Les incurables de
Jon Bassoff
Traduction d'Anatole Pons
Lire un roman des éditions Gallmeister, c'est toujours s'embarquer dans une lecture « hors norme ».
Dans «
Les Incurables » de
Jon Bassoff, nous sommes dans un petit bled au fin fond des Etats-Unis au début des années 50, et dès les premières pages, le ton est donné : Walter Freeman, neurologue réputé, pratique sous nos yeux, une de ses opérations favorites, à savoir la lobotomie transorbitale (tout un programme) à l'aide d'un pic à glace et d'un marteau. Selon lui, il guérit ainsi tous les malades nerveux, les agités, les dépressifs et les violents. Je vous laisse imaginer l'état des patients après l'opération ! Son dernier malade, Edgar, qui a assassiné une famille au son d'une prière religieuse.
Ses pratiques débordant du cadre « légal », il est prestement invité à quitter l'hôpital psychiatrique. Incompris, Walter décide d'enlever Edgar, d'en faire son cobaye-assistant, et de partir sur les routes, faire découvrir au monde sa pratique révolutionnaire.
Dans une ville de l'Oklaoma, il va cependant trouver sur son chemin, Scent, prostituée folle furieuse, convaincue que sa mère cache un trésor familial, Stanton, un père persuadé que son fils est le nouveau messie, Barton, un shérif peu scrupuleux et toute une panoplie d'éclopés prêts à croire ses prêches. Ceux-ci dans leur folie vont mettre en danger la santé mentale de Walter et le faire douter du bien-fondé de ses pratiques.
Un roman complètement barré qui m'a beaucoup plu, (j'avoue j'étais dubitative au départ) avec un univers particulier (la lobotomie transorbitale !), très noir, et des personnages ni gentils, ni méchants, dont les expériences malheureuses ont fait d'eux les personnages qu'ils sont aujourd'hui. Un voyage de dingue dans une Amérique de paumés, où la misère noire et la folie rôde à chaque coin de rue.
Quand on sait que ce roman s'inspire de personnages réels, je peux vous assurer que ça fait froid dans le dos !