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Maurice Betz (Autre)
EAN : 9782264007285
442 pages
10-18 (27/08/2005)
3.93/5   58 notes
Résumé :
Fascinée par quelques photographies admirables de Bali qui lui étaient, par hasard, tombées entre les mains en 1916, Vicki Baum s'y rendit en 1935 et y rencontra leur auteur, le docteur Fabius. À sa mort, celui-ci lui légua un « amusant coffret japonais en métal », bourré de manuscrits personnels. De cette masse de feuillets, Vicki Baum réussit à extraire les éléments indispensables à l'écriture de ce grand roman sur la conquête de Bali par les Hollandais au début d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'avais lu ce livre (qu'une copine m'avait prêté) il y a bien vingt ans de cela, et, depuis quelques années, je le cherchais, pour le plaisir de le relire et de l'avoir dans ma bibliothèque. Hors de prix sur Internet, je l'ai trouvé à 3 € chez un bouquiniste lors du festival Atlantide à Nantes. Je l'ai donc relu avec joie, je m'en suis même délecté... surtout... pour les parfums d'exotisme qu'il dégage...
En 1906, sur l'île de Bali en Indonésie, les colonisateurs hollandais vont se servir de quelques prétextes, comme le naufrage d'un bateau, et du pillage supposé de celui-ci par la population d'une province insoumise, le royaume de Badoung, pour y imposer par la force leur domination. Poupoutan (la fin) est le nom que donnent les balinais à cet épisode tragique de leur histoire. Vicki Baum a utilisé les notes que lui avait laissé un médecin, le Dr Fabius. Elle écrit, en 1936, le roman que lui-même n'eut que le temps de concevoir.
Très bien documentée donc, notamment sur les coutumes et la vie des habitants de Bali, cette histoire est mise en valeur par le talent particulier de Vicki Baum. Elle s'y prend à merveille, je trouve, pour montrer une réalité pleine de contradictions. le monde n'est pas blanc ou noir. le beau et le laid, le bien et le mal, la vie et la mort, ne sont pas séparés par des frontières étanches.
Petite déception tout de même sur le bouquin, car dans mes souvenirs, les bouleversements liés à l'occupation hollandaise était plus présents, l'exploitation coloniale me semblait être un thème du livre. Or, la vie des colons hollandais, leur point de vue, leur motivation, n'apparaissent qu'en filigrane dans le roman.
On se doute que cette question n'est pas le coeur des préoccupations de Vicki Baum, puisque dans sa préface originale de 1937, l'auteur justifie quelques entorses historiques, et fait même rapidement l'éloge de « l'oeuvre civilisatrice » de la Hollande en Indonésie. Elle omet donc les exactions des troupes hollandaises ; seuls les balinais ont l'air de se comporter cruellement (en tuant femmes, enfants et vieillards lors du Poupoutan)...
Autre chose qui me semble notable : La société balinaise est très religieuse (à 95 % hindouiste, à l'inverse de l'Indonésie majoritairement musulmane). A les entendre, on pourrait dire que, quel que soit le problème, « ils s'en remettent à Dieu ». Oui..., en paroles..., car – et on retrouve cela ailleurs en Asie – concrètement, ils s'en remettent surtout à la solidarité au sein du village et à la fraternité humaine, bien plus efficace que la résignation liée à leurs croyances religieuses, qui semble paradoxalement constituer leur ligne de conduite.
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1908

Pak est un paysan sans histoire vivant près de Sanur. Il aime ses enfants, même ses filles, cultive ses rizières et envisage de prendre pour deuxième épouse une très jeune fille du village voisin, quoique d'une caste plus élevée que la sienne. Il prie matin, midi et soir et n'oublie pas les offrandes dues aux dieux protecteurs de son foyer.
A la fois témoin de son époque et acteur involontaire dans le conflit commercial qui oppose son seigneur et les autorités coloniales néerlandaise, Pak est le représentant type de son temps et de son île.Une île aux quelques villages semés le long des volcans, colonne vertébrale des rizières, façonnées par des générations de Balinais ayant peur de la mer, symbole du mal et de l'enfer et donc tournés résolument vers les "collines-paradis" qui assurent deux récoltes de riz par an.

2014

Premier contact avec l'île: le sourire éclatant (et limé )de notre chauffeur de taxi qui nous attend depuis trois heures comme si la vie était une succession d'éternités. Bali nous accueille en son sein, doux chaud et parfumé par la multitude de frangipaniers et de bâtons d'encens qui brûlent sur les trottoirs au milieu des paniers d'offrandes.
Mais c'est aussi le choc d'une foultitude en mouvement. Une foultitude juchée sur des scooters honda qui roulent, débordent sur les côtés, sur les trottoirs sur les bandes blanches, à droite, à gauche, partout, tout le temps !
L'île aux 10 000 dieux s'est transformée en l'île aux 100 000 deux roues !
Malgré cela, les femmes sont belles dans leur sarong étroit et leur chignon fleuri, en amazone, à l'arrière de leur scooter, élégantes, les bras tendrement enroulés autour de leur maris, qu'elles n'ont pas toujours choisit, prêtes à servir leurs offrandes aux dieux .

1908

Les hollandais sont exaspérés par l'attitude pleine de sérénité, d'attente, de non interventionnisme des princes Balinais.
Aucune compréhension possible, même la musique sacrée des dieux, jouée par le Gamelan semble incompréhensible aux blancs. Cinq instruments, une gamme répétitive et hypnotique jouée et rejouée.
L'exaspération servira de catalyseur à une décision des Hollandais qui précipitera les Balinais dans le" Poupoutan".

2014

Les Balinais vivent toujours le regard tourné vers les montagnes-rizières, coincés sur une bande littorale étroite et infernale. Leur religion, Hindouisme mâtiné de Bouddhisme, unique au monde, pleine de beauté et de compréhension fait partie intégrante de leur vie de tout les jours.Le tourisme est en expansion depuis trois ans, et pour l'instant reste encore raisonnable mais les rizières semblent déjà être avalées par les hôtels-villas.Certains Balinais ne peuvent plus prier qu'une seule fois par jour, au lever du jour, prit par la vie moderne leur imposant un rythme différent et nouveau.
Je n'aurais jamais cru qu'un roman écrit en 1937, pouvait autant aider à la compréhension d'un peuple vivant au XXIème siècle.
Dans cette lecture j'ai pu ajouter, luxe suprême, une palette d'odeurs, de couleurs et d'impressions qui se mélangent avec bonheur avec les descriptions pleine de poésie de l'auteur.
Chaque ligne, chaque chapitre a retrouvé un écho lors de notre périple. Les balinais ont su trouver un équilibre extraordinaire entre leur vie, tournée vers des traditions vivantes, une religion d'une grande richesse intérieure et un siècle trépidant et rapide.
Merci à notre guide, de la caste des forgerons, qui nous a amené à Sanur sur les traces de Pak. Nous lui avons laissé le choix de l'endroit ou boire un pot de départ....il a choisi le starbuck café, habillé de son sarong et flanqué de ses deux touristes français.
Enorme éclat de rire lorsque nous lui avons avoué que c'était comme pour lui, notre première fois, le choc culturel était assuré mais assumé !
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De ce roman que j'ai lu une des premières fois où je suis allée à Bali il y a vingt ans, je me souviens des sensations, des impressions, des noms... de ce roman, je lisais des extraits à mon fils, 6 ans à l'époque, et tous les soirs, alors que la nuit tombait sur l'île merveilleuse, il me disait : racontes moi encore l'histoire de Pak... Racontes moi le puputan...
Ce roman pour moi c'est Bali. L'ile dont j'avais rêvée et que j'ai trouvée plus belle, plus mystérieuse, plus spirituelle que tout ce que j'avais imaginée. Vicki Baum transmet l'âme de cet endroit a l'époque où Margaret Mead et Grégory Bateson s'émerveillait des danses et des transes, Walter Spies, Rudolph Bonnet peignaient la vie des villageois, et quelques autres n'en voulaient plus partir. Alors bien sûr cette histoire est racontée comme on racontait des histoires à cette époque, en 1937... Ce qui en fait tout son charme même si on peut regretter le parti pris colonialiste. Il n'en reste pas moins qu'il y a là une grande tendresse pour le petit peuple de Bali.
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Une plongée entre romance historique et étude ethnographique dans une civilisation exotique. le début est laborieux, freiné par la présentation de nombreux personnages qu'on mélange longtemps et un vocabulaire local rendu abscons par l'absence de tout index. On mange, on aime, on prie, on meurt. Culture du riz, polygamie, sacrifices et combats de coqs, sous l'oeil menaçant du colon hollandais. Un passé ancré qui fait encore le Bali d'aujourd'hui. "Ce qui est, ne peut jamais finir. La vie est indestructible. Elle n'est et ne peut être diminuée ni altérée. Seul le corps fragile passe. L'esprit est impérissable, éternel, indissoluble."

Sous forme de haïku :

Bali au passé.
C'est le Bali d'aujourd'hui.
La vie éternelle.
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Un récit historique construit sur la base d'un journal d'un médecin hollandais au moment de la colonisation à la fin du 19eme siècles. Ce récit sous forme de roman nous plonge dans la vie des balinais leurs coutumes leur culture, leurs croyances, leur passions leur travail, la maladie. La passion de la danse et des fêtes, les multiples croyances honorées par ces fêtes. La dépendance économique du peuple aux princes locaux mais aussi une unité possible face au colon hollandais. Histoires et histoire poignantes et passionnantes. Vous êtes emportés par ce récit tragique et magnifique, vous voyagez très loin !!!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’île continue à vivre d’après la loi ancienne, qui est restée la même. Les montagnes, les gorges, les rizières, les palmeraies sont restées les mêmes. Les hommes sont restés les mêmes. Ce sont les mêmes hommes qui reviennent sans cesse, la plupart d’entre eux sont gais, doux, oublieux, nous ne les comprendrons jamais tout à fait et nous ne pourrons jamais apprendre leur calme et leur douceur. Beaucoup d’entre eux sont des artistes, et ils ne cesseront jamais d’inventer de nouvelles figures en bois ou en pierre, de composer de nouvelles pièces de théâtre et de danser de nouvelles danses. Mais les dieux ne changent pas, et tant qu’ils trôneront dans les temples, dans chaque fleuve, chaque montagne et chaque champ, Bali ne saurait changer.
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- En quoi la guerre entre le prince et les Hollandais nous regarde-t-elle? dit-il. Nous n'avons pas voulue guerre, et combattre n'est pas notre affaire. Que mangeront les gens de Badoung si les paysans se battent, au lieu de cultiver le riz? La charrue est plus importante que le kriss.
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p.46/47 « Le soleil avait commencé à tourner vers l'ouest, lorsque Pak entendit un son qui lui fit dresser l'oreille. C'était le koulkoul : d'abord celui de Sanour, lointain mais persistant, et un peu plus tard celui de Taman Sari, frappé à petits coups brefs et graves. Pak conduisit sa charrue jusqu'au bout de la savah, mais il n'était plus attentif à son travail. Il se demandait ce que le koulkoul pouvait bien annoncer à cette heure inaccoutumée. Il sentait la curiosité dilaté son foie. Venez tous, venez vite, venez à l'aide, tel était à peu près le langage que tenaient les tambours du village, et le son se répercutait à travers toutes les savahs. Dans les autres champs on avait aussi cessé de travailler. 'Qu'est-ce qui se passe ?' s'écriaient les hommes, s'interrogeant les uns les autres. 'On nous appelle', disaient-ils. Pak dételait déjà sa vache. 'Il faut y aller', s'écria Krkek. C'était un homme d'âge, particulièrement avisé et estimé dans la commune, qui présidait plusieurs confréries chargées de la distribution de l'eau et de l'organisation des moissons. Pak quitta son travail, comme tous les autres, et, poussant sa vache, il se dirigea vers le village. Une foule de buffles gris, de vaches claires et d'hommes pressés et curieux, mais tout éclaboussés de boue, stationnait aux abords du gué. A mi-pente ils rencontrèrent un autre groupe qui venait du village. 'Demi-tour', crièrent ces derniers. 'Il faut que nous allions à Sanour ; on a besoin de nous là-bas.' La plupart des hommes s'étaient munis de leur perches de bambou pointues, aux extrémités desquelles ils suspendaient d'habitude leurs fardeaux, et quelques-uns portaient même le kriss dans leur ceinture ou la lance à la main. 'Est-ce un tigre ?' questionna Pak avec une émotion joyeuse. »
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« Elle rapporta cette mauvaise réponse à Pak, qui soupira profondément : 'Les dieux n'ont pas fait les hommes afin qu'ils travaillent jusqu'à ce qu'ils tombent de fatigue, mais ils les ont faits pour qu'ils prennent plaisir à la vie et qu'ils aient le temps de célébrer des fêtes et de se reposer suffisamment'. »
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[...] les femmes le surprenaient toujours, car elles ne disaient et ne faisaient jamais que des choses inattendues.
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