Comment commenter le meilleur livre que j'ai lu depuis deux décennies?
En disant que c'est "un livre un coup de poing"? Que c'est "une gifle magistrale"? Qu'on "n'en ressort pas indemne"? Si Ginette lisait ça, elle me retrouverait et me corrigerait pour avoir écrit de telles conneries à son sujet.
Pour être plus sérieux, ce livre m'a permis de rire à gorge déployée et il m'a aussi fait pleurer. Et c'est un mélange parfaitement impossible à atteindre, car il est aisé d'être dans le grotesque et à l'extrême opposé aisé d'être dans le pathos. Naviguer entre les deux, être sincère, qu'est-ce ce que c'est dur! Qui a réussi cela dans la littérature, Céline peut-être?
L'auteur mystère des malheurs de Ginette reste à la limite; on peut rire de tout et de tout le monde, mais aussi de rien.
Ce livre mérite le prix Goncourt du premier roman et bien d'autres.
Quand je repense bien aux malheurs de Ginette, je me dis que j'aimerais tant ne pas l'avoir lu... afin de pouvoir le lire pour la première fois.
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Il n'est plus temps de reculer pour rédiger cette chronique, demain vient le dernier jour du délai masse critique. Car cette lecture est née de la drôle d'idée de cocher dans la liste, des ouvrages à 100 lieues de mes habitudes... Mais la quatrième de couverture m'avait intriguée et je souhaitais découvrir ce singulier personnage. Et bien, elle déménage la Ginette, gouailleuse mais lettrée, le verbe aussi riche que ses ballotins, elle nous promène avec plaisir dans un Paris de cinéma et de romans. L'écriture argotique, la couverture criarde, les dialogues intérieurs soigneusement imagés m'ont ravie, et pourtant, à l'ouverture du colis je me demandais vraiment dans quelle galère j'étais aller me fourrer ! Amateurs de Dard, d'Audiard, laissez-vous tenter ce sera sans regret.
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Comment parler de ce livre...
Alors tout d'abord pour moi il a été presque dur à lire, le style d'écriture n'étant pas dans mon habitude, mais une fois dedans..
Ginette, partie de sa campagne profonde se retrouve dame pipi et mêlée, bien malgré elle, à un trafic de drogue.
Ginette, rondouillarde, provinciale, dans le milieu de la nuit parisien.
Ginette qui repense souvent à son mari, à sa vie d'avant, mais qui ne les regrette pas du tout...
Ginette, Ginette
On rit, on a la larme à l'oeil... Un roman complet, qui nous fait passer par tous les stades des émotions..
Une belle lecture qu'on a du mal à mettre de coté une fois plongés dedans.
La sincérité du personnage vous bouleverse, de même que les situations, parfois cocasses sans êtres grotesques...
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Mais Gifi l'infidèle avait connu bien d'autres aventures. Quelques fiasco aussi : l'amant de la mère Duras. Elle eut beau le retourner dans tous les sens et dans toutes ses versions, imbaisable, bien trop coincé l'Asiat à la limousine noire et à la queue amidonnée. Pourtant le rêve y était sur le bac du Mékong et le désir brûlant en face de la montagne Siam. Au rebut le mauvais amant. Les prix Goncourt, quelle arnaque ! Même pas le plaisir de jouir.
La connerie qui vous massacre un visage pire qu’un Bacon en transe. D’ailleurs, Gigi se disait parfois que, peintre, elle aurait sûrement cherché toute sa vie à représenter l’irreprésentable : la connerie. Facile avec le chagrin, la peur, la joie, la folie, la candeur, la méchanceté, mais la connerie… la connerie. Elle est insaisissable, elle est fourbe, cauteleuse, elle se camoufle dans les méandres du corps, l’iris, le genou, un reniflement, un toussotement, sautant de l’un à l’autre… Elle est dissimulée jusque dans les recoins des sens.
Son humour décapant était mal vu dans l'agora citoyenne... Mais pour elle, il était la seule manière de pourfendre les diktats imbéciles imposés par ses pairs, dont les principes de base avaient un fondement frustrateur.
Gigi lui écrasa une bise émue. Il la serra dans ses bras qui n’étaient pas assez longs pour en faire le tour. Parce que, de Gigi, on ne pouvait jamais en faire le tour.
Comme tous les imbéciles, d’ici ou d’ailleurs, leur vie s’embourbant dans l’ennui, ils la nourrissaient d’interdits et d’obligations pour mieux pourrir celles des autres. [...]
La masse connasse, c’est la dictature jusque dans le trou du cul.