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EAN : 9782330002268
171 pages
Actes Sud (11/01/2012)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Ce portrait de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) relève d'un passionnant parti pris : plus encore que sur le récit d'une vie, il repose sur l'histoire d'une mort... Plusieurs raisons ont conduit à ce choix narratif. Tout d'abord, les conditions mystérieuses du décès du compositeur demeurent l'une des plus fameuses énigmes de l'histoire de la musique. D'autre part, la thématique de la mort et, plus généralement, celle d'un destin inexorable imprègnent l'essentiel ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bastianelli articule son livre autour de la mort mystérieuse du musicien , intervenant neuf jours après avoir dirigé , pour la première fois, sa
Symphonie pathétique dont l'adagio lamentoso final serait , pour certains un prélude à une mort annoncée .
Il émet l'hypothèse que cette fin survenue prématurément et brutalement à l'âge de 53 ans serait due peut être à un suicide, - Tchaïkovski, homosexuel, aurait fait des avances au neveu du duc Steinbock Fermor , l'aristocratie russe aurait eu connaissance de ces agissements et aurait menacé de le dénoncer au tsar . Pour échapper à l'opprobre, il se serait donc suicider en absorbant un verre d'arsenic-
Pour d'autres , ce décès serait consécutif au bacille du choléra, maladie endémique, ayant déjà causé la mort de sa soeur Sacha
Peut être aussi aux dégâts causés par l'addiction au tabac et à l'alcool.

Mais pour l'auteur, la thèse de la maladie reste la plus vraisemblable.

Le livre s'orchestre à partir de cette symphonie pathétique et autour de l'oeuvre du compositeur pour tenter d'expliquer sa vie. (la vie expliquant l'oeuvre et l'oeuvre sa vie!)

Nous apprenons que du sang français – du côté maternel - coule dans les veines de Tchaïkovski ( ancêtre réfugié en Russie après la révocation de l'Édit de Nantes, plus vraisemblablement après la révolution de 1789) , qu'il a eu une nounou jurassienne , Fanny Durbach à qui il rendra visite peu de temps avant sa mort.
La France où il séjourne plusieurs fois (1861, 1876, 1883,1886) et sa culture qu'il aime vont lui inspirer quelques pages célèbres : l'opéra Iolanda , qui se déroule à la cour du « bon roi René », la chanson « Vive Henri IV »se retrouve dans « la Belle au bois dormant » et « Cadet Roussel » dans « Casse Noisette ». Il introduit dans son orchestre le célesta ,
instrument de musique de la famille des percussions, muni d'un clavier. Inventé en 1886 par Auguste Victor Mustel , un français (1842-1919),( c'est un hybride entre le glockenspiel et le piano, les marteaux actionnés par les touches du clavier frappant des lames métalliques. le son obtenu, riche en harmoniques, est d'une très grande pureté qui n'est pas sans rappeler les antiques boîtes à musique. Dans l'orchestre, c'est un des instruments les plus aigus. Il monte jusqu'au contre ut du piccolo, et dans la douceur, alors que le flûtiste ne peut donner cette note extrême que fortissimo.)

Sa mort fut vécue en Russie comme une tragédie nationale même si plus tard, les Soviets au pouvoir eurent quelques difficultés avec ce compositeur qu'ils jugeaient décadent et dont son talent servait la bourgeoisie réactionnaire. Cependant, le centenaire de sa naissance va offrir au régime l'occasion d'inverser son point de vue pour contenter le public qui se pressait toujours plus nombreux,aux concerts affichant ses oeuvres. Il fut dès lors présenté comme un prérévolutionnaire.

Serge Diaghilev prétend que sans les ballets de Tchaïkovski, il n'y aurait pas eu les Ballets russes.

Ayant dès son plus jeune âge étudié le piano , ce n'est que tardivement que Tchaïkovski reprit des études musicales au conservatoire à 23 ans , après avoir suivi un cursus de droit et occupé une place de fonctionnaire au ministère de la Justice
Il se marie avec Antonia Milyukova mais quelques jours après la cérémonie , il s'enfuit loin de sa femme, il entretient une relation épistolière ( une seule fois ils se croiseront) pendant de nombreuses années avec la baronne Nadejda von Meck qui va l'aider financièrement

Ce petit ouvrage fourmille d'anecdotes qui révèlent véritablement la personnalité de ce musicien exceptionnel « Russe, Russe, jusqu'à la moelle des os », il est émaillé de nombreuses références à son oeuvre et donne véritablement envie de réécouter ou de découvrir ses compositions.
Mais nous découvrons aussi que la critique peut être féroce, acérée, émanant de certains musiciens ou critiques musicaux (l'ego est particulièrement développé dans ce milieu artistique!)
Paul Dukas « longueur redondante des développements », pour d'autres, « Tchaïkovski, est un névrosé qui s'abandonne sans réserve aux impulsions de son tempérament lyrique, mélancolique et pathétique » « interminable et mal- cohérente ouverture » »fadeurs, banalités,vulgarités qui nous choquent », « oeuvres indigestes et de mauvais goût » « les symphonies de Tchaïkovski n'occupent pas pleinement ou longuement un esprit adulte » « emphase alliée à la mollesse »
Certains chefs d'orchestre refusent de jouer la moindre note de Tchaïkovski

Pierre Bourdieu déclare « qu'affirmer son enthousiasme pour Tchaïkovski revient à jouer avec le feu en raison des connotations sociologiques que cela implique , cette transgression du bon goût serait une condescendance réservée aux « consacrés », à ceux dont le raffinement ne peut être mis en doute. En somme avouer ,son amour pour Tchaïkovski serait un jeu dangereux – à l'inverse, le critiquer deviendrait un critère de distinction ».

Pour les passionnés du musicien, les critiques sont dithyrambiques Julien Green écrit « Si le diable faisait de la musique, ce serait elle de Tchaïkovski, séduisante, habile et vulgaire. Elle a des langueurs qui troubleraient un instant les auditeurs les plus froids. Tout à coup, la voilà folle de plaisir, o propos de rien, et comment ne pas la suivre et se laisser emporter par ce tourbillon ? » Selon Stravinski, « Tchaïkovski possédait au plus haut point trois qualités la simplicité, l'absence d'artifices et la spontanéité » En 1984, un musicologue écrit « Ces adagios éperdus sont autant de trouvailles musicales qu'on ne peut qualifier simplement de sentimentales mais qui sont de véritables sanglots de composition, des moments d'émotion sans cesse renouvelables .
Mais lui aussi peut se montrer , tour à tour violent ou passionné pour une oeuvre qu'il affectionne. Parlant de la danse bohémienne de Claude Debussy il écrit « C 'est une très jolie petite pièce mais trop brève. Aucune idée n'est exprimée jusqu'au bout. La forme est confuse et dépourvue de sens

Si la musique est sensée adoucir les moeurs, elle peut aussi provoquer des réactions intempestives et violente !
Bastianelli affirme pour contenter et justifier les propos de chacun « Pourquoi la musicologie ne serait-elle pas une discipline aussi scientifique que la microbiologie ? »

En guise de conclusion, une citation de Piotr
« A travers la musique , je me suis efforcé d'exprimer la douleur et les délices de l'amour »

C'est ce que je vous invite, au final à retenir !




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J'ai rencontré Jerôme Bastianelli au Salon du Livre de Cabourg en 2019. Personne étonnante, polytechnicien, grand connaisseur du monde musical, dg adjoint du Quai Branly, et écrivain, et par ailleurs fort sympathique.
La lecture de son livre sur Tchaikovsky amène bien sûr à la question "faut-il connaître la vie d'un compositeur (ou d'un écrivain) pour mieux comprendre ses oeuvres et les apprécier?
Après cette lecture j'ai réécouté la Symphonie Pathétique. Je dois bien avouer que cette lecture n'a eu aucun impact sur mon ressenti en écoutant une si belle musique! Et je crois que c'est mieux ainsi!!!!
Mais le livre est d'une lecture agréable et permet d'apprendre beaucoup sur le monde musical en Russie
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Malgré l'écriture fine et claire de l'auteur, je n'ai pas été passionné par cette courte biographie. Se questionnant sur les raisons mystérieuses ou pas de la mort du compositeur, l'auteur tisse des liens entre ses oeuvres et sa vie. Son homosexualité, totalement vécue mais totalement cachée, aurait pu être la cause de son décès. Théorie que l'auteur ne préfère pas retenir au terme d'une analyse de sa biographie. On sent surtout que l'auteur est un grand amateur de la musique du compositeur russe et qu'il prend un immense plaisir à réhabiliter certaines oeuvres trop peu jouées. Un peu léger pour découvrir Tchaïkovski. Je n'ai pas trouve ce que je venais y chercher, d'autres lecteurs sans doute oui.
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Jérôme Bastianelli administre une nouvelle preuve de son talent. En un livre dense et puissant, écrit avec pudeur et érudition, il arrive au tour de force de composer à la foi un thriller, un traité de musique et un récit de vie. Construit comme un texte de Borgès, avec des jeux d'échos et de spirales, c'est de loin le plus vertigineux des livres sur l'auteur du "Lac des cygnes".
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critiques presse (1)
LesEchos
05 avril 2012
Grâce à un plan habilement conçu, l'auteur part des différentes hypothèses pour remonter le fil de l'existence du musicien, découvrir l'homme et l'artiste
Lire la critique sur le site : LesEchos

Videos de Jérôme Bastianelli (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Bastianelli
Avec Aurélie Julia, Mathilde Brezet, Stéphane Barsacq et Stéphane Zagdanski 0:00:00 Présentation de Jacques Letertre, fondateur de l'Hôtel le Swann 0:01:20 Présentation de Valérie Toranian, directrice de la Revue des Deux Mondes 0:03:39 Lecture par Aurélie Julia, coordinatrice éditoriale de la Revue des Deux Mondes 0:09:11 Intervention de Stéphane Barsacq 0:16:10 Intervention de Mathilde Brezet 0:28:08 Intervention de Stéphane Barsacq 0:29:43 Intervention de Stéphane Zagdanski 0:38:40 Intervention de Mathilde Brezet 0:41:08 Intervention de Nicolas Ragonneau 0:47:02 Intervention de Stéphane Zagdanski 0:52:35 Intervention de Mathilde Brezet 0:58:34 Intervention de Jérôme Bastianelli, Président de la Société des Amis de Proust 01:01:57 Lecture par Aurélie Julia 01:07:44 Annonce des nominés du prix Céleste Albaret
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