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EAN : 9782351781487
240 pages
Gallmeister (05/04/2018)
3.7/5   33 notes
Résumé :
1953, quelque part au fin fond de l’Amérique. Le Dr Freeman, neurologue visionnaire mais violemment contesté, est chassé de l’hôpital psychiatrique où il exerce. Il enlève son dernier patient, voué à lui servir d’assistant, et part sur les routes défendre sa méthode thérapeutique révolutionnaire : la lobotomie transorbitale. Armé d’un pic à glace et d’un marteau, Freeman est persuadé qu’aucune dépression, aucune catatonie, aucune psychose ne lui résistera. Jusqu’à c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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En cette fin de confinement, que vous soyez inquiets pour votre santé mentale ou inquiets à l'idée qu'un professionnel juge votre santé mentale défaillante, il se pourrait bien que "les incurables" vous consolent.
Quand les traitements psychiatriques riment avec pic à glace et marteau, que la foi rime avec hystérie et que l'espoir rime avec folie, autant vous dire que le cadre dans lequel se déroule l'histoire ne rime pas avec "joli".
Nous sommes à la limite du gore, à la limite de la bêtise, à la limite de l'acceptable.
Un freak show du milieu du XXe siècle susceptible de faire cauchemarder les lecteurs. Mais tant qu'ils n'en viennent pas à penser que "Même les cauchemars étaient un répit du monde réel", tout va bien...
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Livre inspiré par des faits réels. Je l'ai appris alors que j'avais presque terminé ma lecture. Si cela fait froid dans le dos ? Bien sûr. Plus encore quand, comme moi, on chercher sur le web des articles sur le sujet. Si, finalement, on peut se plaindre aujourd'hui de la prédominance des tranquillisants et autres calmants pour soigner les troubles psychiques, ils sont nettement moins… définitifs que le traitement vanté par le docteur Freeman et ses pairs.
Justement, au moment où s'ouvre ce roman, les psychiatres découvrent de nouveaux traitements, se penchent vers des traitements qui existent depuis quelques temps (la thérapie par la parole) et se disent que la lobotomie transorbitale n'est peut-être pas la panacée qu'elle semblait être. Surtout, elle n'est ni sans risques, ni sans conséquence (Rosemary Kennedy en est l'exemple le plus douloureusement célèbre). Seulement voilà : que ce soit par les médicaments ou par la parole, le traitement prend du temps, et le temps, c'est ce que certains ne veulent pas prendre. Il est tellement « tentant » de guérir quelqu'un du jour au lendemain – pas tant pour lui, mais pour ses proches qui ne demandent que cela, un peu de tranquillité, retrouver quelqu'un de sage, de posé, à plus forte raison s'il s'agit de « quelqu'une » – qui fera les courses, le ménage, sinon ? Mais ceux qui dirigent l'hôpital où exerce le Dr Freeman ont pris leur décision, plus de lobotomie, et le bon docteur, sûr de son bon droit, s'en va sur les routes des Etats-Unis pour apporter dans tous les états la bonne méthode pour guérir. Il emmène avec lui son tout dernier patient en date qui, grâce à lui, n'a plus envie de tuer.
Les années passent, et nous retrouvons le docteur dans une petite ville de l'Oklahoma, concentré de tout ce qui peut se faire de pire. Ce n'est pas un rêve, c'est un cauchemar éveillé que cette petite ville. Freeman n'est pas le seul à vouloir faire changer les choses, il trouve aussi un rival, en la personne d'un prêcheur et de son fils, pauvre gosse trimbalé par son père qui lui a littéralement farci le cerveau, oubliant simplement de lui donner une instruction correcte et de l'amour. Un fou ? Au sens courant du terme, au sens médical, il faudrait affiner le diagnostique. Malheureusement, le lecteur chercherait en vain dans cette bourgade une personne lucide, positive, remplie d'espoir. Des morts violentes ? Il y en a déjà eu, et ô surprise, il y en aura sans doute d'autres. Des dingues ? Un gros paquet. Des désespérés ? Aussi. Des personnes mono-obsessionnelles ? Également. C'est comme si l'on avait un concentré de toutes les désespérances humaines, de toutes les violences aussi – la justice ? Il suffit de voir qui incarne la loi pour savoir qu'elle ne peut pas vraiment être rendue. Et au milieu, Freeman et ses certitudes, Freeman qui n'a pu sauver son fils, décédé accidentellement, Freeman, qui n'a pu sauver sa femme non plus, Freeman, qui se rengorge de toutes les lettres de remerciements qu'il a reçues, de toutes ses personnes qu'il a aidées, sauvées, qui, grâce à lui, ont eu une vie meilleure, et tant pis pour tous les autres. Qui est le plus fou dans l'histoire ? Qu'est-ce qui est le plus fou dans le déroulement de cette intrigue ? Difficile de trancher.
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Les incurables de Jon Bassoff
Traduction d'Anatole Pons

Lire un roman des éditions Gallmeister, c'est toujours s'embarquer dans une lecture « hors norme ».
Dans « Les Incurables » de Jon Bassoff, nous sommes dans un petit bled au fin fond des Etats-Unis au début des années 50, et dès les premières pages, le ton est donné : Walter Freeman, neurologue réputé, pratique sous nos yeux, une de ses opérations favorites, à savoir la lobotomie transorbitale (tout un programme) à l'aide d'un pic à glace et d'un marteau. Selon lui, il guérit ainsi tous les malades nerveux, les agités, les dépressifs et les violents. Je vous laisse imaginer l'état des patients après l'opération ! Son dernier malade, Edgar, qui a assassiné une famille au son d'une prière religieuse.
Ses pratiques débordant du cadre « légal », il est prestement invité à quitter l'hôpital psychiatrique. Incompris, Walter décide d'enlever Edgar, d'en faire son cobaye-assistant, et de partir sur les routes, faire découvrir au monde sa pratique révolutionnaire.
Dans une ville de l'Oklaoma, il va cependant trouver sur son chemin, Scent, prostituée folle furieuse, convaincue que sa mère cache un trésor familial, Stanton, un père persuadé que son fils est le nouveau messie, Barton, un shérif peu scrupuleux et toute une panoplie d'éclopés prêts à croire ses prêches. Ceux-ci dans leur folie vont mettre en danger la santé mentale de Walter et le faire douter du bien-fondé de ses pratiques.

Un roman complètement barré qui m'a beaucoup plu, (j'avoue j'étais dubitative au départ) avec un univers particulier (la lobotomie transorbitale !), très noir, et des personnages ni gentils, ni méchants, dont les expériences malheureuses ont fait d'eux les personnages qu'ils sont aujourd'hui. Un voyage de dingue dans une Amérique de paumés, où la misère noire et la folie rôde à chaque coin de rue.
Quand on sait que ce roman s'inspire de personnages réels, je peux vous assurer que ça fait froid dans le dos !
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A ta santé, à tes amours, à ta folie ! Accrochez-vous à vos neurones, ça va secouer ferme!

C'est tragique, c'est fort, c'est plein de destins brisés, de personnages que la vie n'a pas épargnés.

C'est difficile à supporter, autant de misère : des enfants sacrifiés sur l'autel de la folie parentale, des âmes innocentes condamnées à devenir adultes trop vite, à connaître l'enfer sur terre, la solitude.

C'est du noir de noir mais de celui qui vous donne envie de tendre la main, de consoler et de dire : viens, je vais t'aider … Parce que, finalement, au milieu de toute cette folie, il y a de belles âmes, il y a les espoirs de la jeunesse, l'idée qu'un avenir est possible.

Tout ce ressenti, c'est grâce au talent de Jon Bassoff : une écriture évocatrice, un style enlevé qui traduit bien les dérangements psychiques, le malaise intérieur, la tension de l'action. le récit gagne en intensité au fil des pages et la fin vous laisse KO, hébété. Une fin à la Tarantino, une débauche de folie. Trop de folie à mon goût.

Mais bon sang, quel talent tout de même !


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Peut-on rester objectif avec les titres édités par Oliver Gallmeister ? Je dis oui car tout ce que je lis de cette maison d'édition me convainc par la grande qualité des auteurs sélectionnés et par la réelle diversité des thèmes choisis. J'ai vraiment découvert et apprécié la grande littérature américaine grâce à Gallmeister. Je ne suis jamais au bout de mes (bonnes) surprises. Mes excellentes impressions ne se sont donc pas démenties avec ce nouveau roman très original et disons le tout net complètement dingue. Un neurochirurgien ayant une foi déraisonnable pour la lobotomie pratiquée au pic à glace, une jeune femme miséreuse obsédée par un trésor pathologiquement cachée par sa mère, un père persuadé que son fils est le Messie, etc. Autant de personnages et de situations atroces, abominables jusqu'à l'insoutenable. L'auteur nous entraîne dans une Amérique profonde hantée par ses desseins les plus noirs et les plus cruels. La folie imprègne chaque ligne de ce roman dérangeant mais passionnant révélant la part la plus sombre de la société américaine. le style et la traduction, comme à chaque fois chez Gallmeister, sont d'une qualité irréprochable.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
C’était avant qu’il commence à utiliser le pic à glace. À cette époque, il employait une foreuse pour percer des trous dans le crâne. Un leucotome pour découper le cerveau. Un tuyau pour aspirer le sang qui giclait. Et Lucille, douce Lucille, avait souhaité se lancer dans cette opération risquée à cause de la détresse infinie qu’elle vivait au quotidien. Avant l’opération, elle était obsédée par l’infidélité de son mari, s’inquiétait de ses cheveux qui se dégarnissaient, faisait des fixations sur des maladies imaginaires. Elle était déprimée et angoissée, avec des pulsions suicidaires. Parfois, elle enlevait tous ses vêtements et urinait par terre. D’autres fois, elle se laissait aller à des accès de rage comme un enfant de trois ans. Mais, après l’opération, tout avait changé. Après l’opération, elle ne se souvenait même plus de tout ce stress qui avait empli ses journées. “C’est comme si plus rien n’avait d’importance”, avait-elle dit. Elle avait vécu douze ans de plus, heureuse, plus ou moins. Que serait-il advenu d’elle sans la lobotomie ? Que serait-il advenu de tous ses patients ?
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Freeman avait travaillé avec suffisamment de malades mentaux pour savoir que l'hyper-conscience menait à la souffrance. Une regrettable erreur dans le processus d'évolution.
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Mais peu importe que vous me croyiez ou non. Je ne suis pas un vulgaire charlatan.
Je suis médecin et scientifique. Diplômé de Yale. Membre de l’American Psychiatric Society. Et je suis ici pour vous dire que dans moins d’une heure, tout aura changé pour vous.
Dans moins d’une heure, toute cette agitation, ces angoisses, ne seront plus qu’un vague souvenir. Oui, c’est peut-être difficile à croire, mais je suis là pour vous aider, Edgar. C’est ma mission en ce bas monde. Je suis là pour vous donner quelque chose que vous n’avez pas eu depuis des années : la paix.
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ça fait des années qu'elle a pas quitté son taudis. Elle porte la même robe de mariée jaunie tous les jours.Elle attend que mon père rentre à la maison, alors qu'il nous a abandonnées il y a bien longtemps et qu'il reviendra pas.
Vous trouvez pas qu'elle est un peu folle, docteur? (...)
-- Excentrique, sans aucun doute. En souffrance, sans aucun doute.Mais chacun d'entre nous ritualise des gestes absurdes. Par exemple: tous les matins, nous nous levons.( p160 )
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Quand il se redressa et fit volte-face, son fils avait disparu. Pas un bruit. Il regarda partout autour de lui. Pendant un moment, il crut que Luke lui jouait un tour, se cachait derrière un arbre, prêt à lui faire peur. Mais quand il cria son nom, quand il partit à sa recherche, il n’y avait toujours aucun signe. Son cœur se serra, il fut pris de vertige. Il ne voulait pas regarder en bas de la falaise. Il ne voulait pas voir les rochers déchiquetés qui descendaient vers le puissant cours d’eau…
Freeman n’appela pas sa femme cette nuit-là. Et, même lorsque les gardes forestiers le contactèrent pour l’informer que le corps de Luke avait été retrouvé, il ne l’appela toujours pas. Il resta camper une nuit de plus, fixant le feu de camp pendant des heures, incapable de bouger, incapable de parler.
Il avait sauvé des centaines d’inconnus, mais il n’avait pas pu sauver son propre fils.
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