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EAN : 9791021013711
312 pages
Tallandier (28/02/2019)
3/5   4 notes
Résumé :
On imagine volontiers que l’Église, depuis ses origines, est une, catholique (universelle), apostolique (organisée par les apôtres de Jésus) et romaine (sous l’autorité de l’évêque de Rome), que les Églises orientales sont restées indépendantes pour des raisons intellectuelles ou historiques, que le culte a toujours été rendu de la même manière et le dogme fixé de toute éternité. Essaimage, dissidences et persécutions n’auraient-ils donc changé en rien le devenir de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une monographie sur l'évolution, du Ier au Ve siècle, des communautés chrétiennes qui formeront peu à peu l'Eglise catholique. Un ouvrage au style fluide et au contenu remarquablement accessible, mais sans doute trop détaillé pour ceux qui, comme moi, ne cherchent qu'à survoler le sujet pour leur culture générale.

Une fois n'est pas coutume, je ne m'étendrai pas sur ce livre, préférant vous renvoyer vers l'excellent commentaire posté par Bigmammy le 4 juin 2020, sans moi-même attribuer de note. En effet, je confirme tout les qualités mentionnées dans ce commentaire. Marie-Françoise Baslez parvient à présenter le résultat de ses recherches dans un texte qui, contrairement à d'autres ouvrages académiques, n'est rebutant ni par son style ni par son contenu; il est accessible à tous. Néanmoins, je ne demandais pas tant de détails et j'aurais aimé couvrir une période plus longue. Bref, je n'avais pas sélectionné le bon livre je n'ai pas été suffisamment attentif durant ma lecture que pour rédiger un commentaire significatif que, pour ne rien arranger, j'ai reporté de nombreux mois.

Grand bavard, je citerai tout de même deux points qui m'ont frappé dans ma lecture. le premier concerne les « réseaux ». Marie-Françoise Baslez explique qu'à l'origine, les communautés chrétiennes se limitaient à des maisonnées. Et j'ai été frappé que cette petites communautés se sont fédérées grâce aux… réseaux ! Avec les moyens de l'époque, pas de Facebook, mais des lettres, telles que celles que l'on trouve dans le Nouveau testament (je n'avais jamais réalisé le rôle de ces lettres). Et comme on ferme maintenant l'accès d'une page Facebook à ceux que l'on ne considère plus comme « amis », on excluait à l'époque certaines communautés des chaînes de communication.

L'autre point qui m'a frappé, ce sont les différences de dogmes qui ont séparé les communautés. En fait, j'ai une impression, que je voudrais creuser pour en estimer la valeur: mon impression est que ces questions de dogme sont des des questions d'intellectuels qui passent bien au-dessus de la tête des fidèles. Encore maintenant, les dogmes catholiques, comme par exemple la Sainte Trinité, m'apparaissent comme des mystères dont je peine à comprendre comment ils obtiennent l'adhésion de tant de fidèles; même chose pour de nombreux sermons que j'ai entendus dans ma jeunesse en accompagnant mes parents: ils sonnaient dans mes oreilles comme des formules magiques dépourvues de sens pour guider les fidèles dans leur vie de tous les jours. Je suis curieux d'apprendre comment le message religieux original prêché par Jésus s'est transformé pour devenir le dogme catholique actuel. Il suffirait que j'ouvre le bon livre et que je prenne le temps de le lire attentivement. Un jour, sans doute, je le ferai…
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Depuis mes premières notions d'enseignement religieux (avant 1958 !), je reste perplexe devant la question : comment une secte orientale ultra-minoritaire a pu devenir, au fil des siècles, d'abord une religion impériale, puis rassembler deux mille ans plus tard à travers le monde des milliards de croyants ?
J'avais déjà lu le livre de Paul Veyne – Quand notre monde est devenu chrétien – et la précédente biographie De Saint Paul par Marie-Françoise Baslez, LA spécialiste du sujet. Mais ce livre m'a fait découvrir bien des notions nouvelles … empreintes d'une modernité étonnante.
La diffusion du christianisme s'opère dès le premier siècle par les réseaux sociaux. A l'origine, il s'agit d'églises de maisonnées, abritées par un chef de famille converti, entouré de ses « gens », de ses clients. Leur façon de communiquer est une réalité sociétale préexistante dans le monde gréco-romain.
Paul évolue dans le milieu du commerce et de la communication, au sein de la diaspora hellénophone, du monde du négoce et de la diffusion de la culture ; il voyage beaucoup. le christianisme se répand à l'occasion de conversions de philosophes itinérants, favorisé par la pratique de l'hospitalité qui implique rapidement une communauté de croyance. Paul s'inspire des pratiques synagogales de la diaspora pour organiser la diffusion de la nouvelle religion. Il utilise aussi le réseau des colonies romaines peuplées de vétérans.
L'effort de la prédication consiste à éviter que les églises dispersées ne virent à la secte, en se fondant sur l'écrit pour forger une identité chrétienne spécifique sinon exclusive.
Ignace d'Antioche pose que « Là où est le Christ Jésus, là est l'Eglise catholique », affirmation de l'universalisme chrétien (« catholique » signifie « d'intérêt général ») opposée à l'ethnocentrisme juif. Car l'église se veut missionnaire : elle proclame l'évangile à toute la création. Aucun présupposé n'est requis pour devenir chrétien : ni origine, ni statut social, ni genre, ni classe, ni race, ni culture. Thomas, celui qui ne croit que ce qu'il voit, ira jusqu'en Chine …
Les IIème siècle est celui des controverses, celui d'un bouillonnement d'idées intellectuelles et théologiques. le débat est permanent, les luttes de personnalités aussi. Les opposants sont écoutés, les évêques vont sur le terrain, cherchent à convaincre plutôt qu'à exclure les « dissidents » pour rétablir par compromis l'unité. L'écriture, à la fin du IIème siècle, de l'Ancien et du Nouveau Testament fixe les idées. Chaque fois qu'un personnage devient clivant, on organise un synode ou concile, pour permettre de dégager une unanimité propre à gérer les différences doctrinales. En Afrique seulement, sur 500 cités, on compte vers l'an 200 entre 100 et 150 sièges épiscopaux, dont les plus importants sont Carthage et Alexandrie. Rome, important centre de controverses, de pélerinages, et capitale de l'Empire, proclame sa primauté par l'investiture de Pierre et de Paul et joue les arbitres objectifs.
Au milieu du IIIème siècle, les persécutions fragilisent les communautés au lieu de les rassembler. Mais, menacé par les invasions barbares, l'Empire va rechercher une universalité homogène, une seule communauté cultuelle. L'universalité de l'Eglise – sa catholicité – viendra de sa reconnaissance par Constantin – et l'Edit de Milan en 313. L'empereur proclame la tolérance, convoque les conciles, joue les arbitres, réduit les dissidences, impose ses décrets.
La plus grave déviance – mais pas la seule - vient d'Arius qui défend un monothéisme rigoureux mettant le Christ dans une position subordonnée face au Père, récusant sa divinité et son éternité. Il a été condamné à Alexandrie en 324 mais a beaucoup de partisans autour d'Alexandrie, en Palestine, en Bithynie, en Perse et en Asie Mineure. La controverse dure plus de 50 ans. Entre 200 et 300 évêques se réunissent au concile de Nicée en 325 pour y adopter le texte du Credo, toujours récité chaque dimanche aujourd'hui à la messe … Devenue religion d'Etat, le catholicisme sera imposé par la puissance publique pour des raisons plus politiques que théologiques …
L'unité sera imposée par Théodose selon la norme établie à Nicée, mais les églises orientales résistent sur un mode ethno-politique et autocéphale : en Egypte (les Coptes), en Syrie, Ethiopie, en Arménie, en Mésopotamie, en Perse … La question des Chrétiens d'Orient ne date pas d'aujourd'hui.

A travers cet ouvrage, très accessible à part son avant-propos, on peut faire aussi des comparaisons sur les mouvements politiques contemporains : divisions, exclusions, schismes, hérésies, réconciliations, réintégration, ralliements, compromis, querelles d'egos, jeux de pouvoirs d'évêques jaloux de leurs prérogatives, contestations de leur élection … Les premiers chrétiens étaient des hommes, comme nous !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Vidéo de Marie-Françoise Baslez
L'Église à la maison, histoire des premières communautés chrétiennes : Ier-IIIe siècle Marie-Françoise Baslez Éditions Salvator Collection Histoire
Une histoire de l'essaimage et de la croissance du christianisme durant les trois premiers siècles de notre ère et du phénomène qualifié indifféremment d'Eglises-maisons, d'Eglises domestiques ou d'Eglises de maisonnées. L'auteure met ainsi en lumière la vie quotidienne des premiers chrétiens, abordant des questions aux échos contemporains (place des femmes, émergence de l'individu). ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/eglise-maison-histoire-premieres-communautes-chretiennes-ier-iiie-siecle-marie-francoise-baslez/9782706721151.html
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