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Le blues roumain tome 2 sur 2
EAN : 9782373555493
188 pages
Unicite (09/04/2021)
4.83/5   3 notes
Résumé :
« Le blues roumain » ne finit jamais : sa source ne peut tarir qu'avec la fin du monde. Car la poésie est chez elle en Roumanie : la personnalité la plus admirée du pays est un poète, Mihai Eminescu, il y a des rhapsodes à chaque coin de rue, du Cimetière Joyeux de Săpânța dont les drôles d'épitaphes ne manquent pas de poésie jusqu'à la statue d'Ovide, le chantre des amours exilé au bord de la Mer Noire. La densité des rêveurs au mètre carré n'a pas d'équi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec les vacances (que je souhaite agréables à tous mes amis !) nous sommes davantage dehors à profiter du soleil, mais n'oublions pas de lire de la poésie.
Ceci n'est pas une critique entièrement personnelle, mais une invitation très vive à découvrir un livre que j'ai adoré.
Pour cette fois-ci, exceptionnellement (je prends aussi un peu de vacances) je vais me permettre de vous renvoyer à la chronique que propose sur le site Livres Rhône Roumanie, Jean-Pierre Longre qui a signé la préface du premier numéro de cette aventure poétique (le Blues roumain) dont j'appelle de mes voeux les plus chers un futur numéro 3.

Avant de vous livrer le commentaire de Jean-Pierre Longre (dans lequel je me retrouve entièrement) sur la « récidive poétique » de Radu Bata comme passeur de poésie roumaine, je tiens à reprendre la liste des auteurs traduits, d'une part pour le plaisir de les voir nommés, mais surtout pour celui de constater que le site fait bien les liens avec ceux déjà présents dans sa base de données. Ainsi, certains noms seront « amputés » des diacritiques roumaines.

1) Les auteurs : Andreea Apostu, Ana Blandiana, Irina Alexandrescu, Luminița Amarie, George Bacovia, Maria Banuș, Ana Barton, Radu Bata, Ramona Boldizsar, Dorina Brândușa-Landen, Emil Brumaru, Artema Burn, Ion Calotă, Mircea Cartarescu, Ruxandra Cesereanu, Toni Chira, Mariana Codruț, Denisa Comănescu, Ben Corlaciu, Traian T. Coșovei, Delk Danwe, Corina Dașoveanu, Mina Decu, Adrian Diniș, Carmen Dominte, Marius Dumitrescu, Adela Efrim, Mihai Eminescu, Vasile Petre Fati, Raluca Feher, Alida Gabriela, Diana Geacăr, Mugur Grosu, Cristina Hermeziu, Ligia Keșișian, Claudiu Komartin, Paula Lavric, Alexandra-Mălina Lipară, Ana Manon, Aurelian Mareș, Ioan Mateiciuc, Maria Merope, Antonia Mihăilescu, Ion Minulescu, Ion Muresan, Tiberiu Neacșu, Dana Nicolaescu, Felix Nicolau, Ovidiu Nimigean, Dana Novac, Eva Precub, Ioan Es. Pop, Augustin Pop, Savu Popa, Dragoș Popescu, Radmila Popovici, Ioana Maria Stăncescu, Nichita Stanescu, Roxana Sicoe-Tirea, Ana Pop Sirbu, Sorina Rîndașu, Florentin Sorescu, Magda Sorescu, Călin Sorin, Octavian Soviany, Petre Stoica, Ion Stratan, Andrada Strugaru, Robert Șerban, Cristina Șoptelea, Radu Ștefănescu, Petronela Rotar, Mircea Teculescu, Iulian Tănase, Tatiana Tibuleac, Mircea Țuglea, Radu Vancu, George Vasilievici, Gabriela Vieru, Paul Vinicius, Ilarie Voronca, Vitalie Vovc.

2) Chronique de Jean-Pierre Longre :
« On l'attendait fébrilement ou tranquillement, le second Blues roumain, et le voilà : Radu Bata a récidivé, sans pour autant reproduire à l'identique les gestes et les intentions du premier. Celui-ci était une anthologie « imprévue », composée de traductions « inopinées », celui-là est une anthologie « désirée », composée de traductions « hypocoristiques ». Comme si, la première fois, tout était venu sans crier gare, d'une manière quasiment inconsciente (voire…), alors que maintenant l'affaire est à la fois préméditée, mûrie et soutenue par une affection consciente. À vrai dire, ce n'est pas aussi simple, aussi schématique. Dans les deux cas, nous pouvons suivre sans nous poser de questions compliquées le « labyrinthe enchanté » construit par celui qui est à la fois faiseur de poésies et découvreur de poètes, inventeur et traducteur, créateur et adaptateur. Et dans le deuxième cas, même s'il est toujours aussi accessible, le chemin est encore plus long, les ramifications plus nombreuses, le regard se fait encore plus éberlué devant les ressources inépuisables de la poésie roumaine.
Certes, à la sortie du labyrinthe, Octavian Soviany semble vouloir mettre un point final à la poésie : « pourquoi on n'euthanasierait pas les vieux poètes ». Mais ce serait plutôt l'occasion d'un rajeunissement radical. Voyons ce que nous dit Ana Blandiana dès l'entrée : « nous devrions naître vieux […] ensuite devenir plus jeunes et encore plus jeunes / arriver mûrs et puissants à la porte de la création ». Ou en cours de route Dragoş Popescu : « les poètes sont si beaux / qu'ils ne vieillissent jamais ». Et alors défilent sous nos yeux les turbulences d'une poésie toujours nouvelle quel que soit son âge, toujours vivante quelles que soient les conditions de sa naissance, toujours bouillonnante quelles que soient ses préoccupations. Une poésie qui chante les sensations et la sensualité, l'amour et la mort, la vie quotidienne des humains et des objets, les souvenirs et le présent, la révolte et la violence, bref tout ce qui fait que les mots bien choisis, bien choyés donnent à l'existence la puissance d'une symphonie, que ce soit sous les plumes notoires de Mihai Eminescu, Ilarie Voronca, Ana Blandiana, Mircea Cărtărescu, Nichita Stănescu, Paul Vinicius, Radu Bata lui-même, ou sous des plumes de nouvelle génération, moins célèbres, mais ô combien fécondes dans leur diversité.
Les mots ? Parlons-en, par exemple avec Petronela Rotar : « touche ces mots s'il te plaît / sens leur chair tendre s'étendre entre tes doigts / et fais le voeu de rester en poésie ». On devine tout au long des pages la prédilection de Radu Bata pour le maniement (ludique, expressif, musical, chaleureux) du matériau verbal. Il aurait pu écrire, comme Iulian Tănase : « j'ai été un joueur de mots / passionné / addictif ». Ce qu'il faut remarquer, c'est que la littérature née en Roumanie, en vers ou en prose, est un terreau particulièrement riche en manipulations lexicales, en mouvements syntaxiques, en registres thématiques, du lyrisme à l'absurde, du dramatique au comique, du réalisme au fantastique. Nous sommes au pays d'auteurs aussi différents que [Lucian] Blaga et Tzara, Eminescu et Urmuz… La Roumanie, c'est un monde poétique complexe, et cette nouvelle anthologie nous mène aux plus attirantes de ses profondeurs, aux plus exaltants de ses sommets, aux plus lumineux de ses horizons ».
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
je rentre
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(grains d’amour
tremblements des vagues)
allez viens ma belle boire un café
jusqu’à ce que ce vent mordant quitte la ville
allez viens boire ce jus aux copeaux de chocolat
tu es toute glacée et ton foulard est minuscule
les chiens aboient et pourtant
tu dois être sereine
pendant que les voitures passent
mais elle s’enveloppait encore et encore
dans son petit foulard sans fin
ne te perds pas dedans je lui ai dit
et doucement je lui ai enserré les épaules
et elle a esquissé un sourire doux
comme un coucher de soleil
qui tombe de fatigue
des journaux jaunis volaient dans les rues
et au tournant une paire de chaussures grinçait des dents
ne regarde pas je lui ai dit
le monde est ainsi fait
le café n’est plus loin et il y fera chaud
elle a acquiescé de sa main gantée
je te crois je lui ai dit pour la rassurer
allez viens sauter ce fossé
par lequel passaient les grecs et les romains
de la cité d’autrefois
d’un pas leste elle fut de l’autre côté
et sur ma rive est restée son odeur
laisse le parfum à dieu et vas-y je me suis dit
il y a encore deux rues à parcourir
comme deux contes de fées
voilà on y est le café est bondé
on voit comme dans un rêve la buée
dans laquelle se drapent les gens
tu t’installes ma belle et tu m’appelles
quand tu deviens réelle
d’ici là je rentre sur la terre ferme
d’une nébuleuse molle
comme un caramel

(Mircea Țuglea)
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Paul Vinicius – Vous êtes des vampires sans passeport
(mais avec des transfusions dans le compte)

laissez le poète trancher le ventre de la lumière
laissez-le en sortir les entrailles des songes
ensuite laissez-le rédiger les nuits les jours les séparations
les taupes
l’abîme
la vie

comme s’il avait encore à boire à fumer à aimer
comme s’il avait encore des jours sur la planche

et seulement après pendez-le
et seulement après appelez les chiens affamés
les molosses des mauvaises herbes

et seulement après lavez le sang de vos mains
comme des gens exemplaires du futur

quand vous aurez mis en lieu sûr le passé
témoin gênant de vos forfaits
une carte qui cherche toujours ses origines
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L’ombre d’un rêve
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comme ce matin
quand j’étouffais le rêve dans lequel
tu mettais du sucre
dans les jarres d’argile d'une autre

Je voudrais que tu me prennes dans les bras
que tu m’enrobes comme une chair dans la panure
que tu me mettes sur le feu
que tu m’avales
que je reste lovée en toi
pendant que tu m’assimiles

Je voudrais que tu me fasses des dictées de Proust
pendant que nous buvons le café
blottis dans une phrase
comme un dessin de Barista dans une tasse de cappuccino
qu’aucun d’entre nous ne parte à la recherche du temps
que le temps égaré nous retrouve
inachevés

Je voudrais que l'odeur de la pluie nous enivre
que le bonheur des autres nous éclaire
que nous surplombions les ponts de Paris
grands comme des géants
avec un seul œil
touchant de la main le ciel
ébouriffant les nuages

que nous courions
du crépuscule au commencement
jusqu’à en boiter
en avoir les cheveux verts

Je voudrais m’écouler en toi
encore sentir le bonbon à l’aurore
je voudrais que tu ne sois pas cendres
que ma chair ne devienne pas de marbre

(Dana Novac)
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Babel
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la vie est un tour de piste
qu’on fait dans un autocar lexical
dans lequel montent des gens
qui poussent les voix à l’extérieur
pour s’installer sur les paroles confortables
du moi et du silence
mais tout le monde parle en même temps
– l’intérieur et l’extérieur –
et quand le silence l’emporte
chacun se retire
sur les chaises du fond
pour reposer les os
de son cœur

nos mots sont métalliques
extraterrestres
lubrifiés aux articulations
doux comme les cumulonimbus
ankylosés avec de l’huile extra vierge
de points
de majuscules
de virgules
d’étonnements

comprenne qui pourra
rien ou vice versa
comprenne bien le vent
qui nous emportera

(Ana Barton)
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à la fin
il est bon d’être seul
une étoile se faufile parfois
par le plafond
comme un sou
dans le tronc des aumônes

elle entre chez toi
et s’en va aussitôt
mais tu es le seul
au monde
à voir
sa lumière

(Radu Ștefănescu)
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Video de Radu Bata (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Radu Bata
Radu Bata et Le philtre des nuages et autres ivresses au Café de Paris (2014)
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