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Lorsque j'ai lu, très jeune, Les Paradis Artificiels, je consommais alors comme drogue la poésie de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Rejetant les vertus bourgeoises et la bienséance, Baudelaire m'initiait alors à la rébellion par la beauté, le rêve et l'extase des sens.

Aussi cette expérience poétique nourrit-elle ma rébellion d'adolescent plus sûrement, plus durablement et sans détruire le corps et l'esprit que la mise en danger, la cigarette, le joint, l'exta, ou toute autre drogue ou addiction dont notre société de consommation moderne a le secret.

Parcourant avec avidité ces poèmes maudits, je crois que je ne me suis même pas rendu compte que les Paradis Artificiels étaient un Essai sur l'opium et le haschisch... ou bien cela n'avait pas d'importance : pour moi c'était de la poésie en prose ; et ça l'est toujours avant tout.

Le message de fond sur les drogues, pourtant, est bien passé, avec toute son ambiguïté. Pour moi donc une bonne lecture pour l'adolescent, tenté naturellement par l'excès.Point d'interdit, mais un rappel que tout à un prix, et, par l'exemple De Quincey, une démonstration efficace que même celui qui croit maîtriser peut se laisser abuser et sombrer dans l'annihilation de sa volonté.
Encore aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de reconnaître après lui une force positive dionysiaque à l'ivresse, dasn certaines conditions, là où les autres drogues me semblent impossibles à réellement domestiquer.

Mais Baudelaire n'était ni neurologue ni pharmacien. Réduire Les Paradis baudelairiens à une étude des drogues et de leurs usages m'apparaît une hérésie, voire une insulte. Dans ces écrits, il chante le voyage artificiel, envoie des images puissantes, il envoûte, nous hallucine. La recherche de volupté implique des retours du réel, des tortures, des regrets, du spleen... et bien sûr que l'usage des drogues s'y retrouve, le kief ayant son prix, mais Baudelaire transcende tout cela par ses mots.

Il ne nous parle pas d'opium et de haschisch, il nous parle de la quête éperdue des hommes des rares moments d'éternité, là où "les lourdes ténèbres de l'existence commune et journalière" nous pèsent ; il nous parle d'un monde invisible , que la passion dévorante de l'âme humaine peine à rejoindre ; il nous parle de la magie de ces artifices lucifériens, dieux et diables, qui portent récompense et châtiment à l'humain avide d'infini.
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On n'a jamais aussi bien parlé du vin, du hachisch et de l'opium. Mais il ne faudrait certainement pas croire qu'il s'agirait d'en faire l'apologie, puisque Baudelaire insiste régulièrement sur les leurres et les dangers de ces drogues (à moins qu'il ne s'agisse pour lui, tout simplement, d'éviter les cris d'indignation de l'intégriste censure qui lui a causé tant d'histoire avec "Les Fleurs du Mal"). Ce livre ne poussera personne à se jeter sur le premier pétard venu, loin s'en faut. Il doit être lu pour ce qu'il a toujours cherché à être : une oeuvre de prose poétique. Car on oublie trop souvent d'évoquer, lorsque l'on traite de cette oeuvre, de l'admirable poésie baudelairienne, florilège d'images inattendues et sublimes. Et au delà du sujet, "Les Paradis artificiels" surprennent par leur composition, car Baudelaire réussi à éviter le piège de la monographie par ses fréquentes digressions, qu'elles soient des scènes, des contes, des portraits. On se croirait parfois chez Diderot ! Et même si la deuxième partie des Paradis artificiels, "Le mangeur d'opium", est une libre traduction d'une oeuvre de De Quincey, tout porte la signature du maître Baudelaire, comme lorsqu'il nous entraîne merveilleusement dans d'abyssales angoisses en traduisant les contes d'Edgar Allan Poe.
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Une sorte de longue notice d'utilisation de l'opium et du haschisch… avec quelques remarques sur la posologie et de longs paragraphes sur les effets secondaires et indésirables. le discours est élégant et le verbe est soigné, certes. Mais ça n'en fait pas à mon sens de la poésie. Ou alors je serais encore passée à côté de quelque chose ?
Baudelaire ne parle pas d'expérience personnelle, il rapporte des propos et des impressions, qu'il enrobe cependant de ses propres idées sur la question.

J'ai de toute façon persévéré jusqu'au bout, pour être bien sûre que rien ne viendrait succéder à l'ennui que j'ai eu à tourner ces pages. Eh bien non, rien n'est venu. D'autant que le contenu est décalé et largement dépassé par la connaissance que nous avons acquise depuis sur ces mêmes drogues, mais surtout par la transformations des drogues que nous sommes susceptibles de prendre de nos jours.
Reste le témoignage intéressant d'une époque, ou tout au moins d'un petit bout, tout petit bout, d'une époque, ces messieurs me semblant somme toute très peu représentatifs de l'ensemble. L'on se rend compte, tout de même, que des jeunes gens pouvaient rester oisifs très longtemps sous prétexte d'études. En tout temps, il faut bien que jeunesse se passe…



Autres temps, mêmes moeurs :
« Géraaaarrrd
[…]
Quand on voit la tristesse des biknites, on comprend pourquoi c'est interdit le hackique ! Et on se dit que le pinard, ça devrait être obligatoire.
[…] »

Extrait de « Tel père, tel fils », sketch de Coluche :
https://www.youtube.com/watch?v=w8Oa70HmXVU

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Dans les Paradis Artificiels, Charles Baudelaire tente de nous faire comprendre les rapports étroits qui peuvent exister entre la consommation de stupéfiants et la création poétique, avec force détails sur les altérations psychiques que peuvent amener l'opium et autres substances psychotropes.
Mais bien qu'il en prenne un temps les apparences, ce n'est pas une étude ni un essai, de pages en page c'est une véritable descente aux enfer. Peu à peu, le lecteur se retrouve captif d'une sorte de voyage à faire littéralement dresser les cheveux sur la tête. Et s'il était tout a fait légitime de considérer ces Paradis artificiels comme un des grands textes fondateurs de la littérature fantastique ?

Et pour qui souhaiterait s'interroger sur les raisons profondes qui ont poussé le poète à traduire Edgar Allan Poe vers le français, pourquoi ne pas chercher quelques réponses parmi ce qui rampe et gémi entre les pages des Paradis Artificiels ?
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Haschisch, vin opium: amplificateurs de rêves?

Hilarité, apaisement ,.... mais aussi poésie:
- "les sons se revêtent de couleur"
- "sans mord, sans éperons, sans bride, partons à cheval sur le vin pour un ciel féerique et divin... Ma soeur, cote cote nageant, nous fuirons sans repos ni trêve vers le paradis de mes rêves."
- "le haschisch s'étend alors sur toute la vie comme un vernis magique; il la colore en solennité et en éclaire toute la profondeur. Les couleurs prendront une énergie inaccoutumée et entreront dans le cerveau avec une intensité victorieuse"


Mais un prix exorbitant:
- le raisonnement n'est plus qu'une épave à la merci des courants (un peu comme le vide intérieur de Nakata, qui le met à la merci du pouvoir de Johnny Walker, dans Kafka sur le rivage, de Murakami)
- "mais le lendemain, le terrible lendemain. Tous les organes relâchés, fatigués, les nerfs détendus, les titillantes envies de pleurer, l'impossibilité de s'appliquer à un travail suivi.... La hideuse nature, dépouillée de son illumination de la veille.
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« Les paradis artificiels » est malgré son thème sulfureux une saine lecture ou les auteurs que ce soit Gautier ou Baudelaire donnent libre cours à leur imagination débridée tout en n'oubliant pas une condamnation morale bien mince pour ce dernier.

Mais Baudelaire va plus loin que Gautier dans son analyse, dépassant les pléthoriques descriptions des effets des drogues, son étude de fond menée autour de la personnalité De Quincey met en lumière tout ce qui peut conduire un esprit brillant et sensible à sombrer dans l'opium.

Pour ma part, bien que non consommateur de drogue, je pense qu'il sera toujours dans la nature profonde de l'homme de trouver des stimulants pour élever son âme et oublier une réalité bien souvent terne et sans relief truffée d'éternelles contrariétés et de problèmes à résoudre !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Voilà une édition des Paradis artificiels mieux faite que celles que proposait Babelio dans sa base de données. On trouvera d'abord trois magnifiques textes de Gautier, toujours sensuel, toujours à l'affût de l'image, et sa mémorable description de ce qu'il vit lors de sa soirée de prise de haschich est une aventure littéraire et poétique inoubliable. Plus intellectuel, moins soumis à la sensation, Baudelaire réfléchit aux "excitants modernes", dans "Du vin et du haschich", "Les paradis artificiels" proprement dits, et sa traduction partielle adaptée des "Confessions d'un mangeur d'opium" de Thomas de Quincey. Ces textes sur la drogue témoignent d'une époque où elle n'est pas un produit de consommation massive, mais un divertissement auquel l'élite intellectuelle s'intéresse, moins pour le plaisir qu'elle procure que pour l'élargissement de l'esprit et de l'inspiration qu'elle provoque. On retrouvera ce même intérêt pour les pouvoirs de la drogue chez les Surréalistes et chez Michaux au XX°s.
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Les trois textes des paradis ont été réunis par Baudelaire et publiés sous différentes éditions. La présente édition se termine par Exorde et notes pour les conférences données (à Bruxelles). Lire ces textes plus de 150 ans après leur publication ne leur enlève pas de leur force : la question des drogues psychotropes reste la même de nos jours mais avec le recul, on pourrait trouver ces textes un peu naifs. Certes, le hachich reste dangereux mais de là à faire l'apologie du vin, il y a une grosse différence. On connait depuis longtemps les ravages provoqués par l'alcool et l'on ne peut pas lire sans sourire l'argumentaire de Baudelaire. J'ai beaucoup aimé le passage dans lequel, l'auteur parle aux hommes au nom du vin ("Je tomberai au fond de ta poitrine comme une ambroisie végétale. Je serai le grain qui fertilise le sillon douloureusement creusé. Notre intime réunion créera la poésie. A nous deux, nous ferons un Dieu, et nous voltigerons vers l'infini, comme les oiseaux, les papillons, les fils de la Vierge, les parfums et toutes les choses ailées." p.82). Si on garde en tête que l'usage du hachich était à l'époque une mode nouvellement importée en Europe, on peut excuser cette ingénuité surtout que le mode d'absorption préconisé provoquait des hallucinations violentes et des crises d'angoisse et de fatigue puissantes. Notons cependant que Baudelaire fait plus état de ses observations que d'une réelle expérience : il a en effet peu testé les usages du hachich et ne fait que constater les cas connus de son entourage. Des paradis artificiels provoqués par les diverses drogues, il me semble que les effets de l'alcool ne soient pas vraiment comparables à ceux du hachich et de l'opium : s'il est vrai comme le montre Baudelaire, que l'alcool désinhibe et que le hachich introvertit, il faut souligner que les deux pratiques n'emmènent pas le consommateur vers les mêmes rivages. de plus, les textes réunis ici, bien que faisant hommage à l'écriture poétique et imagée de Baudelaire, font parfois un double emploi. Mais on soulève là une autre question, à savoir celle de la politique retenue par l'éditeur. J'ai donc trouvé Les paradis intéressants mais rien qui ne me semble notable par rapport au sujet traité. On comprendra donc que je ne partage pas l'avis de Philippe Pichois qui trouve que les textes de Gautier rendent plus sensibles ceux de Baudelaire. En fait, ce que je recherchais par la lecture de ce livre était l'aspect expérimental vécu par l'auteur que Gautier a bien mieux décrit que Baudelaire...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Très différent de ce que je m'imaginais. Que j'ai voulu ou non l'entendre, je pensais que j'allais lire une sorte de panégyrique des produits psychotropiques, avec une foule de descriptions aussi enchanteresses que tentantes. En full synesthésie.
Ce qui est à la fois ce que j'ai pu lire et absolument pas ça.
Ma version contient quelques textes de Théophile Gautier sur le même thème et qui eux sont plus positifs concernant ces produits : l'opium et le "hachich". Y décrivant, effets et différences. Très bien écrits, et énervants.
Baudelaire lui s'inscrit comme moraliste et négateur de ces paradis artificiels. Pour lui, on ne fait pas d'un âne un cheval de course. Autrement dit, les effets et les hallucinations etc, n'auront de brio que si vous êtes brillant. N'espérez pas être autre chose que vous êtes déjà, vous l'êtes d'autant plus, d'autant plus intensément.
Les effets négatifs apparaissent vite et sont tout aussi bien décrits. Avec à l'appui une critique de Baudelaire du texte le Mangeur d'opium de de Quincey. C'est pur littérature. Baudelaire nous sert de très belles pages.
Mais. Pas assez. Et à de nombreuses reprises, c'est moi qui suis parti, hypnotisé par l'ennui provoqué et ça m'a souvent saoulé.
Je suis d'ailleurs étonné des pages sur le haschisch dont les effets semblent étonnamment plus intéressants qu'avec la merde actuelle. Je ne sais pas si c'était pour faire genre, pour exagérer. (Ce qui n'aurait pas de sens, vu le parti pris détracteur-moraliste de Baudelaire.) Mais, clairement, j'ai bien l'impression que ce n'est pas avec le cannabis, actuel, qu'on peut aboutir à de tels effets. Sans doute avec d'autres choses...

Un livre qu'on peut inscrire dans l'histoire, au sens livre historique, avec des moments remarquables sur le plan stylistique. Mais assez chiant quand même.
Pour ma part.
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User de paradis artificiels pour se plonger dans Les paradis artificiels.
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