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EAN : 9791026225485
438 pages
Librinova (15/11/2018)
4.25/5   51 notes
Résumé :
Royaume des Francs, 792. L'heure est grave : Charlemagne vient d'apprendre que son fils d'un premier lit, Pépin le Bossu, a conspiré contre lui. Le roi est loin d'avoir été un père idéal, mais la sentence est sans appel : le jeune traître doit rejoindre un monastère et y demeurer le restant de ses jours. Peu enclin à faire amende honorable et encore moins à devenir un homme de Dieu, Pépin dépérit. L'héritier déchu est loin de se douter que c'est par une entremise de... >Voir plus
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Un roman historique ou l'on croise le destin de Charlemagne et de ses nombreuses femmes et enfants.

Dans ce livre l'histoire et l'imagination s'entremêle tellement bien , que je n'ai pas douté un instant de ce qui pouvait se passer sous mes yeux. D'autant que si les personnages sont connus (même si mes souvenirs d'histoire sur cette période sont bien loin et légers), ils sont superbement bien travaillés, avec un caractère propre et peut être différent de ce qu'on pouvait attendre d'eux.

Et puis la petite touche de fantastique est juste formidable dans ce monde moyenâgeux ou la religion se bat avec le paganisme, la sorcellerie,..

J'ai beaucoup apprécié la psychologie tournant autour des personnages, la vengeance et la place que l'auteur a donné aux femmes.

L'écriture de l'auteur est très prenante, très fluide et très agréable a lire.

Juste un petit bémol en ce qui me concerne, c'est qu'il y a malgré tout certaines longueurs et que le côté historique n'était pas suffisamment étayé a mon gout.
Mais il faut avouer que pour un premier roman c'est une très belle surprise.
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Je tenais tout d'abord à remercier chaleureusement l'auteure, Solène Bauché, ainsi que le site SimplementPro pour la confiance et l'envoi de ce service presse numérique !
« le choix du roi » est un roman historique, agrémenté d'une pointe de fantastique, qui prend place au coeur du Moyen-âge, en pleine période franque. Ce récit propose, en effet, au départ, de suivre Charlemagne dans les premières années de son règne. Plus tard, deux autres personnages occupent le devant de la scène dont son fils, Pépin le Bossu. Pour chacun d'entre eux, l'auteure utilise une narration à la première personne du singulier. Ce procédé donne un aspect très introspectif à l'histoire. Solène Bauché accorde clairement davantage d'importance aux états d'âmes et sentiments de ses personnages qu'au contexte historique (bien que celui-ci ne soit pas complètement annihilé, non plus. Certaines campagnes, sièges, conquêtes,…sont évoqués. Cependant, ces éléments restent le plus souvent en arrière-plan, selon moi). J'avoue que ce choix m'a, dans un premier temps, un peu déçue, étant une grande adepte des descriptions des villas et/ou châteaux, de l'habillement, etc… en gros de tout ce qui forme l'environnement quotidien des gens à une époque donnée. Toutefois, au vu de la suite, je comprends mieux pourquoi l'auteure a axé son récit sur les relations que nouent ses personnages au détriment du contexte. Les événements qui se jouent au début, les attitudes des uns envers les autres, les décisions prises sont essentiels pour bien saisir la suite !
Au vu de ce que je viens de vous dire, vous vous doutez que ce récit est largement romancé ! Impossible, en effet, de savoir avec exactitude ce que pouvait ressentir Charlemagne (que ce soit vis-à-vis de ses enfants ou de ses adversaires politiques). L'auteure prend donc pas mal de liberté à ce niveau. Toutefois, cela ne m'a pas dérangée. Une fois ce constat établi, il suffit de prendre du recul et de faire la part des choses entre ce qui est écrit et la réalité historique. Solène Bauché respecte d'ailleurs très bien celle-ci concernant les grands faits qui traversent la vie de ce cher Charlemagne au début de son règne. Les dates citées, concernant les naissances et divers mariages, sont exactes (en tout cas pour ce que j'ai pu voir en parcourant différents articles internet : oui, j'aime bien me renseigner en parallèle de ma lecture quand il s'agit de ce genre de roman, surtout s'il traite d'une période que je maitrise moins, comme c'est le cas ici). le seul petit anachronisme que j'ai repéré, malheureusement dans les premiers chapitres ce qui m'avait fait craindre la suite, est l'utilisation d'une expression (un peu trompeuse parce qu'elle fait allusion, a priori, à un prédécesseur de Charlemagne) qui ne fut usitée qu'au 18ème siècle : « se mettre martel en tête » (qui n'a, en réalité, rien à voir avec Charles Martel). Petit détail donc mais qui reste dommage tout de même.
Pour revenir à l'intrigue, la première partie du roman est, comme je vous le disais, consacrée majoritairement à Charles et à ses déboires affectifs. Si j'ai passé un bon moment de lecture, l'écriture étant fluide et agréable à lire, je m'attendais à plus je pense : non seulement au niveau du contexte historique (comme déjà évoqué) mais aussi au niveau de l'action. Il ne se passait, en effet, somme toute pas grand-chose, abstraction faite de sa vie sentimentale et de quelques campagnes militaires. C'était intéressant et très utile pour la suite mais un peu lent malgré tout.
Par après, un autre personnage prend le relais du roi dans la narration (toujours à la première personne donc) : Pépin le Bossu, son fils ainé. Un troisième protagoniste apparait également plus tard et la fin de ce titre lui est entièrement dédiée ! Je ne vous en dirai pas plus sur son identité au risque de vous mini spoiler ! À partir de là, la fiction prend réellement le pas sur la réalité historique. L'auteure s'en écarte clairement, puisqu'elle ajoute un événement qui, a priori, n'a jamais eu lieu « en vrai » pour emmener ses personnages dans une tout autre aventure. J'ai largement préféré cette seconde partie qui, pour moi, proposait une intrigue plus rythmée et prenante. L'aspect « fantastique » prend également tout son sens, ici, bien qu'en restant très léger (pour ceux que cela gênerait). Contrairement à la première partie où le quotidien du roi et de sa famille était souvent occulté pour laisser la place aux événements majeurs qui ont jalonné leurs existences, cette seconde partie est plus centrée sur les éléments concrets de la vie de nos héros, ce qui m'a davantage plu.
Dans l'ensemble, je trouve que l'auteure traite avec brio la psychologie de ses protagonistes. le lecteur pénètre réellement leurs pensées et suit leur évolution. Je ne me suis pas vraiment attachée au personnage du roi Charles qui est décrit, ici, comme quelqu'un de froid, calculateur et égoïste, pétri d'ambitions, un peu trop conscient de son importance et prêt à tout pour arriver à ses fins. Un bonhomme plutôt détestable donc même si il a certaines circonstances atténuantes ; elles n'excusent pas tout, loin de là ! Son fils Pépin m'a davantage touchée. Sa difformité le tient à l'écart de la cours et de ses enjeux, en dépit de son statut d'ainé. Sa présence est tolérée mais loin d'être appréciée. Mis à l'écart, prié de s'effacer et de subir le mépris des siens sans se plaindre, il a bien du mal à trouver sa place. de plus, la relation qu'il entretient avec son père, très ambiguë, ne l'aide pas à se construire « sainement ». Ses choix, ses faiblesses (sa lâcheté, entre autre) sont parfaitement compréhensibles au vu de ce qu'il a enduré. Son évolution, au fil du récit, est intéressante, tout comme celle du troisième personnage auquel j'ai beaucoup accroché !
En bref, un titre aux qualités indéniables bien qu'un peu lent à démarrer selon moi. La première partie était nécessaire et en soi agréable à lire même si les histoires de coeur de Charles ainsi que ses petites manigances familiales et politiques ne m'ont pas spécialement passionnée. La seconde partie, par contre, plus clairement fictionnelle m'a davantage convaincue. Un roman qui pourrait donc plaire à ceux qui ont des affinités avec cette période historique ou qui souhaitent en savoir plus, sans être submergés d'informations (le contexte restant la plupart du temps en arrière-plan) ! Ceux, par contre, qui espèrent trouver moults détails sur les conquêtes, sièges et autres batailles liés à cette époque, risquent de rester sur leur faim ! Personnellement, j'ai passé un agréable moment de lecture en compagnie de ces personnages dont les émotions sont décrites avec beaucoup de justesse !

Lien : https://leslivresderose.word..
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Le choix du roi de Solène Bauché est une fiction historique dont le titre revêt un double sens développé tout au long des pages.
La première partie nous conduit au début du règne de Charlemagne. Elle est axée sur sa construction personnelle, ses failles, ses forces, ses doutes, ses premières décisions et la prise de conscience de ce qu'implique vraiment le rang de monarque. On suit un ordre chronologique qui nous propulse dans l'histoire avec un grand H, de la fin du règne de Pepin le bref, au partage du royaume entre ses deux fils. Les tensions, rivalités, rancoeurs, jalousies de deux frères qui ont pourtant entre leurs mains le destin de tant de sujets nous sont exposées, ainsi que les complots, manipulations et manigances qui existent à la cour. Charlemagne est un homme sous influence, qui doute et va à ses dépens découvrir les contraintes qu'impose son rang.
Le statut et les apparences ont une place prépondérante. Tout doit être fait, quitte à se renier, pour maintenir l'image. Tout est jeu de pouvoir et d'intérêt. C'est romancé, bien sûr, mais on plonge quand même dans un pan de l'histoire de France.

On commence dans l'Histoire, pour se faufiler doucement dans ses coulisses, observer ce qui ne nous est jamais véritablement montré, à savoir, les relations familiales d'un mari avec ses femmes, d'un père avec ses enfants. Car en plus d'être roi, c'est avant tout un homme, avec ses blessures, ses faiblesses, ses envies, mais aussi ce qu'il n'a pas loisir d'oublier : ses devoirs.
Porter la couronne ne permet pas d'agir comme on veut contrairement à ce qu'on pourrait fantasmer. Les impératifs de la fonction priment sur tellement d'aspects de la vie. Sa responsabilité première consiste à veiller sur l'intégrité de son royaume et sa pérennité. Sa raison se dispute avec sa sensibilité pour affronter des choix pas toujours évidents, même si une part de lâcheté et de calcul oriente aussi les décisions de ce souverain assoiffé de pouvoir.
Dure et infâme réalité que celle de monarque et de toutes ses obligations. Rien ne revêt plus d'importance que le protocole. C'est en fait un homme bien solitaire que celui qui détient une telle puissance.
Tant de personnes sacrifiées, de vies gâchées pour répondre à ses engagements. Si peu d'espace pour le bonheur, finalement, et tant de temps passé à remplir un devoir bien souvent ingrat et pesant.

La suite de l'histoire nous emmène sur un plan plus romanesque au travers des destins des premiers enfants reniés par ce roi que je vous encourage à découvrir par vous-même.

Un autre aspect très fort de ce roman touche à la place de la femme dans cette société.
Il n'existe aucune considération pour ces dernières qui ne servent que de faire-valoir ou de génitrice d'héritiers, interchangeables au gré des besoins, des alliances convoitées, de leur capacité à engendrer des mâles. Pas de place pour l'amour qui quand il existe peut se retrouver si vite balayé.
Dans tout ce récit, la femme a malgré tout un rôle à jouer, chacune à sa façon possède une certaine influence sur les décisions du souverain.
Certaines se montrent manipulatrices et avancent leurs pions dans l'ombre, d'autres sont plus directe ou savent se montrer fortes et s'émanciper.

Les personnages sont riches et complexes, tour à tour attendrissants, attachants ou détestables, mais en tout cas, aucun ne laisse indifférent. On ressent bien la fierté d'une reine bafouée, répudiée. Les remords et doutes d'un homme sous influence, qui cède avec une trop grande facilité au protocole. Les déception et frustration d'être celui qui ne compte pas, parce que non conforme à l'image attendue.
Seul bémol pour moi, il y a peut-être un peu trop d'interludes qui viennent interrompre le fil du récit. Même s'ils sont très intéressants, ils m'ont parfois égaré dans leurs méandres, me faisant perdre de vue ce qui était important ou plus accessoire.

L'écriture riche et soignée nous offre une histoire de qualité. Solène nous livre une fiction historique teintée d'une subtile touche de fantastique, juste une touche. C'est discret, ça ne défigure pas le récit, mais au contraire, s'y intègre en douceur. On sent aussi toute l'importance accordée à coller avec la réalité.
Une belle réussite pour un premier roman que je vous invite à découvrir.

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le Choix du Roi est le premier roman de Solène Bauché, publié en autoédition. Je remercie l'autrice de m'avoir donné l'opportunité de lire son livre, du roman historique saupoudré d'un peu de magie, à la psychologie fine.

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Au VIIIe siècle après J.-C., Charles et son frère Carloman se partagent le royaume des Francs suite à la mort de leur père, Pépin le Bref. La rivalité des frères atteint son point culminant lorsque Carloman décède mystérieusement, laissant l'empire entier à son frère, qui deviendra le célèbre Charlemagne. Ce dernier assoit son pouvoir grâce à de multiples guerres de conquêtes, notamment contre les Saxons, et grâce à des mariages. de ses quatre mariages naissent une belle ribambelle d'enfants, mais seuls certains restent ses héritiers ; ainsi, les premiers, issus de son mariage de jeunesse avec la belle Himiltrude, sont rejetés et déchus au rang de bâtards lors de la répudiation de cette dernière. Deux enfants, un frère et une soeur, qui grandissent loin de l'autre dans l'humiliation et la déchéance de leur statut : Amaudra dans un couvent avec sa mère, le petit Pépin (appelé le Bossu) à la cour auprès du roi, mais maltraité par ses demi-frères et écrasé par l'autorité d'un père mal aimant qu'il admire malgré tout. Cependant, le destin finit par réunir ces deux êtres torturés. Vont-ils prendre leur revanche ?

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Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu de récit historique. Aussi, lorsque j'ai reçu la proposition de l'autrice de chroniquer son livre, j'ai accepté immédiatement. Même si l'on sait tous qui est Charlemagne, on en connaît finalement bien peu sur sa vie. Solène Bauché détache ainsi l'homme de la légende, et nous plonge dans la psyché de ce célèbre personnage.
En effet, le gros point fort de ce roman est la maîtrise psychologique des protagonistes. D'une plume fluide et détaillée, l'autrice brosse les caractères bien trempés de Charles, Pépin le Bossu et d'Amaudra. On peut découvrir un roi Charles au départ très influençable et jaloux de son frère, un mari qui peut être aimant puis cruel, prêt à tous les sacrifices pour accéder au pouvoir et agrandir son royaume. le Grand Charles, galvanisé par ses femmes et conquêtes, à qui la couronne ne permet pas de faire preuve de sollicitude envers ses premiers enfants. Pépin le Bossu est une belle surprise de ce roman : au départ pleutre et complètement écrasé par les humiliations quotidiennes reçues à la cour à cause de sa difformité, il se révèle petit à petit un personnage plein de courage et d'une grande bonté, en partie grâce à l'apparition de sa soeur dans sa vie. Amaudra est la femme forte du récit : enfermée dans un couvent humide avec sa mère dès la plus tendre enfance, elle échappe à cette vie vouée à la tristesse par le mariage, arrangé par son père. Cependant, ce mariage se révèle être un vrai cauchemar, et seuls sa force et son courage vont lui permettre de s'en sortir. L'autrice insiste bien, depuis le début, sur le caractère spécial de la jeune femme, sur ses yeux dorés et son feu intérieur. Finalement, s'il ne devait y avoir qu'un héros dans ce roman, ce serait elle.
Le Choix du Roi est un roman choral, qui peut dérouter. La construction du récit se fait suivant divers points de vue : d'abord interne, puisque plusieurs parties sont racontées par les personnages principaux eux-mêmes, et omniscient : appelés "intermèdes", le narrateur profite de quelques chapitres ici et là pour conter l'histoire en suivant des personnages secondaires (par exemple Himiltrude, ou Ermelinde, amie d'Amaudra). Ce choix narratif est judicieux pour mieux cerner les agissements des protagonistes et les rendre vivants. L'Histoire, bien que romancée, ne nous semble que plus proche !
Cet aspect fictionnel est renforcé par la magie présente, qui est cependant simplement suggérée par les dons de guérisseuse d'Himiltrude, dont hérite Pépin, et l'étrangeté d'Amaudra. Ce don se manifeste à des moments précis qui servent soit d'éléments déclencheurs soit de dénouements.
Ce roman complexe, dont on pourrait penser que le désamour filial est le thème principal, traite en vérité de la rédemption : thème très chrétien, ce trio de personnages cherche en effet à se faire pardonner, qui d'un abandon, qui d'une tentative d'assassinat, qui d'une vengeance, mais également à se libérer d'un passé trop lourd, conséquence du choix royal, celui de les sacrifier sur l'autel du pouvoir.

Malgré ces points positifs, ce roman contient quelques faiblesses. On décèle un abus de pathos qui peut énerver plus d'un lecteur : Pépin en particulier se plaint presque sans interruption et ce sur des pages et des pages. de même, Amaudra, qui semble ne vivre que dans le passé, passe son temps à se remémorer sa cellule humide de couvent dans laquelle elle vivait avec sa mère, qui n'est plus dépeinte que comme une pauvre créature. Ce passé prend une telle place dans l'histoire qu'on en vient à se demander si les personnages ont un avenir. le seul qui avance à grands pas et rayonne, c'est Charlemagne, mais seulement jusqu'au tiers du livre.
En effet, la construction narrative laisse à désirer : les points de vue s'alternent, certes, mais uniquement à partir d'un certain moment ; avant, nous n'avons que l'écho de Charles. Ce déséquilibre dans la structure fait qu'on ne sait pas du tout à quoi s'attendre et rend le récit bancal. Effet voulu ou bien l'autrice a-t-elle écrit sans plan préalable ? Ainsi, le récit tire beaucoup en longueur et le dénouement final en vient à être décevant, même si on comprend la dimension symbolique : le père délivre ses enfants de leur passé tourmenté en faisant un nouveau choix : celui de les laisser libre. Ce qui appuie cet effet de longueur est aussi le fait qu'Amaudra et Pépin en fuite n'ont aucun plan : ils errent, et c'est tout. Ça m'a interpelée jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'ils rencontrent leur père comme par miracle dans les bois.
L'autre point faible serait les clichés véhiculés : Amaudra se fait violer un nombre incalculable de fois, ce qui forgerait son caractère, Pépin se fait avoir par une belle femme à cause de sa naïveté de jeune puceau, et Charles se fait embobiner, d'abord par sa mère, puis par ses épouses les plus "mauvaises".
Enfin, en commençant ce roman historique, je m'attendais à apprendre et lire pas mal de choses du contexte historique du VIIIe siècle. Mais lorsqu'on perd la voix de Charles, tout ce côté s'évapore, et on ne sait presque plus si l'intrigue se passe au Moyen Âge ou dans une contrée imaginaire...

Ces points négatifs mis à part, j'ai passé un bon moment de lecture. Un meilleur équilibre dans le récit et une intrigue plus poussée l'aurait rendu meilleur, car de bons personnages ne font pas tout !
Lien : https://mots-silencieux.blog..
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Solène Bauché s'attaque à un monument de l'histoire de France. The roi Carolingien : Charlemagne.

Sur la forme, le récit est épique : prologue, épilogue, trois parties divisées en 62 chapitres et 7 intermèdes.

Chaque partie est le fait d'un narrateur différent.

C'est le roi lui-même qui ouvre la danse sur fond de je-me-souviens. Sa jeunesse, ses parents, son frère qu'il déteste et surtout, surtout, son premier amour : Himiltrude. La véracité de cette première liaison de Charlemagne est attestée. On ne sait pas trop quels furent les liens exacts qui attachèrent les jeunes gens : mariage, concubinage… Reste qu'il en naquit un enfant bossu : Pépin. Considéré comme illégitime, Pépin ne règnera pas. Ce sont ses frères cadets (et bien portants) qui hériteront de cette responsabilité.

Ca, c'est l'Histoire. Et Solène Bauché s'est largement amusée avec. A Pépin, elle donne une soeur aînée, Amaudra, que le roi “répudiera” en même temps que sa première concubine. Elle grandira dans une cellule monacale avec sa mère tandis que Pépin, tout juste toléré par les nombreuses autres femmes de son père et leurs enfants, sera destiné aux ordres.
Héros vengeurs et remédiations de l'Histoire

Le Choix du Roi, c'est leur histoire. Reniés, mal-aimés, négligés, Pépin et Amaudra, respectivement voix des parties deux et trois, survivront tant bien que mal à leur enfance désastreuse et tenteront de prendre leur envol en marge de l'Histoire de France personnifiée par leur père.

Ce qui ressort de tout ça c'est que Solène Bauché ne s'économise pas. Son texte est d'une générosité indéniable. Tant sur la forme : l'écriture est soignée, rigoureuse, précise, riche. Que sur le fond : les personnages sont largement dépeints, y compris les secondaires, l'intrigue n'est jamais bâclée, les rebondissements sont nombreux, les détours historiques également.

Le contexte est toujours respecté, signe d'un bon roman historique.

Toutefois l'histoire se mérite et de mon point de vue, il faut persévérer un peu pour voir le roman décoller vraiment. Comme si cette première partie était un peu prisonnière du musée de l'Histoire, la voix de Charlemagne peine à s'incarner avec émotion. le personnage est un peu froid, ses prises de décisions (souvent dures : abandon, massacre…) distanciées.

Non, c'est vraiment avec Pépin que tout commence et que Solène Bauché laisse libre court à son talent. Emois, souffrances, espoir et touches de mystère se succèdent alors et loin du personnage glacé de Charlemagne, ce petit bossu nous emporte avec lui. Amaudra est épatante elle aussi en personnage vengeur.

C'est avec eux, oui, que vient la réjouissance et que Solène telle une Tarantino de l'histoire de France redresse les torts des uns et des autres, des siècles après.

La confrontation finale, comme un cadeau, une récompense après plus de 400 pages est particulièrement émouvante, sans céder à la facilité.

J'ai vraiment bien aimé. Merci beaucoup Solène, pour ton texte et pour ta confiance !
Lien : https://chikitalit.com/solen..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque je descendis de la carriole, après presque deux jours de voyage, je découvris une grande villa dont la cour était envahie par le bétail. Des effluves de fange mêlée de bouse saisirent mes narines sensibles et peu accoutumées à la puanteur. Des volailles grasses et bavardes s’ébrouaient dans des flaques d’eau et tout me semblait sale, en comparaison du couvent qui n’avait d’odeur que celle de la vieille pierre humide. Quelques écuyers et une fille de ferme pas encore sortie de l’enfance interrompirent leurs besognes respectives. Mal à l’aise, je sentis leurs regards suivre les quelques pas chancelants que mes jambes engourdies esquissèrent maladroitement hors de l’équipage. Je relevai fièrement le menton et époussetai les plis invisibles de ma robe grossière.
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Elle soutint le regard brillant du prédateur, dont les babines déjà retroussées n’auguraient rien de bon. L’année précédente, dans une situation plus que périlleuse, elle avait échappé à de semblables crocs acérés. Elle croyait ne pas les craindre, elle avait même ri au nez de Pépin lorsqu’il s’en inquiétait. Mais avec lui, si vulnérable près d’elle, elle ne se sentait finalement plus aussi téméraire. Elle continua de fixer intensément les yeux de l’animal, dans un silence quasi total, tendit son bras dans sa direction comme une invitation. Ne pas avoir l’air apeurée...
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Ils me traînèrent avec rudesse, comme il sied aux traîtres. Mes pieds nus tentaient de suivre leurs mouvements brusques, s’éraflant contre le sol rocailleux. Mes cheveux tombaient devant mes yeux sans que je prenne la peine de m’en dépêtrer. Plus que jamais, je devais ressembler à la pâle imitation d’un homme: dépenaillé, sombrement résigné, un vrai minable qui connaîtrait le sort qu’il mérite.

La violence avait toujours fait partie de ma vie. Au lieu de la perpétrer sur les champs de bataille, comme mes frères, je la subissais en silence à l’abri des villas royales.
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Après plusieurs jours passés à se déposer inlassablement à perte de vue, la neige avait enfin cessé son ballet nébuleux. Le temps semblait s’être arrêté, figé dans l’atmosphère glaciale. Comme des îlots qui entamaient les lignes planes de l’horizon, les arbres nus se dressaient, sans rien soupçonner ni de leurs contours lugubres ni du sentiment de désolation qu’ils inspiraient. Ils paraissaient désertés, tout juste bons à offrir leurs branches inhospitalières aux impérieuses bourrasques qui en délogeaient sans ménagement quelques flocons à peine tombés. Çà et là, un sapin aux aiguilles abondantes et serrées intensifiait encore l’âpreté de leur dépouillement.
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J’avais rêvé qu’on me volait ma couronne. Mes assaillants n’avaient rien d’identifiable. Leur figure était lisse, à peine parée d’yeux vides, sans âme, comme sculptés à même leur peau. Ce n’était pas la première fois que ces visions m’apparaissaient. C’était le prix de la royauté. L’angoisse d’être déchu, de devenir un homme parmi les hommes ou pire, de quitter ce monde en sachant son royaume entre de mauvaises mains. Que cette peur ne m’ait jamais taraudé eut été intolérable.
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