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Critique de Tandarica


Le titre m'a d'abord fait penser à "l'ancienneté", notion intimement liée au service public. Après lecture, je n'exclus pas que l'auteur y ait également pensé. le sous-titre aussi, peut, à mon avis, être lu dans les deux sens: "Tentative d'évasion artistique en milieu carcéral". On peut en tant que lecteur tenter un détour par la prison, médiatisée par l'artiste, en même temps que les détenus tenteront eux de s'en échapper grâce au même.
Mon impression en trois mots: concis, lucide, convaincant. de prime abord, le vert, aux allures turquoise par moments, m'a renvoyé à mon Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dont je ne peux m'empêcher de citer: "équidistant du bleu céleste et du rouge infernal, tous deux absolus et inaccessibles, le vert, valeur moyenne, médiatrice entre le chaud et le froid, le haut et le bas, est une couleur rassurante, rafraîchissante, humaine. Chaque printemps, après que l'hiver a convaincu l'homme de sa solitude de sa précarité, en dénudant et glaçant la terre qui le porte, celle-ci se revêt d'un nouveau manteau vert, qui rapporte l'espérance en même temps que la terre redevient nourricière. le vert est tiède. Et la venue du printemps se manifeste par la fonte des glaces et la chute des pluies fertilisantes."
La BD se déroule dans le ventre de la baleine, maison d'arrêt de Gradignan, mais les premières bulles nous y amènent par un temps tout aussi printanier que dans la citation. La route qui mène à la prison n'est pas grise et le jeu de perspectives fort subtil à mes yeux. Il sera complété habilement par les interrogations que soulève l'auteur pudique, mais courageux. "Le stock de kalachnikovs qui venait des Balkans" contraste fortement avec "les Playchtation" rigoureusement encadrées par des surveillants. On rit jaune, car les visages ne sont guère poupons et l'émotion est à son comble devant cette autre vérité "d'où vient cette confusion, ce paradoxe qui transforme les victimes en bourreaux?" Il en faut de la passion pour construire une existence, pour croire en la subsistance. Interrogé sur ses motivations, le dessinateur répond aux mineurs incarcérés, "quand mon livre est vendu 10 €, je gagne 0,80 cts; ça monte pas haut, hein?" le manque de moyens est abordé de front, avec le PPP (partenariat public privé) et des chiffres évocateurs. Tout ce que j'espérais de cette BD est là: une juste légèreté dans ce compte-rendu humain sur un sujet grave. Plus que de l'autodérision, je vois dans la page 88 une mise en abyme d'une noirceur salutaire. À creuser d'épineuses questions de société à la simple petite cuiller on finit fatalement par déboucher sur un bureau de directeur interloqué. Merci au livre de ne pas avoir oublié l'odeur (évoquée par Dominique Simonot, dans la préface).
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