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EAN : 9782226403162
544 pages
Albin Michel (09/05/2018)
3.66/5   115 notes
Résumé :
Tout commence par un cas. Incompréhensible et inquiétant. Une série de symptômes incohérents et d’une gravité extrême. Laurent Valensi, médecin à l’hôpital Saint-Louis, ne sait comment soigner son patient, un certain Ali Benyoussef.
Déchiré entre sa famille qui veut le protéger d’une éventuelle contamination et un chef de service sans scrupule, il se lance dans une course contre la montre. En dépit de ses doutes, et face aux menaces qui pèsent chaque jour un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre pris un peu par hasard sur le chariot des retours à la bibliothèque, parce que son titre m'a interpellée, par les temps de pandémie que nous traversons. Mais ici, pas question de covid, le roman a été écrit avant l'apparition de celui-ci et nous fait remonter en décembre 1982, moment de l'apparition en France d'une autre maladie, qui a l'heure actuelle continue hélas de faire des victimes, même si des traitements efficaces existent (mais pas de vaccin-miracle ! qui n'a d'ailleurs pas marché sur moi, malgré mes trois injections, j'écris ce billet clouée à la maison avec un bon gros covid...)
Là nous parlons du Sida, jamais désigné par ce nom mais par le terme erroné et stigmatisant de "cancer homosexuel" , ou par l'acronyme LAV dans le milieu médical.
Le héros de l'histoire est bien sûr un médecin, le docteur Laurent Valensi, un vrai surhomme qui est partout à la fois sans jamais prendre de repos ni de repas, ou presque. Pendant les quelques jours sur lesquels se déroule le roman, on va le suivre à un rythme effréné qui m'a carrément épuisée, moi qui l'était déjà avec mon propre virus ! Appelé en urgence pour un autre cas difficile (diagnostiqué en un clin d'oeil, avant même les résultats de l'échographie), il tombe par hasard sur le dossier d'Ali Benyoussef, tunisien comme lui, et qui souffre de différents symptômes difficiles à relier entre eux, ainsi que d'une déficience immunitaire. Et ce patient, malgré son état catastrophique a été invité à rentrer chez lui par le chef de service, le sadique Docteur Willot, celui-là même qui prend un malin plaisir à humilier les médecins sous ses ordres. Ni une ni deux, Laurent va prendre le patient en charge et comprendre assez rapidement que le malade est sans doute atteint du LAV. Personne à ce moment-là ne connaît les modes de transmission ni même les caractéristiques permettant de poser un diagnostic. On croit savoir que le mal touche les homosexuels et se transmet par les relations sexuelles. Mais en France, officiellement aucun cas n'a encore été déclaré, juste avant Noël cela risquerait de provoquer la panique. Pas bon pour l'économie ! Laurent va donc agir clandestinement avec l'aide d'une jeune interne, Camille, fraîchement arrivée dans le service. Elle aussi m'a subjuguée par sa maîtrise ultra-rapide des gestes techniques et son sang-froid à toute épreuve, alors qu'elle tournait de l'oeil le jour d'avant lors d'une intervention. Soit, elle s'adapte vite...
Un autre personnage va apporter son expérience à Laurent, il s'agit du "Docteur David", médecin tunisien dont le diplôme n'est pas reconnu en France (???), et qui pour rester proche du milieu médical a ouvert une épicerie à l'entrée de l'hôpital. Comme il a des liens avec la famille de Laurent, celui-ci va se tourner vers lui à maintes reprises pour trouver des réponses à ses interrogations. Là aussi, certaines situations m'ont semblé vraiment limite, niveau crédibilité...
Rajoutons encore une journaliste au physique tellement époustouflant qu'elle va presque faire succomber Laurent à ses charmes alors qu'elle cherche à glaner des renseignements sur cette nouvelle maladie dont presque personne ne veut parler, et un collègue de Laurent, Marc, séducteur invétéré qui lui n'hésite pas à tromper sa femme avec toutes celles qui ont le malheur de se trouver sur son chemin. Vous avez dit caricature ? Moi aussi ! J'ai failli oublier la famille de Laurent : sa femme Nathalie, dont la grossesse ne se passe pas très bien, et sa fille Julia, quatre ans et demi, qui supporte difficilement les absences répétées de son papa. Mais lui aussi a failli les oublier, il n'a plus de place pour elles dans son emploi du temps de fou.
Si vous m'avez suivi jusqu'ici, vous aurez sans doute compris que je n'ai pas été très convaincue par les personnages de cette histoire, trop de gesticulations parfois vaines, et pas assez de crédibilité dans les actions. Je ne veux pas donner d'exemple trop précis pour ne pas divulgâcher, mais selon vous, est-il réellement possible d'aller opérer un patient dans n'importe quel hôpital sans y travailler et sans aucune autorisation ? Ou de bouleverser totalement un planning de service d'une heure à l'autre ? J'ai des doutes...
L'histoire en elle-même est intéressante : le côté effrayant de cette maladie inconnue qu'on ne sait pas comment aborder ni de quelle façon elle se transmet est très bien rendu. Pour avoir vécu cette époque (j'avais 20 ans quand le sida a débarqué en France), je me souviens très bien de toutes les idées fausses et des préjugés qui ont circulé à l'époque, et dont la communauté gay a fait les frais, et ensuite les toxicomanes. On avait peur de s'approcher des personnes potentiellement contaminées (ça ne vous rappelle rien ?), on croyait qu'une poignée de main pouvait contaminer...
Parfois je me dis que les mentalités n'ont finalement pas tellement évolué, mais je suis peut-être pessimiste ! Et il y a sans doute eu des manoeuvres gouvernementales pour empêcher certaines infos de circuler trop vite. Donc je n'ai rien à redire sur le scénario, il est tout-à-fait plausible, et intéressant. On a aussi un peu de suspense, des rebondissements à gogo, quelques patients auxquels on aurait pu s'attacher, bref de bons ingrédients, mais la mixture finale est quand même légèrement indigeste, peut-être qu'il aurait fallu laisser reposer un peu de temps en temps ?
Il s'agissait du second roman de l'auteure, et son premier "thriller médical". N'est pas Robin Cook qui veut, surtout en début de carrière ! J'en ai tenu compte dans ma note, et comme malgré mon état de délabrement intellectuel j'ai quand même pris plaisir à cette lecture, j'en suis reconnaissante à Sarah Barukh, dont je lirai peut-être un jour les autres écrits.
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Une étrange épidémie semble se propager dans le monde entier.
"Trente-cinq nouveaux cas détectés aux Etats-Unis en quelques jour. Vingt en Angleterre."
Comment se propage cet étrange fléau ? Par l'air, le sang, la salive, les relations sexuelles ? Nul ne le sait. Comment s'en protéger dans ces conditions ?
D'autres cas se déclarent également en Afrique, et plus particulièrement au Bostwana. Un virus dévastateur qui semble croître à une vitesse exponentielle et qui laisse les médecins totalement démunis.
Les symptômes ? Ils sont variable d'un malade à un autre. Les victimes sont grandement amaigries, elles sont voûtées, brûlantes, tremblantes. Leurs diarrhées sont accompagnées d'inquiétants saignements, leurs yeux sont tâchés, des plaques rouges se forment sur leur torse, des ganglions apparaissent dans leur gorge ...
"Quelle maladie provoquait tout ça à la fois ?"
"Tous ces symptômes pouvaient être pris séparément mais il ne voyait pas le lien entre eux."
Leurs anticorps ne fonctionnent plus.
Autrement dit, ils sont tous condamnés à mort à plus ou moins brève échéance.

Encore un roman post-apocalyptique ? Un fléau que nul ne pourra enrayer comme dans le roman de Stephen King du même nom ?
A moins que les morts ne se relèvent et continuent ainsi de répandre le virus au sein de petits groupes de survivants qui tenteraient de s'organiser dans ce chaos ?
Presque.
Sauf qu'on n'est pas dans un roman fantastique ou de science-fiction.
Si je vous disais que cet étrange virus semble s'attaquer en premier lieu aux homosexuels ou aux drogués, avant de s'étendre à une plus large population ?
Si je vous parlais de LAV : le Lymphadénovirus ?
Enfin si je vous disais que le roman n'a rien de futuriste puisqu'il s'inspire de faits réels et qu'il se déroule en décembre 1982 ?
Les premiers cas du syndrome d'immunodéficience acquise, plus communément appelé Sida, continuent de se déclarer un peu partout dans le monde, y compris en France.

Donnant à son roman de vagues allures de thriller médical ( bon, on n'est pas non plus dans un Robin Cook ), Sarah Barukh nous entraîne dans cette période trouble de l'histoire. L'un de ces premiers cas français s'appelle Ali Benyoussef. Il est suivi depuis quelques mois déjà à l'hôpital Saint Louis de Paris mais en toute connaissance de cause, son praticien lui a pourtant diagnostiqué un simple ( si j'ose dire ) lymphome. Son dossier médical est minutieusement caché, son nom n'apparaît nulle part sur les registres. L'hôpital, sous couvert du ministère de la santé, souhaite à tout prix cacher ce cas zéro pour ne pas affoler la population. Il ne paraît pas souhaitable d'informer la population de l'hexagone que l'épidémie a fini par atteindre leurs frontières.
Quant aux différents médecins qui se rendront compte que ce patient souffre de maux bien plus sévères encore, qu'il a bel et bien tout les symptômes de cette maladie encore inconnue et impossible à soigner, on s'assurera de leur silence.
Pourquoi tant de manigances et de secrets ?
Qu'est-ce qui peut bien réellement motiver ce culte du non-dit, y compris dans les plus hautes sphères politiques ?
"Vous n'avez que votre vocation en tête. C'est une obsession ! Guérir, soigner ... Mais vous ne réfléchissez jamais aux enjeux derrière, et vous piégez la société en croyant la secourir."
Un peu d'action est donc au rendez-vous, puisque tous les praticiens qui oseront s'approcher du patient se mettront en danger non seulement physiquement mais également en défiant ainsi les plus hautes autorités.

Au casting de cette nouvelle série hospitalière, nous retrouvons pour personnage principal un médecin d'origine tunisienne : Laurent Valensi. Impliqué dans la vie de l'hôpital et de ses patients, il est particulièrement humain. Prêt à se battre quand le fléau se déclarera, il tentera de conserver son sang-froid malgré les nombreux risques de contamination. Marié et père d'une petite fille, il ne consacre pourtant pas assez de temps à sa famille, voué corps et âme à son statut de chef de clinique. C'est le gentil médecin par excellence, tout en abnégation.
Marc est récemment devenu l'ami de Laurent, et il sera un allié de choix dans le combat qu'ils vont mener. Chirurgien, Marc est également le coureur de jupons de l'hôpital. Bien que marié, il multiplie les aventures avec une grande partie de la gent féminine de Saint Louis.
Camille est une jeune interne, particulièrement dégourdie et impliquée elle aussi dans les soins qu'il faut prodiguer à Ali Benyoussef. Sans doute faut-il également que je signale que ses courbes sont particulièrement voluptueuses, vu le nombre de fois où il y est fait référence.
Gabriella Moraes est quant à elle une journaliste prête à tout pour que la vérité éclate et soit enfin médiatisée. Elle est également une femme dont le physique avantageux est particulièrement mis en avant. Laurent a bien du mal à détacher ses yeux de sa silhouette.
"Laurent aurait pu la regarder des heures, contempler chacun de ses traits, leur équilibre parfait."
En plus de quelques personnages secondaires qui apportent leur pierre à l'édifice, nous avons l'exécrable docteur Willot ( "Pour lui, les malades passaient après leur maladie." ), et le super méchant directeur d'hôpital, qui ne calcule qu'en fonction de ses propres profits.
Donc des personnages assez manichéens et stéréotypés qui vous dictent ce qui est bien et ce qui est mal et auxquels j'ai personnellement eu du mal à croire, trop beaux pour être attachants.
Même si certains nous offrent quand même des passages assez émouvants, l'ensemble demeure assez convenu.

Reste à évoquer le fameux Ali Benyoussef. Sa personnalité est à peine esquissée. Mais au-delà il s'agit de tout un symbole. Il est donc l'une des premières victimes françaises de ce que les médias appelleront à tort le cancer homosexuel. A travers ce personnage condamné à mort par le virus contracté, traité comme un chien galeux, se posent de multiples questions.
A commencer par celle de l'acharnement thérapeutique. Quoi qu'il arrive, ses jours sont comptés, et il souffre. Jusqu'où les médecins doivent-ils aller pour prolonger son existence de quelques jours, peut-être quelques semaines ? Quelle est la limite entre le soulagement provisoire et l'obstination inutile ?
Ensuite, il est déjà facile de discriminer un arabe homosexuel de nos jours, alors imaginez les débordements susceptibles d'apparaître plus de trente années plus tôt. Si un tel paria est condamné à mort, il facile de prendre un raccourci et d'évoquer un châtiment divin, cela ne peut que donner du grain à moudre à tous les racistes, les homophobes, sans compter l'église qui condamne ces relations contre-nature.
"Cette saloperie va être un prétexte pour déverser les pires horreurs, justifier les opinions les plus dégueulasses ..."
Et bien sûr, le roman explique les réactions des médecins face aux premiers cas d'une maladie à laquelle ils ne sont pas du tout préparés, qu'ils ne peuvent pas diagnostiquer, dont ils savent qu'elle est transmissible mais sans avoir aucune idée du mode de propagation. Pour certains, la réaction première est la fuite, pour ne surtout pas risquer de s'exposer à une maladie mortelle.
Alors comment s'y prendre pour soigner ce patient zéro sans prendre de risques ? C'est impossible puisque nul ne sait avec certitude d'où émane le danger. Faut-il mettre l'hôpital en quarantaine pour contenir la contagion ?
"Plutôt que d'isoler le service, on isolait le malade."
Et cet aspect du roman est extrêmement bien rendu en revanche. Cette peur d'une menace dont on ne savait alors rien a ce petit côté futuriste quand même, comme une attaque bioterroriste. Est-ce que les soigneurs les plus intrépides qui veulent coûte que coûte défendre le serment d'Hippocrate ne vont pas eux-mêmes attraper ce fameux LAV et le transmettre à leurs collègues, à leur famille ? Sont-ils courageux ou inconscients ? Quelle sont les bons gestes, quelle attitude avoir face à une maladie dévastatrice qui n'est pas encore reconnue ?
"Etre face au premier cas français d'une telle épidémie faisait peur."
Y a-t-il seulement une bonne réponse ?

Bien d'autres sujets brûlants sont également évoqués.
Il est beaucoup question de la religion juive, notamment au travers du frère aîné de Laurent qui s'est converti au judaïsme à la mort de ses parents.
" Y a pas d'homosexuels chez les juifs, c'est péché !"
Au travers du docteur David, éminent chirurgien d'origine tunisienne et qui a perdu en France toute possibilité d'exercer son premier métier se pose aussi la question de l'équivalence des diplômes et des capacités professionnelles, rarement reconnus d'un pays à l'autre.
Et puis on ne peut que constater que les problèmes des médecins d'hier sont les mêmes que ceux d'aujourd'hui. Comment annoncer à un patient qu'il va mourir ? Comment expliquer certaines morts accidentelles sur la table d'opération ? Comment concilier un métier avec de tels horaires et de telles responsabilités avec une vie de famille stable ? Comment être assez présent pour ses enfants ?

Je n'ai étrangement pas du tout eu l'impression de me plonger dans le passé. Je n'avais pas encore sept ans quand les premiers cas de sida ont été déclarés dans l'Hexagone et si je me souviens vaguement des premiers ravages de cette maladie mortelle, je m'intéressais davantage aux playmobils qu'à l'apparition de ce virus. Mais rien dans ma lecture ne m'a vraiment ramené dans les années 80, j'ai eu l'impression de lire une histoire de pandémie qui pourrait tout aussi bien se dérouler de nos jours, puisqu'aujourd'hui encore, je pense, les même questions et les mêmes enjeux se poseraient.
D'autant plus que les mots auxquels nous associons souvent ce virus sont tous absents du roman : Il n'est jamais question de sida, de séropositivité ou de VIH ... Ces mots n'existaient pas encore à la naissance de l'épidémie et toute la profession médicale était dans un flou quasi-total. Alors finalement, cette maladie ou une autre ... En 1982 ou en 2018 ... Je ne suis pas sûr que ça fasse une si grande différence.
Et il n'est pas impossible d'être confronté prochainement à une nouvelle sorte de virus d'une ampleur encore plus considérable.

Un dernier mot sur l'écriture pour dire que je n'ai pas trouvé la moindre originalité au style de Sarah Barukh, mais pour autant la lecture demeure très accessible. le jargon médical reste en retrait, ce qui rend la succession d'évènements intelligible sans avoir trop d'explications scientifiques incompréhensibles comme c'est parfois le cas dans ce type de roman.
Et il faut avouer qu'on ne voit pas passer les 540 pages, de nouveaux moments forts parvenant toujours à relancer notre intérêt.

Merci aux éditions Albin Michel et à l'opération masse critique privilégiée pour cette lecture en dents de scie. Même si l'idée de départ est excellente, riche en réflexions et parfois en émotions ; même s'il a été possible de broder autour d'un évènement réel une histoire terrifiante et pourtant plutôt crédible ; je n'ai pas été séduit d'un bout à l'autre, en particulier par les personnages manquant trop souvent de réalisme ou d'ambiguïté, une écriture trop quelconque, et un aspect trop manichéen, trop rempli de clichés, qui m'a parfois irrité.
Bien qu'ayant déjà lu des thrillers médicaux ( je songe notamment à l'excellent Mort clinique de F. Paul Wilson ), je suis un peu sorti de ma zone de confort avec ce roman, et il lui manque ce petit quelque chose qui fait vraiment la différence.


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Si certaines critiques coulent avec évidence sous la pointe de mon stylo, d'autres s'écrivent de manière plus hésitante. C'est le cas de celle-ci, parce que ce livre ne m'a ni particulièrement enthousiasmé, ni réellement déçu, sans que je puisse dire exactement pourquoi. Je vais néanmoins essayer...

L'auteure a imaginé un thriller médical sur fond d'apparition du sida (appelé LAV en 1982, année clef de l'histoire). Si le terme « médical » est tout à fait approprié quand le récit décrit les difficultés qu'un médecin peut éprouver à établir un diagnostic nouveau ainsi qu'à trouver ensuite un traitement adapté... le mot « thriller » ne définit, à mon avis, pas vraiment ce roman. L'intrigue, dénonçant la corruption des administrateurs de l'hôpital et autres autorités sanitaires, est mince, le suspens absent, les péripéties survenant à la fin plutôt invraisemblables.
C'est davantage une fiction rendant hommage au corps médical en général et à un médecin en particulier. Ce dernier se nomme Laurent Valensi, chef de clinique de médecine interne à l'hôpital Saint-Louis, juif tunisien, issu d'un milieu très modeste. Interniste doué, passionné par son métier et altruiste à un point qu'il en néglige sa femme et sa fille.
Mais est-ce que tant d'abnégation mérite de mettre un homme sur un tel piédestal comme S. Barukh (dont le père était médecin) semble le faire ici ?

Or, Laurent Valensi n'est pas seulement le diagnosticien qui veut se battre à tout prix pour un patient en fin de vie, c'est aussi un homme qui se raconte. Il s'étale sur la mort de ses parents, les relations avec ses frères, son cheminement jusqu'au serment d'Hippocrate, le racisme, la culpabilité qu'il ressent... et j'avoue que ses (trop nombreuses) tergiversations et ses états d'âme, alourdissant et éparpillant l'histoire, m'ont parfois agacé.

Mais ce texte, d'une fluidité naturelle, très compréhensible au niveau de la terminologie médicale et émaillé de beaucoup de dialogues, reste avant tout un récit imprégné d'allocentrisme, de dévouement et de sensibilité... et c'est ce dont je veux me souvenir.

Je remercie la MC privilégiée de Babelio et les éditions Albin Michel.
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Pourquoi je l'ai lu ?


Lorsque Babelio m'a proposé de recevoir le cas zéro dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, Je n'ai pas hésité une seconde. En effet, j'ai eu, l'année dernière, un coup de coeur si puissant pour Elle voulait marcher tout droit, que j'avais hâte de découvrir le nouveau livre de Sarah Barukh. Quand j'ai lu son premier roman, je n'écrivais encore pas de chroniques, cependant, je peux vous dire que c'est un livre qui m'a bouleversée et que j'ai adoré. Il fait partie des livres que j'emmènerais sur une île déserte.😍


Mais, au moment de commencer la Lecture, j'ai eu une petite appréhension. Comme le cas zéro est présenté comme un thriller médical, ce qui veut dire un genre complètement différent d' Elle voulait juste marcher tout droit, j'ai eu peur de ne pas retrouver ce qui m'avait transportée dans ce magnifique roman. Pourtant, ma curiosité était très aiguisée…


Mon avis


Quelle pression pour réussir à vous faire passer tout ce que j'ai ressenti avec ce roman ! Je ne ressors pas indemne de cette lecture. Je suis complètement bouleversée. Je vais tenter de vous donner les raisons.


Tout d'abord, ce livre est un véritable page-turner. L'histoire est très rythmée, que ce soit au niveau de l'aspect médical, de la vie familiale du personnage principal, Laurent Valensi, de sa course contre la montre pour soigner son patient, des menaces qui pèsent sur lui. C'est un livre que l'on reprend dès que l'on en a la possibilité, qu'on ne peut pas lâcher. Il n'y a pas un moment d'ennui, les événements s'enchaînent, j'ai été à bout de souffle, tant j'étais happée par le suspense.


Ensuite, le sujet me parle énormément. C'est très osé de la part de l'auteure d'avoir parlé du HIV, en partant des prémices de l'épidémie. Je suis née en 1977, j'ai donc vécu mon adolescence avec la peur du sida. Mais on savait comment la contamination s'effectuait, même s'il y avait encore des fausses idées et des préjugés qui circulaient. Lorsque Laurent rencontre Ali Benyoussef et qu'il soupçonne qu'il pourrait être atteint du LAV, appelé également « le cancer des homosexuels », il ne sait pas quelles sont les précautions à prendre.


De plus, les autorités sont-elles prêtes à créer une psychose en France ?


Le cas zéro est aussi une histoire d'humains. J'ai ressenti dans ma chair la détresse des soignants qui sont en première ligne. Ils sont désemparés face aux souffrances des malades. le mode de transmission n'étant pas connu, quels sont les risques pour eux-mêmes ou pour leurs proches ? Ce livre m'a fait énormément réfléchir sur les conséquences qu'une telle maladie peut provoquer pour les malades, mais aussi dans la vie des médecins. Quels risques encourus pour eux et leurs proches ?


Cependant, tout le monde n'est pas prêt à ce que le cas d' Ali Benyoussef soit connu. Il ne faut pas effrayer les Français. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au scandale actuel de la maladie de Lyme, que certains soignants dénonçaient déjà il y a trente ans.
Dans ce suspense, certains sont prêts à tout pour cacher la maladie. La confrontation entre le serment d'Hippocrate et l'argent est très bien rendue.
Ali Benyoussef est considéré comme un pestiféré par certains. J'ai été bouleversée par le traitement infligé à cet homme.


Enfin, certains personnages m'ont énormément touchée. Laurent, ce médecin qui se bat contre plus fort que lui. L'auteur dépeint son enfance, son adolescence, sa vie. Je me suis énormément attachée à lui, mais aussi à sa petite fille. Je vous invite aussi à découvrir le Docteur David, Camille, etc. Vous aurez deviné que d'autres personnages sont révoltants. Mais il y en a aussi, pour lesquels on ressent que la peur les dirige. Il ne faut pas oublier le contexte : une maladie mortelle dont on ne connaît rien, on ne sait même pas le mode de transmission.


Conclusion


Le deuxième livre de l'auteure a tenu, en ce qui me concerne, ses promesses. J'ai eu un immense coup de coeur pour le cas zéro. J'ai été tenue en haleine, j'ai été bouleversée, j'ai pleuré, j'ai énormément réfléchi, j'ai été scandalisée, j'ai eu peur. J'ai analysé le comportement de chacun en tenant compte du contexte. J'ai souhaité que Laurent fasse certains gestes et en même temps, je ne le voulais pas. J'étais tiraillée, je me suis questionnée, bref, j'ai lu ce livre avec mes tripes. Je suis KO.


Pour la deuxième fois, un livre de Sarah Barukh m'a submergée et je pense qu'il va rester en moi, comme Elle voulait marcher tout droit. J'ai terminé ma chronique et pourtant, je n'arrive pas à sortir de l'histoire.


Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Albin Michel pour cet envoi.

Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Le cas zéro de Sarah Barukh m'a été envoyé par les éditions Albin Michel et Babelio, dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Le cas zéro est un thriller médical se déroulant en France, sur une courte période : du mercredi 15 décembre 1982 au mardi 21 décembre 1982.
Période courte mais très mouvementée pour Laurent Valensi, médecin à l'hôpital Saint-Louis.
Nous sommes donc en 1982, un nouveau cancer a été découvert, surnommé... le cancer gay. Son vrai nom est le LAV et ce n'est pas un cancer, mais un virus. Officiellement, ce virus n'est pas encore arrivé en France, toutefois de nombreux cas sont recensés dans le monde entier..
Laurent Valensi, ignore que le virus fait déjà des ravages en France mais il va le découvrir en soignant un mystérieux patient qui n'a pas de dossier officiel dans l'hôpital : Monsieur Ali Benyoussef.
Laurent va faire face à la dure vérité : le virus est mal venu en France... Et il va devoir faire avec les menaces, qui le mettront en danger lui, mais aussi sa famille...
Le cas zéro est un thriller médical captivant, qui se déroule au moment de l'arrivée du SIDA en France.
Il n'y a pas de dossiers cachés, l'auteure n'a pas utilisé le mot SIDA mais LAV ; toutefois il y a de fortes ressemblances entre la fiction et la réalité :)
On sent qu'elle s'est renseigné, elle était jeune mais se souvient de cette peur à l'arrivée du virus. Elle avait des médecins dans son entourage et je pense qu'elle a bien retranscrit la panique à l'arrivée du virus en France (et dans le monde entier).
Je n'ai pas eu de coup de coeur, mais j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Je recommande vivement ce roman pour les amateurs de thrillers médicaux et je mets quatre étoiles :)
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il expliqua qu'il pratiquait le karaté à un haut niveau.
Il apprit à Laurent qu'en japonais kara signifie "vide".
- Il faut le comprendre dans le sens bouddhique de vacuité. Et "té", c'est la main. L'art du karaté, c'est littéralement une technique où le corps joue de la vacuité.
Laurent regardait Lecat, médusé. Il ne s'était jamais intéressé aux sports ni aux arts martiaux. Lecat en parlait avec une telle profondeur que Laurent comprenait que derrière l'effort physique se cachait une véritable spiritualité. C'était cette spiritualité qui habitait le médecin et lui conférait une telle aura.
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Que devait-il faire ? Alerter Willot ? Mais si c'était lui le responsable ? En parler aux autres chirurgiens ? Mais il n'était sûr de rien et il attirerait les doutes sur lui. Ses mains devinrent moites. Il fixait les boîtes d'archives hébété. L'hôpital était tout ce en quoi il croyait et avait toujours cru. Il n'avait aucune preuve, mais au fond de lui, il se sentait trahi. Quelqu'un essaya d'ouvrir la porte. Il sursauta.
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En réalité, il avait mis ses désirs de côté au profit d'une vie d'époux et de père. Il ne le regrettait pas. La plupart du temps... Dans les moments difficiles (...), il se mettait à rêver que quelqu'un renverserait tout, donnerait un coup de pied dans cette vie parfois trop prévisible.
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Au moment où il avait prêté serment à la fin de sa thèse, il n’avait pas hésité. Il lui semblait naturel de soigner n’importe quel malade qui se présenterait à lui. Il n’avait pas mesuré l’envers de la médaille. Ce pacte pouvait s’avérer diabolique. Aujourd’hui, il se sentait au bord d’un précipice : renoncer à sa vocation ou mettre sa famille en danger. Ensemble, ces options étaient impossibles, pourtant, tôt ou tard, il faudrait renoncer à une partie de lui-même. Survivre en n’étant qu’à moitié vivant ou prendre le risque de mourir et tuer les siens ? La douleur sous son crâne devenait insoutenable.
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Le plus difficile pour Laurent, c'était de recevoir tous ces patients qui venaient pour combler leur solitude. Ils s'inventaient des symptômes pour rencontrer un médecin qui s'intéresse à eux. Combien d'hommes et de femmes avaient prétexté un mal de ventre, finissant par éclater en sanglants en expliquant que leur conjoint venait de les quitter ? Il fallait les prendre en charge, les écouter, leur prescrire du paracétamol et du sommeil, rien de médical en somme, mais ils ne repartaient pas sans ordonnance, preuve que leur chagrin était réel.
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