait mieux le supprimer, il avait des complexes.
Et quand un personnage perd un bras dans l'eau fondante, et que ni lui-même ni son entourage n'en paraissent autrement affectés, on pense à également à l'attitude des personnages de l'Ecume des jours, totalement indifférents aux événements normalement susceptibles de provoquer une émotion.

Et comme Boris Vian, les auteurs de Jodelle démolissent consciencieusement la morale et le bon goût.

A cette fin, ils usent par exemple des gags visuels qui abondent dans les planches de Jodelle. Ils ne sont pas toujours repérables à la première lecture : une fourrure de tigre qui sert de tapis tient encore un membre humain dans la gueule ; l'espionne-chef brandit un numéro de Playboy en guise de laisser-passer. Cependant, au delà du divertissement pur et de l'anachronisme, les auteurs n'hésitent pas à s'attaquer aux mythes les plus profondément ancrés dans l'imaginaire collectif : la modernité, le patriotisme, la religion. l'engin de torture de la Proconsule est une moulinette à gruyère ; Jodelle et les insurgées tiennent tête aux vieilles gardiennes vicieuses du bordel en adoptant la posture de la Marseillaise de Rude ; Bodu, le petit cousin de Jodelle, enseigné par le séminaire druidique, marche sur l'eau, alors que ce mariole de Jésus, vexé comme un pou, en est encore au ski nautique.
Mais surtout, les aventures de Jodelle, écrites deux ans avant 1968, sont d'un érotisme absolument débridé et décomplexé : non seulement les tenues de Jodelle et ses compagnes sont plus que mini, mais l'héroïne entretient une liaison incestueuse avec son petit cousin Bodu. Il est également fait allusion à plusieurs reprises à l'homosexualité considérée comme une pratique communément admise.

Cependant, le caractère indéniablement érotique de la bande dessinée ne suffit pas à expliquer son succès. Certes, par là-même, l'album se voit qualifié du qualificatif « pour adultes ». Mais les aventures de Jodelle sont effectivement destinées à un public adulte, c'est aussi et surtout parce que le récit puise à des sources inhabituelles pour la bande dessinée de l'époque.

Guy Peelaert a également publié Pravda la survireuse, une héroïne a qui il a donné les traits de Françoise Hardy. La bande est paru en épisodes dans Harakiri en 1967.
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