« Beau oui comme
Bauwen »
Étincelants ces fantômes…
Patrick Bauwen nous propose un récit cristallin qui va illuminer les esprits et laisser gambader les pensées. Évanescentes.
Et puis l'Eden quand même, promesse d'un paradis, d'une vie sublimée, de délices en cascade, de quiétude absolue.
Paradis perdu ou retrouvé ? Il faudra lire le livre pour le savoir.
Pensée en deux parties qui se superposent et s'entremêlent, l'intrigue débute de nos jours par une enquête pour élucider le meurtre de l'un des protagonistes, et s'en va puiser sa source pour alimenter l'histoire à travers la jeunesse des personnages, de la fin des années 70 (1979 pour être précis) au tout début des années 80.
C'est à un grand roman que vous serez confrontés lorsque vous ouvrirez les pages des « Fantômes d'Eden ». Et n'espérez pas en sortir indemnes tant ce roman nouera votre gorge et, mais quel félon, s'adressera directement à votre coeur et à vos souvenirs enfouis. Ben non, on peut pas lutter. C'est comme ça.
Un roman sensoriel. Voilà qui caractérise bien l'oeuvre. Ce qui en fait sa qualité n'est pas tant l'histoire racontée, excellente au demeurant, que la manière dont
Patrick Bauwen la raconte. Sa façon de nous souffler à l'oreille ces moments précieux où la jeunesse enflammait la vie.
Et si on dit souvent que l'auteur met un peu de lui dans ses personnages, là il en met carrément beaucoup dans son héros Paul Becker.
Paul Becker =
Patrick Bauwen.
Première piste, les initiales : PB.
Deuxième piste, la profession de Becker : médecin.
Oui, l'histoire contée ici est celle d'un jeune homme qui veut être écrivain et inventer des histoires de science-fiction mais devient médecin avant.
Ça ring a bell, non ? Sachant que
Patrick Bauwen est urgentiste, la boucle est bouclée. Bon gageons que
Patrick Bauwen n'a pas vécu tout ce qui arrive à Paul Becker car l'auteur n'est pas tendre avec lui et le maltraite même carrément. Cependant, on peut aisément supposer qu'il abreuve le récit de ses souvenirs de pré-ado.
Insouciance de l'enfance. Réminiscences d'instants extraordinaires. de territoires fantasmés où tout semblait possible.
De moments de complicités absolues, de liens pensés infroissables. Une impression fugace d'éternité. Voilà ce que
Bauwen nous fait vivre dans ce livre.
Ces moments de grâce quasi-intouchables du doigt, quelques décennies plus tard, aiguillonnent l'intrigue et nourrissent le chassé-croisé entre la jeunesse des héros et notre époque. Car il ne faut pas occulter l'enquête qui prend une grande place dans le livre. Car Paul Becker veut savoir qui a tué Paul Becker.
Truffés de références et d'Easter Eggs, entre références aux auteurs-camarades de la ligue de l'imaginaire
Barbara Abel, John Bizien Law Firm, Khara Street, et son amour criant à
Stephen King : la vieille noire aveugle et voyante qui s'appelle Abigaïl, le Bazar du bizarre pour celles que j'ai repérés. En avez-vous vu d'autres ?
Patrick Bauwen cite à foison
Stephen King et on y sent l'hommage appuyé et ce roman est une belle déclaration d'amour. C'est d'ailleurs amusant le retour en force des années 80 dans le cinéma ou la littérature.
Grisant même quand il est aussi qualitatif que dans ce roman. Allez, laissez-vous emporter par ces fantômes et rendez-vous en Éden…
Ps : une grosse dédicace à PetitePlume pour m'avoir offert et partagé ce livre. Une si belle âme, un si grand coeur se doit d'être salué. Tu es juste magique Marielor, une bonne Fée :-)