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Critique de Belem


J'avais lu ce livre (qu'une copine m'avait prêté) il y a bien vingt ans de cela, et, depuis quelques années, je le cherchais, pour le plaisir de le relire et de l'avoir dans ma bibliothèque. Hors de prix sur Internet, je l'ai trouvé à 3 € chez un bouquiniste lors du festival Atlantide à Nantes. Je l'ai donc relu avec joie, je m'en suis même délecté... surtout... pour les parfums d'exotisme qu'il dégage...
En 1906, sur l'île de Bali en Indonésie, les colonisateurs hollandais vont se servir de quelques prétextes, comme le naufrage d'un bateau, et du pillage supposé de celui-ci par la population d'une province insoumise, le royaume de Badoung, pour y imposer par la force leur domination. Poupoutan (la fin) est le nom que donnent les balinais à cet épisode tragique de leur histoire. Vicki Baum a utilisé les notes que lui avait laissé un médecin, le Dr Fabius. Elle écrit, en 1936, le roman que lui-même n'eut que le temps de concevoir.
Très bien documentée donc, notamment sur les coutumes et la vie des habitants de Bali, cette histoire est mise en valeur par le talent particulier de Vicki Baum. Elle s'y prend à merveille, je trouve, pour montrer une réalité pleine de contradictions. le monde n'est pas blanc ou noir. le beau et le laid, le bien et le mal, la vie et la mort, ne sont pas séparés par des frontières étanches.
Petite déception tout de même sur le bouquin, car dans mes souvenirs, les bouleversements liés à l'occupation hollandaise était plus présents, l'exploitation coloniale me semblait être un thème du livre. Or, la vie des colons hollandais, leur point de vue, leur motivation, n'apparaissent qu'en filigrane dans le roman.
On se doute que cette question n'est pas le coeur des préoccupations de Vicki Baum, puisque dans sa préface originale de 1937, l'auteur justifie quelques entorses historiques, et fait même rapidement l'éloge de « l'oeuvre civilisatrice » de la Hollande en Indonésie. Elle omet donc les exactions des troupes hollandaises ; seuls les balinais ont l'air de se comporter cruellement (en tuant femmes, enfants et vieillards lors du Poupoutan)...
Autre chose qui me semble notable : La société balinaise est très religieuse (à 95 % hindouiste, à l'inverse de l'Indonésie majoritairement musulmane). A les entendre, on pourrait dire que, quel que soit le problème, « ils s'en remettent à Dieu ». Oui..., en paroles..., car – et on retrouve cela ailleurs en Asie – concrètement, ils s'en remettent surtout à la solidarité au sein du village et à la fraternité humaine, bien plus efficace que la résignation liée à leurs croyances religieuses, qui semble paradoxalement constituer leur ligne de conduite.
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