Les gens n'aiment pas les histoires compliquées, ils préfèrent les histoires simples ; « Il était une fois… ils vécurent heureux… ils eurent de beaux et nombreux enfants. » Point à la ligne. Or la découverte de l'Amérique n'est pas une histoire simple ; Aucune ne l'est, mais encore moins celle-ci.
Et puis les monarchies de droit divin, la monarchie catholique espagnole en particulier, n'avaient aucune envie de partager avec quiconque ce fruit juteux. Elle pouvait encore moins se permettre que des fissures apparaissent dans le socle qu'elle s'était façonnée et sur lequel elle s'était élevée. Il était donc nécessaire qu'il n'y ait qu'une seule histoire et que celle-ci dissimula toutes les autres par le bruit tonitruant qu'elle ferait ; une nuit d'octobre 1492, une centaine de marins et soldats mandatées par les rois espagnols Isabelle 1ère de Castille et Ferdinand II d'
Aragon abordèrent le Nouveau Monde avec deux caravelles et une caraque, leurs pas guidés par la lumière divine.
Or
Cesare Battisti nous raconte une autre histoire. Peut importe que celle-ci soit vraie ou fausse, elle permet d'ouvrir notre esprit vers une multitude de possibilités. La Vérité n'existe plus. Elle vole en éclat. Et grâce à la disparition de ce dôme obscur et omnipotent perce une nouvelle lumière plus vive, plus libre et plus belle. Plus magique.
Son personnage
IndioPessoa est étrange et mystérieux. Il est de ces hommes qui ont mille vies et restent une énigme aux yeux des autres autant de leur vivant qu'au-delà de leur mort. Ce dernier a rencontré le narrateur peut-être par hasard, mais peut-être pas, et lui a annoncé son intention de se rendre à vélo depuis São Paulo jusqu'à Cananéia supposé être le kilomètre zéro des routes brésiliennes. Or de ce voyage, il ne reviendra pas.
Son testament mêlant l'histoire contemporaine du Brésil à
L Histoire ancienne intrigue et nous révèle qu'il ne faut pas se contenter de regarder pour voir et qu'il est nécessaire de changer d'appui, de prendre un autre angle, d'éclairer autrement la scène avant de se faire une idée. Il est sain de remettre en cause les règles établies et l'histoire officielle et de permettre au doute de s'installer avant d'émettre une opinion.
Cesare Battisti nous accompagne dans ce voyage le long de la côte sud du Brésil ; On rencontre de drôles de gens, on patauge dans les mangroves et la lagune, on se balade d'îles en îles avant de retrouver notre énigmatique
IndioPessoa mort noyé. Est-ce un crime ou un simple accident ?
Et sa disparition est-elle lié aux recherches qu'il menait afin de prouver que le Brésil aurait été découvert par un pirate ottoman et un scientifique juif plutôt que par les Portugais ? Mystère…
Alors on veut bien croire à l'existence d'un galion ayant sombré avec sa précieuse cargaison. On veut bien croire aux chamans indiens. On veut bien croire à la magie de la vie lorsque qu'elle touche les gens libres de voir et de croire en eux. Mi roman historique, mi essai philosophique, mi polar, mi roman d'aventure, mi plaidoyer pour la diversité et la liberté de penser.
INDIO est à ce titre un roman atypique.