AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782354480295
Isolato (16/07/2013)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Joël Bastard fait partie de cette catégorie d'écrivains qui trouvent leur inspiration en marchant. Dans le même esprit que "Le sentiment du lèvre" ou "Bâton rouge", ce nouveau titre nous fait partager des paysages, des visages, des émotions et des sensations que l'auteur livre au fil de ces pas et de ces mots.
Que lire après Journal foulé aux piedsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique


D'emblée, le titre intrigue. Joël Bastard est un marcheur, on le sait depuis Beule, depuis Au Dire des pas. L'écrivain est homme de terrain. C'est ici l'espace du Jura qui se présente au rythme de la foulée du promeneur, dans une géographie imprécise. « Vers » est cette préposition qu'aime employer l'auteur, comme pour ne pas nous en dire trop et marquer le mouvement du corps. L'égarement, d'ailleurs, est fructueux : « Vers Charez, si je ne m'étais pas égaré dans ce ravin, je n'aurais jamais écrit la difficulté de vivre ». L'écriture passe par le corps, pied, oeil, oreille. Il s'agit d'être attentif, même et surtout au détail : « la pauvreté nous donne plus à voir (…). La pauvreté d'un lieu est un bien meilleur départ que toute autre débauche paysagère ».
Foulé aux pieds, c'est aussi piétiné. Saccagé. Mis en miette. Inutile de chercher biographie et continuité dans ce journal à la chronologie défaillante. Les évènements s'effacent au profit de paysages, de lumières, d'atmosphères. le journal est-il lieu de mémoire ? On en doute tant sont ténus les faits qui y sont rapportés. Ou subtilement. Les notes sont plutôt des croquis ou quelques touches de peinture. Ce journal pourrait être carnet de dessin. Reste qu'on peut suivre, en pointillé (cailloux de Poucet), l'étoffe d'une vie : un appartement d'enfance, un oncle breton, un voisin jaloux, une absente. Quelques colères aussi. « Il faudrait que je me calme. Pour cela, devrai-je accepter le mensonge nécessaire à cette entreprise. Certainement comme tant d'autres l'ont fait avant moi. Mais alors, ne plus rien défendre de ce qui nous anime ».
On foulait autrefois aux pieds le raisin. S'ouvrait ensuite un temps long, celui de la macération, de la vinification, du vieillissement. Atteindre à une matière, à la fois dense et légère. Ce livre est ouvert, à la beauté des paysages, bien-sûr, mais aussi aux lieux les moins nobles, par un long apprentissage du regard (un appartement au papier peint décollé, des HLM). Un livre sincère, ouvert, qui fait place au désir, aux manques, au découragement. Et l'écriture, toujours. « J'aime écrire à m'en écoeurer les yeux ». Une ivresse ? Une addiction ? Jusqu'au dégoût parfois. Une nécessité, dont on voudrait se passer : « mieux que Rimbaud qui cessa d'écrire à 20 ans, cet enfant de dix ans, au sourire calme, qui n'a pas commencé ! ».
Attentive, concentrée, l'écriture révèle un regard qui prend son temps, qui ne juge pas, dont le seul souci est de capter, d'éclaircir le monde qui nous entoure avec vigilance, humilité, mais sans naïveté. le lecteur, lui, suit Joël Bastard pas à pas avec un sentiment de grande proximité et sort de ce journal vivifié.

Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
 
 
Je marche dans ce que j'écris.
Commenter  J’apprécie          60

Video de Joël Bastard (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joël Bastard
Joël Bastard. Voix vives, Sète.
autres livres classés : pauvretéVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1210 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}