Un sujet douloureux traité avec sérieux et mesure, une construction très originale, des personnages qui évitent la caricature. A conseiller à tous les amateurs de thrillers psychologiques et même aux autres (dont je suis), peu coutumiers du genre.
Originale, vraiment, cette idée de centrer le roman autour de la personnalité de
la veuve du suspect. Les indices sont subtilement distillés au fil de ses pensées les plus intimes, ce qui permet de ménager le suspens, de faire monter la tension, sans oublier d'égarer le lecteur sur de fausses pistes. le plaisir de lecture est renforcé par le découpage en de nombreuses et très courtes séquences consacrées à chacun des cinq principaux protagonistes.
L'inspecteur. Un type bien, qui partage la détresse de la victime, s'en veut, risque sa carrière, échoue et n'en dort plus : «Tu es obnubilé par cette affaire avait lancé Eileen l'autre soir. Est-ce qu'on pourrait sortir prendre un verre sans que tu te mures dans tes pensées ? Il faut que tu te détendes. »
Il avait eu envie de hurler : « Tu veux qu'un autre enfant soit enlevé pendant que je me détends avec un verre de vin ? » Elle ne comprenait pas. Il avait conscience d'être impuissant à protéger chaque fillette en ville, mais il ne pouvait s'empêcher d'essayer quand même. »
Mais il ne renonce pas : « L'inspecteur principal Bob Sparkes débarque. Je savais qu'il finirait par apparaître, comme les mauvaises herbes, il revient sans cesse… »
Dans le rôle de la victime, la mère de l'enfant disparue, effondrée bien sûr… exempte de tout reproche ? : Passer des heures à regarder la chaîne pour enfants de la BBC ne comblait pas sa vie. Dawn se sentait seule. Elle n'avait que trente-six ans. Elle ne devrait pas être seule, mais qui s'intéresserait à une mère célibataire ? »
Dans le rôle du charognard, la journaliste bien sûr, c'est le métier qui veut ça, mais sans excès, juste ce qu'il faut pour qu'on la supporte et qu'elle puisse apporter son écot à l'enquête et à la montée de la tension psychologique : « J'ai de bonnes citations de la part de
la veuve, déclara Kate. Des citations du tonnerre ! renchérit Terry… Kate savait qu'elle aurait dû obtenir davantage; elle aurait dû dévider toute l'histoire… Au fil de l'interview, elles s'étaient passé le relais, prenant le contrôle chacune leur tour, mais à la fin de l'entretien, aucun doute ne subsistait sur laquelle des deux femmes détenait le pouvoir. Kate n'était pas prête à l'admettre devant son public. »
Le suspect, inculpé, acquitté puis décédé dans un stupide accident de la circulation, écrasé par un bus. Il emporte son secret dans la tombe, mais, au fait, y en avait-il un ? : «Il me répétait « Ce sont nos affaires, Janie, pas celles des autres. » C'est pour ça que le coup a été si dur quand nos affaires sont devenues celles de tout le monde. »
Et sa veuve,
La Veuve. Femme sous influence, qui ne sait rien, ne se doute de rien, a une confiance totale dans son gentil mari jusqu'à cet accident stupide…
« Je baisse à nouveau les yeux sur ma tasse de thé. Il est froid à présent et une fine pellicule s'est crée à la surface. C'est à cause du lait entier que Glen insiste pour qu'on achète. Insistait. Je peux prendre du lait demi-écrémé maintenant. Je souris. »
Curieux, non, cette réaction. Allez, laissez-vous tenter, Fiona va tout vous expliquer et vous passerez un bon moment.