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EAN : 9782718602103
233 pages
Galilée (02/04/1985)
3.97/5   39 notes
Résumé :
Aujourd'hui l'abstraction n'est plus celle de la carte, du double, du miroir ou du concept.
La simulation n'est plus celle d'un territoire, d'un être référentiel, d'une substance. Elle est la génération par les modèles d'un réel sans origine ni réalité : hyperréel. Le territoire ne précède plus la carte, ni ne lui survit. C'est désormais la carte qui précède le territoire - précession des simulacres - c'est elle qui engendre le territoire et s'il fallait repr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne prétends pas avoir tout compris de ces textes et il n'est pas question pour moi de gloser sur une oeuvre complexe . Mais il me semble que ce penseur a mis le doigt sur un élément essentiel de notre époque qui se pose de plus en plus souvent de questions sur la réalité des informations .Aussi pour difficile qu'il soit ce texte me paraît mérité d'être lu.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
S’attaquer à la représentation n’a plus beaucoup de sens non plus. On sent bien que tous les conflits étudiants (comme, plus largement, au niveau de la société globale) autour de la représentation, de la délégation de pouvoir, pour la même raison, ne sont plus que des péripéties fantômes qui suffisent encore pourtant, par désespoir, à occuper le devant de la scène. Par je ne sais quel effet de Moebius, la représentation elle aussi s’est retournée sur elle-même, et tout l’univers logique du politique se dissout du même coup, laissant la place à un univers transfini de la simulation, où d’emblée personne n’est plus représenté ni représentatif de quoi que ce soit, où tout ce qui s’accumule se désaccumule en même temps, où même le phantasme axial, directif et secourable du pouvoir a disparu. Univers pour nous encore incompréhensible, méconnaissable, d’une courbe maléfique à laquelle nos coordonnées mentales orthogonales et dressées à l’infini linéaire de la critique et de l’histoire, résistent violemment. C’est pourtant là qu’il faut se battre, si même cela a encore un sens. Nous sommes des simulants, nous sommes des simulacres (pas au sens classique d’ »apparence »), des miroirs concaves irradiés par le social, irradiation sans source lumineuse, pouvoir sans origine, sans distance, et c’est dans cet univers tactique du simulacre qu’il va falloir se battre -sans espoir, l’espoir est une valeur faible, mais dans le défi et la fascination. Car il ne faut pas refuser la fascination intense qui émane de cette liquéfaction de toutes les instances, de tous les axes de la valeur, de toute axiologie, politique y compris. Ce spectacle est notre force essentielle. Nous ne sommes plus dans un rapport de force incertain ou victorieux, mais politique, envers le capital, ça, c’est le phantasme de la révolution. Nous sommes dans une rapport de défi, de séduction et de mort envers cet univers qui n’en est plus un, puisque précisément toute axialité lui échappe. Le défi que nous lance le capital dans son délire -liquidant sans vergogne la loi du profit, la plus-value, les finalités productives, les structures de pouvoir, et retrouvant au terme de son processus l’immortalité profonde (mais aussi la séduction) des rituels primitifs de destruction, ce défi-là, il faut le relever dans une surenchère insensée. Le capital est irresponsable, irréversible, inéluctable comme la valeur. A lui seul il est capable d’offrir un spectacle fantastique de sa décomposition - seul plane encore le désert des structures classiques du capital le fantôme de la valeur, comme le fantôme de la religion plane sur un monde depuis longtemps désacralisé, comme le fantôme du savoir plane sur l’Université. A nous de redevenir les nomades de ce désert, mais dégagés de l’illusion machinale de la valeur. Nous vivrons dans ce monde, qui a pour nous toute l’inquiétante étrangeté du désert et du simulacre, avec toute la véracité des fantômes vivants, des animaux errants et simulants que le capital, que la mort du capital a fait de nous - car le désert des villes est égal au désert des sables - la jungle des signes est égale à celle des forêts - le vertige des simulacres est égal à celui de la nature - seule subsiste la séduction vertigineuse d’un système agonisant, où le travail enterre le travail, où la valeur enterre la valeur - laissant un espace vierge, effrayé, sans frayages, continu comme le voulait Bataille, où seul le vent soulève le sable, où seul le vent veille sur le sable.
Qu’en est-il de tout cela dans l’ordre politique?
Si peu de choses.
Mais nous devons nous battre aussi contre la fascination profonde qu’exerce sur nous l’agonie du capital, contre la mise en scène par le capital de sa propre agonie, dont nous sommes les agonisants réels. Lui laisser l’initiative de sa propre mort, c’est lui laisser tous les privilèges de la révolution. Cernés par le simulacre de la valeur et par le fantôme du capital et du pouvoir, nous sommes bien plus désarmés et impuissants que cernés par la loi de la valeur et de la marchandise, puisque le système s’est révélé capable d’intégrer sa propre mort, et que la responsabilité nous en est ôtée, et donc l’enjeu de notre propre vie. Cette ruse suprême du système, celle du simulacre de sa mort, par où il nous maintient en vie en ayant liquidé par absorption toute négativité possible, seule une ruse supérieure peut la prévenir. Défi ou science imaginaire, seule une pataphysique des simulacres peut nous sortir de la stratégie de simulation du système et de l’impasse de mort où il nous enferme.
Mai 1976
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Le nihilisme n'a plus les couleurs sombres, wagnériennes, splengleriennes, fuligineuses, de la fin du siècle. Il ne procède plus d'une Weltanschauung de la décadence ni d'une radicalité métaphysique née de la mort de Dieu et de toutes les conséquences qu'il faut en tirer. Le nihilisme est aujourd'hui celui de la transparence, et il est en quelque sorte plus radical, plus crucial que dans ses formes antérieures et historiques, car cette transparence, cette flottaison, est indissolublement celle du système, et celle de toute théorie qui prétend encore l'analyser. Quand Dieu est mort, il y avait encore Nietzsche pour le dire - grand nihiliste devant l’Éternel et le cadavre de l’Éternel. Mais devant la transparence simulée de toutes choses, devant le simulacre d'accomplissement matérialiste ou idéaliste du monde dans l'hyperréalité (Dieu n'est pas mort, il est devenu hyperréel), il n'y a plus de Dieu théorique et critique pour reconnaître les siens.

L'univers, et nous tous, sommes entrés vivants dans la simulation, dans la sphère maléfique, même pas maléfique, indifférente, de la dissuasion: le nihilisme, de façon insolite, s'est entièrement réalisé non plus dans la destrucrion, mais dans la simulation et la dissuasion. De phantasme acrif, violent, de mythe et de scène qu'il était, historiquement aussi, il est passé dans le fonctionnement transparent, faussement transparent, des choses. Que reste-t-il donc de nihilisme possible en théorie ? Quelle nouvelle scène peut s'ouvrir, où pourrait se rejouer le rien er la mort comme défi, comme
enjeu ? (pp. 227-228)
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Coppola fait son film [Apocalypse Now] comme les Américains ont fait la guerre - dans ce sens , c'est le meilleur témoignage possible -avec la même démesure , le même excès de moyens , la même candeur monstrueuse ...et le même succès. La guerre comme défonce , comme fantaisie technologique et psychédélique , la guerre comme succession d'effets spéciaux , la guerre devenue film bien avant d'être tournée.
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Nous sommes donc conviés à la réhabilitation fantomatique et parodique de tous les référentiels perdus.
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[…] lorsque la carte couvre tout le territoire, quelque chose comme le principe de réalité disparaît.
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Videos de Jean Baudrillard (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Baudrillard
Le 13 septembre 2014, l'émission “Une vie, une oeuvre” diffusée tous les samedis sur France Culture, était consacrée à l'évocation du philosophe français, Jean Baudrillard (1929-2007). Par Delphine Japhet et Olivier Jacquemond. Réalisation : Ghislaine David. Attachée d'émission : Claire Poinsignon. Ni morale, ni critique, une « pensée radicale ». Rendre au monde son étrangeté, l’appréhender avec un regard séducteur, telle fut l’entreprise de Baudrillard. Sociologue, philosophe, poète ? Baudrillard est inclassable, et s’est toujours tenu à la marge des institutions académiques, créant son propre style. Ni morale, ni critique, il ne conçut jamais sa pensée comme édificatrice. En revanche, concepts féconds, réflexion visionnaire, il a toujours été un observateur hors norme de notre temps. Au risque de l’hostilité, de la polémique, il s’est emparé d’événements historiques aussi délicats que la Guerre du Golfe ou les attentats du 11 septembre. Reconnu comme une icône, un gourou à l’étranger, traduit dans une trentaine de langues, il est méconnu en France. Cet épisode de « Une vie, une œuvre », traque les traces de celui qui a toujours cherché à les effacer et à faire de la pensée un jeu de piste. Invités : Marine Baudrillard, épouse de Jean Baudrillard. François L’Yvonnet, professeur de philosophie et éditeur. François Cusset, historien des idées, professeur de civilisation américaine à l’Université de Nanterre. Sylvère Lotringer, philosophe français, professeur à l’université Columbia de New York. Robert Maggiori, philosophe, journaliste à Libération. Jacques Donzelot, maître de conférences en sociologie politique à l'Université de Paris X Nanterre.
Thèmes : Arts & Spectacles| Philosophie| Société| Jean Baudrillard
Source : France Culture
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