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EAN : 9782707301239
188 pages
Editions de Minuit (01/04/1962)
3.9/5   20 notes
Résumé :
Comme les récits fictifs des romans, les textes qui suivent - au moins des deux premiers – se présentent avec l'intention de peindre la vérité. Non que je sois porté à leur croire une valeur convaincante. Je n'ai pas voulu donner le change. Il n'est d'ailleurs pas en principe de roman qui donne le change. Et je ne pouvais songer à le faire à mon tour mieux qu'un autre. Je crois même qu'en un sens mes récits atteignent clairement l'impossible. Ces évocations ont à la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque parce que Georges Bataille fait partie du groupe de la rue Saint-Benoît (chez Marguerite Duras) qui est une référence pour moi.
Je n'ai pas dépassé la page quarante-quatre et je n'ai même pas compris le titre du livre "l'impossible" qui se présente en trois parties (Histoire de rats suivi de Dianus et de L'Orestie) qui, dans sa première édition, en 1947, se nommait "La Haine de la poésie".
Effectivement "Impossible" à lire ; je n'ai d'ailleurs pas compris de quoi il s'agit en dehors du fait que l'auteur est obsédé par le désir et la mort. Trop anxiogène pour moi. Je ferai peut être une autre tentative avec un autre livre pour découvrir Georges Bataille, mais plus tard.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation


Dans le jeu excédant la nature, il est indifférent que je l’excède ou qu’elle même s’excède en moi (elle est peut-être tout entière, excès d’elle-même), mais, dans le temps, l’excès s’insère à la fin dans l’ordre des choses (je mourrai à ce moment-là).

Il m’a fallu, pour saisir un possible au sein d’une évidente impossibilité, me représenter d’abord la situation inverse.

A supposer que je veuille me réduire à l’ordre légal, j’ai peu de chances d’y parvenir entièrement : je pécherai par inconséquence – par rigueur malheureuse…

Dans l’extrême rigueur, l’exigence de l’ordre est détentrice d’un si grand pouvoir qu’elle ne peut se retourner contre elle-même. Dans l’expérience qu’en ont les dévots (les mystiques), la personne de Dieu est placée au sommet d’un non-sens immoral : l’amour dévot réalise en Dieu – auquel il s’identifie – un excès qui, s’il l’assumait personnellement, le jetterait à genoux, écoeuré.

La réduction à l’ordre échoue de toutes façons : la dévotion formelle (sans excès) conduit à l’inconséquence. La tentative inverse a donc des chances. Il lui faut se servir de chemins détournés (de rires, de nausées incessantes). Sur le plan où ces choses se jouent, chaque élément se change en son contraire incessamment. Dieu se charge soudain d’”horrible grandeur”. Ou la poésie glisse à l’embellissement. A chaque effort que je fais pour le saisir, l’objet de mon attente se change en un contraire.

L’éclat de la poésie se révèle hors des moments qu’elle atteint dans un désordre de mort.

(Un commun accord situe à part les deux auteurs qui ajoutèrent à celui de la poésie l’éclat d’un échec. L’équivoque est liée à leurs noms, mais l’un et l’autre épuisèrent le sens de la poésie qui s’achève en son contraire, en ujn sentiment de haine de la poésie. La poésie qui ne s’élève pas au non-sens de la poésie n’est que le vide de la poésie, que la belle poésie).




P185

Pour qui sont ces serpents … ?

L’inconnu et la mort… sans la mutité bovine, seule assez solide en de tels chemins. Dans cet inconnu, aveugle, je succombe (je renonce à l’épuisement raisonné des possibles)

La poésie n’est pas une connaissance de soi-même, encore moins l’expérience d’une lointain possible (de ce qui auparavant n’était pas) mais la simple évocation par les mots de possibilités inaccessibles.

L’évocation a sur l’expérience l’avantage d’une richesse et d’une facilité infinie mais éloigne de l’expérience (essentiellement paralysée).

Sans l’exubérance de l’évocation, l’expérience serait raisonnable. Elle commence à partir de ma folie, si l’impuissance de l’évocation m’écoeure.

La poésie ouvre la nuit à l’excès du désir. La nuit laissée par les ravages de la poésie est en moi la mesure d’un refus – de ma folle volonté d’excéder le monde – La poésie aussi excédait ce monde mais elle ne pouvait me changer.

Ma liberté fictive assura davantage qu’elle ne ruinait la contrainte du donné naturel. Si je m’en étais contenté, je me serais soumis à la longue à la limite de ce donné.

Je continuais de mettre en question la limite du monde, rayant la misère de qui s’en contente, et je ne pus supporter longtemps la facilité de la fiction : j’en exigeai la réalité, je devins fou.

Si je mentais, je demeurais sur le plan de la poésie, d’un dépassement verbal du monde. Si je persévérais en un décri aveugle du monde, mon décri était faux (comme le dépassement). En un certain sens, mon accord avec le monde s’approfondissait. Mais ne pouvait mentir sciemment, je devins fou (capable d’ignorer la vérité). Ou ne sachant plus, pour moi seul, jouer la comédie d’un délire, je devins fou encore mais intérieurement : je fis l’expérience de la nuit.

La poésie fut un simple détour : j’échappai par elle au monde du discours, devenu pour moi le monde naturel, j’entrai avec elle en une sorte de tombe où l’infinité du possible naissait de la mort du monde logique.

La logique en mourant accouchait de folles richesses. Mais le possible évoqué n’est qu’irréel, la mort du monde logique est irréelle, tout es louche et fuyant dans cette obscurité relative. Je puis m’y moquer de moi-même et des autres : tout le réel est sans valeur, toute valeur irréelle! De là cette facilité et cette fatalité de glissements, où j’ignore si je mens ou si je suis fou. La nécessité de la nuit procède de cette situation malheureuse.

La nuit ne pouvait qu’en passer par un détour.
La mise en question de toutes choses naissait de l’exaspération d’un désir, qui ne pouvait porter sur le vide!

L’objet de mon désir était en premier lieu l’illusion et ne put être qu’en second lieu le vide de la désillusion.

La mise en question sans désir est formelle, indifférente. Ce n’est pas d’elle qu’on pourrait dire : “c’est la même chose que l’homme”

La poésie révèle un pouvoir de l’inconnu. Mais l’inconnu n’est qu’un vide insignifiant, s’il n’est pas l’objet d’un désir. La poésie est moyen terme, elle dérobe le connu dans l’inconnu : elle es l’inconnu paré des couleurs aveuglantes et de l’apparence d’un soleil.

Ebloui de mille figures où se composent l’ennui, l’impatience et l’amour. Maintenant mon désir n’a qu’un objet : l’au-delà de ces milles figures de la nuit.
Mais dans la nuit le désir ment et, de cette manière, elle cesse d’en paraître l’objet. Cette existence par moi mené “dans la nuit” ressemble à celle de l’amant à la mort de l’être aimé, d’Oreste apprenant le suicide d’Hermione. Elle ne peut reconnaître en l’espèce de la nuit “ce qu’elle attendait”.
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Etre Oreste

Le tapis de jeu est cette nuit étoilée où je tombe, jeté comme le dé sur un champ de possibles éphémères.
Je n’ai pas de raison de “la trouver mauvaise”.

Etant une chute aveugle dans la nuit, j’excède ma volonté malgré moi (qui n’est en moi que le donné); et ma peur est le cri d’une liberté infinie.

Si je n’excédais par un saut la nature “statique et donnée”, je serais défini par des lois. Mais la nature me joue, me jette plus loin qu’elle même, au-delà des lois, des limites qui font que les humbles l’aiment.

Je suis le résultat d’un jeu, ce qui, si je n’étais pas, ne serait pas, qui pouvait ne pas être.

Je suis, dans le sein d’une immensité, un plus excédant cette immensité. Mon bonheur et mon être même découlent de ce caractère excédant.

Ma bêtise a béni la nature secourable, agenouillée, devant Dieu.
Ce que je suis (mon rire, mon bonheur ivres) n’en est pas moins joué, livré au hasard, mis à la porte dans la nuit, chassé comme un chien.

Le vent de la vérité a répondu comme une gifle à la joue tendue de la piété.

Le coeur est humain dans la mesure où il se révolte (ceci veut dire : être un homme est “ne pas s’incliner devant la loi”)

Un poète ne justifie pas – il n’accepte pas – tout à fait la nature. La vraie poésie est en dehors des lois. Mais la poésie, finalement, accepte la poésie.

Quand accepter la poésie la change en son contraire (elle devient médiatrice d’une acceptation)! je retiens le saut dans lequel j’excèderais l’univers, je justifie le monde donné, je me contente de lui.

M’insérer dans ce qui m’entoure, m’expliquer ou ne voir en mon insondable nuit qu’une fable pour enfants (me donner de moi-même une image ou physique ou mythologique)! Non!...
Je renoncerais au jeu…

Je refuse, me révolte, mais pourquoi m’égarer. Si je délirais, je serais simplement naturel.

Le délire poétique a sa place dans la nature. Il la justifie, accepte de l’embellir. Le refus appartient à la conscience claire, mesurant ce qui lui arrive.
La claire distinction des divers possibles, le don d’aller au bout du plus lointain, relèvent de l’attention calme. Le jeu sans retour de moi-même, l’aller à l’au-delà de tout donné exigent non seulement ce rire infini, mais cette médidation lente (insensée, mais par excès)
C’est la pénombre et l’équivoque. La poésie éloigne en même temps de la nuit et du jour. Elle ne peut ni mettre en question ni mettre en action ce monde qui me lie.

La menace en est maintenue : la nature peut m’anéntir – me réduire à ce qu’elle est, annuler le jeu que je joue plus loin qu’elle – qui demande ma folie, ma gaîté, mon éveil infinis.

Le relâchement retire du jeu – et de même l’excès d’attention. L’emportement riant, le saut déraisonnable et la calme lucidité sont exigés du joueur, jusqu’au jour où la chance le lâche –ou la vie.

Je m’approche de la poésie : mais pour lui manquer.















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Tout ce qu'une voix ferrée et des signaux confèrent de mesquin à ce qui, malgré tout, se situe dans leur domaine... : mon four-rie à l'écart est perdu dans un monde de gares, de mécaniciens, d'ouvriers levés à l'aube.

Tant d'hommes de femmes rencontrés au cours de ma vie qui ne cessèrent pas dès lors un instant de vivre, de penser une chose puis l'autre, de se lever, de se laver, etc. ou de dormir. A moins qu'un accident ou quelque maladie ne les ait retirés du monde, où ils n'ont laissé qu'une insoutenable dépouille.

Nul à peu près n'évite, un jour ou l'autre, la situation, qui m'enferme maintenant; pas une question posée en moi que la vie et l'impossibilité de la vie n'aient posée à chacun d'eux. Mais le soleil aveugle, et bien que la lumière aveuglante soit familière à tous les yeux, personne ne s'y perd.

je ne sais si je vais tomber, si j'aurai même la force nécessaire à la main pour achever la phrase, mais l'implacable volonté l'emporte : le débris qu'à cette table je suis, quand j'ai tout perdu et qu'un silence d'éternité règne dans la maison, est là comme un morceau de lumière, qui peut-être tombe en ruine, mais rayonne.
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O malheur insensé, sans regret, sans angoisse ! De telles flammes, déchirantes et fêlées, me voici brûlant du désir de brûler. Entre la mort et la douleur physique -- et le plaisir, plus profond que la mort et la douleur -- je me traîne dans une nuit chagrine, à la limite du sommeil.
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Quand j'entrevois, comme aujourd'hui, le "simple" fond des choses (ce qu'à la condition d'une chance infinie, l'agonie révélera sans réserve), je sais que je devrais me taire : je recule, en parlant, le moment de l'irrémédiable.
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Vidéo de Georges Bataille
Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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