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EAN : 9782266211772
264 pages
Pocket (07/02/2019)
3.83/5   21 notes
Résumé :
« On ne vainc aucune montagne, on la gravit avec plus ou moins de brio, et parfois elle se montre accueillante, parfois au contraire elle rappelle tragiquement sa toute-puissance. Il n’y a là aucune cruauté, mais peut-être une représentation de la réalité face à nos croyances, à nos désirs, aux illusions que se forgent les hommes.
La montagne est souveraine, imprévisible, magnifique, inhospitalière, infiniment précieuse, nécessaire, mortelle : elle est tout c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Anselme Baud est savoyard. Il est skieur, alpiniste et guide. Il a bourlingué aux quatre coins du globe, a effectué de nombreuses descentes extrêmes, dans le massif du Mont-Blanc et toutes les Alpes, mais aussi dans les Andes, en Antarctique et dans l'Himalaya.
"Ma devise est claire : là où c'est blanc, je passe !" illustre bien le personnage.
Autant dire que la montagne n'a plus de secret pour lui.
Il partage dans ce livre quelques souvenirs, les épisodes les plus marquants de sa vie de montagnard. Des aventures heureuses, et d'autres dramatiques.
C'est à une fort jolie promenade en montagne qu'il nous convie.
Anselme Baud se livre beaucoup, écrit généreusement et à coeur ouvert, ce qui donne un ensemble plein d'humanité et d'empathie.
Dans un chapitre sobrement intitulé "Édouard", il raconte la mort de son fils, fauché sous ses yeux par une chute de sérac alors qu'il skiait. Pas de pleurnicheries, pas de volonté de faire s'apitoyer le lecteur, non. Il décrit simplement l'incrédulité, le refus naturel de croire ce que l'on voit, l'envie irrationnelle mais bien naturelle de revenir en arrière dans l'espoir fou de faire changer la fin. Ces pages serrent le coeur.
Un chapitre m'a particulièrement émue : celui dans lequel l'auteur parle du tremblement de terre qui a eu lieu au Népal en 2015. Dans les pages décrivant la vie avant la catastrophe, on sent tout l'amour d'Anselme Baud pour les Népalais, le respect de leur culture et de leurs traditions, une admiration certaine pour ce peuple travailleur et courageux, pauvre, digne et heureux. Le désarroi engendré par les ravages du séisme paraît d'autant plus grand. Ces villages entiers rayés de la carte le touchent de près. Ces victimes englouties, Anselme Baud les connaissait ; il avait noué de solides relations amicales avec nombre d'entre elles. Cette tragédie l'a frappé d'une façon très intime.
Merci à Babelio pour son opération masse critique et aux éditions Kero pour l'envoi de ce livre. Un texte très touchant, écrit avec beaucoup de finesse par un auteur plein de sensibilité. Une jolie lecture.
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S'il y a une a une catégorie d'hommes que j'ai toujours admiré ce sont les guides alpins et ce depuis que j'ai lu, ado, Frison-Roche. S'est ajouté Reinhold Messner et bien d'autres. Et maintenant Anselme Baud. Je les admire parce qu'ils se donnent les moyens pour pratiquer leurs rêves et leurs passions, pour la maîtrise d'eux-même, pour leur humilité, souvent pour leur simplicité et surtout pour leur côté surhomme avec leurs exploits qui semblent impossibles pour tout autre être humain. Je me souviens d'une femme de guide, qui pour remettre les choses à leur place a ajouté en riant : - Vas dormir dans un refuge de montagne et tu verras qu'avec l'odeur de leurs pieds tu les mettras moins sur un piédestal.
Grâce à Masse critique, que je remercie, j'ai fait immersion dans l'univers d'un grand alpiniste et précurseur du ski extrême. On m'a même chuchoté à l'oreille, tandis que je mangeais dans un restau alors qu'il était assis à la table d'a côté, qu'il a descendu des couloirs que personnes d'autres n'est arrivé à refaire depuis 50 ans. A la lecture, je me suis imaginé qu'il est venu s'installer près de moi pour me raconter son amour de la montagne, son parcours de vie et de sportif, la plus grande douleur de sa vie, son admiration pour James Couttet (champion du monde de descente en 1938 à l'âge de 16 ans et son beau-père). J'ai particulièrement été sensible à son engagement auprès des sinistrés de l'avalanche de l'Everest de 2014. Les noms des montagnes et des alpinistes qu'il nomme ne me sont pas complètement inconnus, qu'en serait-il pour un autre lecteur ? Dans tous les cas, une belle rencontre avec un grand monsieur !
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Anselme Baud, guide de montagne et professeur à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme, témoigne de sa passion.
Adepte de sensations fortes, il affiche sa devise : « Là où c'est blanc, je passe ». A lire son récit, elle semble aussi être : « Vivre plutôt qu'être en vie, ou bien mourir ! » (celle-ci est de moi 😉).
En haute montagne, le ski et l'escalade sont périlleux, et l'auteur rencontre souvent la mort : il apprend régulièrement celles d'amis, y échappe de peu lors d'une chute de pierres, et assiste à celle de son fils de 24 ans fauché par un sérac.
Lorsqu'un rocher lui fracasse la mâchoire, il se 'console' en pensant n'avoir commis aucune erreur, qu'un aléa en est responsable. Mais son erreur n'est-elle pas de s'être exposé à de tels risques ?
Le 1er mai 1994, Ayrton Senna a en tout cas négligé la première loi de Newton : « Tout corps persévère dans l'état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n'agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d'état. »

L'auteur nous explique pourquoi il s'expose aux dangers de la montagne. Ce lieu et la manière dont il le parcourt ont forgé sa conception de la vie, et lui ont apporté une sagesse qu'il met en avant : « Grimper en haute montagne est une métaphore de la vie - complexe, rude, risquée, traversée de fulgurances et d'éblouissements, d'épreuves aussi, je le sais mieux que personne ».
Il explique ne pas avoir eu le choix, avoir simplement suivi ses inclinations et ne pas le regretter : « C'est comme si le vertige m'aspirait à l'envers, un appel à aller voir plus haut ! »
J'aime beaucoup cette citation d'Henri Bergson qu'Anselme Baud reprend en exergue : « Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où on peut aller, c'est de se mettre en route et de marcher ».

Non initié à l'escalade, quelques passages m'ont paru un peu trop techniques. Mais cet ouvrage est très agréable à livre, à la fois récit d'aventure et exposé d'une philosophie de vie.

• Merci à Babelio et aux éditions Kero !
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Le livre d'Anselme Baud, comme celui de nombreux alpinistes, présente l'itinéraire montagnard d'une vie, entre la biographie et le récit d'ascension. Au premier abord très classique, le récit s'éloigne très vite de nombreuses (auto)biographies d'alpinistes célèbres pour aller vers une narration beaucoup plus intimiste. L'auteur a ainsi choisi quelques épisodes marquants de sa vie, pas forcément les plus important au sens technique ou d'un intérêt pour la grande histoire de l'alpinisme, mais ce sont ceux qui l'ont construit, qui lui ont permis de tracer sa voie en montagne.
Chaque épisode est ainsi touchant, souvent empli d'humilité et de simplicité, dans lequel transparait un côté à la fois très humaniste et aussi très épris de liberté. L'auteur est ainsi direct, et ne déviera pas beaucoup de sa voie dans ces épisodes montagnards, ne faisant appel aux moyens artificiels ou trop techniques que lorsqu'on ne peut pas faire autrement.
Dans ce récit écrit après plus de 50 ans de pratique de montagne, on est balancé entre les belles réussites, les voyages splendides, et les nombreux drames qui ont émaillé la vie de l'auteur. le chapitre sur son accident dans la face nord des Courtes est déjà impressionnant, mais celui sur la chute de son fils est chargé d'une forte émotion et m'a touché dans mon corps de montagnarde et de mère. La relation père -fils est présente tout au long du livre, d'abord entre le père de l'auteur et Anselme, puis entre lui et son fils.
Ce récit montre aussi l'évolution de l'alpinisme entre la jeunesse de l'auteur et la fin de carrière du guide qu'il est devenu : il traverse les époques et a côtoyé les noms plus connus de la vallée de Chamonix, mais toujours avec une grande pudeur.
Au final on a affaire à un livre poignant, intéressant, sur le parcours d'un alpiniste et skieur exceptionnel, qui présente les grandes valeurs de la vie en montagne : l'effort, le partage, l'humanité, la transmission, moyens de progresser dans cet univers par définition hostile et dangereux. Seul le chapitre sur la conquête du Mont-Blanc est plus anecdotique et n'apporte pas grand-chose au propos. A noter que ce livre est déjà sorti chez l'éditeur Nevetica en 2014 sous le titre Chamois Clandestins (Histoire d'un guide à la veillée). Ce livre était nettement plus court, et ne comportait pas notamment les derniers chapitres sur le tremblement de terre de 2015 au Népal et sur la difficile reconstruction du pays.
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Je cours, je nage mais je ne fais pas d'alpinisme, ni de ski.
Et pourtant j'apprécie les randonnées en montagne. Alors, quand je vois passer des récits passionnés, des témoignages de guides alpins, je me jette dessus pour les lire.
Anselme Baud, hormis pour les initiés d'un cercle restreint, n'est pas très connu. J'ai récupéré des infos par ci, par là sur ce pionnier de ski extrême, cet alpiniste chamoniard des années 60/70.
Chapeau bas cher Anselme! Et puis aussi quelle humilité.
Justement, dans ce court roman, il livre ses pensées, son enfance et adolescence heureuse, ses débuts en tant que guide, ses déconvenues (accident d'escalade), son trek au Népal et la survenue du décès d'un de ses fils.
La montagne, comme il le dit si bien au début, n'est pas notre ennemie, ni notre amie. Elle est juste là. On ne vainc aucune montagne, elle peut se montrer accueillante, comme elle peut prendre une vie. Et Anselme est devant elle en toute humilité. Certes, avec la fougue de sa jeunesse comme il le raconte, il a brûlé des étapes. Mais la conquête est avant tout à l'intérieur de Soi. Et non sur un sommet enneigé (aussi haut et ardu soit-il).
Ce récit est émouvant puisqu'il parle d'humanité. Le chapitre sur la mort de son fils est concis, sec et rappelle à tous que l'alpiniste est à la merci du hasard. L'histoire du tremblement de terre au Nepal en 2015 est éprouvante et terrible. Et l'auteur s'y est impliqué avec beaucoup d'émotion.
Je retiens qu'au crépuscule de sa vie, Anselme a toujours son amour inconditionnel pour la montagne malgré ses épreuves personnelles. Un homme inspirant!
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les montagnes sont mes marraines de berceau et me soufflent leurs sortilèges depuis que je sais me tenir debout, alors il faut que je grimpe partout, sur les talus, les rochers, dans les arbres, à l'assaut des sentiers ou sur le toit des remises. Chaque fois que je lève le nez, elles sont là, solides, immenses, changeantes, tantôt lustrées, comme nimbées de lumière, tantôt sombres, la face rembrunie, et leur froid me pénètre tout entier. C'est comme si le vertige m'aspirait à l'envers, un appel à aller voir plus haut !
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En amont, dans une bâtisse du vieux village, Dankee ajoute quelques gousses d'ail pilées à la soupe de graines. Elle hume les vapeurs avec gourmandise. Ce sera prêt bientôt, pourvu que ses parents ne traînent pas trop longtemps à la cérémonie. Elle lève le regard et considère avec affection la pièce aux planches mal équarries, aussi culottée qu'un vieux fourneau par les émanations de l'âtre. Pour rien au monde elle n'échangerait son foyer, même contre un de ces nouveaux lodges que sa cousine ne cesse de lui vanter. Ici, Dankee se sent à l'abri, comme dans un nid, et elle est tellement habituée qu'elle ne remarque plus l'odeur épicée des fumées. L'empilement des caisses contre les murs ou les paniers suspendus aux poutres ne la dérangent pas, au contraire. Elle aime ses nattes usées, son gros coffre de mariage, l'autel de statuettes et le Boudha souriant à la lueur des bougies, les guirlandes de fleurs en papier qui s'émiettent un peu et la photo jaunie du dalaï-lama, les boîtes de sel et d'épices, la vieille baratte au bois poli... Même si ses cousines la houspillent de se montrer aussi arriérée, elle a le sentiment que ces trésors seraient moins précieux dans une maison moderne.
[Portrait d'une femme népalaise du village de Langtang, en grande partie détruit par le tremblement de terre de 2015]
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La montagne vit. Elle a ses bons et ses mauvais jours, des colères latentes et des menaces en germination. Tantôt elle épargne le présomptueux, tantôt elle frappe aveuglément, à croire qu'il existe une succession d'erreurs au-delà desquelles il n'y a plus de grâce possible, trop de piétinements imprudents, trop de désinvolture, trop d'hommes encombrés et fragiles à l'assaut de ses flancs, qui grimpent en oubliant ses humeurs de colosse.
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Guider, c'est avoir l'intuition de l'autre et du monde qui nous entoure. C'est être attentif aux signes, à la lumière du ciel, à la forme d'une montagne, à la fatigue qui alourdit le pas, à l'appréhension qui fait trébucher. C'est choisir de s'engager ou bien de renoncer au sommet. Et, quelquefois, c'est faire silence au milieu de l'allégresse pour choisir sa voie, prendre une décision en conscience et non dans le tumulte du moment.
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Néanmoins, une loi implicite prévaut, presque trop simple, comme ces petites vérités qu'on oublie à force d'évidence : personne ne peut tricher avec les rigueurs de la nature ou s'illusionner sur les capacités humaines. Négliger cela revient à nier ce qui tient à un équilibre mystérieux : d'un côté, la puissance de la montagne ; de l'autre, la fragilité de l'homme, sa complexité faite d'endurance, d'humilité, de vantardises, de dépassement, d'effroi, d'audace... Or, ce mélange de paradoxes, le guide doit savoir l'estimer. Ce n'est que de cette façon qu'il pourra donner à voir la vraie montagne et faire émerger le meilleur de soi.
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