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A la mort de son père, le roi aveugle Oedipe, Antigone rentre à Thèbes. Après avoir marché dix ans durant avec son père sur les chemins De Grèce, elle doit retourner dans sa ville natale. Sa ville maudite, puisque ses deux frères jumeaux, Etéocle et Polynice, s'en disputent le trône, et que l'affrontement mortel se rapproche inexorablement. Etéocle occupe le pouvoir, mais Polynice, le traître banni, marche sur la ville avec une armée. La guerre menace, Antigone le sait, et veut tout faire pour empêcher ses frères tant aimés de s'entretuer. Elle sait aussi qu'elle va échouer, mais elle n'a pas le choix, en tant que soeur il lui est impossible de prendre parti pour l'un d'eux ou de les laisser se déchirer, son destin lui commande de s'interposer.

Fraîchement accueillie à son retour à Thèbes, elle y trouve néanmoins sa place, s'occupe de soigner et nourrir les miséreux de la ville. Elle tente une médiation entre ses deux frères, en vain. La guerre est là, les frères ennemis se livrent une lutte sans merci dont aucun ne réchappe. Etéocle a droit à tous les honneurs lors de ses funérailles, tandis que le cadavre de Polynice est laissé aux vautours hors les murs de la ville. Créon, leur oncle et désormais roi de Thèbes, a décrété que le traître ne méritait pas de sépulture, et que celui qui tenterait de l'enterrer serait condamné à mort. A nouveau, le devoir et le destin d'Antigone l'appellent ; elle parvient à jeter quelques poignées de terre sur le corps de Polynice, avant d'être arrêtée. Elle s'en justifie devant Créon : "Je ne refuse pas les lois de la cité, ce sont des lois pour les vivants, elles ne peuvent s'imposer aux morts. Pour ceux-ci il existe une autre loi qui est inscrite dans le corps des femmes. Tous nos corps, ceux des vivants et ceux des morts, sont nés un jour d'une femme, ils ont été portés, soignés et chéris par elle. Une intime certitude assure aux femmes que ces corps, lorsque la vie les quitte, ont droit aux honneurs funèbres et à entrer à la fois dans l'oubli et dans l'infini respect. Nous savons cela, nous le savons sans que nul ne l'enseigne ou l'ordonne". Elle n'attend aucune clémence, aucun secours, elle refuse que ses amis se révoltent contre Créon et que le sang soit versé en son nom, son destin doit s'accomplir.

A l'école, j'avais dû lire l'Antigone de Jean Anouilh quand j'avais 15-16 ans, et cette héroïne au tempérament entier, intègre, idéaliste, qui voulait tout, tout de suite, m'avait alors bouleversée, subjuguée. Avec le roman de Bauchau, le coup de coeur est moins fulgurant, mais tout de même, quel personnage. Et puis la forme du roman, plus longue que celle d'une pièce de théâtre, permet de pousser davantage l'analyse psychologique des protagonistes, et il faut avouer que le mythe d'Oedipe et de sa descendance est un aubaine pour le psychanalyste qu'était Henry Bauchau. Il y a la question fascinante de la gémellité, avec le brillant Polynice, préféré de sa mère Jocaste, et Etéocle, l'éternel complexé, qui n'existe et ne se construit que dans sa rivalité avec son frère. Et Antigone, vouée dès sa naissance à se sacrifier pour les autres sans jamais pouvoir vivre sa propre vie ni tenir compte de ses désirs, d'aimer ou d'avoir des enfants. Infiniment, terriblement seule malgré tout l'amour de sa famille, de ses fidèles amis, de ses soupirants à qui elle s'empêche de céder, parce qu'une force supérieure l'appelle. Et puis il y a le Destin, celui qui s'accomplira quoi qu'on fasse pour le détourner de son cours.

Il y a l'amour et la haine, les deux faces d'une même médaille, indissolublement liées, et qui conduiront Antigone à la mort. Il y a aussi l'opposition homme/femme, l'individuel et le collectif, la politique et le sacré, la filiation et la maternité, l'amour et le renoncement, la force et la fragilité d'une femme. Antigone l'héroïque est amour, passion, désespoir, désirs, féminité, regrets, révolte, impuissance, résignation. Elle porte sa souffrance et celle des autres et son horreur de la guerre, un poids bien trop lourd pour elle, qu'elle dépose dans un dernier cri de rage, avant le silence du tombeau.

L'Antigone de Bauchau est un texte très (parfois trop) lyrique et un peu long. Mais, parsemé de belles fulgurances et de moments poignants, entre noirceur et lumière, il est l'écho d'un cri qu'on entend encore bien après avoir refermé le livre, et le portrait d'un personnage inoubliable.
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Henry Bauchau est un auteur peu connu me semble-t-il, décédé il y a quelques années à presque cent ans. Il est entré dans la lumière des médias lorsqu'il a obtenu le prix du Livre Inter pour son roman le Boulevard périphérique en 2008, magnifique roman, mais c'est une amie bibliothécaire qui me la fait connaître. Elle a tout lu de lui : ses romans tout d'abord, mais aussi ses poèmes magnifiques, il a écrit aussi des oeuvres théâtrales, et étonnamment autour de ses publications il écrivait une sorte de journal en parallèle pour donner quelques éclairages sur le contenu de ses écrits. Un jour, elle décida de lui écrire pour lui faire part de son admiration pour ses oeuvres et il lui répondit, par une lettre manuscrite, une écriture en pattes de mouche, répondant tel un professeur bienveillant et attentif, à toutes les questions qu'elle lui avait posées pour mieux comprendre certains aspects de ses textes. Elle en fut totalement retournée... Ils continuèrent de s'écrire jusqu'à sa mort et en guise de partage, elle me donna l'envie de connaître mieux l'oeuvre de cet écrivain.
Ah, j'oubliais presque l'essentiel et qui donne une connotation particulière, en dehors de l'écriture romanesque, Henry Bauchau exerça la profession de psychanalyste, ce qui n'est pas anodin dans son oeuvre, en particulier sur le livre dont je vais vous parler ici, puisqu'il y plane forcément le fameux mythe d'Oedipe...
Avant de lire l'Antigone d'Henry Bauchau, qui est un roman, je pense que c'est important ici de le préciser, j'avais lu les deux oeuvres théâtrales les plus connues autour de ce mythe d'Antigone : celle de Sophocle tout d'abord, puis celle de Jean Anouilh, plus moderne. Je trouve que le récit sous forme de roman apporte vraiment quelque chose de nouveau par rapport à la dramaturgie théâtrale. Comme je savais qu'Henry Bauchau était psychanalyste, forcément ma lecture a été un peu influencée en cherchant ici et là où il avait pu poser cette empreinte particulière. Et je n'ai pas été déçu...
Tout d'abord Henry Bauchau rend ce personnage mythique très attachant, presque proche de nous. C'est sans doute dû à la narration, puisque c'est Antigone qui nous parle, c'est elle la narratrice du récit, de son propre destin.
Il en fait un personnage lumineux, sensuel, féminin. Elle est présente à nos côtés ou plutôt ce sont nous qui marchons dans Thèbes sa ville, dans ses pas, au plus près d'elle. Nous sommes presque dans sa respiration. Nous devenons intimes de ses pensées, des images qu'elle porte sur son enfance, les siens, son destin, les sentiments et les pulsions qui l'animent.
Après un long périple tumultueux qu'Henry Bauchau a raconté dans un ouvrage précédent : Oedipe sur la route, Antigone revient chez elle. Son quotidien est fait d'une maison, d'un havre de paix provisoire, d'une vie familiale où elle se retrouve avec bonheur. Cependant, cette tranquillité est éphémère. Les deux frères jumeaux d'Antigone, Etéocle et Polynice, s'affrontent, avec comme enjeu celui de poser leur pouvoir sur Thèbes. D'ailleurs, au-delà du désir de rejoindre le havre familial, elle était déjà préoccupée, animée par ce désir ardent d'agir pour éviter l'affrontement. Antigone n'est pas très bien accueillie lorsqu'elle revient à Thèbes, reconnaissons-le. Cependant, sa personnalité généreuse va s'imposer autour d'elle. Elle apporte une lumière, une respiration nouvelle, quelque chose qui manque en ce lieu. Mais la querelle des deux frères dévoile vite autre chose que la simple quête du pouvoir et du contrôle de Thèbes. C'est là que tout l'art d'Henry Bauchau, en fin psychanalyste, va se révéler. C'est une querelle entre deux frères jaloux de l'amour porté par leur mère Jocaste. Leur mère est à présent morte mais elle continue d'être présente dans ce récit. Jocaste, peut-être que ce nom ne vous dit rien et pourtant... Lors d'un second mariage, elle fut l'épouse de son propre fils, Oedipe, de qui elle aura quatre enfants, deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Ismène et Antigone. Elle se pend lorsqu'elle apprend la vérité des liens l'unissant à Oedipe. Voilà, je savais bien que cela vous dirait quelque chose...
L'amour de la mère, désormais défunte, pour ses deux fils s'invite ici. Elle avait une préférence qu'elle ne cachait pas pour Polynice. Polynice est l'enfant qui vit dans la lumière, tout semble lui réussir, tout ce qu'il touche devient de la lumière. Mais il est excentrique, colérique. Etéocle l'enfant mal aimé est un être plus sombre, plus introverti. Il est d'une humeur calme. Comment deux frères jumeaux peuvent-ils être si dissemblables de caractère ? Comment dès lors Antigone pourra-t-elle éviter l'affrontement fratricide et réconcilier les deux frères qui portent malgré tout, un profond respect l'un pour l'autre ?
Pourtant Antigone, marche, crie. Son cri est merveilleux car elle ne veut pas la mort des siens, de ses frères. Elle aime ses frères plus que tout, elle ne supporte pas qu'ils puissent ainsi d'affronter. Elle marche vers son destin. À cet instant, elle croit encore que tout est possible. Nous aussi. Comme c'est beau l'espoir... Sinon, pourquoi se battrait-elle avec tant de fougue ? Elle est belle dans son combat. Tout au long de la lecture du roman, lorsque je refermais le livre, il m'arrivait de laisser mon imagination vagabonder vers les personnages, vers Antigone dont j'étais tombé amoureux, des images venaient alors vers moi, la silhouette d'une femme à la fois forte et fragile, belle marchant dans les murs de Thèbes. J'aurais voulu la sauver, retenir ses pas, l'amener hors de Thèbes, si loin, très loin.
Nous avançons vers le destin d'Antigone, nous marchons près d'elle, nous avons juste un pas d'avance car nous savons ce qui l'attend. Et malheureusement nous ne pouvons pas agir pour inverser le cours des choses.
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Ce livre est un cri... celui que pousse Antigone pour ses frères, sa ville, le souvenir de Jocaste et Œdipe et pour ses amours perdus... Elle porte sur ses épaules tout le poids de la guerre fratricide qui la mène à la mort. Elle souffre de ne pouvoir vivre pour elle, mais de devoir se sacrifier au nom de la famille.
Je ne possède aucune connaissance en mythologie grecque, je ne suis pas même spécialement attirée par cette période, mais on m'avait conseillé ce livre lors d'un club lecteur et je suis heureuse de l'avoir ouvert !!! On est littéralement emporté aux côtés d'Antigone, dans cette Thèbes bouleversée par l'orgueil et la soif de pouvoir des jumeaux de Jocaste...
Un roman dans lequel il faut absolument plonger si vous aimez les personnages forts et fragiles à la fois, qui vous hantent longtemps après la dernière page...
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Bien que peu férue de mythologie, je me suis complètement laissée séduire par cette version d'Antigone.
Henry Bauchau a l'art de nous emporter aux côtés d'Antigone, de nous faire partager sa force et ses faiblesse, sa joie et ses doutes, son amour inconditionnel pour ses deux frères.
Rien n'est pesant dans ce roman, ni les descriptions, ni les combats, ni les engagements d'Antigone.
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Depuis sa création par Sophocle en 441 avant JC, Antigone a donné lieu à de nombreuses versions théâtrales, dont celle la plus souvent évoquée, créée par Jean Anouilh en 1944. Des opéras, des films, y compris une bande dessinée se sont inspirés de l'oeuvre du grand poète tragique grec. L'auteur belge récemment disparu Henri Bauchau s'est risqué quant à lui à une version romancée, qui si j'en crois notre encyclopédie en ligne serait la seule.

Ce fut pour moi une excellente découverte. Outre une brève ouverture à cette tragédie que m'avait autorisée l'excellent ouvrage d'Édith Hamilton La mythologie, ses dieux, ses héros, ses légendes, je ne m'étais pas attaché jusque là au sort d'Antigone. Ma virginité sur le sujet ne me donne donc évidemment pas de légitimité de comparaison avec d'autres reprises de l'oeuvre, mais cet ouvrage d'Henri Bauchau a à mes yeux le mérite de rendre cette légende de la mythologie grecque très accessible au profane.

Le sort d'Antigone ne faisant plus débat depuis longtemps, il est intéressant de voir comment un auteur moderne traite la montée en puissance du drame qui se noue en conclusion de cet amour-haine qui unit et oppose à la fois les frères jumeaux, Étéocle et Polynice. Tous deux prétendants au trône de Thèbes laissé vacant par Oedipe, leur père, devenu le roi mendiant après s'être aveuglé.

Les deux frères s'étant entre-tués, le deuxième volet du drame devient la confrontation d'Antigone avec Créon, le nouveau roi de Thèbes et oncle de celle-ci. Antigone ayant transgressé l'édit royal interdisant d'offrir une sépulture à son frère Polynice décrété traitre à la cité de Thèbes, son procès donne lieu à une passe d'armes entre l'oncle et la nièce dont l'enjeu n'est ni plus ni moins que la mort de cette dernière.

Croyances, sentiments, sens du devoir, honneur, autant de valeurs aujourd'hui édulcorées voire disparues donnent à ce texte une lecture à n'en pas douter fort différente au lecteur selon le contexte culturel et les codes moraux de son époque. Ce qui peut paraître futile en nos temps de valeurs perdues commandait à la vie des anciens. C'est l'intérêt des thèmes classiques que de remettre en nos esprits les héroïsmes qui animaient nos anciens. Les ferveurs de ces époques lointaines échappent aujourd'hui à nos sociétés matérialistes.

Madeline Miller m'avait comblé avec circé et le chant d'Achille, Henri Bauchau me conforte dans cette approche de la mythologie par le biais du genre romanesque. Genre que l'on peut dans le cas considéré qualifier d'historique dans le sens où il reprend des contes et légendes transcrits par les premiers auteurs à avoir laissé des écrits à notre sagacité de lecteurs d'un autre temps. le magique et le surnaturel qui commandaient à la vie des contemporains de ces premiers auteurs font le bonheur fasciné de nous autres, lecteurs d'un siècle sans spiritualité qui avons la présomptueuse obsession de dominer la nature, de tout expliquer et de nous placer au centre de l'univers.
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J'ai tout simplement adoré ce livre qui est une réécriture du mythe d'Antigone et qui aurait pu s'intituler le cri d'Antigone, ce cri de l'humanité oppressée et souffrante continuant de résonner à travers les siècles.
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Dans l'oeuvre de Henry Bauchau, les grands mythes occupent une place considérable. Oedipe et Antigone en constituent des figures essentielles. Je ne connaissais pas cette part de on oeuvre, je commence avec Antigone. de retour à Thèbes après avoir suivi Oedipe son père pendant des années, Antigone entreprend de dissuader ses deux frères, Polynice et Etéocle, de se déchirer pour le trône de Thèbes.
Sous la plume précise de Bauchau, Antigone est à la hauteur du mythe. Violence des sentiments, souvent une émotion instantanée. le « non » crié par Antigone à Créon par exemple. Beauté presque immatérielle, irréelle de nombreux passages : le duel des chevaux, magnifiés ; la lueur de la chandelle dans la grotte. Ecrasante force du mythe servie par une écriture qui paraît presque simple. Mais si belle, si touchante. Souvent pris par la pureté des sensations décrites par Bauchau. Circonstance de lecture oblige, j'ai fait le lien avec l'idée de fraternité à l'origine de tout pour Malraux, alors qu'ici elle est destructrice, et le feu de Bachelard.
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Antigone est l'héroïne du Théâtre grec qui me fascine le plus : Antigone est la femme qui dit NON! Celle qui le crie. C'est aussi la fille d'Oedipe qui l'a guidé, aveugle sur les chemins De Grèce, qui a mendié pour lui. Fille de Roi, de Reine, mendiante.  

Antigone de Sophocle a inspiré de nombreux écrivains et metteurs en scène. C'est la tragédie la plus impressionnante, jouée chaque fois dans un  paroxysme de l'Histoire. La version qui m'a impressionnée le plus est celle de Adel Hakim jouée par le Théâtre national palestinien aux Théâtre des Quartiers d'Ivry  que j'ai été voir deux fois. Tragédie de Beyrouth dans le  4ème Mur de Sorj Chalandon . J'ai même vu une Antigone Ukrainienne/Russe, un peu punk et musicale de Lucie Bérelowitsch qui a choisi une version de Brecht/Sophocle. Bien sûr, il y a celle d'Anouilh(1944). 

Antigone de Bauchau n'est pas une pièce de théâtre mais un roman qui fait suite à Oedipe sur la Route lu il y a douze ans qui m'avait laissé un souvenir inoubliable. Avec  368 pages, l'auteur développe une histoire plus longue avec de nombreux personnages, avec des retours dans l'épopée de Thébes :  Oedipe et Jocaste  et sur les pérégrinations d'Oedipe. 

Antigone de Bauchau commence avec le retour de l'héroïne à Thèbes après la mort d'Oedipe. Antigone est entourée des compagnons de son père : Clios qui peint une fresque pour Thésée à Athènes et qui la met en garde:


Bauchau développe l'histoire des jumeaux : Polynice et Etéocle, désiré et souverain, Etéocle toujours en rivalité. de la jalousie d'Etéocle et de la domination de Polynice, il ne peut que résulter le combat, combat à mort. Dédoublements, Etéocle demande à Antigone de sculpter deux statues de Jocaste , il offre un étalon noir à Polynice qui part à la recherche d'un cheval aussi fougueux, aussi beau, blanc.


Au lieu de se tenir comme Sophocle,  à l'épisode de l'interdit de la a sépulture de Polynice, par Créon, et du refus de  la tyrannie par Antigone,  privilégiant  la loi des Dieux avec  la tradition des honneurs dus aux morts, par rapport à la loi de la Cité (le décret de Créon), Bauchau inscrit les funérailles à la fin de l'histoire de la guerre de Thèbes. Il raconte toute une épopée. Epopée guerrière, histoire d'amour, relations familiales...La tyrannie de Créon n'entre en scène qu'après les trois quarts du livre.

"Nous les femmes, les soeurs, nous devons seulement enterrer Polynice et dire non, totalement non à Créon. Il est le roi des Thébains vivants, il n'est pas celui des morts."

Antigone n'est pas seulement celle qui dit non. C'est aussi celle qui ne veut pas choisir l'un ou l'autre de ses frères, qui va tenter de faire la paix entre eux. C'est aussi l'héroïne qui va soigner les blessés, faire de sa maison un refuge pour les pauvres et pour des personnalités un peu étranges, comme le faux aveugle Dirkos qui chante les chants d'Oedipe, ou Timour, le Nomade cavalier et archer, qui apprend à Antigone le "chant de l'arc". Antigone est une femme puissante, cavalière accomplie, archère.

Sans affaiblir la tragédie, Bauchau brode, interrompt son récit comme l'aède qui peut réciter des milliers de vers. Ce n'est pas un théâtre politique. C'est une véritable épopée.
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Tragédie grecque bien connue et remaniée de bien des façons par de nombreux auteurs.

Henri Bauchau en fait un roman dont la narratrice est Antigone. Je me suis laissé guidé par elle, je l'ai suivie avec beaucoup de proximité et d'empathie.

Antigone est à la fois la fille et la soeur d'Oedipe. Oedipe est le roi déchu de Thèbes. Il est aveugle et décide de s'en aller au départ n'importe où du moment qu'il s'en va et Antigone, qui a décidé de ne pas l'abandonner, quitte Thèbes avec lui. Elle sera ses yeux pour une marche qui durera dix ans. Au décès d'Oedipe elle revient à Thèbes où ses frères se disputent le trône. Il avait été convenu que le pouvoir chaque année passerai de Etéocle à Polynice et de Polynice à Etéocle et ainsi de suite. Il se fait que ses frères s'aimaient et se haïssaient en même temps. Antigone connaissait bien ses frères. Elle voulu insérer l'entente entre eux mais leur orgueil et leur soif de pouvoir a pris le dessus. Ils se sont battus et ils ont, l'un et l'autre, péri.

Dans la bataille, il y eut beaucoup de blessés qu'Antigone et sa soeur Ismène soignèrent. de l'amour vu le jour entre Antigone et son cousin Hémon.

Au décès de Polynice et Etéocle, l'oncle Créon monta sur le trône. Pour lui Etéocle avait droit aux honneurs. Quant à Polynice, qui avait avec les nomades envahi la cité de Thèbes en vue de prendre le pouvoir, pour le roi Créon son corps devait être laissé aux charognards et aux corbeaux. Antigone qui aimait ses frères de façon égale participa aux funérailles d'Etéocle. Pour Polynice, elle en attendait autant et comme il n'en était rien, Créon en avait décidé autrement, elle se querella à l'encontre de Créon, qui la mit sur surveillance pour finalement l'enterrée vivante dans une grotte.

J'ai lu d'autres versions d'Antigone et les souvenirs avaient tendance à se mêler. Pour éviter cette confusion, j'ai lu trois fois le roman d'Henry Bauchau. J'y ai vu une Antigone aimante, déterminée à faire le bien à travers une multitude d'antagonismes. Cette Antigone, je la trouvais attachante. J'en ai fait mon amie.

C'est le premier Henry Bauchau que je lis. Dans ce roman de l'auteur, j'ai trouvé l'écriture belle et addictive. N'étant pas un spécialiste de mythologie, je n'ai pu identifier les divinités dont question au fil du texte, et comprendre ce qu'elles apportaient à l'histoire.

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Cette lecture trace l'un de plus beau portrait d'Antigone.

Une femme forte et juste qui veut changer les choses. Une femme aidante, aimante, fascinante.
Une femme prête à tout sacrifier pour le bonheur des siens.

L'auteur a rendu Antigone attachante. Tout au long du roman, on croit en elle, on croit qu'elle peut encore sauver ses frères, on croit qu'elle peut encore être heureuse, que le destin peut encore être modifié.

On ne peut qu'être sous le charme..
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