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EAN : 9782073023391
480 pages
Gallimard (18/05/2023)
3.56/5   18 notes
Résumé :
Sergueï Skripal, un ancien espion militaire russe exilé en Angleterre, et sa fille sont retrouvés inanimés dans un jardin public de Salisbury. Overdose, conclut la police locale. Mais les services de renseignement anglais et européens soupçonnent un empoisonnement à l’arme chimique.
L’agresseur des Skripal a-t-il été commandité par le Kremlin ? La Première ministre britannique en est convaincue. Poutine, lui, nie farouchement. Entre l’Angleterre et Moscou, P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Qui est le gentil, qui est le méchant ? Va savoir avec les russes !

Pour un journaliste, auteur de BD, Jean-Claude Bartoll démarre une reconversion qui lui réussi plutôt bien. Ce roman d'espionnage auquel il s'est essayé est mené tambour battant avec des personnages étudiés au poil et une trame de fond russe qui lui garantit un certain lectorat.
On sent que comme tout bon journaliste, il s'est documenté aussi bien sur les profils d'espions, que sur ceux des mafias ou encore ceux des hommes politiques. Comme tout ce petit monde est fortement typé selon le pays d'origine, on ne s'ennuie pas (ou très très peu pour certains passages).

Le côté géopolitique annoncé sur la 4ème de couv. est tenu. J'en ai presque eu le vertige tant j'ai voyagé. Entre Paris, Antibes, Biarritz, Saint Jean, Nice ou le Cap Ferras pour la France, puis Bruxelles en Belgique, La Haye aux Pays Bas, Washington, San Francisco ou le Kansas aux Etats-Unis, Berlin, Dresde en Allemagne, Moscou en Russie, Londres en Angleterre, Prague en République tchèque à Chypre, jusqu'à Dubai aux Emirats Arabes Unis … et je dois en oublier.

Pour ce premier roman il a choisi une histoire marquante qui s'est passée entre 2018 et 2019, la fumeuse histoire de l'intoxication de Sergueï Skripal et de sa fille.
Mathilda May, la Première Ministre britannique du moment et Poutine, le président russe s'étaient bouffés à savoir qui a fait quoi et qui insulte qui. Jean-Claude Bartoll s'est engouffré dans cette histoire créant la sienne au milieu d'un bel imbroglio d'espionnage entre différents pays et continents.

Deux enquêteurs, Ava Garnier et Joss Kerven, des anciens de la DGSE, vont enquêter pour l'Européen Intelligence Agency afin de déterminer qui a pu être derrière cette attaque chimique qui a eu lieu à Salisbury, petite ville du Wiltshire anglais où vit Skripal depuis son exil forcé. Il a dû s'exiler malgré le fait que Medvedev lui ait pardonné sa « sortie de route en 2006 en lien avec le FSB », donc 12 ans avant. Sa femme et son fils sont morts. Son frère et sa mère sont restés en Russie. A ses côtés, avec lui en Angleterre il ne lui reste qu'Ioulia, sa fille chérie.

A noter deux autres points forts : celui du personnage dit « l'albanais » et la fin de l'intrigue. L'albanais, l'auteur en a fait un personnage énigmatique et qui perturbe prestigieusement le lecteur. Et la toute fin du livre est une réussite ; et surtout elle rattrape les quelques détails qui gênaient un peu la lecture.
Le tout laisse à penser que nous aurons un auteur d'espionnage en France. Je crois bien que nous n'en avons pas, mais j'avoue que je ne suis pas sûre.

La devise d'origine indienne mise avant même le prologue m'a bien plu « Seule la vérité triomphe ».
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Chronique de Flingueuse : le billet de Chantal pour Collectif Polar
Le récit d'espionnage ne fait pas forcément partie de mes lectures préférées, mais, de temps à autre, un titre peut m'accrocher, et je me laisse prendre bien volontiers, surtout si le roman fait écho à des situations en prise avec l'actualité. Voilà pourquoi ce titre m'a arrêtée sur le présentoir de ma bien-aimée médiathèque.
C'est le nom, Skripal, bien sûr, qui a retenu mon attention. Tout le monde, ou presque, a entendu parler de cet ancien espion russe victime, ainsi que sa fille, d'une tentative d'empoisonnement, à Salisbury, Angleterre. Une histoire d'espionnage « en vrai », dont on parle, cela excite toujours un peu la curiosité ! James Bond ou autre OSS 117 surgissent immanquablement, même si on sait bien que dans la « vraie » vie, celle des « vrais » espions est bien loin de celle de nos héros de cinéma.
Nous voilà donc embarqués dans une enquête menée la plupart du temps tambour battant, par, entre autres, deux personnages plutôt sympathiques et efficaces, Ava Garnier et Joss Kerven. Ce sont des pros, qui n'amusent pas le terrain, tant ils bougent, sautent d'un pays à l'autre mais aussi savent se sortir de situations bien périlleuses…comme dans un film ! On doit bien faire en leur compagnie et celle des autres personnages, le tour du monde ou presque. Ils sont chargés de trouver et prouver qui a commis le crime, qui en est le commanditaire. Tout penche du côté de la Russie et Poutine. Entre discussions au sommet, services secrets qui veulent bien coopérer, scènes d'action voire de séduction, on ne s'ennuie pas. La dernière partie du récit est particulièrement dynamique, jusqu'à une conclusion surprenante à souhait ! Quoique … !!!
Le roman d'espionnage est un type de récit qui n'est peut-être pas aussi représenté que le thriller ou le roman noir, et c'est dommage quand on lit celui de Jean-Claude Bartoll. C'est bien écrit, documenté, complexe mais sans que l'on soit perdu, les caractères ne sont pas caricaturaux, même s'ils ne sont pas de ceux que l'on rencontre quotidiennement. La collection Espionnage-Gallimard a de beaux jours devant elle si la qualité des récits perdure !
Bref ! Ce roman est fort intéressant et procure bien du plaisir, dû, pour moi en tout cas, à ce voyage dans un monde quelque peu parallèle, ainsi qu'à l'impression d'être, certes fort modestement, un peu plus au fait des dessous de la politique et de ses tractations bien tordues parfois.

Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Scénariste pour BD dans le monde de l'espionnage, Jean Claude Bartoll se lance dans le polar avec ce "Tuez Skripal". Et je dois dire que j'ai littéralement plongé dans cette sombre affaire. Serguei Skripal, agent double russe réfugié en Angleterre, et sa fille sont victimes d'une tentative d'assassinat avec une arme chimique. Bien évidemment tous les regards se portent alors sur Poutine, auteur désigné par l'arme utilisée. Mais est-ce aussi facile dans le monde de l'espionnage ?
C'est un polar d'espionnage remarquable qui m'a tenu en haleine du début à la fin. L'intrigue est complexe comme il faut, même si l'on peut reprocher certaines facilités pour lier certains événements. Mais malgré ces facilités j'ai plongé. Les personnages : Ava et Joss sont très attachants, confrontés aux espions, mafias, politiques ; et je dois dire que l'albanais est également extrêmement bien réussi, en tant qu'anguille insaisissable. C'est extrêmement bien documenté, et l'auteur intègre parfaitement personnages historiques et événements réels dans son intrigue pour tisser une toile solide. On pourrait lui reprocher parfois certaines petites longueurs, mais comme le rythme repart assez rapidement, on se laisse porter.
La seule petite déception pourrait être le pré-final, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe au vu du déroulement du roman. En revanche, le twist final est juste exceptionnel, et nous laisse un sourire en coin.
Au final c'est un excellent premier roman, qui peut avoir certains petits défauts, mais la matière, les personnages et le style sont là.
Les américains avaient Ludlum et Clancy ; les anglais avaient le Carré et en France, Mr Bartoll vient de se faire une petite place dans ce style si particulier. A SUIVRE !!!!
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
7 avril 2018, place El Chouhada, Douma, Syrie.

Ibrahim entendit le battement caractéristique des rotors d'hélicoptère. Il se dirigea vers les caves où il savait que se terraient des dizaines de femmes et d'enfants.
Les hélicoptères lâchèrent chacun un bidon de gaz comprimé empli de chlorine. Une arme sale déjà utilisée par les troupes de Damas mais à la létalité relative dans un pareil environnement extérieur. Les bidons ne traversèrent pas le toit et laissèrent s'échapper sur la vaste terrasse leur poison à l'odeur si proche de l'eau de javel.
Mais un autre poison terriblement mortel était à l'oeuvre à ce moment-là plusieurs étages plus bas. Ibrahim avait vaporisé une fiole qu'il conservait dans une boîte étanche en acier. La panique avait été aussi immédiate que l'effet du gaz neurotoxique qu'il avait trouvé en Irak après la guerre du Golfe. Des stocks que l'ONU était supposée rendre inopérants et qui avaient simplement été enterrés dans le désert. Tel quels. Par facilité. Ou manque de budget. Une mine d'abondance pour les attentats à venir...
Les évènements qui suivirent furent relatés par nombre de médias de la presse internationale. Des images insoutenables furent complaisamment fournies par les Casques blancs syriens. La crédibilité de ces images allait parfois être remise en question mais leur impact émotionnel via les réseaux sociaux fut énorme. Instantanément.
Grâce au travail de l'ombre des informaticiens du Comité qui reçurent les premières images via leur contact du GID (services secrets saoudiens) et les rendirent virales grâce à un ingénieux algorithme mis au point par leur partenaire privilégié, Palantir Technologies.
Devant ses écrans, Matthews Jr. se dit que tout ceci allait peut-être enfin provoquer une intervention militaire terrestre en Syrie. Le prince héritier saoudien ne cessait d'exhorter Washington à y envoyer des troupes car les islamistes inféodés à Riyad ne cessaient d'y perdre du terrain au profit de ceux soutenus par l'Iran chiite.
Cela irritait l'ancien directeur adjoint des opérations de la CIA.
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Les caméras présentes continuaient de filmer le face-à-face tendu entre Vladimir Poutine et la Première ministre, par intérim, du Royaume-Uni. Une rencontre bilatérale avait été organisée non sans mal dans le cadre du sommet du G20 qui se réunissait à Osaka ce week-end-là. Le passif entre les deux pays devait être apuré de toute urgence. Dans l’intérêt des uns et des autres. Mais les premiers échanges acrimonieux entre les deux dirigeants n’auguraient rien de bon. Les hommes des services de sécurité évacuaient les journalistes présents de la salle de réunion aux murs d’un blanc immaculé sérigraphiés du logo de l’événement. Les deux délégations allaient s’affronter autour d’une table rectangulaire à l’impeccable nappe blanche surmontée des drapeaux russe et britannique. Un décor épuré appelant à la retenue. Raffinement de l’accueil nippon.
Les deux dirigeants se retrouvèrent enfin seuls avec leurs interprètes attitrés.
Poutine attendait cette rencontre depuis le mois de mars de l’année précédente.
Lorsque cette maudite affaire Skripal avait débuté…
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La nouvelle administration nord-américaine menaçait la Syrie d'une intervention militaire si le régime de Damas poursuivait ses attaques illégales contre sa population. Personne n'oubliait les dramatiques images tournées dans la Ghouta orientale en 2013. Elles étaient le fait des Casques blancs, une organisation humanitaire composée de Syriens proches des rebelles sunnites à tendance fondamentaliste comme le célèbre Front al-Nostra. C'était un dossier sensible et Moscou, allié militaire de Bachar el-Assad, s'était ensuite porté garant de la destruction de la totalité du stock d'armes chimiques du régime alaouite afin d'éviter une intervention militaire voulue par Washington, Londres et Paris. D'autres attaques au chlore ou au sarin avaient été recensées depuis sans que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, basée à La Haye, ait pu clairement définir la responsabilité de Damas. Certaines voix suggéraient que c'étaient les rebelles qui avaient mis en scène ces attaques mais cette lecture de l'histoire n'était pas politiquement correcte pour le camp occidental. Européens en tête. Viviane se dit qu'elle n'était pas spécialement politiquement correcte. Elle avait la religion des faits et non celle des vérités assénées sans preuves. Sa rigueur intellectuelle lui permettait toujours d'envisager l'ensemble des hypothèses possibles, y compris les plus dérangeantes.
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11 mars 2018. Yacht Svoboda, au large d'Antibes, France.

-- Mon pays n'a rien à voir avec cette histoire, Ava. Comme pour l'assassinat de Litvinenko en 2006. Ce n'est pas le Kremlin qui a ordonné son élimination. C'est la pègre géorgienne basée en Espagne. Litvinenko allait vendre des informations sur ses principaux chefs aux services de police espagnols. Il l'ont éliminé avant qu'il ne puisse agir et ont adressé à cette occasion un avertissement à son patron, Boris Berezovsky.
-- Ah bon ? Et le polonium 210, cette matière radioactive qui a été versée dans son thé et a provoqué sa mort dans des conditions atroces ? On ne pouvait trouver cette matière fissible qu'en Fédération de Russie ! Cela incrimine bien Moscou, Oleg...
-- Justement, Ava... Réfléchis... Pourquoi le président Poutine ferait éliminer un traître à la Patrie avec un poison qui le désignerait directement ? Lui et personne d'autre ? Ce serait stupide et notre président est tout sauf un homme stupide !
[...]
Ava, moulée dans une superbe robe de soirée, était perplexe. Elle ne savait pas trop quoi penser des informations fournies par son ancien amant ni du hasard supposé de leurs retrouvailles. L'affaire Skripal intéressait Moscou au plus haut point et sa propre enquête n'était pas passée inaperçue des services russes. [...] Son instinct lui disait que le Kremlin était embarrassé par cette histoire qui tombait mal dans un contexte international tendu suite à l'intervention victorieuse de son armée aux côtés de celle d'el-Assad. Les Britanniques allaient-ils nommément mettre en cause les Russes dans la tentative d'empoisonnement de l'ex-agent du GRU ? Ou bien décider d'enterrer l'affaire comme le Premier ministre Cameron l'avait décidé en 2016 lors de la remise du rapport d'enquête sur la mort tragique de l'ex-agent Litvinenko ? En tout cas, huit ans après les faits, aucune preuve d'une implication des services secrets russes n'avait été rendue publique...
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Sean O'Malone savait ce que la Première ministre allait annoncer. Il s'en délectait à l'avance. Mais il était là pour tout autre chose. Il avait un rendez-vous important après la séance.
Avec un des ministres les plus écoutés de Theresa May.
Le relais du Comité au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
L'officier supérieur du MI6 avait donc de nouvelles instructions à transmettre de vive voix au ministre après le fiasco de Salisbury et la dimension médiatique imprévue que prenait cette affaire. Il fallait lancer une manoeuvre de diversion au plus vite et obtenir que le 10 Downing Street classifie et restreigne l'accès à certaines informations. Concrètement, cela voulait dire que le gouvernement allait diffuser des « notes D ». Une pratique méconnue mise en place par le Royaume-Uni depuis des lustres à l'égard de la presse en cas de circonstances graves. Les médias n'allaient pas pouvoir parler de certains aspects de cette affaire sous peine de lourdes poursuites pouvant aller jusqu'à la fermeture des organes de presse incriminés et des peines de prison pour leurs responsables éditoriaux. Une censure et un anachronisme dans la société de la communication du XXIe siècle mais cela arrangeait les affaires du Comité.
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