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Éric Weissberge (Traducteur)Anthony Burgess (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859409371
224 pages
Phébus (01/10/2003)
3.91/5   33 notes
Résumé :
Anthony Burgess, préfacier du livre, n'y va pas par quatre chemins " L'un des plus grands romans humoristiques du siècle."
Et l'on s'étonne de ce que cet opuscule singulier, objet de culte pour un large fan - club de lecteurs répartis d'un bout à l'autre de la planète, soit resté inédit en français jusqu'à ce jour. L'auteur, il est vrai, n'avait guère poussé à la diffusion de son texte (paru d'abord anonymement et très discrètement en 1924). Ce n'est qu'après... >Voir plus
Que lire après Augustus CarpVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Angleterre, début du XXème siècle. Augustus Carp est l'antithèse de ce que l'on pourrait considérer comme un parfait gentilhomme : prétentieux, fat, suffisant, phallocrate, aucun adjectif ne manque à son actif d'homme à claquer, pour le plus grand plaisir du lecteur puisque notre héros a décidé de nous confier rien moins que sa brillante autobiographie.

****************

Un livre trouvé par hasard dans la librairie Delamain. Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, dans ce cas là, qu'est-ce qui motive ? le titre ? Assurément. le nom de l'auteur ? Inconnu. La couverture ? Nenni. Allons avoue ! Ce livre est mince, oui, mais aussi, je lis en 4ème de couverture l'expression "Tout à fait réjouissant." Et c'est ce qui me fait l'emporter.

Depuis les pièces de théâtre de Molière, je n'ai jamais lu un livre de ce genre : où le héros est une sorte de Tartuffe, bourré de principes, engoncé dans une vertigineuse capacité à ne rien faire d'héroïque. Je confirme, c'est une histoire tout à fait réjouissante, qui m'a d'ailleurs fait rire à maintes reprises.

L'auteur est d'une imagination sans bornes pour ce qui consiste à faire passer notre héros pour un balourd, au propre comme au figuré puisque ce cher Augustus est légèrement enveloppé. En tout cas, pour un gars à qui il faudra bien tôt ou tard donner une belle leçon.

Augustus Carp est un énergumène qui s'évertue à réprimer les besoins de ses semblables qui désirent boire, fumer, danser : le soir venu, il passe son temps à distribuer des tacts et distiller le voeu d'abstinence. Il est une sorte d'oeuvre condensée de ce que je supporte pas : imbu de lui même, il traite sa mère comme une "bonne à tout faire" et ne semble respecter que ses propres béatitudes. le contraire du personnage de John Irving dans Une prière pour Owen. Je me suis bien amusée lorsqu'il se prend une cuite mémorable avec l'aide de la régalade portugaise (du Porto) fournie en belle quantité par une implacable Nemesis. Car bien sûr, il y a un retour de bâton, sinon le comique serait beaucoup moins réussi.

Mention spéciale et particulière au traducteur qui nous plonge avec délices dans cette superbe pantalonnade en utilisant tout ce qu'il faut pour nous faire oublier notre incapacité à lire en VO ; pour ma part, je n'ai pas vu de maladroites répétitions (que je traque sans pitié).

Mon passage préféré, qui m'a presque fait pisser de rire car je sais me (re)tenir :
...j'étais loin de penser, alors que je tâtonnais pour trouver la porte, que je n'avais pas encore abordé la dernière station de mon chemin de croix. Car, à peine arrivé à la grille du jardin de Mon repos, plutôt en meilleure forme que je ne l'escomptais, j'aperçus un tramway, surchargé à la limite de sa capacité légale, qui s'en approchait en cahotant sur les rails. Un seul coup d'oeil au véhicule gorgé de femelles et dont les flancs étaient distendus par les bagages suffit à me paralyser d'horreur, quoique moins pour mon compte personnel que pour celui de mon père, qui était debout sur le pas de la porte, pétrifié. Il poussa un cri du pathos le plus extrême et, tandis que les huits soeurs de ma mère mettaient pied à terre, tomba à plat ventre sur l'allée du jardin pour ne plus jamais se relever.
C'en était trop pour moi aussi. Ebranlé au plus profond de mes fondations intimes, je tournai le dos à cette marée inexorable de femelles parlant gaélique et m'effondrai au côté de mon père, mais tête-bêche. (p.205 - Où les 8 tantes que son père avait exilées au pays de Galle, reviennent à Londres)
Avouons le : voilà ce qui s'appelle le comique de situation, ou encore la deadpan comedy -in english in the text. Un mot sur l'auteur mystérieux (dont j'ai eu un mal fou à trouver une photo) : Sir Henry Howarth Bashford (1880-1961) était avant tout médecin, et publia anonymement ce roman satirique qui brosse avec une jubilatoire férocité la mentalité de ses contemporains. Tout ceci ne peut que me le rendre encore plus sympatique !
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Nous sommes à Londres, certainement au tout début du XXe siècle. Augustus Carp est le digne fils de son père. Comme lui, il s'appelle Augustus. Comme lui, il a une certaine tendance à l'embonpoint et le teint vif. Et surtout, comme lui, c'est un personnage parfaitement ridicule. Ils sont tous deux l'incarnation du petit-bourgeois anglais puritain, étroit d'esprit et imbu de lui-même. Ils se font un devoir de pourfendre le péché sous quelque forme qu'il se manifeste, et certes les occasions ne leur manquent pas.
La page de titre du livre s'intitule : Augustus Carp Esq. par lui-même ou l'autobiographie d'un authentique honnête homme. Il s'agit en effet des mémoires d'Augustus fils (qui a alors 47 ans) dans le but d'édifier le lecteur. Il commence d'ailleurs ainsi : « Dans un âge où toutes les règles de la bienséance sont soit bafouées, soit menacées de destruction, […] c'est à l'évidence une tâche indispensable que d'offrir au monde quelque exemple d'élévation. » Toute occasion de plaisir ou de divertissement sont proscrits, il rejette tabac, alcool, sexe, théâtre et danse. Or, tout en combattant le « vice » chez les autres, Augustus père et fils se révèlent eux-mêmes mesquins, hypocrites, vaniteux, avares, bêtes et méchants, et se comportent en parasites. Ils n'hésitent pas user de la délation et du chantage, et pour des broutilles se lancent dans des procédures judiciaires longues et compliquées. Ils sont incapables de la moindre compassion et, pour couronner le tout, ils traitent leur épouse et mère comme une domestique. Ils accomplissent leurs méfaits en toute bonne conscience, convaincus qu'ils sont de la justesse de leurs actions. Cela ne va pas bien sûr sans quelques mésaventures. Et s'il arrive que les victimes de leur zèle moralisateur se rebiffent ou se vengent, ils n'y voient qu'ingratitude ou malveillance.
Cette tartufferie étalée de bonne foi est du plus grand effet comique. Tout comme le style ampoulé, pédant, adopté par le narrateur/mémorialiste. Augustus use et abuse de tournures de phrases alambiquées pour exprimer ce qui pourrait l'être en quelques mots. Ou de l'art de couper les cheveux en quatre, révélant la pudibonderie excessive d'Augustus. L'humour survient aussi lorsqu'il rapporte des propos ou des attitudes ironiques, voire franchement moqueurs à son endroit, mais que, dans son insondable bêtise, il ne perçoit pas comme tels.
La préface nous apprend que ce type d'humour « se situe dans la tradition nationale du flegme et de l'humour pince-sans-rire, la deadpan comedy (ou « comédie de marbre »). Son auteur, Sir Henry H. Bashford (1880-1961), était entres autres médecin du roi George VI. On peut supposer qu'il a eu maintes fois l'occasion de rencontrer ce type de personnages, parangons de vertu « à la Augustus Carp ». le livre a été publié anonymement en 1924 et ignoré par la critique, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir de nombreux admirateurs dans tout le monde anglo-saxon. Alors merci aux éditions Phébus de nous permettre de découvrir ce petit chef-d'oeuvre d'humour, so british.


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Toute la morgue et l'hypocrisie des biens pensants, réfugiés derrière leur missel et leur tabernacle de forfanterie.

Médecin royal, qui, avec une précision chirurgicale opère une véritable petite incision dans un univers bien souvent retranché derrière les cicatrices des autres; ceux du mal, de la perversion.

Pas la leur, ce cher Augustus n'a de cesse de nous le rappeler, dans sa médiocrité de pédant et cette arrogance de parvenu complétement déplacé dans une société qui n'est pas sienne et qui ne veut de lui.

A lire pour se détendre de ces petites lâchetés quotidiennes qui, régulièrement, viennent polluer nos tranquillités.
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Augustus Carp est le parfait connard, le comble de la bienpensance, la démesure puritaine, le bigot puant et méchant.

Mais Augustus Carp, en écrivant sa biographie, est bien le seul à ne pas s'apercevoir que sa malveillance pudibonde fait de lui le « con suprême » de la petite bourgeoise bigote (il a depuis été détrôné par Donal Trump).

Il met, grâce à la bonne éducation de son père, sa mère en esclavage, qui va jusqu'à lui ôter les chaussures le soir quand il rentre – oui mais les femmes sont là pour servir l'homme.

Il fait du chantage à une femme adultère pour obtenir du travail auprès de son mari – oui mais elle est adultère, avec le frère du dit mari qui plus est!

Il fait renvoyer de son emploi un homme ivre, père de trois enfants, dont la femme est handicapée, et lui vole son poste de chef de magasin – oui mais il était ivre, et sur la voie publique!

Tout ceci sous couvert d'une foi infaillible, autoproclamé rédempteur des masses, sauveur des âmes perdues dans une société de plus en plus corrompue par les vices du tabac, de l'alcool, du théâtre, du sexe et du juron.

____

Ce roman emprunte tous les codes de l'autobiographie afin de faire une critique acerbe de la petite bourgeoisie qui entoure l'auteur à cette époque. Sauf que cet auteur, n'est autre que le médecin personnel du roi Georges VI. Il sera même fait lord par la reine d'Angleterre!

C'est son unique oeuvre, écrite sous un nom d'emprunt. Il faudra attendre 1965, après sa mort, pour que sa fille révèle l'identité de cet humoriste caché.

Les anglais se sont arrachés ce livre: il est encore aujourd'hui une référence en matière d'humour anglais et de critique de la bourgeoisie bien-pensante.

____

Même si ce ne fut pas une lecture aisée compte tenu du délicieux niveau de langue de cette époque, je me suis régalée de cette satyre, délectée de cet hypocrite pudibond et grâce au challenge « Varions les éditions » je découvre une pure pépite, ou une pépite pure!

Bravo L'arbre vengeur pour cette édition!
Lien : https://carpentersracontent...
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Paru anonymement en 1924 (il faudra attendre 1961 pour apprendre que son auteur était l'un des médecins du roi George VI), ce court roman de 213 pages (de facture très victorienne malgré sa date de parution) est un chef-d'oeuvre d'humour ou, comme le dit fort justement Frédéric Vitoux de l'Académie française, un sommet « de férocité, d'incandescence satirique » (servi, en outre, par une langue de toute beauté). En plus de quarante ans de lecture assidue, je ne suis que très rarement tombé sur un roman aussi réjouissant que celui-ci. Qu'il me suffise de dire pour vous encourager à courir ventre à terre vers la librairie la plus proche de votre domicile qu'Augustus Carp, le personnage principal de ce bijou injustement oublié, est l'ancêtre direct du très pompeux Ignatius J. Reilly. La filiation est si évidente que je serais prêt à parier que John Kennedy Toole a lu et relu Augustus Carp avant de se lancer dans la rédaction de la Conjuration des imbéciles.
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critiques presse (1)
Actualitte
16 mai 2017
L’un des livres les plus drôles qui soient, heureusement exhumé par l’Arbre Vengeur.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'entrée de la femme de chambre au physique agréable, j'ai plaisir à le reconnaître, fut pour moi bienvenue. Quoique ce ne fut qu'une domestique, j'avais déjà découvert en elle quelques une des qualités féminines les plus désirables et je suis heureux de pouvoir rapporter que, dans un moment d'anxiété aiguë, elle a joué un rôle modeste mais non sans mérite.
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...j'étais loin de penser, alors que je tâtonnais pour trouver la porte, que je n'avais pas encore abordé la dernière station de mon chemin de croix. Car, à peine arrivé à la grille du jardin de Mon repos, plutôt en meilleure forme que je ne l'escomptais, j'aperçus un tramway, surchargé à la limite de sa capacité légale, qui s'en approchait en cahotant sur les rails. Un seul coup d'oeil au véhicule gorgé de femelles et dont les flancs étaient distendus par les bagages suffit à me paralyser d'horreur, quoique moins pour mon compte personnel que pour celui de mon père, qui était debout sur le pas de la porte, pétrifié. Il poussa un cri du pathos le plus extrême et, tandis que les huits soeurs de ma mère mettaient pied à terre, tomba à plat ventre sur l'allée du jardin pour ne plus jamais se relever.
C'en était trop pour moi aussi. Ebranlé au plus profond de mes fondations intimes, je tournai le dos à cette marée inexorable de femelles parlant gaélique et m'effondrai au côté de mon père, mais tête-bêche.
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Mais nous n'étions pas confinés à des distractions terrestres au bord de la mer et nous adonnions fréquemment, pendant peut-être un quart d'heure, à la pratique délicieuse de l'immersion pédestre. Le développement intégral de l'art natatoire nous était, bien sûr, totalement interdit pour raisons médicales ; nous trouvions néanmoins cette occupation fort hilarante et même des plus excitantes. Et je me souviens qu'au moins en deux occasions, par inadvertance passagère, nos pantalons retroussés furent partiellement submergés. Une vive retraite à la maison, toutefois, ainsi qu'une tasse de lait chaud et un prompt alitement suffirent dans chaque cas à nous prémunir contre toute suite fâcheuse. (p.63 - où, pour éviter d'attraper un rhume, Augustus Carp et son père courent se mettre au lit après avoir pris un bain de pieds !
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C'est l'usage, ai-je remarqué, lorsque l'on publie une autobiographie, de la faire précéder d'une manière de justification. Mais il y a des époques, et la nôtre en est une, assurément, où cela s'avère manifestement inutile. Dans un âge où toutes les règles de la décence sont soit bafouées, soit menacées de destruction, où la presse, quotidiennement, rapporte des scènes de violence, de divorce et de pyromanie, où de très jeunes filles fument des cigarettes et même parfois, m’assure-t-on, des cigares, où des femmes mures, mères de malheureux enfants, pénètrent dans la mer en costume de bain une pièce, où des hommes mariés, des chefs de famille, préfèrent le papillotement du cinématographe aux paraboles des apôtres, c'est à l'évidence une tâche indispensable que d'offrir au monde quelque exemple d'élévation.
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Ses formes menaçantes, abondamment développées au-dessus et au-dessous de la ceinture, ses traits empreints d'une sotte et fallacieuse gaité, une complexion somme toute pas désagréable suffirent pour un temps à en imposer à ma mère.
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