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EAN : 9791022611503
280 pages
Editions Métailié (09/09/2021)
3.79/5   42 notes
Résumé :
1943, dans un palace à Berlin. Poussés par le rationnement et les bombardements, tout ce que la ville compte de diplomates, de généraux, d’hommes d’affaires ou de héros de retour du champ de bataille se retrouvent dans ce lieu au luxe suranné, comme dans un ultime refuge. Plus personne ne croit à la victoire. Au milieu de tous ces hommes brillent Tilli, une femme facile mais désargentée, et Lisa Dorn, égérie du Führer pour qui la foule envahit encore chaque soir le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Je lis Hotel Berlin 43 et j'y retrouve la meme matrice que celle utilisee par l'auteure pour son Grand Hotel, 14 ans auparavant. Encore une fois, unite de temps et de lieu, comme dans une piece de theatre. Des types de personnages semblants en nombreux points. La, c'etait une danseuse-etoile sur le retour, ici une comedienne vedette. La, un baron voleur qui s'amourache d'elle avant d'etre attrape, ici un opposant au regime qui se cache dans sa chambre et eveille en elle un amour impossible. La, un capitaine d'industrie qui perd l'affaire pouvant sauver son usine et est mis au ban, ici un general qui a participle a un complot rate contre le dictateur et est force de se suicider. La, un portier angoisse par l'accouchement difficile de sa femme, ici il est angoisse parce qu'il a ete appele aux armes malgre son age. Ici et la, une jeune femme qui ne possede que ses reves, amenee a se prostituer. Et toujours, au dessus de la melee, observant tout, comprenant tout, dedaignant tout et tous mais leur venant en aide quand il faut, un vieux docteur desabuse et morphinomane.


Et pourtant ca marche. C'est une lecture interessante, meme quand on fait le rapprochement entre les deux livres. Peut-etre plus encore, justement quand on le fait.
Parce que ce livre, publie en 1943, decrit des evenements (et une atmosphere) qui se sont reellement deroules, mais plus tard. Par exemple, le complot des officiers de l'armee contre Hitler dont il est question n'a eu lieu qu'en juillet 1944. Baum decrit un Berlin bombarde massivement. Or, s'il y a eu quelques raids aeriens sur cette capitale pendant toute la guerre, la strategie alliee de bombardements destructifs pour demoraliser et faire plier les allemands ne fut decidee que fin 1943 et pratiquement mise en oeuvre qu'en 1944, d'abord des bombardements nocturnes, et beaucoup plus tard de jour. Baum detaille les essais de dignitaires nazis de fuir et de rejoindre un asile sur au loin. Cela aussi est quelque chose qui ne s'est produit qu'a la fin de la guerre, en 1945. C'est comme si, anticipant les evenements, Baum ecrivait en visionnaire.


Mais meme si on n'est pas feru d'histoire, si on ne sait rien sur la deuxieme guerre mondiale, le livre est remarquable. Baum sait nous interesser avec les intrigues des differents organismes nazis, qui se livrent en fait une guerre interieure, les SS contre la Gestapo et tous contre l'armee de metier; elle nous fait palpiter avec les essais du jeune etudiant blesse, poursuivi, de sortir de l'hotel sans etre attrape; elle nous emeut avec les sentiments qui s'eveillent chez la comedienne envers ce paria; elle arrive a nous inspirer un certain respect pour ce general prussien qui ne peut concilier son sens de l'honneur avec la poursuite d'une guerre qui est devenue une sauvagerie acharnee.


Baum sait ecrire, ses dialogues sonnent juste, ses descriptions, et de l'interieur de l'hotel et des environs exterieurs devastes, sont tres visuels. Et surtout, son rendu de la societe allemande, entre nazis et simples suiveurs, entre fanatiques, opportunistes et desillusionnes, pris dans un huis-clos, sous le regard cynique de quelques hommes d'affaires nordiques et d'un orchestre hongrois qui se soule en jouant, est captivant.


Ce livre n'a peut-etre pas connu le succes public de Grand Hotel, mais il est bien meilleur a mon avis. C'est cet hotel, degrade, dechu, que j'ai prefere.
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Une belle découverte que ce roman de Vicki Baum, autrice prolifique qui a publié entre 1914 et 1957. Hôtel Berlin 1943 est une oeuvre tout à fait particulière et on ne peut l'aborder sans savoir que ce roman a été publié en 1943, bien avant que surviennent les événements décrits qui toutefois se produiront.

Il s'agit d'un huis clos dont l'action se situe dans un hôtel de luxe à Berlin. Parmi les résidents, on compte des militaires dont certains sont gradés, des prisonniers dont un écrivain anglais, deux femmes ; l'une d'elle, Lisa Dorn est actrice, protégée par le führer, l'autre humiliée pour avoir fréquenté un juif, se prostitue pour essayer de vivre, on remarquera également la présence de nombreux membres de la gestapo qui recherchent Richter, un étudiant insurgé fugitif.

Nous sommes en 1944, témoins des conversations et de l'action qui se déroule dans l'hôtel. Richter se cache et cherche un moyen de sortir, il se retrouve en contact avec des personnages prêt à l'aider… ou pas, il côtoiera la belle Lisa, égayant quelque peu un roman de guerre y ajoutant une touche sentimentale qui n'est pas pour déplaire.

Mais les conversations traduisent tout de même l'horreur de la guerre, les privations, la propagande, la dictature, la torture, la mort omniprésente, le massacre engendré par la chute de Berlin sous les bombardements russes, la capitulation prochaine de l'Allemagne peu à peu privée de ses alliés, économiquement asphyxiée, l'impopularité croissante d'Hitler abandonné par ses généraux.

Vicki Baum exilée aux Etats-Unis depuis 1931, s'est servi de témoignages qu'elle a reçus et d'une certaine intuition pour nous livrer ce récit extraordinaire, elle semble vraiment avoir oeuvré pour transmettre le ressenti de la population allemande qui ne supportait plus cette guerre interminable et la surprise de quelques nantis qui se retrouvent sous les bombardements et qui ne deviennent plus que des humains terrorisés partageant la même condition. La terreur est admirablement communiquée alors que les bombardements s'intensifient, je n'ai jamais vécu un tel événement, mais je peux affirmer que j'ai eu vraiment cette impression de partage avec ces gens réfugiés dans les caves. Ce devait être terrible, on le ressent, surtout lorsque l'on sait que Berlin fut totalement détruite.

Un épilogue aurait été bienvenu pour connaître le devenir de certains personnages. Il s'agit toutefois d'une fin suffisamment ouverte pour permettre au lecteur d'imaginer cet épilogue.

Je remercie les organisateurs du challenge solidaire sans lesquels je n'aurais jamais lu ce livre ni découvert son autrice.
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Comme l'indique le titre, l'intrigue se déroule en 1943, à Berlin, dans un hôtel. Un hôtel de luxe où, alors qu'en ville l'heure est au rationnement, se côtoient et boivent et dînent dans l'opulence des hauts-gradés nazis, des diplomates, des hommes d'affaires, des militaires et des aristocrates, des filles à soldats, et Lisa Dorn, jeune actrice à succès, égérie du Führer, admirée et désirée par tout l'état-major. Et parmi cette foule mouvante et ambivalente, se cache Martin Richter, étudiant opposé au régime et recherché par la Gestapo. Lequel trouve refuge dans la chambre de Lisa et y joue son destin. Cette femme-enfant grandie trop vite, biberonnée au national-socialisme, va-t-elle le dénoncer, ou au contraire l'écouter jusqu'au bout et ouvrir les yeux sur la réalité et les horreurs commises par les nazis ?

Unité de temps, de lieu et d'action pour ce huis-clos en milieu feutré mais qui se déroule dans un contexte de fin du monde (d'un monde), puisque au même moment, Berlin essuie les premiers bombardements alliés, qui ne cesseront de s'intensifier.

Malgré la propagande nazie aussi absurde que désespérée qui continue de clamer que la victoire du Troisième Reich est proche, et même si les Allemands sont les seuls à ne pas (vouloir) se rendre compte de la catastrophe imminente, on sent que l'heure de la débâcle arrive. Qu'on ait fait des affaires juteuses avec le parti ou dans le dos de celui-ci, qu'on ait participé à un complot contre Hitler, chacun doit régler ses comptes et se préparer à payer la note finale, avec lâcheté ou élégance.

Née en Autriche en 1888, mariée à un Allemand, Vicki Baum, d'origine juive, a émigré définitivement aux Etats-Unis en 1931 et a obtenu la nationalité américaine en 1938. Installée à Los Angeles, elle travailla souvent à Hollywood dans le cadre d'adaptations cinématographiques. Cela se ressent dans son roman, très visuel, avec les scènes qui se succèdent sans temps mort, dans un chassé-croisé permanent de personnages. Un roman où l'on trouve beaucoup d'intensité dramatique, rythmé et bien construit, et qui a ceci de remarquable qu'il a été écrit en 1943 et publié en 1944 (en anglais), et qu'il est donc prémonitoire puisqu'il anticipe le complot des généraux et la défaite finale, qui ne sera scellée qu'en 1945. "Hôtel Berlin 43", ou la mise en scène saisissante de l'effondrement du Troisième Reich, pressenti par l'auteure et confirmé par L Histoire. Et dans la préface à l'édition de 1947, Vicki Baum, lucide, dure et un brin donneuse de leçons, écrivait ceci : "J'ai peu de choses à ajouter aujourd'hui, sinon que je souhaiterais que les Allemands, tout comme leurs adversaires d'hier, établissent une différence claire entre responsabilité et faute. La faute de la guerre incombe aux dirigeants allemands qui ont précipité sans raison le monde entier dans ce malheur effrayant. Mais la responsabilité de l'issue dévastatrice de cette guerre incombe au peuple allemand qui n'eut ni le courage ni le désir de renverser ses dirigeants quand il en était encore temps. Mon livre ne prétend être rien d'autre qu'un petit miroir, sans doute un peu trouble, dans lequel se reflète le visage de l'Allemagne tel qu'on pouvait le voir deux ans avant la fin de la guerre".

En partenariat avec les Editions Métailié.

#HôtelBerlin43
Lien : https://voyagesaufildespages..
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# Rentrée littéraire, éditions Métailié: réédition et nouvelle traduction d'un roman écrit à l'été 1943 depuis Los Angeles et en anglais par Vicki Baum, de langue maternelle allemande, comme une anticipation presque exacte des événements qui arriveront moins de deux ans plus tard frappant Berlin et le peuple allemand de plein fouet, prémisses de l'effondrement du Troisième Reich et de la défaite d'Hitler.


Ecrit comme une pièce de théâtre centrée autour de quelques personnages, Hôtel Berlin 43, relate sur moins de 48 heures l'histoire huis-clos de la vie d'un palace où logent tous ceux qui comptent dans la capitale allemande: militaires haut gradés, SS, diplomates, aristocrates, vedettes, ... alors que dehors la population effrayée ploie sous les raids aériens et crève de faim. Au service de ces 'puissants': grooms, médecin, invalides de la première guerre ou de Stalingrad.


C'est un récit d'anticipation outre-Atlantique, presque visionnaire, de ce qui va réellement se passer en Allemagne durant les années 1944-45 : le coup d'état raté des généraux contre Hitler, les bombardements intensifs sur la population et au final, enfin, la fin de la guerre après la déroute du Troisième Reich.
- Comment a-t-elle fait pour 'voir et écrire' si juste ?


Chronique d'un déclin annoncé, Clap # Hôtel Berlin 43, Vicki Baum @ éditions Métailié, 09/09/2021 via # NetGalley


C'est dans une des chambres d'un palace berlinois que trouve refuge Martin Richter, un opposant au régime, activement recherché par la Gestapo. Il y tombe nez à nez avec Lisa Dorn, jeune comédienne adulée par Hitler et par tout le peuple allemand. Que va-t-elle faire ? le dénoncer, l'aider ? Ouvrir les yeux sur la réalité de la guerre, du national-socialisme qui a bercé toute sa jeunesse, de ceux qui lui ont permis d'accéder rapidement à son statut envié de star ?

" Les convulsions qui arrachaient les racines du monde n'avaient touché que superficiellement son esprit. Elle adorait son pays et n'en avait jamais remis la suprématie en cause. Elle était convaincue que tout ce qui était noble et beau en ce bas monde était allemand. La musique et la poésie allemandes, la science allemande, la philosophie allemande, la scène allemande, les films allemands, les routes allemandes, le paysage allemand auquel elle se sentait liée d'un attachement intime et profond. "

" Vous êtes actrice, dit Martin en lui prenant la main, la tenant dans la sienne. Vous vous souvenez de ce que demandent les gens, dans l'Egmont, de Goethe ? La paix, la sécurité, l'ordre et la liberté. Mais vous ne savez pas ce qu'est la liberté. Vous ne la reconnaîtriez pas si vous la croisiez dans la rue, et si elle se cachait dans votre chambre, vous ne sauriez pas quoi en faire. "

Les portes claquent sur les différents acteurs de cette "tragi-comédie" en y donnant du rythme, du réalisme et en revisitant par cette histoire L Histoire que nous croyions si bien connaître.

" Oui ? dit le docteur.
– Je me disais que vous pourriez me donner quelque chose. Je ne veux pas aller à l'armée. Je suis fatigué. Quelquefois je suis tellement fatigué que j'ai envie de pleurer…
Il avait l'air désespéré. Tous des névrosés, dans ce maudit Herrenvolk, ce peuple de seigneurs, songeait le docteur.
– Non, dit-il. Non, cher monsieur. Pas de digitaline pour vous, pas de caféine qui pourrait vous déclencher de fortes douleurs cardiaques. C'est votre guerre et vous la ferez. N'avez-vous pas crié “Heil Hitler” pendant dix ans et plus ? Vous étiez plein de Kraft durch Freude, de Force par la Joie, à en éclater. Vous vous souvenez de la charmante excursion dans les montagnes bavaroises que vous m'avez racontée ? C'est le moment de payer l'addition.
– Oui… mais c'était différent…
– Certes, c'était différent. C'est toujours différent quand c'est sur vous qu'on s'apprête à tirer. " [ le médecin de l'hôtel, vétéran de 14-18 ]


Avec son écriture visuelle, ses dialogues enlevés, parfois très humoristiques (loin d'être la caractéristique de ce qui pourrait symboliser cette Allemagne des années 40), Vicki Baum, dans cette nouvelle traduction, arrive à nous faire revivre les derniers instants du régime nazi, ses soubresauts, ses inquiétudes, ses volte-face, ses petites et grandes trahisons, le sauve-qui peut des ex-grands du Troisième Reich et le désarroi de la population allemande, envers laquelle elle n'est pas très tendre


" le peuple de Berlin, blotti dans ses abris précaires, se sentait tout petit et terriblement effrayé. Ils avaient plutôt bien supporté les raids aériens, jusqu'à maintenant. Mais celui-ci était différent, terrible, d'un dessein sans merci. Les petites gens ne se rendaient pas compte de leur responsabilité ; ils n'avaient pas conscience d'avoir eux-mêmes lâché les bêtes féroces de la guerre, d'avoir allumé les feux qui les consumaient à présent. Ignorants et mesquins, ils se préoccupaient de leurs petites vies, avaient peur de ce qu'ils deviendraient, dans les dommages de la catastrophe générale. Leurs fils, frères et maris étaient au front, ou prisonniers, ou blessés, ou morts. Leurs enfants grandissaient, devenant d'étranges créatures, manquant de sensibilité humaine, comme si des nerfs vitaux leur avaient été arrachés. Leur santé était mauvaise, leur sort, dur, leurs joies étaient rares. "


" je souhaiterais que les Allemands, tout comme leurs adversaires d'hier, établissent une différence claire entre responsabilité et faute. La faute de la guerre incombait, incombe aux dirigeants allemands qui ont précipité sans raison le monde entier dans ce malheur effrayant. Mais la responsabilité de l'issue dévastatrice de cette guerre incombe au peuple allemand qui n'eut ni le courage ni le désir de renverser ses dirigeants quand il en était encore temps. [ préface de cette présente édition, écrite en 1946 pour l'édition allemande de 1947 ]


Un vrai plaisir de lecture que ce voyage hors du temps à l'Hôtel Berlin 43
Choisi pour la superbe Greta Garbo en couverture, impossible de résister


Vicky Baum, Hedwig Baum (1888), d'origine juive, née en Autriche, fait des études musicales et se marie en Allemagne en 1912 avec le chef d'orchestre, Richard Lert, y écrit plusieurs romans avant de s'exiler définitivement aux Etats Unis, en Californie (Hollywood) et d'y obtenir la naturalisation en 1938.

Ce roman écrit en anglais, est paru en 1944 aux USA dans sa version originale, y a été porté à l'écran presque dès sa sortie pour donner un coup de fouet aux GI. Il avait été traduit et édité in extenso une première fois en allemand en 1947, avec une postface de l'auteure dans sa langue maternelle expliquant son point de vue sur le peuple allemand, les questions de faute et de responsabilité dans la survenue de cette seconde guerre.

Une nouvelle édition en langue allemande sortie en format poche dans les années 1970 sous le titre Hôtel Berlin, pose question tant elle semble réinterprétée et expurgée de paragraphes entiers (Vicky Baum étant décédée en 1960, cela ne peut être à son initiative)


Avec cette réédition et cette nouvelle traduction par Cécile Wajsbrot, les éditions Métailié rétablissent une version fidèle à l'originale et à l'Auteure, en y gardant la préface de la première édition allemande de 1947.


# Challenge aimer Berlin 2021 après avoir lu en 2020 celui d'Hans Fallada
# Challenge Auteurs hors blockbusters de la rentrée
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Vicki Baum est une juive autrichienne qui ira vivre en Allemagne un certain nombre d'années puis se verra contrainte de s'exiler aux États-Unis après les autodafés de ses romans par le troisième Reich.
Dans Hôtel Berlin 43, Vicki Baum fait preuve d'un esprit intuitif et visionnaire.
Le roman se passe dans un hôtel de luxe, îlot protégé au milieu d'un Berlin à feu et à sang par les raids aériens. Ces raids ne visant en 1943 que certains objectifs. Vicki Baum les anticipe, elle décrit le premier raid aérien sur les civils qui meutrira Berlin de façon totale et apocalyptique.
Pour elle, ces raids vont devenir une leçon d'histoire notamment pour les Allemands.
" La destruction plantait également une graine dans leur subconscient, une révélation,.... que la guerre n'était pas un simple mot ni un discours, une chanson, une fanfare, un drapeau sous lequel marcher sur la gloire, mais qu'elle était réelle, mauvaise, infernale et qu'ils n'en voudraient plus jusqu'à la fin de leurs jours ni pour les générations futures...
Des phrases et des mots qui résonnent longtemps dans les esprits.
Vicki Baum, à travers ses personnages comme l'actrice Lisa Dorn ou la jeune prostituée Tilli nous fait admirablement comprendre la complexité de la psychologie humaine et ces ressorts.
Hôtel Berlin 43 est un très bon roman, de succroit bien écrit et sa lecture vaut plus d'un détour.
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critiques presse (1)
Telerama
10 janvier 2022
Le miroir est terriblement limpide et pointe le talent d’une romancière éclairée face à l’Histoire en marche.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
- [...] Mais l'âme allemande est gothique. Elle est abstraite, pleine de ténèbres et a le visage d'une gargouille ; elle est tordue, torturée et aime la souffrance. Il n'y a que les Russes pour comprendre quelque chose à sa capacité illimitée et à son désir ardent de souffrance. Elle adore l'infliger et l'éprouver. Aucun de nous on comprend l'Allemagne. Ce que vous appelez enrégimentation, militarisme, discipline, c'est la loi prussienne du commandement et de l'obéissance aveugle. Vous ne comprenez pas que les Allemands aspirent éternellement à la chaîne et à la férule parce qu'ils ont peur de leur propre fureur émotive, insondable et profonde. L'Allemand ne désire pas la liberté car cela signifie pour lui la destruction de soi-même. C'est çe que, vous autres Anglo-Saxons, ne comprendrez jamais avec vos idéaux humanitaires et superficiels, votre optimisme de jardin d'enfants ; vous ne savez pas ce que c'est de vivre avec un démon en soi.
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Le petit peuple de Berlin, blotti dans des abris précaires, se sentait tout petit et terriblement effrayé. Ils avaient plutôt bien supportés les raids aériens, jusqu'à maintenant. Mais celui-ci était différent, terrible, d'un dessein sans merci. Les petites gens ne se rendaient pas compte de leur responsabilité, ils n'avaient pas conscience d'avoir eux-mêmes lâché les bêtes féroces de la guerre, d'avoir allumé les feux qui les consumaient à présent. Ignorants et mesquins, ils se préocupaient de leur petite vie, avaient peur de ce qu'ils deviendraient, dans les dommages de la catastrophe générale. Leurs fils, frères ou maris étaient au front, ou prisonniers ou blessés, ou morts....
Et blottis ainsi dans leurs abris, ils continuaient de s'inquiéter des pauvres choses qu'ils avaient amassées et chéries.
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Avec une innocence et une ignorance totales, Lisa était une enfant du Troisième Reich et croyait sans doute ni tourment à l'évangile de l'ordre nouveau. On lui avait rebattu les oreilles de la mission solennelle de l'Allemagne, qui était de répandre l'ordre nouveau dans le reste du monde, et à supposer qu'elle y pensât parfois, elle se sentait heureuse de savoir qu'un jour, le monde entier en partagerait les bienfaits. Elle percevait le monde extérieur comme chaotique, sans ordre, plein d'égoïsme avide et de cruauté barbare. Quant aux ennemis du Reich, tous ces bolcheviks, ces Américains, ces juifs et ces démocrates, elle les imaginait d'après les affiches de propagande, ils étaient déformés, infirmes, ils louchaient, avaient le nez crochu, étaient répugnants et lâches, mûrs pour l'extermination.
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Tous dans nos vieux uniformes pâlis, la plupart d'entre nous avec la Croix de fer, telle ou telle partie du corps en moins, et le même genre d'expérience derrière nous. Nous étions revenus de la glorieuse frénésie de l'avant-guerre. Mon Dieu, quand je pense au congrès de Nuremberg en 1934 ! Je jouais du tambour, je n'oublierai jamais ce que nous avons éprouvé quand le Führer a remonté cette longue voie triomphale et qu'il s'est arrêté pour nous parler tandis que les bannières claquaient au vent. Ils nous avaient tellement ennivrés qu'il nous a fallu Stalingrad pour dessoûler.
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Vanderstraaten était un homme anxieux. Par peur il s'était donné et avait donné sa banque aux nazis dès le bombardement de Rotterdam, au printemps 1940. Peur pour sa famille, peur pour sa vie, peur de perdre son argent, son affaire, sa position, sa maison. Peur d'être mis en prison, d'être battu. Peur d'un changement de mode de vie radical, ce qui est la peur la plus courante chez ceux qui n'ont jamais rencontré de grandes difficultés et qui, par conséquent, en surestiment l'impact et sous-estiment leur endurance.
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