Les complicités involontaires

Soudain je compris que je n'aurais jamais dû me réconcilier avec elle : les vieux comptes en suspens ne s'effacent jamais, ils demeurent entre nous jusqu'à ce qu'on ait le courage de les purger. (p. 165)

Voilà, je retrouvais celle que, après de si mauvais débuts, j'avais fini par apprécier, la fille fantasque, toujours en équilibre entre le chagrin et la gaieté, dont elle présentait tour à tour la face avec autant de rapidité qu'une feuille morte agitée, retournée par le vent (...) (p. 27)

(...) je savais qu'il aurait mieux valu mettre des mots sur cette rupture, que cela nous aurait aidés tous deux à refermer ce chapitre et à aller de l'avant : non seulement le silence laisse tout en suspens, inachevé, mais il recèle aussi une dose incontestable d'agressivité. (p. 234)

Il n'y a jamais une seule vérité. Nous ne sommes jamais totalement blancs, et les choses sont rarement ce qu'elles paraissent, ne croyez-vous pas ? (...)

L'ami de mon père, que je suis allé voir à Istanbul, il y a quelque temps, vous vous souvenez ? , m'a brossé le portrait d'un homme gai et plein de vie, qui ne correspond en rien à celui que j'ai connu. Je l'ai écouté dans son joli salon donnant sur le Bosphore, mourant d'envie de lui crier qu'il n'avait rien compris au personnage, puis je me suis rendu compte que c'était moi qui me trompais, qu'on ne saisit les uns des autres qu'une image valable à un moment donné dans un espace donné. Les êtres ne cessent jamais de changer. Cela s'appelle l'impermanence. (p. 141)

(...) à ses yeux, l'écrivain avait avant tout le devoir de dénoncer. (p. 130)

Selon Freud, les documents écrits ou photographiques, les -preuves-, ne jaillissent que si on les cherche vraiment (...) Zoé B. l'expérimentait à présent: incapable d'admettre l'hypothèse selon laquelle son père n'avait rien gardé de son passé, laissé délibérément ses enfants sans histoire, sans racines, sans repères, elle avait entrepris de fouiller l'appartement familial (p. 65)

Elle ignore que sa patiente se contrefiche de ces mêmes règles, comme de toutes les règles en général : pour elle, seul l'Esprit gouverne la vie des êtres, pas les commandements des humains. (p. 281)

(...) Des enquêtes policières ? Pourquoi ?
(...) nous essayons tous de comprendre les tenants et les aboutissants de notre existence. Tous les livres sont d'une certaine façon des enquêtes, ne croyez-vous pas ? (p. 14)