Une deuxième visite, à 44 ans, à l’hôpital psychiatrique où était enfermée sa mère. Elle qui, au plus mal, avait demandé à le voir, alors que, durant sa première visite elle l’avait ignoré, faisant la sourde oreille quand les infirmières lui avaient parlé de son fils. Albertine, qui l’avait abandonné dès l’accouchement, peut-être dès la conception, en pensée. Albertine qui lui avait fait connaître l’orphelinat, les maîtres d’apprentissage véreux, les fermiers presque tous pourris à qui il servait de bête de somme. Albertine qui était atteinte, d’après les médecins, de « confusion mentale et de mélancolie » depuis le jour de sa naissance, à lui. Albertine dont il aimait se rappeler le nom parce que c’est tout ce qu’il connaissait d’elle et aussi parce qu’il avait de l’allure, ce nom : Albertine. Un vrai nom de duchesse !
Mais pouvait-il espérer qu’elle voudrait le rencontrer ? Et pour dire quoi ? Qu’est-ce qu’on dit à une folle ?