« Un livre bleu apprivoise la nuit pour mieux faire naître le jour. » La devise de L'âme de la colline correspond totalement à
du gouffre et des étoiles. Jeanne est une enfant comme les autres. Mais très vite, elle est confrontée à une violence telle qu'elle ne sera plus tout à fait la même.
Puis vient l'adolescence et ses excès. Sexe, drogue, alcool : Jeanne n'en finit plus de se perdre et, à peine adulte, s'enferme dans une relation abusive qui achève de la détruire. Puis, plus tard, vient le moment où Jeanne, en écoutant son intuition et en s'ouvrant au monde, remonte le cours de son histoire personnelle pour cheminer vers la résilience. Au gré des rencontres et des déplacements, ses souvenirs vont remonter à elle pour qu'elle puisse enfin les accepter et s'en affranchir. Il aura fallu à Jeanne apprivoiser les moments sombres de son existence pour mieux se reconstruire.
L'un des buts de L'âme de la colline est de proposer des oeuvres qui amènent leurs lecteur·rices à une introspection. Et c'est précisément l'effet que le texte de
Marianne Bastogne a eu sur moi. À certains moments du récit, je suis entré en résonance avec Jeanne. En lisant son histoire, j'ai fait la somme de ce qui nous rapprochait et nous séparait. Je l'ai comprise dans son désir de disparaître ; j'ai mesuré les effets que mon passé a pu provoquer sur ma propre trajectoire ; j'ai constaté, sans jugement, les sujets sur lesquels Jeanne et moi ne pouvions nous rencontrer... Cet effet miroir proposé par le texte est venu, je pense, de sa construction. Dès le début, la linéarité est brisée : si l'action suit une progression chronologique, elle s'offre d'abord par des fragments d'existence. Il y a un ton anecdotique dans le récit — lequel est entrecoupé de poésie en vers et, plus rarement, de passages où la narration change ses pronoms et opte pour un vouvoiement qui s'adresse à Jeanne tout en s'imposant aux lecteur·rices — qui fait écho à nos propres vécus.
Si je dois reconnaître m'être un peu désintéressé de la troisième partie du livre, en raison d'un aspect spirituel qui a tendance à me laisser de marbre,
du gouffre et des étoiles n'a pas manqué de me faire forte impression. Par sa qualité d'écriture et sa puissance évocatrice, ce récit de résilience ne laissera personne indifférent·e et m'a convaincu, pour ma part, de m'intéresser au reste du catalogue de L'âme de la colline.
Je remercie donc chaleureusement
Marianne Bastogne, à la fois pour son texte et pour son envoi dans le cadre de la campagne #lisezvouslebelge.
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