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Contrairement à ma chère et tendre, j'ai tenté de lire Grish-Mère, d'Isabelle Bauthian chez les éditions ActuSF, sans avoir lu Anasterry (même autrice, même éditeur). Bien m'en a pris, puisque la lecture en est indépendante !

Un monde vaste porteur d'enjeux très proches des nôtres
Grish-Mère est le nom d'une des principautés composant une vaste presqu'île et qui se caractérise par un régime politique porté sur le matriarcat. Cette première mention n'est pas anodine, car cette baronnie coexiste avec des voisinages le plus souvent hostiles à cette vision de voir la société. Cette première prise de position touche à la fois l'intrigue et le décor. En effet, le lecteur va découvrir un monde volontairement construit pour se poser des questions sur son propre environnement social et politique au sens large ; mais cela est tout à fait oubliable si vous vous concentrez sur le fait que l'existence de ce matriarcat (ou tout autre élément de l'intrigue d'ailleurs…) n'est qu'un élément de fantasy parmi d'autres, au même titre qu'une certaine magie ou que des créatures fantastiques. C'est là tout l'avantage de la fantasy : elle fait semblant d'avancer masquée avec ses mondes imaginaires, mais elle comporte en fait diablement plus de thématiques à explorer qu'une littérature se voulant un simple reflet du réel.

Sylve, antihéros malgré lui
Dans ce roman, nous suivons le dénommé Sylve, factotum de son état. Factotum ? Non, ça ne vous dit rien ? C'est normal. Imaginez que pour contenter les grands nobles du continent, une école ait été montée pour former des serviteurs d'élite, des hommes ou des femmes qui excellent tant dans tous les domaines qu'ils sont à la fois des guerriers hors pair et des majordomes plus que zélés. Sylve est donc de ceux-là après achevé sa longue formation. Sauf qu'on ne le retrouve pas au service du noble chez qui il a été placé, mais en bien mauvaise posture, car il doit récupérer une relique dérobée sous son nez s'il veut un jour retrouver son honneur et donc sa place. Sylve nous fait alterner entre son enfance de héros, dans son « école de servitude », et son présent durant sa quête. Il cherche, il cherche encore l'objet de celle-ci, mais il finit constamment par se faire violemment avoir : pour un factotum renommé, il faut avouer que c'est incongru ! Il aimerait bien, et il se le dit très souvent, être plus proactif, mais malheureusement il passe son temps à réagir, tant il est obligé par ses antagonistes à s'adapter sans cesse. Galère après galère, il finit par être pris au piège par une guilde influente qui le mène au doigt et à l'oeil dans les ruelles de Grish-Mère où il compte bien trouver ce qu'il cherche.

Un roman étonnant qu'il faut prendre le temps d'aborder
Grish-Mère est marquée par une assez longue entrée en matière : nous arrivons véritablement dans ce lieu qu'à partir de la centième page ; avant cela, nous découvrons le personnage central (« sa vie, son oeuvre » globalement, à moins que ce ne soit « ses amis, ses amours, ses emmerdes »…), et ce d'une façon il nous apparaît vraiment omniprésent, puisque nous suivons tous ses faits et gestes, mais également ses moindres réflexions mentales. Il y a un but de la part de l'autrice à ainsi mettre lourdement en scène les pensées de Sylve. Il est en passe de voir son petit monde de factotum s'effondrer et suivre tout ce qui lui passe par la tête sera utile pour comprendre et appréhender ses éventuelles réflexions, irritantes ou non. Mais en tout cas, de fait, ce choix de début, alors même que les premières scènes sont plutôt enlevées et bien rythmées, peut surprendre le lecteur qui ne s'y attend pas. Par contre, une fois apprivoisé ce drôle de factotum, la liste se lit avec plaisir et nous mettons nos pas dans les siens en sachant qu'à chaque coin de rue de Grish-Mère un mauvais tour nous pend au nez.

Grish-Mère est donc une belle découverte, tant du point de vue du propos que du style de l'autrice, qui peut par contre surprendre négativement au départ si on ne comprend pas le but recherché.

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Après un premier tome de bonne facture paru en 2016 (« Anasterry »), Isabelle Bauthian revient en ce début d'année 2018 avec la deuxième version de sa série « Les Rhéteurs ». Un second tome qui peut se lire de manière totalement indépendante et qui ne posera donc aucun problème de compréhension majeur à ceux qui n'auraient pas le temps (ou l'envie) de lire le précédent opus. le lecteur découvrant l'univers risque toutefois de passer à côté d'un certain nombre de références à des événements politiques ou des personnages déjà mis en scène qui ajoutent évidemment à la complexé, et donc à la qualité, de l'ensemble. le roman met cette fois en scène un nouveau personnage, un certain Sylve, cherchant à échapper à ses anciens collègues factotums et à regagner son honneur perdu depuis qu'une de ses connaissances a volé un objet de grande valeur appartenant à son employeur. Factotums ? Des combattants redoutables et de grands érudits qui assument le rôle de domestiques auprès des plus grands seigneurs de Civilisation. Experts aussi bien dans l'art de la guerre que dans celui du pliage du linge, capables de mémoriser des siècles d'histoire et d'apprendre des dizaines de langues, les factotums constituent la crème de la crème des serviteurs. « Des guerriers d'intérieur ! », se moquent leurs détracteurs. « Les serviteurs idéaux ! », rétorque l'école de Landor qui s'occupe depuis des décennies de la formation des candidats aspirant au prestigieux statut. Seulement les honneurs et le respect, c'est bel et bien terminé pour Sylve à qui ses anciens professeurs entendent bien faire payer sa négligence ayant entaché la réputation de l'ordre. La seule chance de salut de notre héros consiste à remettre la main sur l'objet volé ainsi que sur son voleur, envers lequel il éprouve malheureusement des sentiments ambigus qui n'ont pas tous à voir avec la haine... Déjà compliquée, la situation du pauvre homme va de plus considérablement se corser lorsqu'il va se retrouver embarqué bien malgré lui dans les combines politiques du retors chef de la Guilde des Épices.

Après Anasterry, place donc à Grish-Mère, une autre baronnie qui constitue le principal décor de ce second tome. le récit alterne entre chapitres au présent relatant la quête de Sylve pour se dépatouiller de tous ses ennemis, et passages au passé dans lesquels on découvre son enfance et le contenu de sa formation de factotum à Landor. L'alternance est bien dosée et permet au roman d'évoluer selon un rythme enlevé. L'auteur ne se prive d'ailleurs pas de jouer avec le parallèle entre événements passés et présents afin de rehausser le potentiel dramatique de telle scène ou surprendre plus sûrement encore le lecteur lors d'une révélation. L'intrigue est maîtrisée de bout en bout et promet de jolies surprises, qui sont cela dit loin de constituer le seul et unique atout de ce roman qui se révèle à mon sens bien meilleur que le premier (qui était pourtant déjà fort sympathique). Parmi les points positifs de cette série, on peut sans aucun doute mentionner la qualité de son univers qui, sans être d'une complexité folle, n'en demeure pas moins suffisamment riche pour entretenir la curiosité du lecteur. L'action des deux premiers tomes (et vraisemblablement des suivants) se déroule dans un royaume baptisé de manière fort objective « Civilisation », lui même composé de quatre baronnies et d'un gouvernement central qui ne gère de toute évidence plus grand chose. Chacune de ces baronnies possède un système politique sensiblement différent que l'auteur se propose de nous faire découvrir, Grish-Mère succédant ici à l'utopique Anasterry. On ne sait rien, ou presque, de ce qui se passe en dehors des frontières de Civilisation, si ce n'est que les personnages font souvent référence à une guerre de grande ampleur les ayant opposé à leurs voisins et dont la paix qui a suivi a permis l'essor des guildes. Parmi celles ayant le vent en poupe, on trouve notamment la Guilde des Épices à la tête de laquelle on retrouve le jeune Thélban Acremont, le charismatique compagnon d'arme du prince de Montès déjà mis en scène dans Anasterry. On comprend vite que le personnage occupe une place centrale dans les événements politiques qui menacent de bouleverser l'équilibre du royaume (notamment en matière d'armement), mais l'auteur ne nous donne pas encore toutes les clés pour cerner les véritables enjeux.

La majorité de l'action se déroule ici dans la baronnie qui donne son nom au roman, Grish-Mère, une région qui se distingue des autres par bien des aspects, à commencer par son décor. Il s'agit en effet de la seule baronnie insulaire de Civilisation, isolée du reste du continent par la mer qui ne se retire que quelques fois par mois pour permettre aux caravanes et voyageurs d'emprunter la route menant à l'île principale. Autre élément intéressant (qui peut paraître anecdotique mais qui aura son importance) : l'existence de failles à la taille et au potentiel destructeur varié, capables d'engloutir les passants distraits ayant eu le malheur de poser le pied sur l'une d'elles. La plus grande originalité de Grish-Mère vient cela dit moins de son décor que de son organisation politique puisque on a affaire à une baronnie gérée par des femmes, pour les femmes. Comment cela se traduit-il concrètement ? D'abord, ce sont des femmes qui occupent tous les postes clés de la cité, non seulement à la tête de la baronnie mais également dans les différents corps de métier. le culte de la Déesse-Mère, également vénérée dans les autres baronnies, est également célébré par un clergé exclusivement féminin et les rituels pratiqués le sont en fonction du cycle féminin (menstruations, grossesse...). Bref, les femmes ont la conquête totale de l'espace public où elles ne subissent aucune violence d'aucune sorte par les hommes : pas de paroles dégradantes, pas de gestes déplacés, et encore moins de viols. Ce pouvoir donné aux femmes passe aussi par l'appropriation du langage par les habitantes de Grish-Mère qui optent pour une féminisation des mots (on ne dit pas « gens » mais « gentes » ; le féminin l'importe sur le masculin d'un point de vue grammatical...). le procédé aurait pu se révéler très indigeste, mais l'auteur s'y prend avec suffisamment d'habilité pour que cela ne devienne pas redondant et que cela ne gène pas la fluidité de la lecture (à titre de comparaison, j'ai trouvé ma lecture de certains passages du dernier roman de Jeanne A. Debats en écriture inclusive beaucoup plus désagréable à lire). Les réflexions de l'auteur autour de la place de la femme dans la société et l'importance de remettre en cause les clichés et comportements sexistes font évidemment fortement échos à notre actualité, et c'est à mon sens l'une des plus grandes réussites de ce roman. le sujet n'était pourtant pas évident à traiter, et si l'auteur parvient à échapper aux écueils typiques de ce genre de d'exercices, c'est avant tout parce qu'on découvre cette baronnie par les yeux du narrateur qui (et c'est le moins qu'on puisse dire !) ne voit pas du tout d'un bon oeil ce renversement de la « hiérarchie des sexes ». Loin d'être bluffé ou admiratif par les particularités de Grish-Mère, le personnage fait preuve d'un esprit critique qui frôle bien souvent la mauvaise foi mais qui permet au lecteur de repérer les travers de cette société certes féminine mais pas féministe.

Le regard très critique posé par Sylve est cela dit contrebalancé par la personnalité franchement déplaisante du personnage. Résolument machiste (il s'insurge de voir des femmes se promener dans la rue avec des cheveux courts ou des tenues moulantes), notre narrateur est de plus raciste et homophobe. Sylve ne cache en effet pas son aversion pour les dilués (comprenez les anciens adversaires de Civilisation ayant été altérés par la magie) et n'a pas de mots assez forts pour manifester son dégoût des hommes qu'il estime manquer de virilité (« tantouze », « tapette », les expressions de ce type sont légion). On pourrait se dire que tant d'intolérance rendrait le personnage franchement détestable et que le lecteur éprouverait pour lui une telle antipathie qu'il serait incapable de s'intéresser à son histoire, seulement là encore, l'auteur fait preuve de beaucoup de finesse, décortiquant les raisons qui poussent le personnage à adopter un tel comportement (peur et frustration, le duo gagnant). En dépit de tous ses défauts (pourtant franchement rédhibitoires !), Sylve se révèle malgré tout attachant, et ce par bien des aspects. Cela tient d'abord à sa façon de s'exprimer qui varie en fonction de si le personnage s'adresse à autrui ou se parle à lui-même. Dans le premier cas, Sylve fait preuve d'une politesse impeccable et use d'un langage très soutenu à la limite de l'obséquiosité. Dans le second, il ne se prive pas de dévoiler ses véritables sentiments avec un langage cru et une gouaille qui donne lieu à des passages savoureux qui ne manqueront pas de faire sourire le lecteur. C'est du contraste entre les deux niveaux de langage que naît l'humour qui permet de voir le personnage sous un jour plus sympathique. Mais l'attachement du lecteur provient aussi et surtout de la sacrée évolution de Sylve tout au long du roman, le personnage des dernières pages n'ayant plus grand chose à voir avec l'abruti arrogant, moralisateur et pétri de stéréotypes des premières pages. Ce long cheminement intérieur, Sylve le doit aussi bien aux événements auxquels il se trouve mêlé qu'aux personnages auxquels il se trouve confronté. Parmi les influences décisives sur le jeune homme, on peut notamment citer deux personnages déjà connus des lecteurs d'Anasterry et qu'on retrouve ici avec un grand plaisir : le chef de guide Thélban et la guerrière Constance.

Isabelle Bauthian signe avec ce second tome des « Rhéteurs » un très bon roman à la lecture duquel je ressors totalement conquise. Bien plus maîtrisé qu'« Anasterry », « Grish-Mère » met en scène un personnage complexe qu'on aimerait détesté sans pouvoir s'y résoudre, le tout dans un décor qui permet à l'auteur d'explorer plus précisément la politique de son univers tout en traitant de questions d'actualité qu'on a plaisir à voir ainsi décortiquées dans un roman de fantasy. Inutile de vous dire que j'ai hâte de lire la suite qui se focalisera cette fois sur une autre baronnie dont il a déjà été question dans Anastery, celle de Montès. Une belle découverte, que je vous recommande chaudement.
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Factotum n.m. (lat facere, faire, et totum, tout). Personne qui s'occupe un peu de tout, notamment des travaux mineurs.
Petit Larousse Illustré.

Définition qui correspond exactement à Sylve, factotum de son état. Une Personne qui s'occupe de tout, certes, mais à un niveau d'expertise inégalé que ce soit pour organiser le diner ou pour combattre des ennemis. C'est dire si la déchéance est grande si l'on met en doute son honneur!

Je remercie l'éditeur ActuSF et Babelio pour l'envoi de ce livre m'ayant permis une très agréable découverte. Il est vrai que lorsque que je l'ai sélectionné dans la liste Masse Critique, je n'avais absolument pas vu que c'était un tome 2. D'ailleurs ce n'est pas du tout mis sur la couverture. Une raison à cela je pense, c'est que ça se lit de façon totalement indépendante. Enfin il me semble vu que je n'ai pas lu le tome un. Peut être que les lecteurs du tome 1 comprendront plus vite certains points de l'univers. C'est vrai que j'ai mis plusieurs chapitres avant de comprendre le fonctionnement de Civilisation et de ses différentes baronnies, que j'ai mis du temps à comprendre qu'est ce que c'était un "mi-homme" et qu'elle forme prenait la magie. Mais rien d'insurmontable.
J'ai bien aimé cet univers, un peu original, de Civilisation. le pays se compose de 5 baronnies. Anasterry faisait l'objet du premier tome, on s'intéresse ici à Grish-mère. Une baronnie féministe et matriarcale, un peu à l'image des amazones. Un prétexte pour nous faire réfléchir sur l'égalité homme-femme. Et l'on parle pas mal de Landor, qui abrite l'école des factotums dont est issu Sylve. Au delà de Civilisation, se trouve Outre-Civilisation dont on parle très peu mais qu'on fini par comprendre être le pays des mi-hommes (races mi humaines mi autre chose) plus ou moins en guerre. Un autre prétexte pour parler de la peur de l'étranger et du racisme.
J'ai bien aimé les personnages également, souvent ambigus ou ayant une capacité de développement impressionnante. Ainsi notre héros va nous apparaitre tout de suite sympathique. Au début de l'histoire il est en fuite autant qu'en quête. C'est qu'on l'accuse complice d'un vol et son honneur ainsi que son emploi de factotum sont mis en péril. Il va donc, avec ses capacités hors norme pour le combat et l'observation (et tout un tas d'autres choses), décider de rechercher l'homme qui a volé son employeur ainsi que l'objet du délit. Puis on s'aperçoit que c'est un homme rigide, raciste, homophobe, orgueilleux, hautain et prétentieux. Avec en plus l'esprit étriqué par une éducation trop rigoriste. Bref... franchement des fois il ne parait pas sous son meilleur jour. Mais il va progressivement se libérer de ce carcan, des idées qu'on lui a fourré dans le crane, pour devenir à la fin de l'histoire quelqu'un d'autre. Un bon point même si certaines ficelles sont un peu grosses comme l'homophobie cachant une attirance sexuelle inavouée... mais là encore c'est prétexte pour parler de l'homophobie.

Ce qui m'a moins plut, c'est le style d'écriture. A coté du récit narratif, s'entrecoupe des pensées des personnages. Je pensais au départ que ça rendrait la lecture étrange, et bien pas du tout, c'est très bien passé. Cela donne même un petit coté humoristique décalé plutôt plaisant et rafraichissant. Non ce que j'ai eu du mal c'est l'utilisation à tir larigot de mots vulgaires, que ce soit dans les pensées des personnages (ce que l'on peut comprendre) où dans la narration pourtant pas à la première personne (beaucoup plus perturbant). Ainsi s'enchaine les "tronches de tantouzes", "se peler les miches", "couter une blinde", "autre chose à branler", "bouffer de la merde", " foutre la gerbe", "chatte poilue" et autres "glandeuse de gonzesse" . Même si j'ai fini par m'y habituer ça m'a sérieusement gêné dans ma lecture. Surtout qu'il y a quelques phrases à rallonge pas très claires qui nécessitaient parfois une relecture plus lente pour bien en saisir le sens. Et une relecture plus attentive de la part de l'auteur aurait permis de corriger les quelques fautes d'orthographes et nombreuses coquilles glissées dans le texte... Ca aussi c'est un peu désagréable...

J'ai terminé sur les points négatifs mais globalement ce fut une lecture sympathique qui a permis d'aborder des thèmes d'actualités comme l'homophobie, le racisme ou l'égalité homme-femme. le récit comporte en plus beaucoup de retournements de situation, un joli développement et une fin adaptée qui nous laisse l'envie d'en apprendre plus sur l'univers.
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Sylve, un serviteur de luxe, entraîné dés son plus jeune âge à répondre aux moindres exigences du seigneur qu'il sert va se lancer sur les traces d'un ménestrel avec lequel il avait sympathisé, ce dernier ayant volé un artefact à son seigneur. Mais il va devoir évoluer dans un monde qu'il ne connaît pas et va se retrouver mêlé à un complot politique qui va dépasser ce à quoi il avait été préparé. Il ne lui reste que quelques semaines pour réparer la traîtrise dont il a été victime mais il est traqué par l'École qui l'a formé.

Le postulat de départ est assez classique. En effet le personnage central se lance sur les traces d'une statuette volée à son employeur : le côté enquête aurait pu être intéressant et donner lieu a de multiples actions comme le laisse sous-entendre la quatrième de couverture, mais...

Ici comme dans le premier tome l'intrigue s'avère peu développée, noyée dans le flot des informations sur la nouvelle baronnie que l'on découvre, sur le ressenti du personnage principal, ses autocritiques et sa découverte d'un monde dans lequel il n'était pas au vu de sa formation prêt à appréhender.

L'auteure comme à son habitude alterne le présent et le passé du protagoniste principal. Elle nous fait donc découvrir deux baronnies assez différentes l'une deux l'autre : l'on a d'une part une baronnie îlienne et matriarcale et de l'autre une société médiéviste très à cheval sur les principes.

L'univers et les thématiques abordées sont une fois de plus les points forts du récit. On peut toutefois regretter, au contraire du tome un, qu'il n'y ait pas de développer d'interactions entre les deux pays et qu'on ait peu d'informations concernant les dirigeants.

Les moments d'actions sont certes intéressants à suivre mais ils s'avèrent peu nombreux. Lorsqu'il y a enfin un combat il s'avère malheureusement insuffisamment développé et peu visuel. Il est indéniable qu'à l'instar du tome un on est noyé dans des passages très longs et que l'on s'ennuie très souvent.

Les personnages dans leur ensemble sont bien dépeints mais l'on a du mal à s'attacher à eux. Sylve le personnage central, du fait de sa confrontation de ses acquis avec la société dans laquelle il se retrouve projeté malgré lui, apporte des réflexions intéressantes et d'actualités. En effet certains points abordés peuvent être amenés à nous interroger sur notre monde.

La plume de l'auteure se révèle très visuelle. le récit fourmille de détails, mais cette qualité est aussi le principal défaut de l'histoire car elle se fait au détriment de l'action. L'auteure n'a malheureusement, une fois de plus, su doser les deux parties.

Au final une fantasy intéressante mais des intrigues trop simples, un gros déséquilibre entre les passages descriptifs et les phases d'action ! C'est dommage car l'univers était intéressant mais dans la découverte de la baronnie présentée dans cet opus l'auteure en fait un peu trop sur le côté matriarcal et l'on sombre par moments dans la caricature.



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Certains s'attachent aux signes, aux objets-mémoires.
Moi en tout cas.
J'ai reçu ce livre un jour maudit. Tellement que j'ai mis un an et demi à l'ouvrir. J'avais prévu de ne pas le garder même, en grande adepte de tabula rasa. Mais je l'ai finalement fait après moult « et bien alors, tu ne l'as toujours pas lu ? ».

Premier livre de l'auteur que je lis. Pardonnez-moi Madame Isabelle, qu'elle erreur fut la mienne de ne pas vous avoir découverte plus tôt. Néanmoins si on pouvait passer sur l'épreuve de la punition, ce serait cool merci.
Comme tout classique fantasyien, on commence par la carte, Ze carte, celle que l'on zieute plus ou moins pour accompagner le périple de nos personnages. Et puis après on plonge. On va on vient du présent au passé sur un temps relativement court au présent, et un espace bien plus long sur les faits d'hier. C'est plutôt bien fait, l'ancien temps illustrant à propos les aventures actuelles. J'ai beaucoup aimé l'écriture. le narrateur ne s'emmerdant pas pour conter lui-aussi au familier. Chais pas... mais pour moi ça marche, ça rapproche. Sylve, héros du tome, oscillant aussi avec flagorneries à toute volée et pensées bien moins galantes. Comme nous en somme, avec nos masques et tout ce que l'on songe derrière. Les autres personnages ensuite, suffisamment bien travaillés pour qu'ils peuplent avec (dis)grâce, talent, vie, le volume. Et enfin l'univers. Grish-mère, société matriarcale, ce qui semble la distinguer de Civilisation. Peut-être un poil trop miroir inverse de notre monde merveilleusement phallique, j'aurais aimé y voir plus de contrastes, différences, autres que les réflexions mal placées de Sylve.

Ces derniers temps je ne lis pas beaucoup. Ça coince, bullote. le fameux syndrome de la page blanche côté lecteur, c'est à dire l'esprit qui s'en va à 100 à l'heure, partout sauf sur sa lecture. Et Grish' m'a un peu réconcilié avec tout cela. Fluide, péchu, dynamique et immersif, il se reprenait sans souci après mes errances. Je ne lis pas plus vite qu'avant mais j'y ai retrouvé ce qui m'attache aux livres.

Et ensuite ? Ensuite j'ai commandé hier Anasterry auprès de mon libraire.
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Isabelle Bauthian poursuit son périple en Civilisation, en confrontant les modèles sociaux des cinq baronnies qui la composent, et ceux qui les incarnent. Sylve, formé au conservatisme d'une société patriarcale où la virilité est essentielle, se retrouve à Grish-Mère, société féministe. Un voyage compliqué et dangereux, au cours duquel sa vision du monde ne sera pas la seule chose remise en cause.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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--- Retour dans l'imaginaire d'Isabelle Bauthian ---

C'est pleine d'entrain que je me suis plongée dans Grish-Mère, une histoire dans la continuité d'Anasterry, sans pour autant être une suite directe. Oui, c'est un peu compliqué, je vous l'accorde. Pour faire simple, il est possible de découvrir ces livres dans l'ordre que l'on désire, même s'il existe des liens évidents entre eux. Ce sera d'ailleurs valable pour l'ensemble des ouvrages de cette saga, initialement appelée Les rhéteurs.

Pour ma part, j'ai souhaité respecter la chronologie des événements et ai donc commencé par Anasterry, avant de lire Grish-Mère. Et, en dépit de ce qu'avait prédit la majorité des lecteurs avec qui j'ai eu l'occasion de discuter, j'ai une nette préférence pour Anasterry.

--- Un héros aux multiples contradictions… ---

Si j'étais très heureuse de retrouver Thélban et Constance, personnages phares d'Anasterry, j'étais également curieuse de faire connaissance avec celui qui allait prêter sa voix à Grish-Mère, j'ai nommé Sylve. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est peu commun. Offert par ses parents – contre rémunération, bien sûr ! – à la plus grande école des serviteurs de Civilisation, il a été élevé dans un seul but : devenir le meilleur factotum. Il excelle ainsi dans bien des domaines (le combat, la cuisine, l'histoire, la politique…).

Le hic, c'est que ce personnage est une contradiction à lui tout seul. Dans ses pensées, fidèlement retranscrites par Isabelle Bauthian, il se montre familier, voire même grossier. À l'inverse, dans son langage parlé, il se veut extrêmement pompeux. Et ce basculement incessant de l'un à l'autre a exigé beaucoup de concentration de ma part, au point de me décourager parfois. Soyons clairs : je ne remets pas en cause les efforts de l'auteure en ce sens, car le résultat est réussi. Néanmoins, cela a rendu ma lecture pénible par moments.

En outre, Sylve s'interdit de donner son avis sur tous sujets, estimant que là n'est pas sa place. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir des opinions bien tranchées et j'ai, encore une fois, trouvé cette ambivalence difficile à appréhender.

--- …et au bord de la rupture ---

Suite aux bémols cités précédemment, j'ai eu du mal à m'attacher à Sylve. Pourtant, j'ai ressenti de la compassion à son égard. Et pour cause ! Les autres protagonistes de l'histoire, conscients de son hypocrisie forcée, le poussent constamment dans ses retranchements, tentent de lui démontrer l'absurdité de son mode de vie en dehors de l'influence de l'école. Alors, oui, Sylve, on a parfois envie de le secouer pour l'obliger à dire ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Mais, dans certains cas, j'ai estimé que c'était trop : trop brutal, trop cruel, trop injuste.

Encore une fois, je ne peux que saluer le talent d'Isabelle Bauthian, car j'ai moi aussi ressenti la pression qui pesait sur les épaules de Sylve… jusqu'à me sentir mal à l'aise. Peut-être suis-je trop empathique. Quoi qu'il en soit, j'ai ressenti une gêne qui ne m'a pas quittée jusqu'à la fin.

--- Un message féministe, mais pas que ! ---

Vous l'aurez sûrement remarqué, j'ai débuté ma chronique par les points négatifs. Or, j'ai malgré tout apprécié cette lecture, en particulier pour les leçons que l'auteure ne manque pas de nous donner. Celle-ci n'hésite pas à renverser des stéréotypes, à mettre en lumière certaines incohérences de notre société, comme le sexisme. Ce dernier point est particulièrement développé, puisqu'à Grish-Mère, le féminin l'emporte. Sur tout ! Lors d'un procès, la parole d'une femme aura davantage de poids que celle d'un homme, influent ou non. Les postes importants, que ce soit en politique ou en religion, sont pareillement occupés par des figures féminines. Bref, le pouvoir est entre les mains de la gent féminine !

Pour autant, l'auteure ne se contente pas d'un message purement féministe, car elle démontre également les dérives de cette structure sociale inversée. du pur génie ! D'autres sujets, tout aussi sensibles, sont par ailleurs abordés avec finesse, comme l'homosexualité, le libre arbitre, le conditionnement, etc.

--- Par des chemins détournés ---

Prenons un peu de recul sur cette histoire : oui, je l'ai appréciée. Cependant, j'ai trouvé que l'intrigue empruntait plus de détours que nécessaire. Mais j'imagine que c'est propre à Isabelle Bauthian de perdre son lecteur dans les méandres de son imaginaire. J'en ai eu la preuve avec Anasterry !

J'ai d'ailleurs eu l'occasion de discuter avec elle lors des Imaginales 2019. Quand je lui ai révélé que j'étais sur le point de terminer Grish-Mère, elle m'a prévenue que la fin serait déroutante. Et, en effet, ce fut le cas. Mais j'ai adoré !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Il m'a fallu un peu de temps pour "accrocher" à ce roman, mais j'ai fini par pénétrer cet univers riche et j'ai littéralement dévorer les 2/3 de l'opus. Les rebondissements sont nombreux et bien masqués ! Je n'ai pas lu le 1er tome et effectivement, j'ai suivi sans souci les aventures de Sylve. A l'intrigue s'ajoutent diverses réflexions sur la société qui sont à rapprocher de la nôtre (notamment sur les femmes). Une civilisation originale. Un style musclé. J'ai un gros regret, il y a pas mal de coquilles... venant d'une maison d'édition reconnue, c'est dommage. Cela gâte parfois le plaisir de la lecture.
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Une première partie bien rythmée, originale, mais une seconde en demi-teinte.
J'ai bien aimé en général ce roman Fantasy à l'intrigue très politique qui nous fait suivre les aventures de Sylve, un factotum, c'est-à-dire une sorte d'homme à tout faire qui maîtrise l'art du combat et de l'assassinat. Lorsque celui-ci est accusé par erreur du vol d'une relique sacrée, il part à la poursuite du vrai voleur au péril de sa vie, car tous sont à ses trousses pour le supprimer. C'est à Grish-Mère qu'il espère retrouver le coupable et laver son honneur, une cité isolée sur une île et dirigée en grande partie par des femmes...
J'ai vraiment bien accroché à la première partie, dynamique, bien rythmée. On y découvre l'enfance de notre héros, son évolution dans cette école particulière, sa maîtrise du combat, ainsi que les autres personnages qui forment l'intrigue.
C'est intéressant, mais également dérangeant, de voir l'inversion des rôle dans ce roman : les femmes qui se comportent comme des rustres grossiers et pervers. J'ai du mal à imaginer qu'une semblable inversion des rôles mènerait à de telles dérives, la femme étant bien au-dessus de cela et plus sage, du moins pour la grande majorité. Enfin bref, j'ai passé là-dessus et je me suis laissé porter car il s'agit de l'imagination de l'auteure, et l'on se doit de la respecter.
Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais une fois notre héros arrivé sur l'île, ça s'est pas mal corsé au bout d'un moment. J'ai trouvé que l'intrigue politique était trop présente, avec de nombreuses longueurs qui m'ont beaucoup ennuyée, que l'histoire n'évoluait plus, stagnait. J'ai trouvé cela vraiment dommage. J'aurais aimé garder un rythme pêchu, changer d'endroits, avoir plus de rebondissements que cela. C'est peut-être le fond politique qui, comme dans la vie réelle, m'a saoulée ;)
En ce qui concerne la forme, rien à dire, c'est pourquoi je tenterai la lecture d'un autre roman de l'auteure pour me faire une plus juste idée.
N'hésitez pas à le lire pour vous faire votre propre opinion et me dire ce que vous en avez pensé !
Lien : http://cocomilady2.revolublo..
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C'est toujours compliqué de rendre compte avec exactitude de tous les sentiments qu'on ressent lors d'une excellente lecture ; Grish-Mère ne fait pas exception à la règle, dans la mesure où ce roman est assez brillant, tout simplement.
Complexe, profond, nuancé, ouvrant des questionnements pertinents par le truchement de ses personnages organiques et puissants sans jamais donner de réponses préconçues ou trop évidentes, ce roman m'a baladé aveuglement autant qu'il a baladé son personnage principal sans jamais me perdre ; j'y ai pris un très grand plaisir que j'ai hâte de renouveler.
Lien : https://syndromequickson.com..
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