La piscine de Micheville est un album paru en 1985 et réédité en 2009, avec une postface particulièrement touchante qui décrit ce que ce lieu est devenu après la fermeture des usines.
Dans cet album, Baru croque des tranches de vie d'une bande de jeunes dans le Pays haut. C'est parfois un peu cru, mais ça sonne vrai et on sent qu'il aime les habitants de ce territoire où des immigrés italiens et polonais surtout sont venus travailler dans les usines.
Pour ma part, j'ai été touchée par ces chroniques d'une autre époque dans ce coin de Lorraine cher à mon coeur.
Sorti pour la première fois en 1985 puis réédité en 2009 avec quelques ajouts de l'auteur, cette BD nous conte des histoires de filles et des histoires de garçons qui aimeraient se rencontrer mais tous n'ont pas la même idée derrière la tête.
Des dialogues qui fleurent bon les années 80, que l'on peut regretter même si parfois c'était un peu lourd, on a résisté et on s'en est sorti.
Enfin tout ça c'était avant #metoo et autres car maintenant ils risqueraient de passer un sale moment de "cancel-culture" ..
Autour de la pistoche municipale de Micheville, quand les vents ne rabattent pas trop les fumées de l'usine à proximité, il y a bien la nymphomane qui fait parler d'elle, le culturiste qui tente de faire oublier ses grandes oreilles, le dragueur de vioques, le mec bronzé qui affiche le plus petit slip de bain de la piscine, mais surtout, on y trouve la bande du coin, des loustics pubères qui se prennent pour des caïds, avec des âneries qu'on sent arriver gros comme une maison.
La narration est tenue par l'un de ces jeunes bêtas que les hormones taquinent, totalement subjective et déconnectée, c'est agréable à lire et la naïveté ambiante prête à sourire. La langue est volontairement malhabile ou ordurière, les propos au ras des pâquerettes, les préoccupations adolescentes, les ambitions vaines. Baru nous dépeint un quotidien ouvrier crédible, tout pue le vrai, tout schlingue les horizons bouchés et la jeunesse aux abois. Mais faut bien vivre de quelque chose, alors on parle cul à longueur de journée et l'on reluque plus qu'on ne touche.
Ça sent les années 60, 70, 80, avant internet et les portables, le multiculturalisme, les communautarismes, l'ennui, le temps qui passe, les booms, les villages où tout le monde se connaît et vit en circuit fermé, les gens simples et le chlore. C'est une chronique sociale qui signe les débuts de Baru en bon sociologue de notre époque. Ça manque d'une grande histoire qui emporte l'ensemble, de formules, de trouvailles, mais les personnages sont là, l'ambiance, le ton et surtout, la crédibilité. On y croit, on y est, on vit la chose. On fait partie du village !
Avec les oeuvres de Baru, cela n'a jamais été le grand amour. Pour autant, j'admire son travail car il y a beaucoup d'authenticité dans ces récits. Ici, on revit la nostalgie de l'auteur à travers sa jeunesse dans une petite ville provinciale dont les entreprises ont depuis fermé et donc cette fameuse piscine. On sent bien que c'est une page qui s'est tournée et que plus jamais, on ne pourra refaire marche arrière. Cela laisse toujours un arrière goût dans la bouche et un pincement au coeur.
Maintenant, c'est sa vie et son intimité avec sa bande de copains où ils ont pu faire les 400 coups pendant que d'autres étudiaient studieusement. A chacun son époque et ses histoires.
C'est un peu personnel. Bref, je n'ai pas très bien perçu le sens de cette démarche.
Je n'aime pas trop les trognes des personnages. Par ailleurs, certaines histoires sont tout juste passables. L'accumulation d'anecdotes ne fait pas un roman. le tout se laisse lire mais pas avec indifférence.
En dépeignant, dans son style direct et sans recherche d'effet particulier, une jeunesse avide de filles, de musique et de sensation, qui souhaite exister et se rassurer... Baru nous montre quelque chose d'intemporel. Même s'il situe l'action en Lorraine en 1985, les thèmes abordés sont universels.
La drague, la taille de son sexe, les postures, les bagnoles, les surboums... "l'éternel masculin" en quelque sorte (d'avant Weinstein...).
Mais en ajoutant une postface nous montrant ce que tout cela est devenu. Ce qu'il en est de la piscine de Micheville... Baru nous montre la décrépitude d'une région, un horizon bouché pour une jeunesse pour laquelle les Golden 60's sont bien loin.
Nostalgique, émouvante, désabusée, pleine d'humour, cette BD a touché une corde sensible chez moi. Car Baru le fait de manière simple, avec ses pinceaux et ses mots.
"(...) Y'en avait un autre de connard, remarquez ! C'était le Galus.... Il était toujours en train de gueuler que nous, les étrangers, on venait lui bouffer son pain à lui, vrai français... Mais c'était pas vrai. Ma parole que son pain, on lui a jamais touché !!! Par contre, ses filles, on les a baisées. En plus, il était pas français, il était belge ! (...)"
BARU, La piscine de Micheville, 1985, Dargaud (p. 59).
"(...) La Nadette Galus, c'est la copine de la Marie Pacorasi. Elle est moche... mais elle baise. (...)"
BARU, La piscine de Micheville, 1985, Dargaud (p. 27).
Bref, on a fait match nul pour les dents cassés et les nez écrasés...mais on a perdu aux fractures de tibia, un a zéro.
"(...) C'est bien joli les biscoteaux, mais ça cache pas les oreilles, malheureusement ! (...)"
BARU, La piscine de Micheville, 1985, Dargaud (p. 16).
La piscine de Micheville elle est super !
Dès que le soleil pointe son nez, j'y passe des journées entières.
Je nage pas terrible, pour l'instant.... Par contre, je plonge comme un dieu !
De haut, surtout du plongeoir des 5 mêtres...
Ca paye plus côté drague...
Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.