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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Retour aux classiques, même si cette unique nouvelle de Baudelaire n'est pas ce qui ressort de plus "connu" de son oeuvre.
L'histoire vaut d'être rappelée : un jeune dandy écrivain/poète Samuel Cramer ( avatar de Baudelaire ) est chargé par Madame de Cosmelly, une "vieille amie" de séduire la Fanfarlo, une actrice ( avatar probable de Lola Montès ) populaire, qui lui a ravi son mari. En échange de quoi, elle s'offre comme récompense à son succès et au retour du mari prodigue dans ses pénates.
Aussitôt dit... aussitôt à faire... C'est une nouvelle, je ne vais pas vous en dévoiler la chute... même si peu de gens l'ignorent.
Beaucoup se posent la question de la qualité de l'écriture de Baudelaire dans cette nouvelle. Pour ma part, c'est un plaisir de la lire et de la relire, et il serait injuste de déprécier cette oeuvre au seul prétexte que le prosateur n'est pas à la hauteur du poète.
À quoi bon chercher à les dissocier alors que cette prose est emplie, je dirais même nourrie de poésie ? !...
Outre l'intérêt narratif, celui plus littéraire, le texte abonde également de références lexicales, "historiques", personnelles etc que des notes très explicites recontextualisent pour des lecteurs "contemporains" qui pourraient se sentir "abandonnés".
Un Baudelaire méconnu avec lequel il serait dommage de ne pas faire ou refaire connaissance.
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TEL EST PRIS QUI...

La Fanfarlo, seule nouvelle jamais rédigée (en 1845) par Charles Baudelaire comme on le sait, d'abord refusée par la Revue de Paris, parut une première fois en janvier 1847 dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres, grâce aux bons offices de Charles Asselineau. L'histoire est celle d'un dandy, Samuel Cramer, écrivain raté connu sous le nom de plume Manuela de Monteverde.
Bien qu'ambitieux mais fainéant, ses oeuvres étaient sans intérêt... Ce qui ne l'empêchait pas de se prendre pour un génie.
Un jour, se promenant au jardin du Luxembourg, il revit une jeune femme qu'il avait aimée en province quelques années auparavant,«à l'âge où l'on aime l'amour» nous précise le poète...
Cependant, la jeune femme est désormais mariée... « Elle s'appelait Mme de Cosmelly, et demeurait dans une des rues les plus aristocratiques du faubourg Saint-Germain. » précise le narrateur.
Mais son époux, plus âgé qu'elle, la trompe avec « une danseuse aussi bête que belle », la Fanfarlo.
Samuel décide d'aider son ancien amour. Ainsi s'engage-t-il à mettre un terme à cette idylle. Mais rapidement lui-même s'éprend de cette troublante Fanfarlo…

Première et seule nouvelle jamais rédigée, à vingt trois ans, par l'auteur des futurs Fleurs du Mal, c'est aussi un véritable paradoxe que ce texte bref et pourtant d'un contenu indubitablement très riche. C'est en effet au moment où il décidait, consciemment, qu'il serait poète, rien que poète, définitivement poète que Baudelaire rédigea La Fanfarlo. Et s'il parvint à la faire publier (à deux reprises et sous son propre nom seulement deux ans plus tard, en 1849), elle semble avoir très vite été abandonnée par Charles Baudelaire, n'est citée dans ses correspondances qu'à trois reprises, ne donnera lieu à aucun autre essais du même type, moins encore à une quelconque tentative romanesque et on peut presque parler d'un reniement puisqu'il ne la reprendra même pas dans la liste de ses oeuvres qu'il établira à la fin de sa vie.

On peut dès lors se poser le pourquoi de la rédaction d'un tel texte tandis que ses choix intimes et littéraires le portaient à vouloir tout autre chose. Est-ce, comme le jugeait Jean-Paul Sartre - grand lecteur de Baudelaire dont il écrivit une monographie - parce que, dans cette «oeuvre de prime jeunesse frappe de stupeur : tout est déjà là, les idées et la forme. Les critiques ont souvent noté la maîtrise de cet écrivain de vingt-trois ans. À partir de là, il ne fait que se répéter.»
Est-ce encore parce que, selon ce qu'il écrivit dans ses Notes sur Edgar Allan Poe, les nouvelles sont souvent du côté de la Vérité tandis que «la poésie n'a pas la vérité pour objet», mais bien plutôt celui de la Beauté, le seul qu'il désira jamais suivre ? Difficile d'apporter une question définitive à ces questions. Mais il semble que cet essai un peu à part dans son oeuvre soit, en quelque sorte, le fruit unique involontaire de telles considérations de même qu'un genre de confession dont il ne souhaita pas renouveler l'expérience.

Toujours est-il que l'on peut assez aisément reconnaître l'auteur lui-même dans le portrait cynique qu'il dresse de cet écrivain raté (ce que sa correspondance confirme d'ailleurs). Samuel Cramer est, comme Baudelaire, «une nature ténébreuse, bariolée de vifs éclairs - paresseuse et entreprenante à la fois -, féconde en desseins difficiles et en risibles avortements -, esprit chez qui le paradoxe prenait souvent les proportions de la naïveté, et dont l'imagination était aussi vaste que la solitude et la paresse absolues». C'est un dandy, se regardant dans tous les miroirs, successeur et héritier du héros romantique, un poète manqué, un écrivain raté, qui joue avec lui-même, un esprit versatile. C'est ainsi un autoportrait sans concession que nous livrerait donc Baudelaire de ce qu'il estimait être à vingt-trois ans tout juste.

Quant à cette Fanfarlo, l'histoire littéraire retiendra qu'elle est très probablement inspirée d'une actrice en vogue dans ces années-là, la charmante Lola de Montès, une danseuse exotique, actrice et courtisane d'origine irlandaise, qui défraya alors la chronique parisienne et mondaine.

Mais on retiendra surtout de cette trop brève incursion du génial créateur des Petits poèmes en prose dans le monde romanesque, un petit chef-d'oeuvre d'analyse psychologique pas très éloigné d'un Nerval ou d'Honoré de Balzac que l'auteur appréciait fortement (même s'il n'en admirait pas forcément le style), tentant de répondre à cette terrible question existentielle - on comprend que Sartre ait pris le temps de lire ce texte -, la seule qui vaille peut-être : «Qui suis-je ?». La seule, peut-être aussi, à laquelle cet apôtre du Spleen ne souhaitait finalement pas vraiment répondre, pas de cette manière aussi frontale, directe, visible. La poésie se situe partout et ailleurs à la fois : un autre chemin vers le «je», cet autre... Mais c'est là une autre histoire !
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Seule nouvelle en prose de son auteur en quête de questions, de réponses ou précision sur ce que l'on est, à qui ressemble t on ?

Comment m'identifier, à l'homme ou la femme, cette femme créatrice au contraire de l'homme combattant ?

Qui suis je ? Une simple personnalité reflets de ces personnages croisés dans une vie ?

N'existe t il pas autre chose, de plus personnel moins empreint de la trace de ces autres qui se sont arrêtés dans notre existence ?

Originalité où est tu ? Que deviens tu ? Réponses à façonner dans ces lignes interrogatives, à saisir.
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Nouvelle de jeunesse de Baudelaire ; ça se voit. Mais on trouve certaines idées directrices, un style qui sera celui du "grand" Baudelaire. L'histoire est très simple, les personnages tous un peu haïssables (comme c'est étonnant) et le style très orné. On reconnaît bien Baudelaire au moment où la Fanfarlo s'apprête à céder et où Samuel Cramer exige une tenue particulière et du rouge aux lèvres... On y voit des prémisses mais ça reste loin du sommet de son oeuvre.
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Oeuvre de jeunesse, oeuvre singulière, d'un Baudelaire empli de romantisme et dont la jeune plume laisse pressentir l'immense poète qu'il devint. Je ne saurai que recommander, avant ou après, la lecture de « Désir et vérité dans « La Fanfarlo » de Jérôme Thélot (Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1989) /
[ http://www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1989_num_41_1_1715 ]
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J'aime beaucoup La Fanfarlo à cause de l'ambiguïté du personnage tant au niveau de son esprit, aspirant à l'absolu, au génie, au chef-d'oeuvre ...mais paresseux que de sa sensibilité, équivoque, masculine et féminine comme l'indique son pseudonyme "Manuela". Un texte moderne et subtil.
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