AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 308 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pas facile de circuler dans une grande ville. Me faisant cette conclusion, j'ai décidé, il y a trois semaines de cela, de ne plus sortir de chez moi, sauf exceptions contrôlées, maîtrisées, encadrées et mesurées.


Imaginons que je veuille aller à Porte des Alpes – ce qui serait assez saugrenu, mais pourquoi pas. Il faut compter une dizaine de minutes en voiture mais si je veux prendre les transports en commun, je dois d'abord aller chercher le C26 dont la station la plus proche se situe à 6 minutes de chez moi et qui passe toutes les 8 minutes en période de pointe, puis je dois descendre au terminus de Grange-Blanche après quinze minutes pour prendre le tram qui passe toutes les sept minutes en semaine. Je descends ensuite à l'arrêt Porte des Alpes après une dizaine de minutes à respirer l'odeur de merde des gens entassés autour de moi. Cet arrêt se situe à l'autre bout de l'entrée du centre commercial, ce qui représente environ 800 mètres de parking à traverser.


L'autre jour, j'avais un entretien pour un boulot à la con vers Garibaldi. Je regarde l'adresse sur le gps avant d'accepter. Niquel, c'est à côté de l'arrêt Abondance desservi par le C11 que je peux choper à deux minutes de chez moi. Je consulte les horaires en avance pour pas me faire chier à l'arrêt pour rien : 14h41. A 14h37, je suis là-bas avec un bouquin quelconque dans la main, choisi non pas pour l'intérêt qu'il pourrait représenter mais pour son format, car tout livre de transport en commun se doit de rentrer dans un sac ou dans une poche, ou d'être tenu à la main comme une vulgaire lettre pour les impôts. Inutile de se trimbaler des valises avec soi quand il s'agit seulement d'aller parler à un gogol qui recrute des gens pour un bar à salades (ce n'est pas parce qu'on met le mot « bar » dans un titre que ça devient plus fun).


14h45, toujours pas de bus. le bouquin m'énerve de plus en plus, à mesure que le bus ne vient pas. 14h50 : je sais que je ne serai pas à l'heure au rendez-vous. 14h55 : le bus arrive enfin ! Je monte à l'intérieur et je remarque que je suis la seule blanche parmi les passagers. Enfin ! j'ai l'impression d'être unique ! Dire que je cherchais un moyen de me distinguer depuis des années, il suffit que je monte dans ce bus un jour de semaine en plein après-midi pour devenir cet individu hors-normes que j'avais toujours rêvé d'être. Bref, des travaux sur la route, des arrêts tous les 500 mètres. Pour parcourir 4 ou 5 kilomètres, ce putain de bus met 20 minutes. Je descends enfin à l'arrêt Abondance. le livre est presque fini. Il est donc 15h15. Ma ponctualité, affirmée dans ma lettre de motivation, vient de trouver son infirmation. L'entretien dure une dizaine de minutes, le mec m'explique que je ne vais pas beaucoup cuisiner mais surtout faire du ménage et servir des cafés. Il demande aussi si je peux faire une semaine d'essai la semaine prochaine. Je crois pas non. Il me demande si j'ai des questions. Je me triture vaguement la tête et avec un sourire de faux-cul, je lui réponds non, vous avez tout bien expliqué, et je me dépêche de quitter son boui-boui pour choper le C11 en sens retour, que j'aperçois de loin.


Si ce que vous venez de lire vous a emmerdé, faites gaffe au Boulevard périphérique dont l'organisation urbaine de route et de poteaux indicateurs risque de vous écraser comme piéton shooté par voiture folle. Pour ma part, sensible au charme du goudron, des clignotants et des ronronnements de moteur -obligatoirement sensible à cela puisqu'on aime toujours ce qui nous berce dès l'enfance-, j'ai aimé l'énumération des stations de métro et des arrêts de bus -parisiens- à laquelle s'oblige Henry pour encadrer son récit de visites à l'hôpital, de retours à la maison, de travail. Une vie de merde, en somme, comme toutes nos vies. Parfois émergent des souvenirs anciens. de l'escalade avec Stéphane, de la résistance de guerre avec Shadow. On n'y comprend pas grand-chose au début. Les moments où l'auteur retrouve Paule dans sa chambre d'hôpital nous semblent plus calmes, plus plaisants, et pourtant, ici comme là-bas, la mort fait son chemin.


Drôle de bouquin pour drôle d'époque.
Commenter  J’apprécie          277
Henri Bauchau raconte deux histoires dans ce livre , le combat de sa belle -fille de 30 ans , contre le cancer et un souvenir de jeunesse qui l'a beaucoup marqué ; la mort d'un ami dont il était très proche , mort , torturé par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale , cet ami était résistant et avait essayé d'assassiner un officier allemand de façon presque suicidaire .
Avec le recul des années , il semble de plus en plus à l'auteur que ce geste est effectivement suicidaire et est peut-être lié à l'amour non partagé que lui portait son ami .
Tous les jours , l'auteur prend ' le périphérique ' d'où le nom du roman pour se rendre au chevet de sa belle -fille , comme si à travers elle , il essayait d'accomplir une réparation du passé .
L'auteur est psychanaliste et cela se sent , lorsqu'il nous raconte l'acte manqué , le jour de la mort de sa belle -fille , en effet , ce matin -là , il se rend compte qu'il a oublié les clés sur sa voiture et que la batterie est déchargée , ce passage est très bien décrit ,.
L'auteur apprivoise la mort , doucement , la mort qui balaie tout car aussitôt que la chambre d'hôpital de sa belle -fille est libérée , une autre patiente prend sa place .
J'avoue que ce roman qui démarrait bien m'a un peu déçue , car je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions et cela m'attriste car je viens de découvrir l'auteur qui a 99 ans cette année et qui a l'air si sympathique .
Commenter  J’apprécie          260
Alors qu'il accompagne sa belle-fille dans sa lutte contre le cancer, le narrateur se souvient de son ami Stéphane, grimpeur hors pair, qui a disparu pendant la Seconde guerre mondiale et dont la mort n'a jamais vraiment été élucidée.

Au rythme des trajets entre l'hôpital et la maison, les ombres de cette mort passée et de cette mort future assombrissent les pensées du narrateur : "Je n'avais jamais vraiment pensé à la vieillesse et voilà qu'elle approchait. La mort, utile aux autres, ne me faisait pas peur, du moins je le croyais, mais le vrai courage, la vraie lutte, celle contre l'affaiblissement, la diminution physique, la perte de mémoire, les maladies de l'âge, cela je ne l'avais pas envisagé et voici que c'était là à ma porte. [...] Ce sont les autres qui m'ont appris cela. Comme ils m'ont fait savoir que je n'étais plus un enfant, plus un jeune homme. Toujours que je n'étais plus, que je ne suis plus ce que j'ai été. Implacables les autres pour vous faire constater que tout change et vous apprendre à mourir. Sans les autres, est-ce que l'on ne mourrait pas ?"

Un beau texte, qui a séduit les autres Lectrices du club mais à côté duquel je suis totalement passée, ne serait-ce que parce que les descriptions des métros, RER et trajets qu'il faisait tous les jours me pesaient à un moment où j'en avais moi-même ras-le-bol. En réalité, j'étais davantage intéressée par l'histoire de Stéphane que par celle de Paule, la belle-fille qui est restée dans les limbes de mon imagination, sans réalité, alors que le grimpeur, le résistant Stéphane était une figure forte et mystérieuse. Mais l'alternance des histoires a fini par me perdre.

Un roman complexe, exigeant, qui n'a pas su me séduire.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          120
1980 le narrateur emprunte le boulevard périphérique parisien pour rendre visite à Paule, sa belle-fille qui meurt d'un cancer. Il se souvient de Stéphane un ami connu avant guerre, beau, sportif, alpiniste entré dans la Résistance et mort dans des conditions mystérieuses. Les deux deuils, les deux destins se télescopent.
S'ajoute un troisième personnage Shadow qui se voit en héros du mal à la manière de Dostoievsky et qui a vécu les derniers moments de Stéphane pendant la guerre : Stéphane prisonnier et Shadow geôlier. le narrateur rencontre Shadow après la guerre et se rend compte que ce héros du Mal, de l'ombre a lui aussi été fasciné par Stéphane, incarnation de la lumière et du Bien. Les deux sont présents dans les insomnies du narrateur.
Commenter  J’apprécie          90
Est-ce une auto-biographie ? La narrateur nous raconterait ici une partie de sa vie. La période de la guerre de 40 sur laquelle il se penche chaque jour depuis quelques mois l'intrigue. Depuis des semaines il prend chaque jour le périphérique de Paris pour aller voir Paule, sa belle -fille hospitalisée et durant ses trajets quotidiens il n'arrête pas de penser à son ancien ami Stéphane qu'il appréciait beaucoup ; comme ses escalades avec lui sur les rochers le long de la Meuse. Son ami était-il amoureux de lui sans jamais lui avoir dit ? Stéphane a disparu , s'est engagé dans la résistance puis est apparu Shadow, un colonel Allemand sur lequel beaucoup de questions se sont posées alors : aurait-il tué son copain Stéphane ?
Lecture pas facile, l'auteur est psychanalyste et chaque fait, chaque acte, chaque phrase peut être interprêté de différentes façons.
Commenter  J’apprécie          80
Achat au hasard en seconde main de ce livre écrit par un auteur belge inconnu pour moi. Coïncidence, il s'agit de l'oncle de l'écrivain Bernard Tirtiaux.

L'histoire est assez simple, mais elle n'est qu'un prétexte qu'utilise l'auteur pour développer ses pensées et ses enseignements : En 1980, alors qu'il emprunte quotidiennement le boulevard périphérique pour rendre visite à sa belle-fille, Paule, hospitalisée qui lutte contre un cancer virulent, le narrateur se souvient de son meilleur ami, Stéphane, compagnon d'escalade qui rejoignit la Résistance et fut retrouvé mort à la fin de la guerre dans des circonstances non élucidées. Quelques années plus tard, il entrera en contact avec ‘'Shadow'' l'officier SS qui, sur son lit de mort , lui raconte comment Stéphane a quitté ce monde.

Ce sont donc plusieurs histoires qui s'entremêlent et qui toutes traitent de la mort, ou plutôt des différentes manières d'en finir quand l'heure arrive, soit en s'allégeant, soit en s'enfonçant. Shadow contre Stéphane, le lourd contre le léger, et puis Paule…

« Je ne haïssais pas Stéphane, mais quelque chose en moi le haïssait. Pourquoi ? A cause de la haine de ce qui s'appesantit pour ce qui s'allège. L'un déborde, se vide, devient de l'air, de la lumière, atteint peut-être le vide nécessaire au dieu. L'autre se durcit, s'alourdit, concentre de la matière dense, de la connaissance toujours plus opaque. »

‘'Boulevard périphérique'' m'a semblé être un roman difficile voire complexe. Certains diront ennuyeux. Je le qualifierais de psychologique, profond, avec ce que cela renferme parfois de cotonneux, ou l'on nage entre rêves, symboles et réalité. Pour ma part, impossible d'appréhender tous les concepts de ce long roman, ce qui me poussera plus que probablement à tenter une relecture.

En tous cas, chapeau bas à Henry Bauchau qui a écrit ce livre à l'âge de 93 ans.
Commenter  J’apprécie          52
À travers le personnage du narrateur qui conduit le récit de bout en bout, Bauchau nous livre ses réflexions et ses angoisses face à la mort en auscultant l'âme de personnages qui accompagnent Paule, la belle fille du narrateur dans sa lutte contre le cancer. En arrière-plan de cette histoire contemporaine, l'auteur invite le lecteur à une série d'aller-retour dans le temps en campant deux personnages qui surgissent du passé du narrateur; son ami Stephane, résistant durant la Seconde Guerre mondiale et Shadow son tortionnaire nazi. Malgré les thèmes de l'angoisse de la mort, du bien (incarné par Stéphane) et du mal (incarné par le Shadow le tortionnaire nazi) qui sont développés de manière intelligente, subtile et parfois mystique par l'auteur, mon regard s'est particulièrement porté sur la relation père-fils au cours du récit. La difficulté qu'éprouve le narrateur à trouver le ton juste pour interagir avec son fils jonglant maladroitement avec l'empathie, la discrétion, le remord et hésitant de manière récurrente entre une authenticité indispensable et le retrait qui s'impose face aux situations dramatiques est présentée avec une subtilité très touchante. Un beau livre qui demande vraisemblablement une relecture pour en saisir toutes les dimensions qui y sont développées.

Janvier 2015
Commenter  J’apprécie          50
Belle écriture, deux histoires qui savent être touchantes, mais comme l'auteur le dit lui-même, les parallèles ne se touchent pas. Malgré les nombreux liens qu'il établit entre les deux récits, on a du mal à tout relier. On est plongé dans une intimité qui peut parfois déranger mais sait aussi toucher juste dans les moments les plus terribles et sans jamais tomber dans la sensiblerie à outrance.
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman (le 2ème d'Henry Bauchau que je lis) me laisse une impression mitigée. Parfois il m'a touché, il m'a même parfois séduit et j'ai eu envie de lui tirer mon chapeau, et puis quelques pages plus loin je le trouvais insupportable de prétention, de complaisance dans la noirceur, j'avais envie de crier à l'auteur : "Eh dis-donc, tu n'en fais pas un peu trop, là ?". Au risque de paraître moi-même prétentieux, je trouve que ce livre est une profession de foi de désespérance. Je salue le travail de l'artiste mais je ne peux souscrire à cette vision : à force de jeter du noir sur la toile à grand coup de brosse, on arrive à une sorte de magma indifférencié où le résistant n'est plus que le double du SS : la maîtresse de l'un devenant "naturellement" celle de l'autre et les muscles de l'un valant la force d'esprit de l'autre. Un malaise s'installe. Quand Bauchau croit reconnaitre soudain sous les traits du tortionnaire nazi le prêtre qui fut le maître du narrateur, on se demande ce que Bauchau veut nous avouer de son enfance. En tout cas, pour écrire des choses aussi noires, il a dû être bien humilié, cet homme.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre très humain, qui évoque bien le rapport au temps en faisant le parallèle avec ce "boulevard périphérique".
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (766) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature belge

Quel roman Nicolas Ancion n'a-t-il pas écrit?

Les ours n'ont pas de problèmes de parking
Nous sommes tous des playmobiles
Les Ménapiens dévalent la pente
Quatrième étage

15 questions
63 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature belgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}