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Citations sur Ainsi soit-il suivi de Claquemur (10)

... Garçon ! remettez-nous ça. Je commence à
engager la conversation et à m’expliquer avec elle. Que
j’avais l’intention de monter, même que j’étais prêt à
lui refiler un petit cadeau. C’est dire.
— Tu viendras me voir demain, elle me fait.
J’étais mauvais. Demain, je m’en foutais pas mal, je
sais pas pourquoi sa peau m’attirait comme jamais. Elle
puait l’amour. Je me bute, je m’énerve. J’insiste, je me
déculotte, je baratine dur, je lui aurais foutu mon sexe
sur le comptoir. Rien qu’à la sentir près de moi je
bandais comme un âne, à plus savoir où me la mettre.
Je la tenais à deux mains, je la collais entre mes cuisses,
pour la coincer, elle surgissait toujours par un bout, elle
sautait au plafond, elle barrait le passage. De quoi provoquer
un attroupement.
Les clients commençaient à croire que je cachais une
mitraillette dans mon bénard. Les voilà d’un coup tout
inquiets, fébriles, foirards, ils se tenaient plus. Un petit
vieux vient me donner sa montre et son portefeuille, en
me suppliant d’épargner sa vie, même qu’il avait trois
enfants, cinq petits-enfants, de l’artériosclérose et la
médaille des poilus d’Orient...
Tout ça finissait par me monter à la tête.
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Dans la vie, j’aime pas être pris au dépourvu, je ne closette pas sans préméditation, aussi inutile de plaider non coupable, d’atténuer les circonstances. Mieux vaut être direct, sans détours, nature.
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Il faut avoir le gésier satisfait pour pouvoir penser, du temps à perdre et encore bien davantage pour aller renifler les déjections des autres, leurs pensées profondes, leurs thèses, leurs mémoires, leurs glouglouglou, gargarismes d’impuissants congénitaux qui s’excitent en mirant leur nombril dans des miroirs de poche, des glaces à trois faces pour se voir partout. Je lis jamais, j’aime pas me vautrer dans le lit des autres, surtout lorsque les toiles sont encore fumantes de leurs présences. Chacun ses goûts.
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C’est toujours pareil, on finit même par devenir le mannequin que les autres croient voir en vous, malgré soi. On peut pas arracher ces masques, ils collent à la peau, on risquerait de se mettre le petit salé à vif à ce jeu de société. Et ça servirait à quoi ?
J’ai jamais pu m’empêcher cependant d’avoir de ces curiosités. C’est instinctif ce besoin d’aller foutre son nez dans le train du voisin pour tâcher de s’y retrouver soi-même.
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Il y a des individus dont les fesses attirent spécialement les coups de pieds.
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On s’imagine des fois prendre des décisions brusques, inattendues... la plupart du temps l’imprévu est tissé de ces mille riens, de mots, de gestes, de regards qu’on croit tombés dans le vide et qui se sont amassés, coagulés, ont mijoté tout leur saoul et tout d’un coup font sauter la marmite.
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Le seul fait d’écrire est déjà un acte de foi... ou de crédulité – comme on voudra – qu’on l’admette ou non, une tentation d’évasion du pot au noir. Alors, gaffe, confondons pas la bouteille à l’encre et le trou à vidange, ça fait deux.
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Y a du boulot pour chacune, jamais de chômage. Pas de jours creux, pas de morte saison. On embauche... toujours une longue, courte, tordue, poilue, grasse, maigre, nerveuse, flanelle, en tire-bouchon, en canne à pêche en accroche-cul, rose, rouge, noire, verte, chancreuse, fromagère, parfumée, puante, rigolarde, papelarde...
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Du moment qu’on bouffe. Tournons pas autour du pot, y a pas deux solutions. Lorsque la fin du mois commence le sept ou le huit, ça donne à réfléchir. Moi, je sors pas de là. Des chiffres, des chiffres, bordel ! Faites les additions, soustrayez, divisez, extrayez les racines carrées, amenez en renfort la table de logarithmes. Ça vous donne pas un penny de plus, pas une bouchée de plus au ventre. Faut dire ce qui est.
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On aura beau se vider à zéro, c’est comme si on levait le petit doigt... On aura toujours un passé, un avenir (qu’ils disent), des gestes, des actes, des grimaces derrière soi qui tirent les ficelles de nos gestes, de nos actes et de la moindre de nos grimaces d’aujourd’hui, de demain et d’après-demain... et jusqu’à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il.
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