AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070415328
480 pages
Gallimard (31/12/1999)
4.05/5   11 notes
Résumé :
«Je veux faire sentir sans cesse que je me sens comme étranger au monde et à ses cultes», écrit Baudelaire à sa mère, le 5 juin 1863, dans une lettre où il explique le projet de Mon cœur mis à nu. En effet, le «cœur» qu’il met à nu n’est pas un cœur qui s'épanche en émois ou qui révèle ses secrets. C’est un cœur qui se gonfle de ressentiments. Seules quelques notes ont été conservées de ce livre «rêvé». On y trouve la trace d’une pensée provocatrice et paradoxale, d... >Voir plus
Que lire après Fusées - Mon coeur mis à nu et autres fragments posthumesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Objet particulier, ce livre n'est pas une oeuvre complète, et on ne pourrait même pas dire qu'il contient une oeuvre partielle. Ce sont plutôt des fragments de projets, de réflexions, d'idées éclatés et annotés. Sans connaître au minimum Les Fleurs du Mal, l'expérience serait donc assez aventureuse. le lecteur est cependant plutôt bien guidé. Nous avons d'abord une introduction d'une quarantaine de pages, puis l'ensemble des feuillets de Baudelaire richement annotés. Là, il va falloir se préparer à jongler toutes les lignes entre le début et la fin de l'ouvrage pour saisir toutes les références, le corps analytique faisant le même nombre de pages. Baudelaire mentionne un certain nombre d'auteurs, de textes qui l'obsèdent les dernières années de sa vie, et il est agréable de retrouver également une sélection d'extraits pour les moins connus qui l'ont inspirés, ainsi qu'une chronologie biographique basée sur sa correspondance.

Beaucoup de maximes, de déclarations de l'auteur sont assez connues – familières des sites et recueils de citations – pour qu'on ne fasse pas d'immenses découvertes. Un certain nombre d'éléments se répètent aussi, en soulignant ses obsessions. Pour aborder Fusées, Mon coeur mis à nu et autres fragments posthumes, il faut donc s'intéresser à l'homme derrière le poète, à ses idées et engagements. Ce n'est pas toujours très beau à lire. Baudelaire est un auteur brillant, et un personnage qui va de l'ambivalent au détestable, parfois même au risible. Tous ses projets inachevés auraient-ils mérités d'aboutir ? Avec ce livre, je me suis souvent fait la réflexion que ce manque à sa bibliographie, quoique navrant pour lui, n'est peut-être pas une grande absence dans la littérature. C'est un homme centré sur lui-même que l'on découvre, raillant Rousseau tout en rêvant d'écrire à son tour ses Confessions, en mieux bien sûr, pour se venger de ses détracteurs, apaiser son orgueil blessé, prouver au monde à quel point il est Différent. J'ai toujours quelque sourire pour les personnes qui se représentent en grands sensibles, exceptionnels devant l'éternel. Et souvent, leur problème est le même que celui de Baudelaire : les jugements illogiques, contradictoires, basés sur un ressenti qui se veut absolu et devient assez pénible quand il y mêle ses réflexions misogynes ou son tempérament profondément catholique. Mais nous le lui accorderons, puisqu'il assume un plaisir de se contredire. (Postulat bien pratique diront certains !)

Et, après tout, n'est-ce pas son côté sanguin qui a permis à nombre de citations de ses oeuvres inachevées de circuler malgré tout ? Baudelaire a la critique, la rébellion facile ; ce qui transforme plusieurs de ses déclarations en saillies délicieuses pour passer outre nos contrariétés. Alors j'ai goûté à ce plaisir coupable aussi, celui d'être parfois en profond désaccord avec lui, en déplorant sa paresse intellectuelle sur certains sujets et, en applaudissant les affirmations cyniques tout aussi catégoriques sur lesquelles nous tombions d'accord.

Ce n'est pas le livre qui fera aimer Baudelaire. Pour apprécier ses qualités littéraires, des oeuvres complètes sont plus adaptées, et pour apprécier l'homme, il faudrait une biographie plus compatissante. Je pense d'ailleurs en avoir eu une meilleure impression à la lecture du chapitre que Georges Bataille lui consacre dans La Littérature et le Mal. Ici, le rapport est plus intime, plus neutre, c'est ce que j'ai apprécié. L'auteur s'exprime, les notes permettent de situer. Cela demande une certaine motivation mais j'ai aimé le sentiment d'être confrontée au poète d'une manière assez brute, ce qui m'a permis de me faire des avis assez libres, et souvent de m'interrompre pour y méditer seule.
Lien : http://unityeiden.fr/fusees-..
Commenter  J’apprécie          10
Ah Baudelaire ! L'homme qui a su trouver du Beau dans le Laid ! le voilà réédité avec une nouvelle couverture chez Folio. Alors rassurez-vous, le livre est complet car il présente de nombreuses notes et une préface impressionnante, mais si vous êtes comme moi à vouloir d'abord entrer dans ses textes, c'est possible et très rapide.

Le livre est découpé en plusieurs catégories :

Fusées : très décousu, il y a parfois un lien entre les extraits mais c'est souvent très mince. Il y a également un retour au romantisme qui le caractérise tant, avec ses textes qui dénoncent, ses comparaisons entre l'homme et la bête. Il y a au final peu de texte non abouti, mais on trouve un texte quasi prophétique avec son discours sur le capitalisme.

Mon coeur mis à nu : plus politique comme discours, donc moins décousu que le premier recueil. Baudelaire a de quoi se faire détester ici, surtout lorsqu'il critique George Sand. Mais elle n'est pas la seule à en prendre pour son grade, il dénonce tout le monde, et surtout le monde politique, où certaines vérités sont malheureusement encore d'actualité. Ici, c'est une sorte de règlement de compte, avec un côté critique très prononcé qui rend l'auteur très froid, l'admiration qu'on peut avoir pour lui est en baisse.

Quant au reste du livre, les quelques maximes demandent réflexions…

Dans l'ensemble, je dois dire que je suis assez surprise. Baudelaire est une référence du mouvement romantique et nombreux sont ceux qui apprécient sa poésie. Néanmoins ce recueil ne va pas dans ce sens. On découvre un homme critique, n'hésitant pas à donner son opinion sur divers sujets. Ce livre le rend plus humain, lui qu'on mettait presque sur un piédestal.

C'est déroutant et en même temps nécessaire pour le connaître davantage. Donc oui, c'est perturbant, mais le poète l'était davantage. A retenir des beaux textes qui, malheureusement, font écho aujourd'hui.


Lien : http://www.lireoumourir.com/..
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
J'ai un de ces heureux caractères qui tirent une jouissance de la haine et qui se glorifient dans le mépris. Mon goût diaboliquement passionné de la bêtise me fait trouver des plaisirs particuliers dans les travestissements de la calomnie. Chaste comme le papier, sobre comme l'eau, porté à la dévotion comme une communiante, inoffensif comme une victime, il ne me déplairait pas de passer pour un débauché, un ivrogne, un impie et un assassin.
Mon éditeur prétend qu'il y aurait quelque utilité, pour moi comme pour lui, à expliquer pourquoi et comment j'ai fait ce livre [Les Fleurs du mal], quels ont été mon but et mes moyens, mon dessein et ma méthode. Un tel travail de critique aurait sans doute quelques chances d'amuser les esprits amoureux de la rhétorique profonde. Pour ceux-là, peut-être, l'écrirai-je plus tard et le ferai-je tirer à une dizaine d'exemplaires. Mais, à un meilleur examen, ne paraît-il pas évident que ce serait là une besogne tout à fait superflue, pour les uns comme pour les autres, puisque les uns savent ou devinent, et que les autres ne comprendront jamais ? Pour insuffler au peuple l'intelligence d'un objet d'art, j'ai une trop grande peur du ridicule, et je craindrais, en cette matière, d'égaler ces utopistes qui veulent par un décret, rendre tous les Français riches et vertueux d'un seul coup.
Commenter  J’apprécie          00
Il ne faut jamais oublier que les nations, vastes êtres collectifs, sont soumises aux même lois que les individus. Comme l'enfance, elles vagissent, balbutient, grossissent, grandissent. Comme la jeunesse et la maturité, elles produisent des œuvres sages et hardies. Comme la vieillesse, elles s'endorment sur une richesse acquise. Souvent il arrive que c'est le principe même qui a fait leur force et leur développement qui amène leur décadence, surtout quand ce principe, vivifié jadis par une ardeur conquérante, est devenu pour la majorité une espèce de routine. Alors, la vitalité se déplace, elle va visiter d'autres territoires et d'autres races ; et il ne faut pas croire que les nouveaux venus héritent intégralement des anciens, et qu'ils reçoivent d'eux une doctrine toute faite. Il arrive souvent (cela est arrivé au Moyen Age) que, tout étant perdu, tout est à refaire.
(De l'idée moderne du progrès appliquée aux Beaux-Arts)
Commenter  J’apprécie          00
L'homme d'esprit, celui qui ne s'accordera jamais avec
personne, doit s'appliquer à aimer la conversation des imbéciles
et la lecture des mauvais livres. Il en tirera des jouissances
amères qui compenseront largement sa fatigue.
Commenter  J’apprécie          30
Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments
contradictoires, l'horreur de la vie et l'extase de la vie.
C'est bien le fait d'un paresseux nerveux.
Commenter  J’apprécie          30
La peine de Mort est le résultat d'une idée mystique,
totalement incomprise aujourd'hui. La peine de Mort n'a pas
pour but de sauver la société, matériellement du moins. Elle a
pour but de sauver (spirituellement) la société et le coupable.
Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu'il y ait assentiment et
joie de la part de la victime. Donner du chloroforme à un
condamné à mort serait une impiété, car ce serait lui enlever la
conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les
chances de gagner le Paradis.
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
Videos de Charles Baudelaire (136) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Baudelaire
Poésie - L'invitation au voyage - Charles Baudelaire
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

Baudelaire

Dans quelle ville est né Charles Baudelaire ?

Bordeaux
Paris
Lille
Lyon

12 questions
415 lecteurs ont répondu
Thème : Charles BaudelaireCréer un quiz sur ce livre

{* *}